Jésus chez le ressuscité(A)

12 Six jours avant la Pâque, Jésus se rendit à Béthanie où habitait Lazare, qu’il avait ressuscité. On prépara là un festin en son honneur. Marthe s’occupait du service, et Lazare avait pris place à table avec Jésus.

Marie prit alors un demi-litre de nard[a] pur, un parfum très cher : elle le répandit sur les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux. Toute la maison fut remplie de l’odeur de ce parfum.

Judas Iscariot, l’un des disciples de Jésus, celui qui allait le trahir, dit : Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum ? On en aurait tiré au moins trois cents pièces d’argent[b] qu’on aurait pu donner aux pauvres !

S’il parlait ainsi, ce n’était pas parce qu’il se souciait des pauvres ; mais il était voleur et, comme c’était lui qui gérait la bourse commune, il gardait pour lui ce qu’on y mettait.

Mais Jésus intervint : Laisse-la faire ! C’est pour le jour de mon enterrement qu’elle a réservé ce parfum. Des pauvres, vous en aurez toujours autour de vous ! Tandis que moi, vous ne m’aurez pas toujours avec vous.

Entre-temps, on apprit que Jésus était à Béthanie. Les gens s’y rendirent en foule, non seulement à cause de Jésus, mais aussi pour voir Lazare qu’il avait ressuscité. 10 Alors les chefs des prêtres décidèrent aussi de faire mourir Lazare. 11 Car, à cause de lui, beaucoup se détournaient d’eux pour croire en Jésus.

L’entrée du roi à Jérusalem(B)

12 Le lendemain, une foule immense était à Jérusalem pour la fête. On apprit que Jésus était en chemin vers la ville.

13 Alors les gens arrachèrent des rameaux aux palmiers et sortirent à sa rencontre en criant :

Hosanna[c] ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Vive le roi d’Israël[d] !

14 Jésus trouva un ânon et s’assit dessus, selon cette parole de l’Ecriture :

15 Sois sans crainte, communauté de Sion,
car ton roi vient,
monté sur un ânon[e] .

16 Sur le moment, ses disciples ne comprirent pas ce qui se passait, mais quand Jésus fut entré dans sa gloire, ils se souvinrent que ces choses avaient été écrites à son sujet et qu’elles lui étaient arrivées.

17 Tous ceux qui étaient avec Jésus lorsqu’il avait appelé Lazare à sortir du tombeau et l’avait ressuscité, témoignaient de ce qu’ils avaient vu. 18 D’ailleurs, si les foules venaient si nombreuses au-devant de lui, c’était aussi parce qu’elles avaient entendu parler du signe miraculeux qu’il avait accompli.

19 Alors les pharisiens se dirent les uns aux autres : Vous le voyez : vous n’arriverez à rien, tout le monde le suit !

La gloire et la mort

20 Parmi ceux qui étaient venus à Jérusalem pour adorer Dieu pendant la fête, il y avait aussi quelques personnes non juives[f]. 21 Elles allèrent trouver Philippe qui était de Bethsaïda en Galilée et lui firent cette demande : Nous aimerions voir Jésus.

22 Philippe alla le dire à André, puis tous deux allèrent ensemble le dire à Jésus.

23 Celui-ci leur répondit : L’heure est venue où le Fils de l’homme va entrer dans sa gloire. 24 Vraiment, je vous l’assure : si le grain de blé que l’on a jeté en terre ne meurt pas, il reste un grain unique. Mais s’il meurt, il porte du fruit en abondance. 25 Celui qui s’attache à sa propre vie la perdra, mais celui qui fait peu de cas de sa vie en ce monde la gardera pour la vie éternelle. 26 Si quelqu’un veut être à mon service, qu’il me suive. Là où je serai, mon serviteur y sera aussi. Si quelqu’un est à mon service, le Père lui fera honneur.

27 A présent, je suis troublé. Que dirai-je ? Père, délivre-moi de cette heure ? Mais c’est précisément pour cela que je suis venu jusqu’à cette heure ! 28 Père, manifeste ta gloire.

Alors une voix se fit entendre, venant du ciel : J’ai déjà manifesté ma gloire et je la manifesterai à nouveau.

