Jonathan plaide pour David

19 Saül se mit à parler ouvertement à son fils Jonathan et à tous ses ministres de faire mourir David, mais Jonathan était très attaché à David. Il le prévint : Mon père Saül cherche à te faire mourir. Sois donc sur tes gardes demain matin ! Ne te montre pas, tiens-toi caché ! Je sortirai en compagnie de mon père et nous passerons dans le champ où tu seras caché. Je parlerai de toi à mon père, je verrai ce qu’il en est et je te le ferai savoir.

Jonathan fit l’éloge de David à son père, puis il ajouta : Que le roi ne se rende donc pas coupable à l’égard de son serviteur David, car il n’a commis aucune faute envers toi. Au contraire, ses services t’ont toujours été très utiles. Il a risqué sa vie pour tuer le Philistin, et ce jour-là, l’Eternel a accordé une grande délivrance à tout Israël. Tu l’as vu et tu t’en es réjoui. Alors pourquoi commettrais-tu un péché en versant le sang d’un innocent, en faisant mourir David sans raison ?

Saül écouta les arguments de Jonathan et il fit ce serment : Aussi vrai que l’Eternel est vivant, David ne sera pas mis à mort !

Alors Jonathan appela David et lui rapporta toute la conversation, puis il le conduisit auprès du roi où David reprit sa place comme par le passé.

David prend la fuite

La guerre ayant recommencé avec les Philistins, David les attaqua et leur infligea une grande défaite, les mettant en fuite devant lui.

Le mauvais esprit venu de l’Eternel tourmenta de nouveau Saül. Il était assis dans sa maison, sa lance à la main tandis que David jouait de son instrument 10 quand, soudain, Saül tenta de le clouer contre la paroi avec sa lance, mais David esquiva le coup et la lance se planta dans le mur. David s’enfuit et réussit à s’échapper dans la nuit.

11 Saül envoya des hommes dans la maison de David pour s’assurer de lui et le faire mourir le lendemain matin, mais Mikal la femme de David prévint son mari : Si tu ne t’enfuis pas avant le jour, lui dit-elle, tu es un homme mort[a] !

12 Elle l’aida à descendre par la fenêtre. Ainsi il prit la fuite et s’échappa. 13 Mikal prit ensuite l’idole domestique[b] et la plaça dans le lit ; elle mit un coussin en poils de chèvres à l’endroit de la tête et recouvrit le tout d’un vêtement. 14 Lorsque les hommes envoyés par Saül pour arrêter David arrivèrent, elle leur dit : Il est malade.

15 Saül les renvoya avec l’ordre de voir David et de le lui amener dans son lit, pour qu’il puisse le mettre à mort. 16 Les hommes retournèrent dans la maison de David et ils découvrirent qu’il n’y avait dans le lit qu’une idole et un coussin en peau de chèvre à l’endroit de la tête. 17 Alors Saül demanda à Mikal : Pourquoi m’as-tu ainsi trompé et as-tu aidé mon ennemi à s’échapper ?

Mikal lui répondit : C’est lui qui m’a dit : « Laisse-moi fuir, sinon je te tuerai. »

Saül poursuit David

18 Pendant ce temps, David, qui s’était échappé et fuyait, alla se réfugier chez Samuel à Rama et lui raconta tout ce que Saül avait fait. Alors ils allèrent ensemble s’installer dans la communauté des disciples des prophètes. 19 On le rapporta à Saül en disant : David se trouve à la communauté des disciples des prophètes près de Rama.

20 Saül envoya des hommes pour l’arrêter, mais à leur arrivée, ils trouvèrent toute la communauté des disciples des prophètes dans un état d’exaltation et Samuel se tenait debout, à leur tête. Alors l’Esprit de Dieu vint sur les envoyés de Saül qui entrèrent eux aussi dans un tel état. 21 On vint le rapporter à Saül qui envoya d’autres émissaires ; mais eux aussi entrèrent dans un état d’exaltation. Un troisième groupe envoyé par Saül entra également dans un tel état.

22 Alors Saül se rendit lui-même à Rama. Arrivé à la grande citerne à Sékou, il demanda : Où sont Samuel et David ?

On lui répondit : Ils sont à la communauté des disciples des prophètes près de Rama.

