2 Samuel 15-19
La Bible du Semeur
Les intrigues d’Absalom
15 Après cela, Absalom se procura un char et des chevaux ainsi qu’une garde personnelle de cinquante hommes qui couraient devant son char. 2 Il se levait de bon matin et se postait au bord de la route qui conduisait à l’entrée de la ville. Chaque fois que passait un homme qui se rendait auprès du roi pour demander justice à propos d’un litige, Absalom l’interpellait et lui demandait : De quelle ville viens-tu ?
L’autre répondait : Ton serviteur est de telle tribu d’Israël.
3 Alors Absalom lui disait : Ta cause est juste et tu es dans ton bon droit, mais vois-tu, personne ne t’écoutera chez le roi.
4 Puis il ajoutait : Ah ! si je rendais la justice dans ce pays ! Tous ceux qui seraient en litige ou en procès viendraient me trouver et je leur ferais justice !
5 Quand quelqu’un s’approchait pour s’incliner devant lui, il lui tendait la main, le saisissait et l’embrassait. 6 Absalom agissait ainsi envers tous ceux d’Israël qui se rendaient auprès du roi pour demander justice. De cette manière, il conquit insidieusement les suffrages des gens d’Israël.
7 Au bout de quatre ans[a], Absalom dit au roi : Permets-moi d’aller à Hébron pour accomplir un vœu que j’ai fait à l’Eternel. 8 En effet, pendant son séjour à Gueshour en Syrie, ton serviteur a fait ce vœu : Si l’Eternel me laisse retourner à Jérusalem, je lui offrirai un sacrifice[b].
9 Le roi lui dit : Va en paix !
Absalom partit donc et se rendit à Hébron. 10 De là, il envoya des émissaires dans toutes les tribus d’Israël pour dire : Dès que vous entendrez une sonnerie de cor, vous pourrez dire : « Absalom est devenu roi à Hébron. »
11 Deux cents hommes de Jérusalem, invités par Absalom, partirent de bonne foi avec lui, sans se douter de ses intentions. 12 Pendant qu’Absalom offrait les sacrifices, il envoya chercher Ahitophel[c], le Guilonite, conseiller de David, dans la ville de Guilo[d]. Ainsi la conjuration devint puissante et le parti d’Absalom fut de plus en plus nombreux.
David s’enfuit de Jérusalem
13 On vint annoncer à David que les Israélites prenaient parti pour Absalom. 14 Alors David dit à tous ses ministres qui étaient avec lui à Jérusalem : Allons, fuyons au plus vite, sans quoi personne n’échappera à Absalom. Hâtez-vous de partir, sinon il nous prendra de vitesse et nous rattrapera ; il nous précipitera alors dans le malheur et massacrera toute la population de la ville.
15 Les ministres lui dirent : Quelle que soit la décision que prenne notre seigneur le roi, nous sommes là à sa disposition.
16 Le roi partit à pied, suivi de tous ses proches. Il ne laissa que dix épouses de second rang pour garder le palais. 17 Il sortit accompagné de toute la population, et ils firent halte près de la dernière maison de la ville. 18 Tous ses fonctionnaires marchaient à ses côtés, ainsi que sa garde personnelle composée des Kérétiens et des Pélétiens[e], tandis que les six cents Gathiens, qui l’avaient suivi depuis Gath[f], précédaient le roi.
19 Le roi demanda à Ittaï, le chef des Gathiens : Pourquoi veux-tu venir, toi aussi avec nous ? Rebrousse chemin et reste avec le nouveau roi ! Après tout, tu es un étranger ici et tu es en exil loin de ta patrie. 20 Tu n’es à mon service que depuis peu de temps, alors pourquoi t’entraînerais-je aujourd’hui dans une aventure ? Moi-même je m’en vais sans savoir où. Retourne plutôt et emmène tes compagnons avec toi ! Que l’Eternel te témoigne sa grande bonté !
21 Mais Ittaï répondit au roi : Aussi vrai que l’Eternel est vivant et que mon seigneur le roi est vivant, ton serviteur restera avec mon seigneur le roi partout où il ira, soit pour mourir, soit pour vivre.
22 David lui répondit : C’est bon ! Va donc et passe devant !
Ittaï de Gath passa devant avec tous ses hommes et tous les membres de leurs familles. 23 A mesure que la troupe passait, toute la population du pays se lamentait à grands cris. Le roi franchit la vallée du Cédron[g] avec toute sa suite et s’avança sur la route qui mène au désert[h].
