La double faute de David

11 Au printemps suivant, à l’époque où les rois ont coutume de partir en guerre, David envoya Joab et ses officiers en campagne à la tête de toute l’armée d’Israël. Ils ravagèrent le pays des Ammonites et mirent le siège devant Rabba, leur capitale. David était resté à Jérusalem. Or, vers le soir, après avoir fait la sieste, David se leva et alla se promener sur le toit en terrasse de son palais. De là, il aperçut une femme qui se baignait ; cette femme était très belle. David fit demander qui elle était, et on lui dit : C’est Bath-Shéba, la fille d’Eliam, l’épouse d’Urie le Hittite.

David envoya des messagers la chercher. Elle se rendit chez lui, et il s’unit à elle. Elle venait de se purifier de ses règles. Puis elle retourna dans sa maison. Mais voici qu’elle se trouva enceinte et envoya dire à David : J’attends un enfant.

Alors David fit parvenir à Joab l’ordre de lui envoyer Urie le Hittite. Joab donna ordre à celui-ci de rejoindre le roi. Urie se présenta à David qui lui demanda des nouvelles de Joab, de l’armée et du déroulement des opérations. Puis David lui dit : Maintenant, rentre chez toi et repose-toi !

Dès qu’il fut sorti du palais, le roi lui fit porter un présent. Mais Urie ne rentra pas dans sa maison : il se coucha à l’entrée du palais royal en compagnie des gardes de son seigneur. 10 On vint dire à David qu’Urie n’était pas rentré chez lui. Le roi le fit appeler et lui demanda : Voyons, tu reviens après une longue absence, pourquoi n’es-tu pas rentré chez toi ?

11 Urie lui répondit : Le coffre sacré, Israël et Juda logent sous des tentes, mon général Joab et ses officiers couchent en rase campagne, et moi, j’irais dans ma maison pour manger, pour boire et pour coucher avec ma femme ! Aussi vrai que tu es vivant, je te jure que je ne ferai jamais pareille chose.

12 David lui dit : Reste encore ici aujourd’hui, demain je te laisserai repartir.

Urie resta donc à Jérusalem ce jour-là et le lendemain.

13 David l’invita à manger chez lui. Il le fit boire jusqu’à l’enivrer. Mais le soir, Urie alla quand même se coucher avec les gardes de son seigneur et ne rentra pas chez lui.

14 Le lendemain matin, David écrivit une lettre à Joab et chargea Urie de la lui remettre. 15 Dans cette lettre il écrivait : Place Urie en première ligne, là où le combat est le plus rude, puis retirez-vous en arrière pour qu’il soit touché et qu’il meure !

16 Comme Joab faisait le siège de la ville, il plaça Urie à l’endroit qu’il savait gardé par des soldats ennemis très valeureux. 17 Les assiégés de la ville firent une sortie pour attaquer Joab. Ils tuèrent plusieurs soldats et officiers de l’armée de David ; Urie le Hittite était parmi les victimes.

18 Joab envoya à David un rapport de toutes les circonstances de la bataille. 19 Puis il dit au messager chargé du rapport : Quand tu auras fini de raconter au roi tout ce qui s’est passé durant la bataille, 20 il est possible qu’il se mette en colère et te demande : « Pourquoi vous êtes-vous tellement approchés de la ville lors de ce combat ? Ne saviez-vous pas qu’on tirerait des flèches du haut des remparts ? 21 Vous rappelez-vous qui a tué Abimélek, fils de Yeroubbésheth à Tébets ? N’est-ce pas une femme qui a lancé sur lui un morceau de meule du haut du rempart, de sorte qu’il en est mort[a] ? Alors pourquoi vous êtes-vous tant approchés du rempart ? » Alors tu répondras : « Ton serviteur Urie le Hittite est aussi parmi les victimes. »

22 Le messager partit et alla rapporter à David tout ce que Joab l’avait chargé de lui dire. 23 Il dit à David : Les défenseurs de la ville ont d’abord eu l’avantage sur nous : ils ont fait une sortie jusque dans la campagne, mais nous les avons repoussés jusqu’à l’entrée de la porte. 24 A ce moment-là, les archers ont tiré sur tes serviteurs du haut du rempart et plusieurs des soldats du roi sont morts ; parmi eux se trouvait ton serviteur Urie le Hittite.

25 David dit au messager : Tu diras à Joab : « Ne prends pas cet incident au tragique. A la guerre, il y a toujours des morts tantôt ici, tantôt là. Poursuis ton attaque contre la ville et détruis-la ! » Encourage-le ainsi !

