L’Eternel fait oindre un nouveau roi et lui donne son Esprit

16 L’Eternel dit à Samuel : Combien de temps encore vas-tu pleurer sur Saül, alors que moi, je l’ai rejeté pour lui retirer la royauté sur Israël ? Remplis ta corne d’huile et va à Bethléhem[a], je t’envoie chez Isaï[b], car je me suis choisi pour moi un roi parmi ses fils.

Samuel répondit : Comment puis-je faire cela ? Saül l’apprendra et il me fera mourir !

L’Eternel lui dit : Tu emmèneras une génisse et tu diras que tu vas m’offrir un sacrifice. Tu inviteras Isaï à y assister et je t’indiquerai alors ce que tu devras faire. Tu conféreras de ma part l’onction à celui que je te désignerai.

Samuel fit ce que l’Eternel lui avait ordonné. Lorsqu’il arriva à Bethléhem, les responsables de la ville, inquiets, vinrent au-devant de lui et lui demandèrent : Ta venue annonce-t-elle quelque chose de bon ?

– Oui, répondit-il, c’est quelque chose de bon : je suis venu offrir un sacrifice à l’Eternel. Purifiez-vous et venez ensuite avec moi au sacrifice.

Il demanda également à Isaï et ses fils de se purifier en les invitant à prendre part au repas du sacrifice.

A leur arrivée, il remarqua Eliab et se dit : Certainement, c’est celui qui se tient maintenant devant l’Eternel qu’il a choisi pour lui donner l’onction.

Mais l’Eternel lui dit : Ne te laisse pas impressionner par son apparence physique et sa taille imposante, car ce n’est pas lui que j’ai choisi. Je ne juge pas de la même manière que les hommes. L’homme ne voit que ce qui frappe les yeux, mais l’Eternel regarde au cœur.

Ensuite Isaï appela Abinadab et le présenta à Samuel, mais il dit : L’Eternel n’a pas non plus choisi celui-ci.

Puis Isaï fit avancer Shamma. Samuel dit à nouveau : L’Eternel n’a pas non plus choisi celui-ci.

10 Isaï présenta ainsi sept fils à Samuel et celui-ci lui dit : L’Eternel n’a choisi aucun de ceux-là.

11 Puis il lui demanda : Est-ce que ce sont là tous tes garçons ?

– Non, répondit Isaï. Il reste encore le plus jeune qui garde les moutons au pâturage.

– Envoie-le chercher ! ordonna Samuel, car nous ne nous installerons pas pour le repas du sacrifice avant qu’il ne soit arrivé ici.

12 Isaï le fit donc venir. C’était un garçon aux cheveux roux, avec de beaux yeux et qui avait belle apparence. L’Eternel dit à Samuel : C’est lui. Vas-y, confère-lui l’onction.

13 Samuel prit la corne pleine d’huile et il en oignit David en présence de sa famille. L’Esprit de l’Eternel tomba sur David et demeura sur lui à partir de ce jour-là et dans la suite. Après cela, Samuel se remit en route et retourna à Rama.

L’Eternel retire son Esprit à Saül

14 L’Esprit de l’Eternel se retira de Saül, tandis qu’un mauvais esprit envoyé par l’Eternel se mit à le tourmenter. 15 Les serviteurs de Saül lui dirent : Voilà qu’un mauvais esprit envoyé par Dieu te tourmente. 16 Il te suffit, notre seigneur, de dire un mot et tes serviteurs ici présents te chercheront quelqu’un qui sache jouer de la lyre. Quand le mauvais esprit de Dieu t’assaillira, le musicien jouera de son instrument et cela te soulagera.

17 Saül répondit : D’accord, cherchez-moi donc un bon musicien et amenez-le-moi !

18 L’un des serviteurs dit alors : J’ai justement remarqué un fils d’Isaï de Bethléhem, qui sait jouer de la lyre. C’est aussi un brave guerrier. De plus, il s’exprime bien, il a belle apparence et l’Eternel est avec lui.

19 Saül envoya alors des messagers à Isaï avec cet ordre : Envoie-moi ton fils David, celui qui garde les moutons.

20 Isaï prit un âne qu’il chargea de pains, d’une outre de vin et d’un chevreau et il envoya ces présents à Saül par son fils David. 21 Quand celui-ci arriva chez Saül, il entra à son service ; Saül le prit en affection et lui confia le soin de porter ses armes. 22 Il envoya dire à Isaï : J’apprécie beaucoup David. Qu’il reste donc à mon service !

23 Dès lors, chaque fois que le mauvais esprit venu de Dieu assaillait Saül, David prenait sa lyre et en jouait. Alors Saül se calmait et se sentait mieux, et le mauvais esprit le quittait.

Goliath défie l’armée d’Israël

17 Les Philistins mobilisèrent leurs troupes pour une expédition guerrière, ils se rassemblèrent à Soko en Juda et dressèrent leur camp entre Soko et Azéqa[c], à Ephès-Dammim.