David laisse de fidèles serviteurs à Jérusalem
24 Tsadoq vint aussi avec tous les lévites qui portaient le coffre de l’alliance de Dieu. Ils déposèrent le coffre de Dieu à terre tandis qu’Abiatar offrait des sacrifices jusqu’à ce que toute la population eut fini de sortir de la ville. 25 Mais le roi dit à Tsadoq : Ramène le coffre de Dieu dans la ville. Si l’Eternel m’est favorable, il me fera revenir et me permettra de revoir le coffre ainsi que le sanctuaire. 26 Si, par contre, il déclare : « Je ne prends plus plaisir en toi », eh bien, qu’il me traite comme bon lui semblera.
27 Le roi dit encore au prêtre Tsadoq : N’es-tu pas un prophète ? Retourne tranquillement dans la ville et que ton fils Ahimaats et Jonathan, fils d’Abiatar, vos deux fils vous[i] accompagnent. 28 Quant à moi, j’attendrai aux défilés du désert jusqu’à ce que je reçoive un message de votre part qui me donne des nouvelles.
29 Ainsi Tsadoq et Abiatar rapportèrent le coffre de Dieu à Jérusalem et ils y restèrent.
30 Cependant David gravissait pieds nus et la tête voilée[j] la montée des Oliviers, il s’avançait en pleurant. Tous ceux qui l’accompagnaient s’étaient aussi voilé la tête et montaient en pleurant. 31 On vint rapporter à David qu’Ahitophel s’était joint aux conspirateurs autour d’Absalom. David s’écria : O Eternel, rends les conseils d’Ahitophel inefficaces !
32 Lorsque David eut atteint le sommet de la colline où l’on adore Dieu, Houshaï l’Arkien[k], son conseiller personnel, vint à sa rencontre, son vêtement déchiré et la tête couverte de poussière.
33 David lui dit : Si tu me suis, tu me seras à charge. 34 Mais si, au contraire, tu retournes à la ville et si tu dis à Absalom : « Je suis ton serviteur, ô roi ! J’ai été jusqu’ici au service de ton père, mais maintenant c’est toi que je veux servir », tu pourras contrecarrer en ma faveur les conseils d’Ahitophel. 35 De plus, tu auras l’appui des prêtres Tsadoq et Abiatar. Tu leur rapporteras tout ce que tu apprendras au palais royal. 36 Leurs deux fils, Ahimaats, fils de Tsadoq, et Jonathan, fils d’Abiatar, sont avec eux : vous me communiquerez par leur intermédiaire toutes les nouvelles que vous apprendrez.
37 Houshaï, l’ami de David, retourna donc en ville au moment où Absalom faisait son entrée à Jérusalem.
David et Tsiba
16 Quand David eut un peu dépassé le sommet de la colline, Tsiba, l’intendant de Mephibosheth, vint à sa rencontre avec deux ânes bâtés portant deux cents pains, cent paquets de raisins secs, cent autres de fruits d’été et une outre de vin. 2 Le roi lui demanda : Que veux-tu faire de tout cela ?
Tsiba lui répondit : Les ânes sont destinés à la famille du roi pour être montés ; les pains et les fruits serviront de nourriture aux jeunes gens et le vin rafraîchira ceux qui seront fatigués dans le désert.
3 Le roi reprit : Mais où est donc le fils de ton maître ?
Tsiba répondit : Il est resté à Jérusalem, car il s’est dit : « Maintenant le peuple d’Israël me restituera la royauté de mon père. »
4 Le roi déclara alors à Tsiba : Dans ce cas, je te donne tout ce qui appartient à Mephibosheth.
Tsiba répondit : Je me prosterne devant toi, mon seigneur le roi ! Puissé-je conserver toujours ta faveur.
Shimeï maudit David
5 Alors que David s’approchait de Bahourim[l], un homme sortit de ce village. Il appartenait au même groupe familial que Saül et s’appelait Shimeï ; c’était un fils de Guéra. Il s’avançait en prononçant des malédictions contre David 6 et lançait des pierres sur lui et tous ses hauts fonctionnaires, malgré la foule et les soldats qui entouraient le roi à sa droite et à sa gauche. 7 Shimeï criait en le maudissant : Va-t’en, va-t’en, assassin, vaurien ! 8 La mort des membres de la famille de Saül, à la place duquel tu as régné, te retombe dessus. L’Eternel a fait passer la royauté à ton fils Absalom. Te voilà dans le malheur parce que tu as versé le sang.
9 Alors Abishaï, fils de Tserouya[m], dit au roi : Pourquoi laisse-t-on ce chien crevé insulter mon seigneur le roi ? Permets-moi d’aller lui couper la tête !
10 – Cela vous regarde-t-il, fils de Tserouya ? lui répondit le roi. Qu’il prononce ses malédictions, car si l’Eternel lui a dit de me maudire, qui peut le lui reprocher ?
11 Puis David déclara à Abishaï et à tous ses fonctionnaires : Si mon propre fils que j’ai engendré cherche à me faire mourir, à plus forte raison ce Benjaminite agira-t-il ainsi ! Laissez-le tranquille et qu’il maudisse, car l’Eternel le lui a dit. 12 Peut-être l’Eternel considérera-t-il ma situation misérable et changera-t-il la malédiction d’aujourd’hui en bien.