29 La foule qui se trouvait là et qui avait entendu le son de cette voix crut que c’était un coup de tonnerre. D’autres disaient : Un ange vient de lui parler.

30 Mais Jésus leur déclara : Ce n’est pas pour moi que cette voix s’est fait entendre, c’est pour vous. 31 C’est maintenant que va avoir lieu le jugement de ce monde. Oui, maintenant le dominateur de ce monde va être expulsé. 32 Et moi, quand j’aurai été élevé au-dessus de la terre, j’attirerai tout homme à moi.

33 Par cette expression, il faisait allusion à la manière dont il allait mourir. 34 La foule répondit : La Loi nous apprend que le Messie vivra éternellement. Comment peux-tu dire que le Fils de l’homme doit être élevé au-dessus de la terre ? Au fait : qui est donc ce Fils de l’homme ?

35 Jésus leur dit alors : La lumière est encore parmi vous, pour un peu de temps : marchez tant que vous avez la lumière, pour ne pas vous laisser surprendre par les ténèbres, car celui qui marche dans les ténèbres ne sait pas où il va. 36 Tant que vous avez la lumière, croyez en la lumière, afin de devenir vous-mêmes des enfants de lumière.

Après avoir dit cela, Jésus s’en alla et se tint caché loin d’eux.

Les Juifs restent incrédules

37 Malgré le grand nombre de signes miraculeux que Jésus avait accomplis devant eux, ils ne croyaient pas en lui.

38 Ainsi s’accomplit ce que le prophète Esaïe avait prédit :

Seigneur, qui a cru à notre message
et à qui la puissance du Seigneur a-t-elle été révélée[g] ?

39 Pourquoi ne pouvaient-ils pas croire ? C’est encore Esaïe qui nous en donne la raison quand il dit :

40 Dieu les a aveuglés,
il les a rendus insensibles,
afin qu’ils ne voient pas de leurs yeux,
qu’ils ne comprennent pas avec leur intelligence,
qu’ils ne se tournent pas vers lui
pour qu’il les guérisse[h] .

41 Esaïe a dit cela parce qu’il avait vu la gloire de Jésus et qu’il parlait de lui.

42 Et pourtant, même parmi les dirigeants, beaucoup crurent en lui ; mais, à cause des pharisiens, ils n’osaient pas le reconnaître ouvertement de peur d’être exclus de la synagogue. 43 Car ils tenaient davantage à la gloire qui vient des hommes qu’à celle qui vient de Dieu.

L’appel à la foi

44 Jésus déclara à haute voix : Si quelqu’un met sa confiance en moi, ce n’est pas en moi seulement qu’il croit, mais encore en celui qui m’a envoyé. 45 Qui me voit, voit aussi celui qui m’a envoyé. 46 C’est pour être la lumière que je suis venu dans le monde, afin que tout homme qui croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. 47 Si quelqu’un entend ce que je dis, mais ne le met pas en pratique, ce n’est pas moi qui le jugerai ; car je ne suis pas venu pour juger le monde mais pour le sauver.

48 Celui donc qui me méprise et qui ne tient pas compte de mes paroles a déjà son juge : c’est cette Parole même que j’ai prononcée ; elle le jugera au dernier jour. 49 Car je n’ai pas parlé de ma propre initiative : le Père, qui m’a envoyé, m’a ordonné lui-même ce que je dois dire et enseigner. 50 Or je le sais bien : l’enseignement que m’a confié le Père c’est la vie éternelle. Et mon enseignement consiste à dire fidèlement ce que m’a dit le Père.

Footnotes

  1. 12.3 Plante du Moyen-Orient recherchée pour son parfum délicat. Cet acte est un geste volontaire de respect, de vive reconnaissance (pour la résurrection de Lazare), de soumission et de consécration.
  2. 12.5 Il s’agit de deniers. Cette somme représente le salaire d’une année de travail d’un ouvrier agricole.
  3. 12.13 Voir note Mt 21.9.
  4. 12.13 Ps 118.25-26.
  5. 12.15 Za 9.9.
  6. 12.20 Non-Juifs attirés par la religion juive, sympathisants ou prosélytes, qui participaient au pèlerinage de la Pâque.
  7. 12.38 Es 53.1 cité selon l’ancienne version grecque.
  8. 12.40 Es 6.10 cité selon l’ancienne version grecque.