26 Lorsque la femme d’Urie apprit que son mari était mort, elle prit le deuil pour lui. 27 Quand les jours de deuil furent passés, David l’envoya chercher et l’installa dans sa maison, elle devint sa femme et lui donna un fils. Mais ce que David avait fait déplut à l’Eternel.

Les reproches du prophète Nathan

12 L’Eternel envoya Nathan chez David. Le prophète alla donc le trouver et lui dit : Dans une ville vivaient deux hommes, l’un riche et l’autre pauvre[b]. Le riche possédait beaucoup de moutons et de bœufs. Le pauvre n’avait qu’une petite brebis qu’il avait achetée et qu’il élevait ; elle grandissait chez lui auprès de ses enfants, elle mangeait de son pain, buvait à son bol et couchait dans ses bras ; elle était pour lui comme une fille. Un jour, un voyageur arriva chez l’homme riche, mais celui-ci ne voulut pas prendre une bête de ses troupeaux de moutons ou de bœufs pour préparer un repas au voyageur de passage. Alors il alla prendre la brebis du pauvre et la fit apprêter pour son hôte.

David entra dans une violente colère contre cet homme. Il dit à Nathan : Aussi vrai que l’Eternel est vivant, l’homme qui a fait cela mérite la mort ! Il restituera quatre fois la valeur de la brebis pour avoir commis un tel acte et pour avoir agi sans pitié.

Alors Nathan dit à David : Cet homme-là, c’est toi ! Voici ce que déclare l’Eternel, le Dieu d’Israël : « Je t’ai conféré l’onction pour t’établir roi d’Israël et je t’ai délivré de Saül. Je t’ai livré la maison de ton seigneur Saül, j’ai mis les femmes de ton seigneur dans tes bras et je t’ai établi chef sur Israël et sur Juda ; et si cela était trop peu, j’étais prêt à y ajouter encore d’autres dons. Alors pourquoi as-tu méprisé ma parole en faisant ce que je considère comme mal ? Tu as assassiné par l’épée Urie le Hittite. Tu as pris sa femme pour en faire la tienne, et lui-même tu l’as fait mourir par l’épée des Ammonites. 10 Maintenant, la violence ne quittera plus jamais ta famille parce que tu m’as méprisé et que tu as pris la femme d’Urie le Hittite pour en faire ta femme. » 11 Voici ce que déclare l’Eternel : « Je vais faire venir le malheur contre toi, du sein même de ta famille, je prendrai sous tes yeux tes propres femmes pour les donner à un autre, qui s’unira à elles au grand jour. 12 Toi, tu as agi en cachette ; mais moi j’exécuterai cela sous les yeux de tout Israël, au grand jour. »

13 David dit à Nathan : J’ai péché contre l’Eternel !

Nathan lui répondit : Eh bien, l’Eternel a passé sur ton péché. Tu ne mourras pas. 14 Toutefois, comme par cette affaire tu as fourni aux ennemis de l’Eternel[c] une occasion de le mépriser, le fils qui t’est né mourra.

Les conséquences de la faute de David

15 Nathan retourna chez lui. L’Eternel rendit gravement malade l’enfant que la femme d’Urie avait donné à David. 16 Le roi implora Dieu en sa faveur, il s’imposa un jeûne et passa toute la nuit prostré à terre. 17 Les hauts responsables du palais insistèrent auprès de lui pour qu’il se lève, mais il refusa et ne consentit pas à manger avec eux. 18 Au bout de sept jours, l’enfant mourut ; les serviteurs de David n’osaient pas lui annoncer la nouvelle car ils se disaient : Quand l’enfant vivait encore, nous lui avons parlé, mais il n’a rien voulu entendre. Si nous lui annonçons maintenant que l’enfant est mort, il va faire un malheur !

19 Mais David s’aperçut que ses serviteurs chuchotaient entre eux, il comprit que l’enfant était mort et leur demanda : L’enfant est-il mort ?

Ils répondirent : Il est mort.

20 Alors David se releva de terre, prit un bain, se parfuma et changea de vêtements, puis il se rendit au sanctuaire de l’Eternel et se prosterna devant lui. Ensuite, il rentra chez lui, demanda qu’on lui prépare un repas et se mit à manger. 21 Ses serviteurs le questionnèrent : Que signifie ta façon d’agir ? Tant que l’enfant était vivant, tu as jeûné et pleuré, et maintenant qu’il est mort, tu te relèves et tu manges ?

22 David leur répondit : Tant que l’enfant vivait encore, j’ai jeûné et pleuré, car je me disais : « Qui sait ? Peut-être l’Eternel aura-t-il pitié, et laissera-t-il l’enfant en vie. » 23 Maintenant qu’il est mort, pourquoi jeûnerais-je ? Est-ce que je peux le faire revenir à la vie ? C’est moi qui irai le rejoindre, mais lui ne reviendra pas vers moi.