13 David et ses gens poursuivirent leur route, mais Shimeï avançait parallèlement à lui sur le flanc de la montagne, continuant à maudire, à lancer des pierres et de la terre. 14 Finalement, le roi et toute sa suite arrivèrent exténués à Bahourim. Là, ils purent prendre quelque repos.
Absalom arrive à Jérusalem
15 Entre-temps, Absalom et toute la troupe des hommes d’Israël étaient entrés dans Jérusalem ; Ahitophel était avec lui. 16 Lorsque Houshaï l’Arkien, l’ami de David, arriva auprès d’Absalom, il s’écria : Vive le roi, vive le roi !
17 Absalom lui dit : C’est là toute l’affection que tu as pour ton ami ? Pourquoi n’es-tu pas allé avec lui ?
18 Houshaï lui répondit : Non, je me rallie à celui qui a été choisi par l’Eternel, par ce peuple et par tous les soldats d’Israël, et je veux rester de son côté. 19 D’ailleurs, qui est-ce que je vais servir ? N’est-ce pas son fils ? Comme j’ai été le serviteur de ton père, ainsi je serai le tien.
20 Alors Absalom dit à Ahitophel : Tenez conseil ensemble. Que dois-je faire ?
21 Ahitophel lui répondit : Va vers les épouses de second rang de ton père qu’il a laissées pour garder le palais, couche avec elles, et tout Israël saura que tu as outragé ton père. Ainsi le courage de tous tes partisans en sera affermi.
22 On dressa donc une tente sur le toit en terrasse du palais, et Absalom y alla coucher avec les épouses de second rang de son père sous les yeux de tout Israël[n]. 23 En ce temps-là, les conseils d’Ahitophel avaient autant d’autorité, pour David comme pour Absalom, qu’une parole de Dieu lui-même.
L’Eternel rend les conseils d’Ahitophel inefficaces
17 Peu après, Ahitophel fit à Absalom la proposition suivante : Permets-moi de lever douze mille hommes et je me lancerai cette nuit même à la poursuite de David. 2 Je fondrai sur lui pendant qu’il est exténué et à bout de forces, je provoquerai la panique chez lui, tous ceux qui sont avec lui s’enfuiront ; comme le roi sera isolé, je le tuerai 3 et je rallierai tous ses hommes à toi ; le retour de tous vaut bien l’homme que tu recherches ! Et tout le peuple vivra en paix.
4 Cette proposition parut juste à Absalom et à tous les responsables d’Israël. 5 Cependant Absalom ordonna : Appelle encore Houshaï l’Arkien pour que nous sachions ce qu’il en pense.
6 Houshaï entra chez Absalom qui lui demanda : Voici ce qu’Ahitophel propose. Devons-nous faire ce qu’il dit ou bien es-tu d’un autre avis ?
7 Houshaï répondit : Pour une fois, le conseil d’Ahitophel n’est pas bon. 8 Tu connais bien ton père, poursuivit-il, ses hommes sont aguerris et ils sont furieux comme une ourse à qui on aurait pris ses petits en pleine campagne. Et puis, n’oublie pas que ton père est un homme qui a l’expérience de la guerre, il ne passera pas la nuit avec ses troupes. 9 A l’heure qu’il est, il doit être caché dans une grotte ou dans quelque autre endroit retiré. Il suffirait que, dès le début, quelques-uns de tes soldats tombent sous leurs coups pour qu’aussitôt le bruit s’en répande et que l’on dise : « Il y a eu un carnage parmi les partisans d’Absalom ! » 10 Alors, même les braves au cœur de lion se décourageront ; car tout Israël sait que ton père est aguerri et qu’il a à ses côtés des hommes valeureux. 11 C’est pourquoi je propose autre chose : Que tout Israël depuis Dan jusqu’à Beer-Sheva soit mobilisé autour de toi ; tu auras une armée aussi nombreuse que les grains de sable des plages, tu te mettras à leur tête et tu iras personnellement au combat. 12 Nous traquerons David en quelque lieu qu’il se cache et nous tomberons sur lui comme la rosée tombe sur le sol ; ni lui ni aucun de ses compagnons ne nous échappera. 13 S’il se réfugie dans une ville, tout Israël apportera des cordes et nous traînerons cette ville dans le torrent voisin jusqu’à ce qu’il n’en reste pas même un caillou.
14 Absalom et tous les hommes d’Israël déclarèrent : Le conseil de Houshaï l’Arkien est meilleur que celui d’Ahitophel.
L’Eternel avait, en effet, décidé de faire échec au bon conseil d’Ahitophel afin d’amener le malheur sur Absalom.