23 Pendant qu’il se rendait là-bas, l’Esprit de Dieu le saisit à son tour, et il continua son chemin dans un état d’exaltation jusqu’à son arrivée à la communauté des prophètes près de Rama. 24 Là, il ôta comme les autres ses vêtements et resta dans un état d’exaltation devant Samuel ; puis il s’effondra et resta à terre prostré, dévêtu, tout ce jour-là et toute la nuit suivante, revêtu de ses seuls habits de dessous. C’est pourquoi on dit : Saül est-il aussi parmi les disciples des prophètes ?

David demande à Jonathan de sonder les intentions de Saül

20 David s’enfuit de la communauté des prophètes à Rama et il alla trouver Jonathan pour lui demander : Qu’ai-je donc fait à ton père ? En quoi suis-je coupable à son égard ? Quel tort lui ai-je fait pour qu’il veuille me faire mourir ?

Jonathan lui répondit : Dieu te garde de cette pensée ! Il n’est pas question que tu meures. Mon père n’entreprend rien sans m’en parler, qu’il s’agisse d’une affaire importante ou d’une petite chose. Pourquoi me cacherait-il ce projet-là ? Certainement, il n’en est rien.

Mais David insista : Je te jure pourtant qu’il en est bien ainsi. Seulement ton père sait très bien que je jouis de ta faveur. Il a dû se dire : « Il ne faut pas que Jonathan l’apprenne, il en serait trop affligé ! » Mais aussi vrai que l’Eternel est vivant, aussi vrai que tu es toi-même en vie, je ne suis qu’à deux doigts de la mort.

Alors Jonathan demanda à David : Que voudrais-tu que je fasse pour toi ? Je ferai ce que tu désires.

David lui répondit : Ecoute : demain c’est la fête de la nouvelle lune[c], je devrais normalement dîner à la table royale. Permets-moi de m’absenter ! Je me cacherai dans la campagne jusqu’à après-demain soir. Si ton père s’enquiert à mon sujet, tu lui diras : « David m’a instamment demandé la permission d’aller à Bethléhem, sa ville natale, pour y participer au sacrifice annuel avec toute sa famille. » S’il répond : « C’est bien ! », alors moi, ton serviteur, je n’ai rien à craindre. Mais s’il se met en colère, tu sauras qu’il a résolu ma perte. Puisque tu t’es lié à moi, ton serviteur, par un pacte d’amitié au nom de l’Eternel, agis envers moi avec bienveillance. Et si je suis coupable de quoi que ce soit, ce n’est pas la peine de me livrer à ton père : mets-moi toi-même à mort.

– Jamais de la vie, s’exclama Jonathan. Si je constate que mon père a véritablement résolu ta perte, je te jure que je t’en informerai.

10 Mais David lui demanda : Comment me préviendras-tu si ton père te répond durement à mon sujet ?

11 Jonathan proposa à David : Viens, sortons dans la campagne.

Ils sortirent tous deux dans la campagne. 12 Jonathan dit : Par l’Eternel, le Dieu d’Israël, je te promets que demain ou après-demain, à cette heure-ci, j’essaierai de savoir quelles sont les dispositions de mon père à ton égard. Si elles te sont favorables, je te le ferai savoir. 13 Mais si mon père veut te nuire, alors que l’Eternel me punisse très sévèrement si je ne t’en informe pas ! Dans ce cas, je te ferai partir et tu iras en paix. Puisse alors l’Eternel être avec toi comme il a été avec mon père ! 14 Plus tard, si je suis encore en vie, agis envers moi avec la bienveillance à laquelle tu t’es engagé devant l’Eternel. Et si je viens à mourir, 15 tu ne cesseras jamais d’agir avec bienveillance envers les membres de ma famille – même lorsque l’Eternel aura fait disparaître tous tes ennemis sans exception de la surface de la terre[d].

16 Ainsi Jonathan conclut un pacte avec David et sa famille en déclarant : Que l’Eternel fasse payer les ennemis de David !

17 Puis il lui fit encore une fois prêter serment au nom de l’affection qu’il lui portait, car il l’aimait comme sa propre personne.