La guérison d’un aveugle

En partant, Jésus aperçut sur son chemin un homme qui était aveugle de naissance. Ses disciples lui posèrent alors cette question : Dis-nous, Maître, pourquoi cet homme est-il né aveugle ? Est-ce à cause de son propre péché ou de celui de ses parents ?

Jésus répondit : Cela n’a pas de rapport avec son péché, ni avec celui de ses parents ; c’est pour qu’en lui tous puissent voir ce que Dieu est capable de faire. Il nous faut accomplir les œuvres de celui qui m’a envoyé tant qu’il fait jour ; la nuit vient où plus personne ne pourra travailler. Aussi longtemps que je suis encore dans le monde, je suis la lumière du monde.

Après avoir dit cela, Jésus cracha par terre et, avec sa salive, il fit un peu de boue qu’il appliqua sur les yeux de l’aveugle. Puis il lui dit : Va te laver au réservoir de Siloé[a] (le mot « Siloé » veut dire : « envoyé »).

L’aveugle alla se laver et, à son retour, il voyait.

Ses voisins et ceux qui avaient l’habitude de le voir mendier dirent : Cet homme, n’est-ce pas celui qui était toujours assis en train de mendier ?

Les uns affirmaient : C’est bien lui.

D’autres le niaient : Ce n’est pas lui ; c’est quelqu’un qui lui ressemble.

Quant à lui, il disait : C’est bien moi.

10 Alors on le questionna : Comment se fait-il que tes yeux se soient ouverts ?

11 Il répondit : L’homme qui s’appelle Jésus a fait un peu de boue, m’en a frotté les yeux, puis il m’a dit : « Va à Siloé et lave-toi. » J’y suis allé, je me suis lavé et, d’un coup, j’ai vu clair.

12 – Et lui, demandèrent-ils, où est-il ?

– Je n’en sais rien, répondit-il.

L’enquête sur le miracle

13 On amena l’homme qui avait été aveugle devant les pharisiens. 14 Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue pour lui ouvrir les yeux. 15 Les pharisiens lui demandèrent donc, à leur tour, comment il avait recouvré la vue.

Il leur répondit : Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et maintenant j’y vois.

16 Là-dessus, quelques pharisiens déclarèrent : Cet homme ne peut pas venir de Dieu, puisqu’il ne respecte pas le sabbat.

Pourtant d’autres objectaient : Comment un homme pécheur aurait-il le pouvoir d’accomplir de tels signes miraculeux ?

Ils étaient donc divisés. 17 Alors ils interrogèrent de nouveau l’aveugle : Voyons, toi, que dis-tu de lui, puisque c’est à toi qu’il a ouvert les yeux ?

– C’est sûrement un prophète, répondit-il.

18 Mais ils refusèrent de croire que cet homme avait été aveugle et qu’il avait été guéri de sa cécité. Finalement, ils firent venir ses parents.

19 Ils leur demandèrent : Cet homme est-il bien votre fils ? Est-il réellement né aveugle ? Comment se fait-il qu’à présent il voie ?

20 – Nous sommes certains que c’est bien notre fils, répondirent les parents, et qu’il est né aveugle. 21 Mais comment il se fait qu’il voie à présent, nous ne le savons pas. Ou qui lui a rendu la vue, nous ne le savons pas davantage. Interrogez-le donc lui-même. Il est assez grand pour répondre sur ce qui le concerne.

22 Les parents parlaient ainsi parce qu’ils avaient peur des Juifs. En effet, ils avaient déjà décidé d’exclure de la synagogue tous ceux qui reconnaîtraient Jésus comme le Messie. 23 Voilà pourquoi les parents de l’aveugle avaient répondu : « Il est assez grand, interrogez-le donc lui-même. »

24 Les pharisiens firent donc venir une seconde fois celui qui avait été aveugle et lui dirent : Honore Dieu en disant la vérité. Cet homme est un pécheur, nous le savons.

25 – S’il est pécheur ou non, répondit-il, je n’en sais rien. Mais il y a une chose que je sais : j’étais aveugle et maintenant, je vois.