La naissance de Salomon

24 David consola Bath-Shéba sa femme, il alla vers elle et s’unit à elle. Elle eut de nouveau un fils qu’elle appela Salomon (le Pacifique[d]). L’Eternel l’aima 25 et envoya le prophète Nathan adresser une parole de sa part à David. Aussi celui-ci appela l’enfant Yedidya (Bien-aimé de l’Eternel), à cause de l’Eternel.

David s’empare de la capitale des Ammonites

26 Entre-temps, Joab attaqua Rabba, la cité ammonite, et il s’empara de la ville royale. 27 Alors il envoya des messagers à David pour lui dire : J’ai donné l’assaut à Rabba et je me suis même emparé du quartier d’en bas où se trouve la réserve d’eau. 28 Maintenant rassemble le reste de l’armée et viens toi-même assiéger la ville et t’en emparer. Il ne convient pas que ce soit moi qui la prenne et que tout l’honneur m’en revienne.

(1 Ch 20.1-3)

29 David rassembla donc tout le peuple et partit pour Rabba. Il donna l’assaut à la ville et s’en empara. 30 Il prit la couronne qui se trouvait sur la tête de leur roi[e]. Cette couronne, qui était tout en or, pesait une trentaine de kilos et était garnie d’une pierre précieuse. Elle vint orner la tête de David. Le roi emporta de la ville un immense butin. 31 Quant aux habitants, il les emmena et les affecta à diverses corvées pour manier la scie, les herses de fer et les haches de fer[f]. Il en établit aussi comme mouleurs de briques. Il agit de même avec les populations de toutes les villes des Ammonites. Après cela, David et toute son armée rentrèrent à Jérusalem.

Le viol de la princesse Tamar

13 Absalom, un fils de David, avait une sœur qui était très belle et qui se nommait Tamar[g]. Amnôn, un autre fils du roi David, en tomba passionnément amoureux. Il se rongeait tant à propos de sa demi-sœur qu’il s’en rendait malade, car elle était vierge et il lui semblait impossible de l’approcher[h]. Amnôn avait un ami nommé Yonadab, un fils de Shimea, le frère de David. C’était un homme très astucieux. Il demanda à Amnôn : Fils du roi, pourquoi es-tu si déprimé ? Chaque matin tu parais l’être davantage. Ne veux-tu pas m’en dire la cause ?

Amnôn lui répondit : Je suis amoureux de Tamar, la sœur de mon frère Absalom.

Yonadab lui dit alors : Mets-toi au lit et fais comme si tu étais malade. Quand ton père viendra te voir, dis-lui : « Permets à ma sœur Tamar de venir me faire à manger, qu’elle prépare le repas sous mes yeux afin que je la voie faire, puis je mangerai de sa main. »

Amnôn se mit donc au lit et fit semblant d’être malade. Le roi vint le voir et Amnôn lui dit : Fais venir ma sœur Tamar pour qu’elle me prépare deux galettes sous mes yeux, et je les mangerai de sa main.

David envoya dire à Tamar dans son appartement : Va chez ton frère Amnôn et prépare-lui son repas.

Tamar se rendit donc chez son frère Amnôn et le trouva couché. Elle prépara de la pâte et la pétrit, puis confectionna des galettes devant lui et les fit cuire. Ensuite elle prit la poêle et lui en servit le contenu devant lui, mais il refusa d’en manger et dit : Faites sortir tout le monde d’ici.

Tous se retirèrent. 10 Alors il demanda à Tamar : Apporte-moi ces galettes dans ma chambre pour que je les mange de ta main.

Tamar prit les galettes qu’elle avait faites et les apporta à son frère Amnôn dans sa chambre. 11 Au moment où elle les lui présentait, il l’empoigna et lui dit : Viens, couche avec moi, ma sœur !

12 Mais elle s’écria : Non, mon frère, ne me fais pas violence ! Cela ne se fait pas en Israël[i]. Ne commets pas une telle infamie ! 13 Après cela, où irais-je porter ma honte ? Et toi, tu serais considéré comme un individu méprisable dans notre peuple. Pourquoi ne parles-tu pas au roi ? Il ne refusera pas de me donner à toi.

14 Mais il ne voulut rien entendre, et comme il était plus fort qu’elle, il lui fit violence et coucha avec elle.

15 Après cela, il conçut pour elle une forte aversion, plus violente que la passion qu’il avait éprouvée pour elle. Tout à coup, il lui ordonna : Lève-toi, va-t’en !