18 Jonathan reprit : Demain, c’est la fête de la nouvelle lune, on remarquera ton absence à table, car ta place restera vide. 19 Après-demain, tu descendras vite jusqu’à l’endroit où tu t’étais caché le jour où tout cela a commencé ; tu te tiendras près de la pierre d’Ezel. 20 Je viendrai et je tirerai trois flèches dans cette direction, sur une cible que j’aurai choisie, 21 puis j’enverrai mon jeune serviteur les chercher. Si je lui crie : « Regarde, les flèches sont derrière toi, reviens les ramasser ! » alors tu peux revenir, car tout va bien pour toi. Aussi vrai que l’Eternel est vivant, tu n’auras rien à craindre. 22 Mais si je crie au jeune homme : « Va plus loin, les flèches sont plus loin que toi ! » alors pars, car l’Eternel te fait partir. 23 Mais l’Eternel restera à jamais le garant pour moi et toi de notre engagement l’un envers l’autre.

Saül est résolu à faire mourir David

24 David alla donc se cacher dans la campagne. Le soir de la célébration de la nouvelle lune, le roi se mit à table pour le repas. 25 Il s’assit comme d’habitude sur le siège adossé au mur qui lui était réservé. Jonathan se mit en face[e], et Abner[f] à côté de lui. La place de David resta vide. 26 Saül ne fit aucune remarque ce jour-là. Il pensait qu’il avait dû contracter accidentellement quelque impureté rituelle.

– Certainement il n’est pas pur, se disait-il[g].

27 Mais le second jour de la nouvelle lune, comme la place de David restait encore inoccupée, Saül demanda à son fils Jonathan : Pourquoi le fils d’Isaï n’est-il pas venu au repas ni hier, ni aujourd’hui ?

28 Jonathan répondit à Saül : David m’a demandé avec insistance la permission d’aller jusqu’à Bethléhem. 29 Il m’a dit : « Laisse-moi partir, je te prie, car nous devons célébrer un sacrifice de famille à la ville, et mon frère m’a ordonné d’y assister. Veuille donc m’accorder la faveur de pouvoir m’absenter pour voir mes frères. » C’est pour cela qu’il n’est pas venu à la table du roi.

30 Alors Saül se mit en colère contre Jonathan et lui cria : Fils de chienne, fils de rebelle ! Crois-tu que je ne sais pas que tu as pris parti pour le fils d’Isaï, à ta honte et à celle de ta mère ? 31 Aussi longtemps que le fils d’Isaï sera en vie, tu ne pourras pas t’imposer ni établir ta royauté. C’est pourquoi, fais-le chercher et ordonne qu’on me l’amène sans retard, car il mérite la mort.

32 Jonathan répliqua à Saül son père : Pourquoi devrait-il mourir ? Qu’a-t-il fait ?

33 Alors Saül brandit sa lance contre lui pour le frapper. Jonathan comprit que son père avait fermement décidé de faire mourir David. 34 Il se leva de table dans une grande colère et ne mangea rien ce jour-là, car il était trop affligé à cause de la manière injurieuse dont son père avait traité David.

Jonathan prévient David des intentions hostiles de son père

35 Le lendemain matin, Jonathan se rendit dans la campagne à l’endroit convenu avec David. Un jeune serviteur l’accompagnait. 36 Il lui dit : Cours ramasser les flèches que je vais tirer !

Le garçon courut en avant et Jonathan tira une flèche au-delà du garçon. 37 Quand le serviteur s’approcha de l’endroit où la flèche s’était plantée, Jonathan lui cria : La flèche n’est-elle pas plus loin que toi ? 38 Vite, dépêche-toi ! Ne reste pas là !

Le serviteur de Jonathan ramassa la flèche et revint vers son maître 39 sans se douter de rien. Seuls Jonathan et David comprenaient la chose. 40 Jonathan remit son arc et ses flèches à son serviteur et lui dit : Va les rapporter dans la ville !

41 Après son départ, David sortit de sa cachette du côté du sud et se prosterna trois fois devant Jonathan, le visage contre terre, puis ils s’embrassèrent longuement en pleurant, David encore plus que Jonathan. 42 Alors Jonathan lui dit : Va en paix, puisque nous nous sommes engagés l’un envers l’autre par serment au nom de l’Eternel en disant : Que l’Eternel soit garant entre toi et moi, entre tes descendants et les miens, à tout jamais.