26 Ils lui demandèrent de nouveau : Qu’est-ce qu’il t’a fait ? Redis-nous comment il s’y est pris pour t’ouvrir les yeux.

27 – Je vous l’ai déjà dit, leur répondit-il, et vous ne m’avez pas écouté. Pourquoi tenez-vous à me le faire répéter ? Est-ce que, par hasard, vous avez l’intention de devenir vous aussi ses disciples ?

28 Alors, ils se mirent à l’injurier et ils lui lancèrent : C’est toi qui es son disciple ; nous, nous sommes les disciples de Moïse. 29 Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-là, nous ne savons même pas d’où il vient.

30 – C’est étonnant, répliqua l’homme. Voilà quelqu’un qui m’a ouvert les yeux et vous, vous ne savez même pas d’où il est. 31 Tout le monde sait que Dieu n’exauce pas les pécheurs ; mais si quelqu’un est attaché à Dieu et fait sa volonté, il l’exauce. 32 Depuis que le monde est monde, jamais on n’a entendu dire que quelqu’un ait rendu la vue à un aveugle de naissance. 33 Si cet homme-là ne venait pas de Dieu, il n’aurait rien pu faire.

34 – Comment ! répondirent-ils, depuis ta naissance tu n’es que péché des pieds à la tête, et c’est toi qui veux nous faire la leçon !

Et ils le mirent à la porte.

Les vrais aveugles

35 Jésus apprit qu’ils l’avaient expulsé. Il alla le trouver et lui demanda : Crois-tu au Fils de l’homme ?

36 Il lui répondit : Qui est-ce ? Dis-le-moi, Seigneur[b], pour que je puisse croire en lui.

37 Jésus lui dit : Tu le vois de tes yeux. C’est lui-même qui te parle maintenant.

38 – Je crois, Seigneur, déclara l’homme, et il se prosterna devant lui[c].

39 Jésus dit alors : Je suis venu dans ce monde pour qu’un jugement ait lieu, pour que ceux qui ne voient pas voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles.

40 Des pharisiens qui se trouvaient près de lui entendirent ces paroles et lui demandèrent : Serions-nous, par hasard, nous aussi des aveugles ?

41 – Si vous étiez de vrais aveugles, leur dit Jésus, vous ne seriez pas coupables. Mais voilà : vous prétendez que vous voyez ; aussi votre culpabilité reste entière.

Le vrai guide

10 Vraiment, je vous l’assure : si quelqu’un n’entre pas par la porte dans l’enclos où l’on parque les brebis[d], mais qu’il escalade le mur à un autre endroit, c’est un voleur et un brigand. Celui qui entre par la porte est, lui, le berger des brebis.

Le gardien de l’enclos lui ouvre, les brebis écoutent sa voix. Il appelle par leur nom celles qui lui appartiennent, et il les fait sortir de l’enclos. Quand il a conduit au dehors toutes celles qui sont à lui, il marche à leur tête et les brebis le suivent, parce que sa voix leur est familière. Jamais, elles ne suivront un étranger ; au contraire, elles fuiront loin de lui, car elles ne connaissent pas la voix des étrangers.

Jésus leur raconta cette parabole, mais ils ne comprirent pas ce qu’il voulait leur dire. Alors il reprit : Vraiment, je vous l’assure : Moi, je suis la porte par où passent les brebis. Tous ceux qui sont venus avant moi étaient des voleurs et des brigands. Mais les brebis ne les ont pas écoutés. C’est moi qui suis la porte[e]. Celui qui entre par moi sera sauvé : il pourra aller et venir librement, il trouvera de quoi se nourrir[f]. 10 Le voleur vient seulement pour voler, pour tuer et pour détruire. Moi, je suis venu afin que les hommes aient la vie, une vie abondante.

11 Moi, je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis. 12 Celui qui n’est pas le berger, qui n’est pas le propriétaire des brebis, mais que l’on paye pour les garder, se sauve, lui, dès qu’il voit venir le loup, et il abandonne les brebis ; alors le loup se précipite sur elles, il s’empare de quelques-unes et disperse le troupeau. 13 Cet homme agit ainsi parce qu’il est payé pour faire ce travail et qu’il n’a aucun souci des brebis.