David passe à l’est du Jourdain
15 Houshaï alla rapporter aux prêtres Tsadoq et Abiatar ce qu’Ahitophel avait conseillé à Absalom et aux responsables d’Israël, et ce que lui-même avait ensuite proposé.
16 – Et maintenant, ajouta-t-il, envoyez prévenir David de toute urgence. Faites-lui dire qu’il ne reste pas cette nuit-là dans les steppes du désert, mais qu’il passe le Jourdain avant le matin, sinon il risque d’être exterminé avec tous ceux qui l’accompagnent.
17 Jonathan et Ahimaats se tenaient à Eyn-Roguel[o] ; une servante devait aller leur porter le message, et eux devaient aller le transmettre au roi David. Car ils ne devaient pas entrer dans la ville, pour ne pas se faire voir. 18 Mais un jeune homme les aperçut et signala leur présence à Absalom. Les deux messagers partirent en hâte et se rendirent à la maison d’un homme de Bahourim qui avait une citerne dans sa cour ; ils y descendirent pour se cacher. 19 La maîtresse de maison prit une couverture et l’étendit sur l’ouverture de la citerne puis elle répandit par-dessus du grain concassé pour qu’on ne se doute de rien. 20 Les envoyés d’Absalom entrèrent chez la femme et demandèrent : Où sont Ahimaats et Jonathan ?
La femme répondit : Ils ont passé l’eau[p].
Ils les cherchèrent sans succès puis rentrèrent à Jérusalem. 21 Après leur départ, les deux messagers sortirent de la citerne et partirent informer le roi David.
– Mettez-vous en route, lui dirent-ils, dépêchez-vous de traverser la rivière, car voici ce qu’Ahitophel a conseillé de faire contre vous !
22 David et tous les gens qui étaient avec lui se mirent en route et traversèrent le Jourdain ; avant que le jour paraisse, ils avaient tous passé.
23 Quand Ahitophel vit qu’on ne suivait pas son conseil, il sella son âne et se mit en route pour retourner chez lui dans sa ville. Il mit ses affaires en ordre, puis se pendit et mourut. Il fut enterré dans le tombeau de son père.
24 David avait gagné Mahanaïm[q]. Pendant ce temps, Absalom franchit le Jourdain avec tous les Israélites qui étaient avec lui. 25 Il avait nommé Amasa chef de l’armée, en remplacement de Joab. Cet Amasa était fils d’un Israélite[r] nommé Yitra qui avait eu une relation avec Abigaïl, fille de Nahash, sœur de Tserouya, la mère de Joab. 26 Absalom et les Israélites établirent leur campement dans le pays de Galaad.
27 Lorsque David arriva à Mahanaïm, il fut accueilli par Shovi, fils de Nahash de Rabba des Ammonites, Makir, fils d’Ammiel de Lo-Debar[s] et Barzillaï, le Galaadite de Roguelim. 28 Ils apportèrent du matériel de couchage, des lainages et de la vaisselle, du blé, de l’orge, de la farine, des épis grillés, des fèves, des lentilles, 29 du miel, du lait caillé et du fromage pour ravitailler David et ses gens, car ils se disaient : Ces gens doivent être exténués par leur marche à travers le désert, ils ont sûrement faim et soif.
La bataille décisive
18 David passa en revue les troupes qui étaient avec lui et il nomma des officiers, chefs de « milliers » et de « centaines ». 2 Ensuite, il partagea l’armée en trois corps qu’il confia à Joab, à Abishaï, fils de Tserouya, frère de Joab, et à Ittaï, de Gath[t]. Puis il annonça à la troupe qu’il les accompagnerait lui-même au combat. 3 Mais les soldats s’écrièrent : Non, tu ne dois pas venir avec nous ! Car si nous étions mis en fuite, on ne ferait pas attention à nous, et si même la moitié d’entre nous succombait, on n’y attacherait pas d’importance, mais toi, tu comptes autant que dix mille d’entre nous ; d’autre part, il est préférable que tu puisses à tout moment venir à notre aide depuis la ville.
4 Le roi leur dit : Je ferai ce que vous jugerez bon.
Il se plaça donc près de la porte de la ville et toute l’armée sortit par « centaines » et par « milliers[u] ». 5 Le roi donna cet ordre à Joab, à Abishaï et à Ittaï : Par égard pour moi, ménagez le jeune Absalom !
Toute la troupe l’entendit donner cet ordre à tous les chefs de l’armée au sujet d’Absalom. 6 L’armée sortit dans la campagne pour aller combattre Israël. La bataille s’engagea dans la forêt d’Ephraïm[v]. 7 L’armée d’Israël fut battue là par les hommes de David, elle subit une lourde perte de vingt mille hommes. 8 Les combattants s’éparpillèrent sur toute la région et, ce jour-là, ceux qui trouvèrent la mort dans la forêt furent plus nombreux que ceux qui furent tués par l’épée.