16 – Non, lui dit-elle, en me chassant, tu commettrais un crime encore pire que le mal que tu m’as déjà fait.

Mais il ne voulut pas l’écouter. 17 Il appela le domestique qui était à son service et lui ordonna : Débarrassez-moi de cette fille ! Jetez-la dehors et verrouillez la porte derrière elle !

18 Elle portait jusque-là une longue robe multicolore, car c’était autrefois la tenue des princesses aussi longtemps qu’elles étaient vierges. Le domestique la mit dehors et verrouilla la porte derrière elle. 19 Alors Tamar répandit de la cendre sur sa tête, elle déchira sa longue robe, se prit à deux mains la tête, puis elle partit en poussant des cris. 20 Son frère Absalom lui demanda : Ton frère Amnôn t’a-t-il fait violence ? Maintenant, ma sœur, n’en parle pas, c’est ton frère, et ne prends pas la chose trop à cœur !

Dès lors Tamar alla demeurer dans la maison d’Absalom, comme une femme abandonnée.

21 Le roi David apprit tout ce qui s’était passé et il en fut très irrité[j]. 22 Quant à Absalom, il n’adressait plus la parole à Amnôn, ni en bien, ni en mal, car il l’avait pris en haine à cause du viol de sa sœur Tamar.

Absalom venge sa sœur et prend la fuite

23 Deux ans plus tard, Absalom avait les tondeurs à Baal-Hatsor, près d’Ephraïm[k]. Il invita tous les fils du roi. 24 Il se rendit chez le roi et lui dit : Tu sais que ton serviteur fait tondre ses moutons ; que le roi et ses hauts fonctionnaires veuillent bien venir chez ton serviteur !

25 Mais le roi lui répondit : Non, mon fils, nous n’allons pas tous venir, ce serait une trop lourde charge pour toi !

Absalom insista, mais le roi refusa l’invitation et lui donna simplement sa bénédiction. 26 Absalom reprit : Si tu ne veux pas venir, permets au moins à mon frère Amnôn de nous accompagner.

Le roi lui dit : Pourquoi t’accompagnerait-il ?

27 Mais Absalom insista tellement que David laissa partir avec lui Amnôn et tous les autres fils du roi.

28 Absalom donna des ordres à ses serviteurs en disant : Quand vous verrez qu’Amnôn sera égayé par le vin, et que je vous dirai : « Frappez Amnôn ! » vous le tuerez. Ne craignez rien, car c’est moi qui en prends la responsabilité. Ayez du courage et soyez forts !

29 Les serviteurs d’Absalom exécutèrent les ordres de leur maître et tuèrent Amnôn. Aussitôt, tous les autres fils du roi se levèrent de table, enfourchèrent chacun son mulet et prirent la fuite. 30 Ils étaient encore en route quand la nouvelle parvint à David qu’Absalom avait tué tous les fils du roi sans qu’aucun d’eux en réchappe. 31 Le roi se leva, déchira ses vêtements en signe de deuil et s’étendit à même le sol. Tous ses ministres se tenaient autour de lui avec leurs habits déchirés[l]. 32 A ce moment-là, Yonadab, fils de Shimea, le frère de David, prit la parole et déclara : Que mon seigneur ne pense pas que tous les fils du roi ont été tués ; Amnôn seul est mort. Depuis le jour où il a violé sa sœur Tamar, Absalom parlait de le tuer. 33 Que le roi mon seigneur ne s’imagine donc pas que tous les princes ont péri ! Non, Amnôn seul est mort.

34 Absalom, quant à lui, avait pris la fuite. Lorsque le guetteur regarda au loin, il aperçut soudain une troupe nombreuse arrivant par la route occidentale[m], au flanc de la colline. 35 Alors Yonadab dit au roi : Ce sont les fils du roi qui viennent. Tout s’est passé comme ton serviteur l’a dit.

36 A peine achevait-il de parler, que les fils du roi entrèrent et se mirent à parler fort et à pleurer. Alors le roi et toute sa cour se répandirent aussi en pleurs et en lamentations. 37 Entre-temps, Absalom avait fui jusque chez Talmaï, fils d’Ammihoud, roi de Gueshour. Pendant tout ce temps, David porta le deuil de son fils.

38 Absalom resta pendant trois ans réfugié à Gueshour. 39 Le roi David finit par renoncer à poursuivre Absalom[n], car il se consolait peu à peu de la mort d’Amnôn.