21 Là-dessus, David se mit en route et s’en alla, tandis que Jonathan retourna en ville.

David chez le prêtre Ahimélek

David se rendit à Nob[h], auprès du prêtre Ahimélek. Celui-ci accourut tout tremblant au-devant de lui et lui demanda : Comment se fait-il que tu sois seul ? Pourquoi n’y a-t-il personne avec toi ?

– Le roi m’a chargé d’une mission, lui répondit David, et il m’a dit : « Que personne ne sache rien de l’affaire pour laquelle je t’envoie et de l’ordre que je t’ai donné. » C’est pourquoi j’ai donné rendez-vous à mes hommes à un certain endroit. Maintenant, qu’as-tu à manger sous la main ? Peux-tu me donner cinq pains ou quelque chose d’autre ?

Le prêtre lui répondit : Je n’ai pas de pain ordinaire sous la main, mais seulement des pains consacrés[i]. Tu peux les prendre pour tes hommes s’ils n’ont pas eu de relations sexuelles récemment.

David répondit au prêtre : Ils n’en ont certainement pas eues, tout comme par le passé quand je suis parti en campagne. Si l’équipement de mes hommes est consacré pour une expédition profane, à plus forte raison aujourd’hui sont-ils tous consacrés avec leur équipement.

Alors le prêtre lui remit des pains consacrés, car il n’en avait pas d’autres sous la main. C’étaient des pains qui avaient été exposés devant l’Eternel et qui venaient d’être retirés de la table de l’Eternel pour être remplacés par du pain frais[j]. Or, ce même jour, un haut fonctionnaire de Saül se trouvait là pour accomplir un devoir religieux devant l’Eternel. Il s’appelait Doëg l’Edomite. C’était le chef des bergers de Saül.

David demanda ensuite à Ahimélek : N’aurais-tu pas une lance ou une épée sous la main ? La mission du roi était si urgente que je n’ai pas même eu le temps d’emporter mon épée ou d’autres armes.

10 Le prêtre répondit : Il y a l’épée de Goliath, le Philistin que tu as vaincu dans la vallée du Chêne. La voilà, enveloppée dans un drap derrière l’éphod. Si tu veux, tu peux la prendre, car c’est la seule arme que nous ayons ici.

– Oui, donne-la moi, dit David, elle est sans pareille.

David chez les Philistins

11 Puis David partit ce même jour pour s’enfuir loin de Saül. Il se rendit chez Akish, le roi de Gath[k].

12 Les hauts fonctionnaires d’Akish dirent au roi : N’est-ce pas David, le roi du pays ? N’est-ce pas celui pour qui l’on chantait en dansant : « Saül a vaincu ses milliers et David ses dizaines de milliers[l] » ?

13 David prit ces paroles très au sérieux. Il eut une grande peur d’Akish, le roi de Gath[m]. 14 Alors il fit semblant devant eux d’avoir perdu la raison : il se comportait de manière extravagante et faisait des marques sur les battants des portes et laissait la bave couler sur sa barbe[n]. 15 Akish dit à ses familiers : Vous voyez bien que cet homme est fou. Pourquoi me l’avez-vous amené ? 16 Est-ce que je n’ai pas assez de fous ici que vous m’ameniez encore celui-là pour se livrer à des extravagances devant moi ? Il n’est pas question qu’il mette les pieds dans ma maison !