La fin d’Absalom
9 Absalom se trouva soudain face à face avec des hommes de David ; il s’enfuit sur son mulet qui s’engagea sous les branches enchevêtrées d’un grand chêne. Sa chevelure s’accrocha aux branches de l’arbre et il demeura suspendu entre ciel et terre tandis que son mulet s’échappait sous lui. 10 Un soldat le vit et le rapporta à Joab. Il dit : Je viens de voir Absalom suspendu à un chêne.
11 Joab lui dit : Comment ? Tu l’as vu ! Alors pourquoi ne l’as-tu pas abattu sur-le-champ ? Je t’aurais bien donné une centaine de grammes d’argent[w] et une ceinture d’apparat.
12 Mais le soldat lui répondit : Non, même si tu me pesais et me mettais en main mille pièces d’argent, je ne porterais pas la main sur le fils du roi, car nous avons entendu l’ordre que le roi t’a donné, à toi comme à Abishaï et à Ittaï, lorsqu’il a dit : « Par égard pour moi, épargnez le jeune Absalom. » 13 D’ailleurs, si j’avais agi traîtreusement au péril de ma vie, le roi aurait fini par le découvrir – car rien ne lui demeure caché – et toi-même tu te serais bien gardé d’intervenir en ma faveur.
14 Joab s’écria : Je n’ai pas de temps à perdre à rester là avec toi.
Il empoigna trois épieux et les planta dans la poitrine d’Absalom retenu vivant au milieu du chêne. 15 Puis les dix soldats qui portaient les armes de Joab entourèrent aussitôt Absalom et lui portèrent leurs coups pour l’achever.
16 Alors Joab fit sonner du cor pour arrêter le combat. Son armée cessa de poursuivre celle d’Israël et prit le chemin du retour, car Joab voulait épargner le peuple. 17 On saisit le corps d’Absalom et on le jeta dans une fosse profonde en pleine forêt, puis on accumula sur lui un énorme tas de pierres. Pendant ce temps, les hommes d’Israël s’enfuirent, chacun chez soi.
18 De son vivant, Absalom s’était fait ériger la stèle qui est dans la vallée royale[x], car il disait : Je n’ai pas de fils pour perpétuer mon nom.
Il avait donné son propre nom à la stèle qui s’appelle encore aujourd’hui le Monument d’Absalom.
David apprend la mort d’Absalom
19 Ahimaats, fils de Tsadoq, dit à Joab : Permets-moi de courir annoncer au roi la nouvelle que l’Eternel lui a rendu justice en le délivrant de ses ennemis.
20 Joab lui répondit : Si tu y vas, tu ne seras pas porteur d’une bonne nouvelle aujourd’hui. Tu pourras être une autre fois porteur de bonnes nouvelles. Mais aujourd’hui, ce ne sera pas une bonne nouvelle puisque le fils du roi est mort.
21 Joab dit à un Ethiopien : Va raconter au roi ce que tu as vu.
L’homme s’inclina devant Joab et partit en courant.
22 Ahimaats, fils de Tsadoq, revint à la charge et insista auprès de Joab : Advienne que pourra ! Laisse-moi courir derrière cet Ethiopien.
Mais Joab lui dit : Pourquoi veux-tu courir, mon ami ? Pareille nouvelle ne te vaudra aucune récompense !
23 – Advienne que pourra, répéta-t-il, je voudrais y courir.
– Eh bien, cours donc, lui dit Joab.
Ahimaats s’élança sur le chemin de la plaine du Jourdain et dépassa l’Ethiopien.
24 David était assis entre la porte extérieure et la porte intérieure de la ville. La sentinelle se rendit sur le rempart, au-dessus de la porte, et scruta l’horizon. Soudain, elle aperçut au loin un homme qui courait seul. 25 La sentinelle cria la nouvelle pour en informer le roi. Celui-ci lui répondit : S’il est seul, il apporte une bonne nouvelle.
L’homme poursuivait sa course et s’approchait. 26 Alors la sentinelle aperçut un autre homme qui courait. Elle cria au gardien de la porte : Voilà un autre coureur isolé.
Le roi déclara : Lui aussi apporte une bonne nouvelle.
27 La sentinelle reprit : A la manière de courir du premier, je crois reconnaître Ahimaats, fils de Tsadoq.
Le roi dit : C’est un homme de bien, et il apporte certainement une bonne nouvelle.
28 Ahimaats s’approcha et s’écria en s’adressant au roi : Tout va bien !
Puis il se prosterna devant le roi, le visage contre terre, et dit : Béni soit l’Eternel ton Dieu, qui t’a donné la victoire sur ceux qui avaient osé s’attaquer au roi mon seigneur.