14 Moi, je suis le bon berger ; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, 15 tout comme le Père me connaît et que je connais le Père. Je donne ma vie pour mes brebis. 16 J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos. Celles-là aussi, il faut que je les amène ; elles écouteront ma voix, ainsi il n’y aura plus qu’un seul troupeau avec un seul berger. 17 Si le Père m’aime, c’est parce que je donne ma vie ; mais ensuite, je la reprendrai.

18 En effet, personne ne peut m’ôter la vie : je la donne de mon propre gré. J’ai le pouvoir de la donner et de la reprendre. Tel est l’ordre que j’ai reçu de mon Père.

19 Il y eut à nouveau division parmi le peuple à cause de ses paroles. 20 Beaucoup disaient : Il a un démon en lui, c’est un fou. Pourquoi l’écoutez-vous ?

21 D’autres répliquaient : Un démoniaque ne parlerait pas ainsi. Et puis : est-ce qu’un démon peut rendre la vue à des aveugles ?

Fils de Dieu ou blasphémateur ?

22 Le moment vint où l’on célébrait à Jérusalem la fête de la Consécration[g]. 23 C’était l’hiver. Jésus allait et venait dans la cour du Temple, dans la galerie de Salomon. 24 Alors on fit cercle autour de lui et on l’interpella : Combien de temps nous tiendras-tu encore en haleine ? Si tu es le Messie, dis-le-nous clairement.

25 – Je vous l’ai déjà dit, leur répondit Jésus, mais vous ne croyez pas. Pourtant, vous avez vu les actes que j’accomplis au nom de mon Père : ce sont eux qui témoignent en ma faveur. 26 Mais vous ne croyez pas. Pourquoi ? Parce que vous ne faites pas partie de mes brebis. 27 Mes brebis écoutent ma voix, je les connais et elles me suivent. 28 Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront et personne ne pourra les arracher de ma main. 29 Mon Père qui me les a données est plus grand que tous, et personne ne peut arracher qui que ce soit de la main de mon Père. 30 Or, moi et le Père, nous ne sommes qu’un.

31 Cette fois encore, ils ramassèrent des pierres pour le lapider.

32 Alors Jésus leur dit : J’ai accompli sous vos yeux un grand nombre d’œuvres bonnes par la puissance du Père ; pour laquelle voulez-vous me lapider ?

33 Les Juifs répliquèrent : Nous ne voulons pas te lapider pour une bonne action, mais parce que tu blasphèmes. Car, toi qui n’es qu’un homme, tu te fais passer pour Dieu.

34 Jésus répondit : N’est-il pas écrit dans votre propre Loi :

Moi, je vous avais dit :
Vous êtes des dieux[h] ?

35 Or, on ne saurait contester le témoignage de l’Ecriture. Si donc votre Loi appelle « dieux » ceux auxquels s’adresse la Parole de Dieu, 36 comment pouvez-vous m’accuser de blasphème parce que j’ai dit : « Je suis le Fils de Dieu », quand c’est le Père qui m’a consacré et envoyé dans le monde ?

37 Si je n’accomplis pas les œuvres de mon Père, vous n’avez pas besoin de croire en moi. 38 Mais si, au contraire, je les accomplis, même si vous ne voulez pas me croire, laissez-vous au moins convaincre par mes œuvres, pour que vous reconnaissiez et que vous compreniez que le Père est en moi et que je suis dans le Père.

39 Là-dessus, ils tentèrent à nouveau de se saisir de lui, mais il leur échappa. 40 Après cela, Jésus se retira de l’autre côté du Jourdain, au lieu même où Jean avait précédemment baptisé. Il y resta quelque temps.

41 Beaucoup de monde vint le trouver. On disait : Jean n’a fait aucun signe miraculeux, mais tout ce qu’il a dit de cet homme était vrai.

42 Et là, beaucoup crurent en lui.

La mort d’un ami de Jésus

11 Dans le village de Béthanie vivaient deux sœurs, Marthe et Marie, ainsi que leur frère Lazare.

Marie était cette femme qui, après avoir répandu une huile parfumée sur les pieds du Seigneur, les lui avait essuyés avec ses cheveux[i]. Lazare, son frère, tomba malade. Les deux sœurs envoyèrent donc quelqu’un à Jésus pour lui faire dire : Seigneur, ton ami est malade.