Notas al pie

  1. 11.21 Voir Jg 9.50-54.
  2. 12.1 Voir Ps 51.2.
  3. 12.14 On pourrait comprendre : tu as montré beaucoup de mépris pour l’Eternel.
  4. 12.24 Salomon fait assonance avec paix.
  5. 12.30 L’ancienne version grecque a compris : leur dieu Milkom.
  6. 12.31 Certains traduisent : et les fit supplicier par la scie, les herses de fer et les haches de fer.
  7. 13.1 Fille de Maaka, princesse de Gueshour (3.3). Amnôn était fils d’Ahinoam, première femme de David ; il était le fils aîné de David, donc l’héritier présomptif du trône (3.2).
  8. 13.2 Les filles non mariées vivaient dans l’appartement des femmes et ne fréquentaient guère les hommes, pas même leurs demi-frères.
  9. 13.12 Voir Dt 22.23-29.
  10. 13.21 Un manuscrit hébreu, l’ancienne version grecque et la Vulgate ajoutent ici : il ne fit cependant aucun reproche à Amnôn, car c’était son fils aîné et il l’aimait beaucoup.
  11. 13.23 Près de Béthel, à 25 kilomètres au nord de Jérusalem (Né 11.33). La tonte des moutons était une occasion annuelle de réjouissances (1 S 25.2-8).
  12. 13.31 Voir Jos 7.6 ; 1 R 21.27 ; Est 4.1 ; Jb 1.20.
  13. 13.34 L’ancienne version grecque a : par la route de Horonaïm. A la suite du verset, l’ancienne version grecque ajoute : il vint en informer le roi en ces termes : « J’ai vu des hommes arriver par la route de Horonaïm, au flanc de la colline. »
  14. 13.39 Autres traductions : le roi David languissait après Absalom ou la colère du roi David contre Absalom s’apaisait. Le nom David manque dans le texte hébreu de Qumrân et dans certains manuscrits de l’ancienne version grecque.

11 L'année suivante, au temps où les rois se mettaient en campagne, David envoya Joab, avec ses serviteurs et tout Israël, pour détruire les fils d'Ammon et pour assiéger Rabba. Mais David resta à Jérusalem.

Un soir, David se leva de sa couche; et, comme il se promenait sur le toit de la maison royale, il aperçut de là une femme qui se baignait, et qui était très belle de figure.

David fit demander qui était cette femme, et on lui dit: N'est-ce pas Bath Schéba, fille d'Éliam, femme d'Urie, le Héthien?

Et David envoya des gens pour la chercher. Elle vint vers lui, et il coucha avec elle. Après s'être purifiée de sa souillure, elle retourna dans sa maison.

Cette femme devint enceinte, et elle fit dire à David: Je suis enceinte.

Alors David expédia cet ordre à Joab: Envoie-moi Urie, le Héthien. Et Joab envoya Urie à David.

Urie se rendit auprès de David, qui l'interrogea sur l'état de Joab, sur l'état du peuple, et sur l'état de la guerre.

Puis David dit à Urie: Descends dans ta maison, et lave tes pieds. Urie sortit de la maison royale, et il fut suivi d'un présent du roi.

Mais Urie se coucha à la porte de la maison royale, avec tous les serviteurs de son maître, et il ne descendit point dans sa maison.

10 On en informa David, et on lui dit: Urie n'est pas descendu dans sa maison. Et David dit à Urie: N'arrives-tu pas de voyage? Pourquoi n'es-tu pas descendu dans ta maison?

11 Urie répondit à David: L'arche et Israël et Juda habitent sous des tentes, mon seigneur Joab et les serviteurs de mon seigneur campent en rase campagne, et moi j'entrerais dans ma maison pour manger et boire et pour coucher avec ma femme! Aussi vrai que tu es vivant et que ton âme est vivante, je ne ferai point cela.

12 David dit à Urie: Reste ici encore aujourd'hui, et demain je te renverrai. Et Urie resta à Jérusalem ce jour-là et le lendemain.

13 David l'invita à manger et à boire en sa présence, et il l'enivra; et le soir, Urie sortit pour se mettre sur sa couche, avec les serviteurs de son maître, mais il ne descendit point dans sa maison.

14 Le lendemain matin, David écrivit une lettre à Joab, et l'envoya par la main d'Urie.

15 Il écrivit dans cette lettre: Placez Urie au plus fort du combat, et retirez-vous de lui, afin qu'il soit frappé et qu'il meure.

16 Joab, en assiégeant la ville, plaça Urie à l'endroit qu'il savait défendu par de vaillants soldats.

17 Les hommes de la ville firent une sortie et se battirent contre Joab; plusieurs tombèrent parmi le peuple, parmi les serviteurs de David, et Urie, le Héthien, fut aussi tué.