29 Le roi lui demanda : Est-ce que le jeune Absalom est sain et sauf ?
Ahimaats répondit : Au moment où Joab m’a envoyé vers toi en même temps qu’un autre serviteur, j’ai vu qu’on s’agitait beaucoup, mais je ne sais pas pourquoi.
30 Le roi lui dit : Mets-toi de côté et tiens-toi là.
Il s’écarta et attendit.
31 Alors l’Ethiopien arriva et dit : C’est une bonne nouvelle que je viens apprendre au roi mon seigneur, car l’Eternel t’a rendu justice aujourd’hui en te délivrant de tous ceux qui s’étaient révoltés contre toi.
32 Le roi lui demanda alors : Le jeune Absalom, est-il sain et sauf ?
L’Ethiopien répondit : Que tous les ennemis de mon seigneur le roi et tous ceux qui se révoltent contre toi pour te faire du mal subissent le même sort que ce jeune homme.
David pleure son fils
19 Alors le roi frémit ; il monta dans la chambre supérieure au-dessus de la porte et pleura. Tout en marchant et sanglotant, il ne cessait de répéter : Mon fils Absalom ! Mon fils, mon fils Absalom ! Si seulement j’étais mort à ta place ! Absalom, mon fils, mon fils !
2 On vint dire à Joab : Voici que le roi pleure et mène deuil sur Absalom.
3 Et ce jour-là, au lieu de chanter la victoire, tout le peuple mena le deuil, car il avait entendu dire que le roi était accablé de douleur à cause de la mort de son fils. 4 Ce même jour, tous les hommes rentrèrent à la dérobée dans la ville comme une armée honteuse d’avoir pris la fuite dans une bataille. 5 Le roi s’était voilé le visage[y] et continuait à crier : Mon fils Absalom ! Absalom, mon fils, mon fils !
6 Joab alla le trouver dans la maison et lui dit : Tes soldats viennent de te sauver la vie ainsi que celle de tes fils et de tes filles, de tes femmes et de tes épouses de second rang, et aujourd’hui, toi, tu les couvres de honte. 7 Tu aimes ceux qui te haïssent, et tu hais ceux qui t’aiment, et tu montres aujourd’hui que les chefs de ton armée et les hommes qui te servent ne comptent pour rien à tes yeux. Oui, je vois bien à présent que si Absalom était vivant et si nous étions tous morts, tu trouverais cela bien. 8 Maintenant ressaisis-toi, sors et adresse à tes soldats des paroles de félicitations et d’encouragements ! Car je te jure par l’Eternel que si tu ne le fais pas, pas un seul homme ne restera cette nuit avec toi. Et ce sera pour toi le pire des malheurs qui te soit arrivé depuis ta jeunesse.
9 Alors le roi se leva et alla s’installer à la porte. On fit annoncer à toute l’armée que le roi siégeait à la porte et tous vinrent se présenter devant lui.
David prépare son retour à Jérusalem
Quant aux soldats d’Israël, ils s’étaient enfuis, chacun chez soi 10 et, dans toutes les tribus d’Israël, tout le monde discutait en disant : Le roi nous avait délivrés de nos ennemis : c’est lui en particulier qui nous a délivrés des Philistins, et maintenant il a dû s’enfuir à cause d’Absalom et quitter le pays. 11 Cet Absalom à qui nous avions conféré l’onction pour en faire notre roi est mort au combat. Qu’attendez-vous donc pour rappeler David et le rétablir comme roi ?
12 Ce qui se disait dans tout Israël était parvenu jusqu’aux oreilles du roi[z]. Alors il envoya dire aux prêtres Tsadoq et Abiatar : Allez parler aux responsables de Juda et dites-leur : « Pourquoi seriez-vous les derniers à faire revenir le roi chez lui ? 13 Vous êtes les frères du roi, vous êtes sa tribu. Alors pourquoi seriez-vous les derniers à faire revenir le roi ? » 14 Vous direz ensuite à Amasa : « Tu es de ma proche parenté, n’est-ce pas ? A partir d’aujourd’hui, je te nomme chef de l’armée en remplacement de Joab. Que Dieu me punisse très sévèrement si je n’exécute pas cette promesse. »
15 En parlant ainsi, David gagna le cœur de tous les hommes de Juda de façon unanime. Alors ils firent dire au roi : Reviens ici avec tous tes serviteurs !