Saül, de son côté, rassembla les hommes d’Israël et ils campèrent dans la vallée du Chêne. C’est là qu’ils prirent position en ordre de bataille face aux Philistins[d]. Ceux-ci occupaient un versant de la montagne, et les Israélites le versant de montagne qui lui faisait face ; la vallée séparait les deux armées.

Alors un champion sortit du camp des Philistins et s’avança vers Israël. C’était un géant mesurant près de trois mètres, nommé Goliath, originaire de Gath[e]. Il était revêtu d’un casque de bronze et d’une cuirasse à écailles en bronze pesant une soixantaine de kilos. Ses jambes étaient protégées par des plaques de bronze et il portait en bandoulière sur ses épaules un javelot de bronze. Le bois de sa lance avait la grosseur d’un cylindre de métier à tisser, le fer de lance à lui seul pesait près de sept kilos. Il était précédé d’un homme qui portait son bouclier.

Il se campa face aux troupes israélites, et leur cria : Pourquoi vous êtes-vous rangés en ordre de combat ? Moi, je suis le Philistin, et vous, les esclaves de Saül. Choisissez parmi vous un homme, et qu’il m’affronte en combat singulier ! S’il peut me battre et qu’il me tue, alors nous vous serons assujettis. Mais si c’est moi le vainqueur et si je le tue, c’est vous qui nous serez assujettis et vous serez nos esclaves. 10 Puis il ajouta : Je lance aujourd’hui ce défi à l’armée d’Israël. Envoyez-moi un homme et nous nous affronterons en combat singulier.

11 Quand Saül et toute son armée entendirent ces paroles du Philistin, ils furent démoralisés et une grande peur s’empara d’eux.

David se rend au campement de l’armée israélite

12 Or, David était fils d’un Ephratien de Bethléhem en Juda nommé Isaï et qui avait huit fils. Au temps de Saül, Isaï était très âgé. 13 Ses trois fils aînés avaient suivi Saül à la guerre : l’aîné s’appelait Eliab, le second Abinadab et le troisième Shamma. 14 Quant à David, c’était le plus jeune. Lorsque les trois aînés eurent suivi Saül, 15 David faisait le va-et-vient entre le camp de Saül et Bethléhem pour y garder les moutons de son père.

16 Chaque matin et chaque soir, le Philistin venait se présenter en face de l’armée d’Israël et cela depuis quarante jours. 17 C’est à cette époque qu’Isaï dit à son fils David : Prends cette mesure de grains rôtis et ces dix pains et porte-les vite au camp pour tes frères. 18 Emporte aussi ces dix fromages, tu les donneras au chef de leur « millier ». Tu verras si tes frères se portent bien et tu me rapporteras de leur part un gage. 19 Tu les trouveras avec Saül et toute l’armée d’Israël dans la vallée du Chêne, face aux Philistins.

20 Le lendemain de bon matin, David confia ses moutons à quelqu’un pour les garder, il prit ses provisions et partit comme Isaï le lui avait ordonné. Quand il arriva au campement, l’armée était en train de prendre position pour la bataille en lançant le cri de guerre.

21 Israélites et Philistins se rangèrent en ordre de bataille face à face. 22 David déposa son chargement et le confia au gardien des bagages, puis il courut au front. Aussitôt arrivé, il vint demander de leurs nouvelles à ses frères. 23 Pendant qu’il parlait avec eux, Goliath, le champion des Philistins, originaire de Gath, sortit de leurs rangs[f] et lança son défi habituel. David l’entendit. 24 A la vue de cet homme, tous les soldats d’Israël s’enfuirent terrorisés.

25 – L’avez-vous vu s’avancer contre nous ? dit l’un d’eux. Il vient encore insulter Israël. Celui qui le tuera, recevra de grandes richesses de la part du roi qui lui donnera en plus sa propre fille en mariage et exonérera toute sa famille d’impôts.

26 David demanda aux hommes qui se tenaient autour de lui : Qu’est-ce que l’on donnera à celui qui abattra ce Philistin et qui lavera le peuple d’Israël de la honte qui lui est infligée ? Qu’est donc cet incirconcis de Philistin, pour oser insulter les bataillons du Dieu vivant ?

27 On répéta à David ce qui était promis comme récompense à celui qui tuerait le géant. 28 Lorsque son frère aîné Eliab l’entendit discuter avec les soldats, il se mit en colère contre lui et lui dit : Que viens-tu faire ici ? A qui as-tu laissé nos quelques moutons dans la steppe ? Je te connais bien, moi, petit prétentieux ! Je sais quelles mauvaises intentions tu as dans ton cœur ! Tu n’es venu que pour voir la bataille !

29 David lui répondit : Eh ! Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? Est-ce que je n’ai plus le droit de parler maintenant ?