18 Joab envoya un messager pour faire rapport à David de tout ce qui s'était passé dans le combat.

19 Il donna cet ordre au messager: Quand tu auras achevé de raconter au roi tous les détails du combat,

20 peut-être se mettra-t-il en fureur et te dira-t-il: Pourquoi vous êtes vous approchés de la ville pour combattre? Ne savez-vous pas qu'on lance des traits du haut de la muraille?

21 Qui a tué Abimélec, fils de Jerubbéscheth? n'est-ce pas une femme qui lança sur lui du haut de la muraille un morceau de meule de moulin, et n'en est-il pas mort à Thébets? Pourquoi vous êtes-vous approchés de la muraille? Alors tu diras: Ton serviteur Urie, le Héthien, est mort aussi.

22 Le messager partit: et, à son arrivée, il fit rapport à David de tout ce que Joab lui avait ordonné.

23 Le messager dit à David: Ces gens ont eu sur nous l'avantage; ils avaient fait une sortie contre nous dans les champs, et nous les avons repoussés jusqu'à l'entrée de la porte;

24 les archers ont tiré du haut de la muraille sur tes serviteurs, et plusieurs des serviteurs du roi ont été tués, et ton serviteur Urie, le Héthien, est mort aussi.

25 David dit au messager: Voici ce que tu diras à Joab: Ne sois point peiné de cette affaire, car l'épée dévore tantôt l'un, tantôt l'autre; attaque vigoureusement la ville, et renverse-la. Et toi, encourage-le!

26 La femme d'Urie apprit que son mari était mort, et elle pleura son mari.

27 Quand le deuil fut passé, David l'envoya chercher et la recueillit dans sa maison. Elle devint sa femme, et lui enfanta un fils. Ce que David avait fait déplut à l'Éternel.

12 L'Éternel envoya Nathan vers David. Et Nathan vint à lui, et lui dit: Il y avait dans une ville deux hommes, l'un riche et l'autre pauvre.

Le riche avait des brebis et des boeufs en très grand nombre.

Le pauvre n'avait rien du tout qu'une petite brebis, qu'il avait achetée; il la nourrissait, et elle grandissait chez lui avec ses enfants; elle mangeait de son pain, buvait dans sa coupe, dormait sur son sein, et il la regardait comme sa fille.

Un voyageur arriva chez l'homme riche. Et le riche n'a pas voulu toucher à ses brebis ou à ses boeufs, pour préparer un repas au voyageur qui était venu chez lui; il a pris la brebis du pauvre, et l'a apprêtée pour l'homme qui était venu chez lui.

La colère de David s'enflamma violemment contre cet homme, et il dit à Nathan: L'Éternel est vivant! L'homme qui a fait cela mérite la mort.

Et il rendra quatre brebis, pour avoir commis cette action et pour avoir été sans pitié.

Et Nathan dit à David: Tu es cet homme-là! Ainsi parle l'Éternel, le Dieu d'Israël: Je t'ai oint pour roi sur Israël, et je t'ai délivré de la main de Saül;

je t'ai mis en possession de la maison de ton maître, j'ai placé dans ton sein les femmes de ton maître, et je t'ai donné la maison d'Israël et de Juda. Et si cela eût été peu, j'y aurais encore ajouté.

Pourquoi donc as-tu méprisé la parole de l'Éternel, en faisant ce qui est mal à ses yeux? Tu as frappé de l'épée Urie, le Héthien; tu as pris sa femme pour en faire ta femme, et lui, tu l'as tué par l'épée des fils d'Ammon.

10 Maintenant, l'épée ne s'éloignera jamais de ta maison, parce que tu m'as méprisé, et parce que tu as pris la femme d'Urie, le Héthien, pour en faire ta femme.

11 Ainsi parle l'Éternel: Voici, je vais faire sortir de ta maison le malheur contre toi, et je vais prendre sous tes yeux tes propres femmes pour les donner à un autre, qui couchera avec elles à la vue de ce soleil.

12 Car tu as agi en secret; et moi, je ferai cela en présence de tout Israël et à la face du soleil.

13 David dit à Nathan: J'ai péché contre l'Éternel! Et Nathan dit à David: L'Éternel pardonne ton péché, tu ne mourras point.

14 Mais, parce que tu as fait blasphémer les ennemis de l'Éternel, en commettant cette action, le fils qui t'est né mourra.

15 Et Nathan s'en alla dans sa maison. L'Éternel frappa l'enfant que la femme d'Urie avait enfanté à David, et il fut dangereusement malade.

16 David pria Dieu pour l'enfant, et jeûna; et quand il rentra, il passa la nuit couché par terre.

17 Les anciens de sa maison insistèrent auprès de lui pour le faire lever de terre; mais il ne voulut point, et il ne mangea rien avec eux.