Quand Jésus apprit la nouvelle, il dit : Cette maladie n’aboutira pas à la mort, elle servira à glorifier Dieu ; elle sera une occasion pour faire apparaître la gloire du Fils de Dieu.

Or Jésus était très attaché à Marthe, à sa sœur et à Lazare. Après avoir appris qu’il était malade, il resta encore deux jours à l’endroit où il se trouvait. Puis il dit à ses disciples : Retournons en Judée.

– Maître, lui dirent-ils, il n’y a pas si longtemps, ceux de la Judée voulaient te lapider, et maintenant tu veux retourner là-bas ?

– N’y a-t-il pas douze heures dans une journée ? répondit Jésus. Si l’on marche pendant qu’il fait jour, on ne bute pas contre les obstacles, parce qu’on voit clair. 10 Mais si l’on marche de nuit, on trébuche parce qu’il n’y a pas de lumière.

11 Après avoir dit cela, il ajouta : Notre ami Lazare s’est endormi ; je vais aller le réveiller.

12 Sur quoi les disciples lui dirent : Seigneur, s’il dort, il est en voie de guérison.

13 En fait, Jésus voulait dire que Lazare était mort, mais les disciples avaient compris qu’il parlait du sommeil ordinaire. 14 Alors il leur dit clairement : Lazare est mort, 15 et je suis heureux, à cause de vous, de n’avoir pas été là-bas à ce moment-là. Car cela contribuera à votre foi. Mais maintenant, allons auprès de lui.

16 Thomas, surnommé le Jumeau, dit alors aux autres disciples : Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui.

17 A son arrivée, Jésus apprit qu’on avait enseveli Lazare depuis quatre jours déjà. 18 Béthanie était à moins de trois kilomètres de Jérusalem, 19 aussi beaucoup de gens étaient-ils venus chez Marthe et Marie pour leur présenter leurs condoléances à l’occasion de la mort de leur frère.

La résurrection et la vie

20 Quand Marthe apprit que Jésus approchait du village, elle alla à sa rencontre. Marie, elle, resta à la maison.

21 Marthe dit à Jésus : Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. 22 Mais je sais que maintenant encore, tout ce que tu demanderas à Dieu, il te l’accordera.

23 – Ton frère ressuscitera, lui dit Jésus.

24 – Je sais bien, répondit Marthe, qu’il reviendra à la vie au dernier jour, lors de la résurrection.

25 – Moi, je suis la résurrection et la vie, lui dit Jésus. Celui qui place toute sa confiance en moi vivra, même s’il meurt. 26 Et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ?

27 – Oui, Seigneur, lui répondit-elle, je crois que tu es le Messie, le Fils de Dieu, celui qui devait venir dans le monde.

28 Là-dessus, elle partit appeler sa sœur Marie, et, l’ayant prise à part, elle lui dit : Le Maître est là, et il te demande.

29 A cette nouvelle, Marie se leva précipitamment et courut vers Jésus. 30 Il n’était pas encore entré dans le village : il était resté à l’endroit où Marthe l’avait rencontré. 31 Ceux qui se trouvaient dans la maison avec Marie pour la consoler la virent se lever brusquement et sortir. Ils la suivirent, pensant qu’elle allait au tombeau pour y pleurer.

32 Marie parvint à l’endroit où était Jésus. Dès qu’elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort.

33 En la voyant pleurer, elle et ceux qui l’accompagnaient, Jésus fut profondément indigné[j] et ému.

34 – Où l’avez-vous enterré ? demanda-t-il.

– Viens, Seigneur, lui répondirent-ils, tu verras.

35 Jésus pleura.

36 Alors tous dirent : Voyez, comme il l’aimait.

37 Quelques-uns remarquaient : Il a bien rendu la vue à l’aveugle, n’aurait-il pas pu empêcher que Lazare meure ?

La victoire sur la mort

38 Une fois de plus, Jésus fut profondément bouleversé. Il arriva au tombeau. C’était une grotte dont l’entrée était fermée par une pierre[k].