Footnotes

  1. 19.11 Voir Ps 59.1.
  2. 19.13 Petite statuette de forme humaine constituant une divinité domestique (voir Gn 31.19).
  3. 20.5 Les mois israélites commençaient avec la nouvelle lune. A ce moment-là on cessait tout travail, on faisait retentir des sonneries de trompettes (Nb 10.10 ; Ps 81.4), on offrait des sacrifices spéciaux (Nb 28.11-15) et c’était l’occasion d’un repas de fête, surtout au début du septième mois (voir Lv 23.24-25 ; Nb 29.1-6 ; 2 R 4.23 ; Es 1.13 ; Ez 46.1-7 ; Am 8.5).
  4. 20.15 Voir 2 S 9.1.
  5. 20.25 D’après l’ancienne version grecque ; le texte hébreu traditionnel a : se leva.
  6. 20.25 Cousin et général en chef de Saül (14.50).
  7. 20.26 Voir Lv 7.21.
  8. 21.2 Ville des environs de Jérusalem où la tente de la Rencontre fut installée après la destruction de Silo (4.3-4 ; Jr 7.12). D’après 22.10, 15, il semble que David y soit venu pour consulter l’Eternel par l’ourim et le toummim.
  9. 21.5 Voir Lv 24.5-9.
  10. 21.7 Allusion à cet épisode en Mt 12.3-4 ; Mc 2.25-26 ; Lc 6.3-4.
  11. 21.11 L’une des cinq principales villes de la Philistie.
  12. 21.12 Voir 18.7.
  13. 21.13 Voir Ps 56.1.
  14. 21.14 Voir Ps 34.1.

Introduction

Plusieurs personnes ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont passés parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux qui en ont été les témoins oculaires depuis le début et qui sont devenus des serviteurs de la Parole de Dieu.

J’ai donc décidé à mon tour de m’informer soigneusement sur tout ce qui est arrivé depuis le commencement, et de te l’exposer par écrit de manière suivie, très honorable Théophile[a] ; ainsi, tu pourras reconnaître l’entière véracité des enseignements que tu as reçus.

Naissance et enfance de Jésus

L’annonce de la naissance de Jean-Baptiste

Il y avait, à l’époque où Hérode était roi de Judée[b], un prêtre nommé Zacharie, qui appartenait à la classe sacerdotale d’Abiya. Sa femme était une descendante d’Aaron ; elle s’appelait Elisabeth. Tous deux étaient justes aux yeux de Dieu et observaient tous les commandements et toutes les lois du Seigneur de façon irréprochable. Ils n’avaient pas d’enfant, car Elisabeth était stérile et tous deux étaient déjà très âgés.

Un jour, Zacharie assurait son service devant Dieu : c’était le tour de sa classe sacerdotale. Suivant la coutume des prêtres, il avait été désigné par le sort pour entrer dans le sanctuaire[c] du Seigneur et y offrir l’encens. 10 A l’heure de l’offrande des parfums, toute la multitude du peuple se tenait en prière à l’extérieur. 11 Tout à coup, un ange du Seigneur lui apparut, debout à droite de l’autel des parfums. 12 Quand Zacharie le vit, il en fut bouleversé et la peur s’empara de lui. 13 Mais l’ange lui dit : N’aie pas peur, Zacharie, car Dieu a entendu ta prière : ta femme Elisabeth te donnera un fils. Tu l’appelleras Jean. 14 Il sera pour toi le sujet d’une très grande joie, et beaucoup de gens se réjouiront de sa naissance. 15 Il sera grand aux yeux du Seigneur. Il ne boira ni vin, ni boisson alcoolisée. Il sera rempli de l’Esprit Saint dès le sein maternel. 16 Il ramènera beaucoup d’Israélites au Seigneur, leur Dieu. 17 Il accomplira sa mission sous le regard de Dieu, avec l’Esprit et la puissance qui résidaient en Elie, pour réconcilier les pères avec leurs enfants, pour amener ceux qui sont désobéissants à penser comme des hommes justes et former ainsi un peuple prêt pour le Seigneur.

18 Zacharie demanda à l’ange : A quoi le reconnaîtrai-je ? Car je suis moi-même déjà vieux et ma femme est très âgée.

19 L’ange lui répondit : Je suis Gabriel. Je me tiens devant Dieu, qui m’a envoyé pour te parler et t’annoncer cette nouvelle. 20 Alors, voici : tu vas devenir muet et tu resteras incapable de parler jusqu’au jour où ce que je viens de t’annoncer se réalisera ; il en sera ainsi parce que tu n’as pas cru à mes paroles, qui s’accompliront au temps prévu.