18 Le septième jour, l'enfant mourut. Les serviteurs de David craignaient de lui annoncer que l'enfant était mort. Car ils disaient: Voici, lorsque l'enfant vivait encore, nous lui avons parlé, et il ne nous a pas écoutés; comment oserons-nous lui dire: L'enfant est mort? Il s'affligera bien davantage.

19 David aperçut que ses serviteurs parlaient tout bas entre eux, et il comprit que l'enfant était mort. Il dit à ses serviteurs: L'enfant est-il mort? Et ils répondirent: Il est mort.

20 Alors David se leva de terre. Il se lava, s'oignit, et changea de vêtements; puis il alla dans la maison de l'Éternel, et se prosterna. De retour chez lui, il demanda qu'on lui servît à manger, et il mangea.

21 Ses serviteurs lui dirent: Que signifie ce que tu fais? Tandis que l'enfant vivait, tu jeûnais et tu pleurais; et maintenant que l'enfant est mort, tu te lèves et tu manges!

22 Il répondit: Lorsque l'enfant vivait encore, je jeûnais et je pleurais, car je disais: Qui sait si l'Éternel n'aura pas pitié de moi et si l'enfant ne vivra pas?

23 Maintenant qu'il est mort, pourquoi jeûnerais-je? Puis-je le faire revenir? J'irai vers lui, mais il ne reviendra pas vers moi.

24 David consola Bath Schéba, sa femme, et il alla auprès d'elle et coucha avec elle. Elle enfanta un fils qu'il appela Salomon, et qui fut aimé de l'Éternel.

25 Il le remit entre les mains de Nathan le prophète, et Nathan lui donna le nom de Jedidja, à cause de l'Éternel.

26 Joab, qui assiégeait Rabba des fils d'Ammon, s'empara de la ville royale,

27 et envoya des messagers à David pour lui dire: J'ai attaqué Rabba, et je me suis déjà emparé de la ville des eaux;

28 rassemble maintenant le reste du peuple, campe contre la ville, et prends-la, de peur que je ne la prenne moi-même et que la gloire ne m'en soit attribuée.

29 David rassembla tout le peuple, et marcha sur Rabba; il l'attaqua, et s'en rendit maître.

30 Il enleva la couronne de dessus la tête de son roi: elle pesait un talent d'or et était garnie de pierres précieuses. On la mit sur la tête de David, qui emporta de la ville un très grand butin.

31 Il fit sortir les habitants, et il les plaça sous des scies, des herses de fer et des haches de fer, et les fit passer par des fours à briques; il traita de même toutes les villes des fils d'Ammon. David retourna à Jérusalem avec tout le peuple.

13 Après cela, voici ce qui arriva. Absalom, fils de David, avait une soeur qui était belle et qui s'appelait Tamar; et Amnon, fils de David, l'aima.

Amnon était tourmenté jusqu'à se rendre malade à cause de Tamar, sa soeur; car elle était vierge, et il paraissait difficile à Amnon de faire sur elle la moindre tentative.

Amnon avait un ami, nommé Jonadab, fils de Schimea, frère de David, et Jonadab était un homme très habile.

Il lui dit: Pourquoi deviens-tu, ainsi chaque matin plus maigre, toi, fils de roi? Ne veux-tu pas me le dire? Amnon lui répondit: J'aime Tamar, soeur d'Absalom, mon frère.

Jonadab lui dit: Mets-toi au lit, et fais le malade. Quand ton père viendra te voir, tu lui diras: Permets à Tamar, ma soeur, de venir pour me donner à manger; qu'elle prépare un mets sous mes yeux, afin que je le voie et que je le prenne de sa main.

Amnon se coucha, et fit le malade. Le roi vint le voir, et Amnon dit au roi: Je te prie, que Tamar, ma soeur, vienne faire deux gâteaux sous mes yeux, et que je les mange de sa main.

David envoya dire à Tamar dans l'intérieur des appartements: Va dans la maison d'Amnon, ton frère, et prépare-lui un mets.

Tamar alla dans la maison d'Amnon, son frère, qui était couché. Elle prit de la pâte, la pétrit, prépara devant lui des gâteaux, et les fit cuire;

prenant ensuite la poêle, elle les versa devant lui. Mais Amnon refusa de manger. Il dit: Faites sortir tout le monde. Et tout le monde sortit de chez lui.

10 Alors Amnon dit à Tamar: Apporte le mets dans la chambre, et que je le mange de ta main. Tamar prit les gâteaux qu'elle avait faits, et les porta à Amnon, son frère, dans la chambre.

11 Comme elle les lui présentait à manger, il la saisit et lui dit: Viens, couche avec moi, ma soeur.

12 Elle lui répondit: Non, mon frère, ne me déshonore pas, car on n'agit point ainsi en Israël; ne commets pas cette infamie.