David épargne Shimeï
16 Le roi prit donc le chemin du retour et atteignit les bords du Jourdain ; tout Juda était accouru à Guilgal pour l’accueillir et lui faire traverser la rivière. 17 Shimeï, fils de Guéra, le Benjaminite de Bahourim, se hâta de descendre avec les hommes de Juda à la rencontre du roi David. 18 Il était accompagné de mille autres Benjaminites ainsi que de Tsiba, l’intendant de la famille de Saül, de ses quinze fils et ses vingt serviteurs. Ils se précipitèrent vers le Jourdain au-devant du roi, 19 pendant qu’un radeau allait traverser la rivière pour faire passer la famille royale de l’autre côté, et exécuter ce que le roi jugerait bon. Shimeï se jeta aux pieds du roi au moment où il s’apprêtait à passer le Jourdain 20 et lui dit : Que mon seigneur veuille bien ne pas tenir compte de ma faute et ne pas se souvenir du mal que son serviteur a commis le jour où mon seigneur le roi a quitté Jérusalem ! Que le roi ne m’en garde pas rancune ! 21 Car ton serviteur reconnaît qu’il a péché. Mais aujourd’hui, comme tu peux le voir, je suis le premier de tous les descendants de Joseph à venir accueillir mon seigneur le roi.
22 Abishaï, fils de Tserouya, intervint et dit au roi : Shimeï a maudit celui à qui l’Eternel a conféré l’onction. Après cela, ne mérite-t-il pas la mort ?
23 Mais David dit : De quoi vous mêlez-vous, fils de Tserouya, pour vous comporter aujourd’hui comme mes adversaires ? Est-ce vraiment un jour pour mettre quelqu’un à mort en Israël ? Est-ce que je n’ai pas aujourd’hui l’assurance de régner sur Israël ?
24 Puis, se tournant vers Shimeï, le roi lui déclara : Tu ne mourras pas, je te le jure.
Mephibosheth s’explique à David
25 Mephibosheth, fils de Saül, vint aussi à la rencontre du roi. Il ne s’était ni lavé les pieds, ni taillé la barbe, ni nettoyé les vêtements[aa], depuis le jour où le roi était parti de Jérusalem jusqu’à celui où il revenait en paix. 26 Lorsqu’il se rendit au-devant du roi à Jérusalem, celui-ci lui demanda : Pourquoi n’es-tu pas venu avec moi, Mephibosheth ?
27 Il répondit : O roi mon seigneur, mon intendant m’a trompé, car ton serviteur s’était dit : « Je vais faire seller mon ânesse, je la monterai – puisque ton serviteur est infirme – et je partirai avec le roi. » 28 Mais mon intendant a calomnié ton serviteur auprès de mon seigneur le roi. Heureusement, mon seigneur le roi est comme un ange de Dieu. Fais donc ce que tu jugeras bon. 29 Car tous les membres de la famille de mon grand-père Saül n’avaient rien d’autre à attendre de mon seigneur le roi que la mort ; malgré cela, tu as accueilli ton serviteur parmi ceux qui mangent à ta table. Quel droit aurais-je encore d’implorer d’autres faveurs de la part du roi ?
30 Le roi lui répondit : A quoi bon tant de paroles ? Je décide que toi et Tsiba, vous vous partagerez les terres.
31 Alors Mephibosheth dit au roi : Il peut même tout prendre, puisque mon seigneur le roi rentre chez lui en paix.
David récompense Barzillaï
32 Barzillaï, le Galaadite, était aussi venu de Roguelim pour accompagner le roi lors de la traversée de la rivière, et pour prendre congé de lui sur la rive. 33 Barzillaï était un vieillard de quatre-vingts ans. C’est lui qui avait pourvu à l’entretien du roi pendant son séjour à Mahanaïm, car c’était un homme très riche. 34 Le roi dit à Barzillaï : Viens, passe la rivière avec moi. Je pourvoirai à tout ton entretien auprès de moi à Jérusalem.
35 Mais Barzillaï répondit au roi : Combien d’années me reste-t-il à vivre pour que j’aille avec le roi à Jérusalem ? 36 J’ai maintenant quatre-vingts ans et je ne suis plus capable de distinguer ce qui est bon de ce qui est mauvais. Ton serviteur ne peut même plus apprécier ce qu’il mange et ce qu’il boit, ni entendre la voix des chanteurs et des chanteuses. Alors pourquoi serait-il encore à charge à mon seigneur le roi ? 37 Ton serviteur traversera le Jourdain pour faire un petit bout de chemin avec le roi. D’ailleurs, je ne vois pas pourquoi le roi m’accorderait une telle récompense. 38 Permets donc à ton serviteur de revenir chez lui pour que je meure dans ma ville, près de la tombe de mon père et de ma mère ! Mais voici mon fils[ab], ton serviteur Kimham, il peut accompagner mon seigneur le roi ; fais pour lui ce que tu jugeras bon.
39 Le roi dit : D’accord ! Que Kimham vienne avec moi, et je ferai pour lui ce que tu jugeras bon ; je ferai pour toi tout ce que tu désireras que je fasse.
40 Quand tout le monde eut traversé le Jourdain et que le roi l’eut aussi passé, il embrassa Barzillaï et le bénit, puis Barzillaï s’en retourna chez lui. 41 Le roi poursuivit sa route en direction de Guilgal, et Kimham l’accompagna.