21 Pendant ce temps, la foule attendait Zacharie ; elle s’étonnait de le voir s’attarder dans le sanctuaire. 22 Lorsqu’il sortit enfin, il était incapable de parler aux personnes rassemblées. Elles comprirent alors qu’il avait eu une vision dans le sanctuaire. Quant à lui, il leur faisait des signes et restait muet. 23 Lorsqu’il eut terminé son temps de service, il retourna chez lui.

24 Quelque temps après, sa femme Elisabeth devint enceinte et, pendant cinq mois, elle se tint cachée. Elle se disait : 25 C’est l’œuvre du Seigneur en ma faveur : il a décidé d’effacer ce qui faisait ma honte aux yeux de tous[d] !

L’annonce de la naissance de Jésus

26 Six mois plus tard, Dieu envoya l’ange Gabriel dans une ville de Galilée appelée Nazareth, 27 chez une jeune fille liée par fiançailles[e] à un homme nommé Joseph, un descendant de David. Cette jeune fille s’appelait Marie.

28 L’ange entra chez elle et lui dit : Réjouis-toi, toi à qui Dieu a accordé sa faveur : le Seigneur est avec toi.

29 Marie fut profondément troublée par ces paroles ; elle se demandait ce que signifiait cette salutation.

30 L’ange lui dit alors : N’aie pas peur, Marie, car Dieu t’a accordé sa faveur. 31 Voici : bientôt tu seras enceinte et tu mettras au monde un fils ; tu le nommeras Jésus. 32 Il sera grand. Il sera appelé « Fils du Très-Haut », et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son ancêtre. 33 Il régnera éternellement sur le peuple issu de Jacob, et son règne n’aura pas de fin.

34 Marie dit à l’ange : Comment cela se fera-t-il, puisque je suis vierge ?

35 L’ange lui répondit : L’Esprit Saint descendra sur toi, et la puissance du Dieu très-haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. 36 Vois : ta parente Elisabeth attend elle aussi un fils, malgré son grand âge ; on disait qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfant, et elle en est à son sixième mois. 37 Car rien n’est impossible à Dieu.

38 Alors Marie répondit : Je suis la servante du Seigneur. Que tout ce que tu m’as dit s’accomplisse pour moi.

Et l’ange la quitta.

Marie chez Elisabeth

39 Peu après, Marie partit pour se rendre en hâte dans une ville de montagne du territoire de Judée. 40 Elle entra chez Zacharie et salua Elisabeth. 41 Au moment où celle-ci entendit la salutation de Marie, elle sentit son enfant remuer en elle. Elle fut remplie du Saint-Esprit 42 et s’écria d’une voix forte : Tu es bénie plus que toutes les femmes et l’enfant que tu portes est béni. 43 Comment ai-je mérité l’honneur que la mère de mon Seigneur vienne me voir ? 44 Car, vois-tu, au moment même où je t’ai entendu me saluer, mon enfant a bondi de joie au-dedans de moi. 45 Tu es heureuse, toi qui as cru à l’accomplissement de ce que le Seigneur t’a annoncé[f].

46 Alors Marie dit :

Mon âme chante ╵la grandeur du Seigneur
47 et mon esprit se réjouit ╵à cause de Dieu, mon Sauveur.
48 Car il a bien voulu ╵abaisser son regard ╵sur son humble servante.
C’est pourquoi, désormais, ╵à travers tous les temps, ╵on m’appellera bienheureuse.
49 Car le Dieu tout-puissant ╵a fait pour moi de grandes choses ;
lui, il est saint[g] .
50 Et sa bontés’étendra d’âge en âge
sur ceux qui le craignent[h] .
51 Il est intervenu ╵de toute sa puissance
et il a dispersé ╵les hommes dont le cœur ╵était rempli d’orgueil.
52 Il a précipitéles puissants de leurs trônes,
et il a élevé les humbles[i] .
53 Il a comblé de biensceux qui sont affamés,
et il a renvoyéles riches les mains vides[j].
54 Oui, il a pris en mainla cause d’Israël[k],
il a témoigné sa bontéau peuple qui le sert[l],
55 comme il l’avait promis à nos ancêtres,
à Abraham et à ses descendants
pour tous les temps.