13 Où irais-je, moi, avec ma honte? Et toi, tu serais comme l'un des infâmes en Israël. Maintenant, je te prie, parle au roi, et il ne s'opposera pas à ce que je sois à toi.

14 Mais il ne voulut pas l'écouter; il lui fit violence, la déshonora et coucha avec elle.

15 Puis Amnon eut pour elle une forte aversion, plus forte que n'avait été son amour. Et il lui dit: Lève-toi, va-t'en!

16 Elle lui répondit: N'augmente pas, en me chassant, le mal que tu m'as déjà fait.

17 Il ne voulut pas l'écouter, et appelant le garçon qui le servait, il dit: Qu'on éloigne de moi cette femme et qu'on la mette dehors. Et ferme la porte après elle!

18 Elle avait une tunique de plusieurs couleurs; car c'était le vêtement que portaient les filles du roi, aussi longtemps qu'elles étaient vierges. Le serviteur d'Amnon la mit dehors, et ferma la porte après elle.

19 Tamar répandit de la cendre sur sa tête, et déchira sa tunique bigarrée; elle mit la main sur sa tête, et s'en alla en poussant des cris.

20 Absalom, son frère, lui dit: Amnon, ton frère, a-t-il été avec toi? Maintenant, ma soeur, tais-toi, c'est ton frère; ne prends pas cette affaire trop à coeur. Et Tamar, désolée, demeura dans la maison d'Absalom, son frère.

21 Le roi David apprit toutes ces choses, et il fut très irrité.

22 Absalom ne parla ni en bien ni en mal avec Amnon; mais il le prit en haine, parce qu'il avait déshonoré Tamar, sa soeur.

23 Deux ans après, comme Absalom avait les tondeurs à Baal Hatsor, près d'Éphraïm, il invita tous les fils du roi.

24 Absalom alla vers le roi, et dit: Voici, ton serviteur a les tondeurs; que le roi et ses serviteurs viennent chez ton serviteur.

25 Et le roi dit à Absalom: Non, mon fils, nous n'irons pas tous, de peur que nous ne te soyons à charge. Absalom le pressa; mais le roi ne voulut point aller, et il le bénit.

26 Absalom dit: Permets du moins à Amnon, mon frère, de venir avec nous. Le roi lui répondit: Pourquoi irait-il chez toi?

27 Sur les instances d'Absalom, le roi laissa aller avec lui Amnon et tous ses fils.

28 Absalom donna cet ordre à ses serviteurs: Faites attention quand le coeur d'Amnon sera égayé par le vin et que je vous dirai: Frappez Amnon! Alors tuez-le; ne craignez point, n'est-ce pas moi qui vous l'ordonne? Soyez fermes, et montrez du courage!

29 Les serviteurs d'Absalom traitèrent Amnon comme Absalom l'avait ordonné. Et tous les fils du roi se levèrent, montèrent chacun sur son mulet, et s'enfuirent.

30 Comme ils étaient en chemin, le bruit parvint à David qu'Absalom avait tué tous les fils du roi, et qu'il n'en était pas resté un seul.

31 Le roi se leva, déchira ses vêtements, et se coucha par terre; et tous ses serviteurs étaient là, les vêtements déchirés.

32 Jonadab, fils de Schimea, frère de David, prit la parole et dit: Que mon seigneur ne pense point que tous les jeunes gens, fils du roi, ont été tués, car Amnon seul est mort; et c'est l'effet d'une résolution d'Absalom, depuis le jour où Amnon a déshonoré Tamar, sa soeur.

33 Que le roi mon seigneur ne se tourmente donc point dans l'idée que tous les fils du roi sont morts, car Amnon seul est mort.

34 Absalom prit la fuite. Or le jeune homme placé en sentinelle leva les yeux et regarda. Et voici, une grande troupe venait par le chemin qui était derrière lui, du côté de la montagne.

35 Jonadab dit au roi: Voici les fils du roi qui arrivent! Ainsi se confirme ce que disait ton serviteur.

36 Comme il achevait de parler, voici, les fils du roi arrivèrent. Ils élevèrent la voix, et pleurèrent; le roi aussi et tous ses serviteurs versèrent d'abondantes larmes.

37 Absalom s'était enfui, et il alla chez Talmaï, fils d'Ammihur, roi de Gueschur. Et David pleurait tous les jours son fils.

38 Absalom resta trois ans à Gueschur, où il était allé, après avoir pris la fuite.

39 Le roi David cessa de poursuivre Absalom, car il était consolé de la mort d'Amnon.