39 – Enlevez la pierre, dit Jésus.

Marthe, la sœur du mort, dit alors : Seigneur, il doit déjà sentir. Cela fait quatre jours qu’il est là.

40 Jésus lui répondit : Ne t’ai-je pas dit : Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ?

41 On ôta donc la pierre. Alors Jésus, tournant son regard vers le ciel, dit : Père, tu as exaucé ma prière et je t’en remercie. 42 Pour moi, je sais que tu m’exauces toujours, mais si je parle ainsi, c’est pour que tous ceux qui m’entourent croient que c’est toi qui m’as envoyé.

43 Cela dit, il cria d’une voix forte : Lazare, sors de là !

44 Et voici que le mort sortit du tombeau : il avait les pieds et les mains entourés de bandes de lin, le visage recouvert d’un linge.

Jésus dit à ceux qui étaient là : Déliez-le de ces bandes et laissez-le aller !

Le complot contre le Maître de la vie(A)

45 En voyant ce que Jésus avait fait, beaucoup de ceux qui étaient venus auprès de Marie crurent en lui. 46 Quelques-uns, cependant, s’en allèrent trouver les pharisiens et leur rapportèrent ce que Jésus avait fait.

47 Alors, les chefs des prêtres et les pharisiens convoquèrent le Grand-Conseil.

– Qu’allons-nous faire ? disaient-ils. Cet homme accomplit trop de signes miraculeux ; 48 si nous le laissons faire de la sorte, tout le monde va croire en lui. Alors les Romains viendront et détruiront notre temple et notre peuple.

49 L’un d’eux, qui s’appelait Caïphe, et qui était grand-prêtre cette année-là, prit la parole : Vous n’y entendez rien, leur dit-il. 50 Vous ne voyez pas qu’il est de votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple, pour que le peuple ne disparaisse pas tout entier ?

51 Or ce qu’il disait là ne venait pas de lui ; mais il était grand-prêtre cette année-là, et c’est en cette qualité qu’il prophétisa qu’il fallait que Jésus meure pour son peuple. 52 Et ce n’était pas seulement pour son peuple qu’il devait mourir, c’était aussi pour rassembler tous les enfants de Dieu dispersés à travers le monde et les réunir en un seul peuple.

53 C’est ce jour-là qu’ils prirent la décision de faire mourir Jésus. 54 Jésus cessa donc de se montrer en public. Il partit de là et se retira dans la région voisine du désert, dans une ville nommée Ephraïm[l]. Il y passa quelque temps avec ses disciples.

55 Comme la fête de la Pâque approchait, beaucoup de gens de tout le pays montaient à Jérusalem avant la fête pour se soumettre aux cérémonies rituelles de purification. 56 Ils cherchaient donc Jésus et se demandaient entre eux, dans la cour du Temple : Qu’en pensez-vous ? Croyez-vous qu’il viendra à la fête ?

57 Or, les chefs des prêtres et les pharisiens avaient donné des instructions : si quelqu’un savait où se trouvait Jésus, il devait les prévenir pour qu’on l’arrête.

Footnotes

  1. 9.7 Source située dans Jérusalem.
  2. 9.36 Le mot Seigneur est absent de certains manuscrits.
  3. 9.38 Autre traduction : il l’adora.
  4. 10.1 Pendant la nuit, on parquait les moutons dans des enclos formés de murs de pierres sèches. Parfois, le berger se couchait en travers de l’entrée.
  5. 10.9 Voir Mi 2.12-13.
  6. 10.9 Autre traduction : des pâturages.
  7. 10.22 Fête où l’on rappelait la restauration de l’autel du temple de Jérusalem effectuée par le patriote juif Judas Maccabée en 164 av. J.-C.
  8. 10.34 Ps 82.6.
  9. 11.2 Voir 12.3.
  10. 11.33 Indigné devant la mort.
  11. 11.38 Les tombes étaient souvent aménagées dans des grottes naturelles ou artificielles dont l’entrée était fermée par une grosse pierre ronde et plate.
  12. 11.54 Localité située à 20 kilomètres au nord-est de Jérusalem.