56 Marie resta environ trois mois avec Elisabeth, puis elle retourna chez elle.

La naissance de Jean-Baptiste

57 Le moment arriva où Elisabeth devait accoucher. Elle donna naissance à un fils. 58 Ses voisins et les membres de sa famille apprirent combien le Seigneur avait été bon pour elle, et ils se réjouissaient avec elle.

59 Le huitième jour après sa naissance, ils vinrent pour la circoncision du nouveau-né. Tout le monde voulait l’appeler Zacharie comme son père, 60 mais sa mère intervint et dit : Non, il s’appellera Jean.

61 – Mais, lui fit-on remarquer, personne dans ta famille ne porte ce nom-là !

62 Alors ils interrogèrent le père, par des gestes, pour savoir quel nom il voulait donner à l’enfant. 63 Zacharie se fit apporter une tablette et, au grand étonnement de tous, il y traça ces mots : Son nom est Jean.

64 A cet instant, sa bouche s’ouvrit et sa langue se délia : il parlait et louait Dieu.

65 Tous les gens du voisinage furent remplis de crainte, et l’on parlait de tous ces événements dans toutes les montagnes de Judée. 66 Tous ceux qui les apprenaient en étaient profondément impressionnés et disaient : « Que sera donc cet enfant ? » Car le Seigneur était avec lui.

67 Zacharie, son père, fut rempli de l’Esprit Saint et prophétisa en ces termes :

68 Loué soit le Seigneur, ╵Dieu d’Israël,
car il est venu prendre soin de son peuple ╵et il l’a délivré.
69 Pour nous, il a fait naître ╵parmi les descendants ╵du roi David, son serviteur,
un Libérateur plein de force.
70 Il vient d’accomplir la promesse ╵qu’il avait faite ╵depuis les premiers temps ╵par la voix de ses saints prophètes
71 qu’il nous délivrerait ╵de tous nos ennemis, ╵et du pouvoir de ceux qui nous haïssent.
72 Il manifeste sa bonté ╵à l’égard de nos pères
et il agit conformément ╵à son alliance sainte.
73 Il accomplit pour nous ╵le serment qu’il a fait ╵à notre ancêtre, Abraham,
74 de nous accorder la faveur, ╵après nous avoir délivrés ╵de tous nos ennemis,
75 de le servir sans crainte ╵en étant saints et justes ╵en sa présence ╵tous les jours de la vie.
76 Et toi, petit enfant, ╵tu seras appelé ╵prophète du Très-Haut,
car, devant le Seigneur, ╵tu marcheras en précurseur ╵pour préparer sa route,
77 en faisant savoir à son peuple ╵que Dieu lui donne le salut ╵et qu’il pardonne ses péchés.
78 Car notre Dieu ╵est plein de compassion ╵et de bonté,
et c’est pourquoi l’astre levant ╵viendra pour nous d’en haut,
79 pour éclairer tous ceuxqui habitent dans les ténèbreset l’ombre de la mort[m],
et pour guider nos pas ╵sur la voie de la paix.

80 Le petit enfant grandissait et son esprit se fortifiait. Plus tard, il vécut dans des lieux déserts jusqu’au jour où il se manifesta publiquement au peuple d’Israël.

Footnotes

  1. 1.3 Personnage sans doute riche et haut placé à qui Luc dédie son ouvrage. Le titre qui lui est donné était employé pour les membres de l’ordre équestre à Rome.
  2. 1.5 Les Grecs avaient l’habitude d’appeler ainsi tout le pays des Juifs.
  3. 1.9 C’est-à-dire le lieu saint où seuls les prêtres avaient le droit de pénétrer.
  4. 1.25 Pour la femme juive, c’était un déshonneur de ne pas avoir d’enfants.
  5. 1.27 En Israël, les fiancés étaient juridiquement mariés mais n’avaient pas encore de vie commune.
  6. 1.45 Autre traduction : car ce que le Seigneur t’a annoncé s’accomplira.
  7. 1.49 1 S 2.2.
  8. 1.50 Ps 103.13, 17.
  9. 1.52 1 S 2.7.
  10. 1.53 1 S 2.5 ; Ps 107.9.
  11. 1.54 Es 41.8-9.
  12. 1.54 Ps 98.3.
  13. 1.79 Es 9.1.