Rivalité entre Juda et Israël
Toute la troupe de Juda et la moitié des Israélites du Nord étaient présents lorsque le roi avait traversé le Jourdain. 42 Alors les gens du Nord vinrent trouver le roi et lui demandèrent : Pourquoi nos compatriotes, les hommes de Juda, se sont-ils emparés furtivement de toi pour te faire traverser le Jourdain, toi, ta famille et tous tes gens ?
43 Les Judéens répondirent aux hommes d’Israël : C’est que le roi nous est apparenté. Quelle raison y a-t-il là pour vous mettre en colère ? Avons-nous vécu aux dépens du roi ? Nous a-t-il fait des cadeaux ?
44 Les hommes d’Israël répliquèrent aux Judéens : Le roi nous appartient dix fois autant qu’à vous, et même sur David nous avons plus de droits que vous. Pourquoi nous avez-vous traités avec un tel mépris ? N’avons-nous pas été les premiers à proposer de faire revenir notre roi ?
Mais les hommes de Juda furent encore plus durs dans leurs répliques que les hommes d’Israël.
Footnotes
- 15.7 D’après certains manuscrits de l’ancienne version grecque, la version syriaque et Flavius Josèphe ; le texte hébreu traditionnel a : quarante ans.
- 15.8 L’ancienne version grecque ajoute ici : à Hébron.
- 15.12 Grand-père de Bath-Shéba (11.3 ; 23.34), conseiller royal (16.23).
- 15.12 A 10 kilomètres au nord-ouest d’Hébron (Jos 15.48-51) dans les montagnes du désert de Judée.
- 15.18 Voir note 8.18.
- 15.18 Une des capitales de la Philistie où David s’était réfugié (1 S 5.8 ; 27).
- 15.23 Vallée située entre Jérusalem et le mont des Oliviers. En hiver, le Cédron y forme un torrent important (1 R 2.37 ; 15.13 ; Jn 18.1).
- 15.23 Entre Jérusalem et Jéricho.
- 15.27 C’est-à-dire Tsadoq et Abiatar dont il a été question au v. 24 : voir v. 29.
- 15.30 Signe de profonde tristesse ou de deuil (voir Est 6.12 ; Es 20.2, 4 ; Jr 14.3-4 ; Ez 24.17 ; Mi 1.8).
- 15.32 Groupe familial, non juif selon certains, habitant au sud-ouest de Béthel (Jos 16.2). Sur le rôle de Houshaï, voir 16.16 ; 17.5-6, 14-16 ; 1 Ch 27.33.
- 16.5 Sur le flanc oriental du mont des Oliviers, vers le Jourdain.
- 16.9 Tserouya: sœur de David. Abishaï était donc son neveu (comme Joab).
- 16.22 Voir 2 S 12.11-12.
- 17.17 Source située dans la vallée du Cédron au sud-est de Jérusalem, près des murailles de la ville.
- 17.20 Phrase ambiguë qui exprime la vérité : ils sont au-dessus de l’eau (du puits) mais qui a été comprise par les envoyés d’Absalom : ils ont passé la rivière.
- 17.24 A une dizaine de kilomètres à l’est du Jourdain (voir 2.8).
- 17.25 Selon le texte hébreu traditionnel et certains manuscrits de l’ancienne version grecque. D’autres manuscrits de cette ancienne version et 1 Ch 2.17 ont : un Ismaélite.
- 17.27 Makir qui avait recueilli Mephibosheth (9.4).
- 18.2 Joab et Abishaï sont deux neveux de David (voir 2.18). Pour Ittaï, voir 15.18-22.
- 18.4 Ces « centaines » et ces « milliers » étaient peut-être des corps d’armée comprenant respectivement quelques dizaines et quelques centaines d’hommes.
- 18.6 Cette forêt semble se situer, non sur le territoire d’Ephraïm, mais à l’est du Jourdain. Elle fut appelée ainsi soit parce que les Ephraïmites avaient manifesté des prétentions sur cette région, soit parce que certains d’entre eux s’étaient établis là.
- 18.11 Dix fois l’unité, le sicle, celui-ci étant de 11,4 g.
- 18.18 Située aux environs de Jérusalem (voir Gn 14.17).
- 19.5 En signe de tristesse et de deuil (voir 15.30 ; Jr 14.3-4).
- 19.12 Certains intègrent les mots : ce qui se disait… oreilles du roi aux propos du roi : pourquoi seriez-vous les derniers à faire revenir le roi alors que ce qui se dit dans tout Israël est parvenu jusqu’à ses oreilles ?
- 19.25 Signes de tristesse et de deuil.
- 19.38 mon fils: rajouté d’après l’ancienne version grecque.
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