30 Puis, il tourna le dos à son frère et alla se renseigner auprès d’un autre soldat, et on lui fit la même réponse que la première fois.

David se propose pour relever le défi

31 Ce que David avait dit se propagea rapidement et parvint jusqu’aux oreilles de Saül qui, aussitôt, le fit venir.

32 David lui dit : Que personne ne perde courage à cause de ce Philistin ! Moi, ton serviteur, j’irai et je le combattrai.

33 Mais Saül lui répondit : Tu ne peux pas aller lutter contre ce Philistin. Tu n’es qu’un gamin, alors que lui, c’est un homme de guerre depuis sa jeunesse.

34 David répondit à Saül : Quand ton serviteur gardait les moutons de son père et qu’un lion ou même un ours[g] survenait pour emporter une bête du troupeau, 35 je courais après lui, je l’attaquais et j’arrachais la bête de sa gueule ; et si le fauve se dressait contre moi, je le prenais par son poil et je le frappais jusqu’à ce qu’il soit mort. 36 Puisque ton serviteur a tué des lions et même des ours, il abattra bien cet incirconcis de Philistin comme l’un d’eux, car il a insulté les bataillons du Dieu vivant.

37 Puis David ajouta : L’Eternel qui m’a délivré de la griffe du lion et de l’ours me délivrera aussi de ce Philistin.

Finalement, Saül dit à David : Vas-y donc et que l’Eternel soit avec toi !

38 Puis il lui fit revêtir sa propre armure, il lui fit mettre un casque de bronze et endosser sa cuirasse.

39 Par-dessus son équipement, David ceignit aussi l’épée de Saül, puis il essaya de marcher, mais il n’y parvint pas, car il n’en avait pas l’habitude. Alors il dit à Saül : Je ne peux pas marcher avec tout cet équipement, car je n’y suis pas entraîné.

Puis il se débarrassa de tout. 40 Il prit son bâton en main et choisit, dans le torrent, cinq cailloux bien lisses qu’il mit dans le sac de berger qui lui servait de besace et, sa fronde à la main, il s’avança vers le Philistin.

La victoire de David sur Goliath

41 Celui-ci, précédé de son porte-bouclier, s’avança vers David. 42 Il l’examina et, lorsqu’il vit devant lui un jeune homme roux et de belle figure, il le regarda avec mépris 43 et lui lança : Est-ce que tu me prends pour un chien pour venir contre moi avec un bâton ?

Puis il le maudit par ses dieux.

44 – Approche un peu, ajouta-t-il, pour que je donne ta chair à manger aux oiseaux du ciel et aux bêtes des champs !

45 A quoi David répondit : Tu marches contre moi avec l’épée, la lance et le javelot, et moi je marche contre toi au nom de l’Eternel, le Seigneur des armées célestes, le Dieu des bataillons d’Israël, que tu as insulté. 46 Aujourd’hui même, l’Eternel me donnera la victoire sur toi, je t’abattrai, je te couperai la tête et, avant ce soir, je donnerai les cadavres des soldats philistins à manger aux oiseaux du ciel et aux bêtes sauvages de la terre. Alors toute la terre saura qu’Israël a un Dieu. 47 Et toute cette multitude assemblée saura que ce n’est ni par l’épée ni par la lance que l’Eternel délivre. Car l’issue de cette bataille dépend de lui, et il vous livre en notre pouvoir.

48 Aussitôt, le Philistin se remit à avancer en direction de David qui, de son côté, se hâta de courir vers la ligne ennemie au-devant du Philistin. 49 David plongea la main dans son sac, en tira un caillou, et le lança avec sa fronde : il atteignit le Philistin en plein front. La pierre pénétra dans son crâne et il s’écroula, la face contre terre. 50 Ainsi, sans épée, avec sa fronde et une pierre, David triompha du Philistin en le frappant mortellement. 51 Alors il se précipita sur son adversaire, saisit l’épée de celui-ci, la tira de son fourreau, acheva l’homme ; puis il lui trancha la tête.

Quand les Philistins virent que leur héros était mort, ils prirent la fuite. 52 Les soldats d’Israël et de Juda s’élancèrent en poussant des cris de guerre et poursuivirent les Philistins jusqu’aux abords de la vallée[h] et jusqu’aux portes d’Eqrôn. Les cadavres des ennemis jonchèrent la route de Shaaraïm jusqu’à Gath et Eqrôn. 53 Au retour de cette poursuite acharnée, les Israélites pillèrent le camp des Philistins. 54 David prit la tête du Philistin et la fit porter à Jérusalem. Il déposa ses armes dans sa propre tente.

55 Lorsque Saül avait vu David s’avancer à la rencontre du Philistin, il avait demandé à son général Abner : De qui ce jeune homme est-il fils, Abner ?

Abner répondit : Aussi vrai que tu es vivant, ô Roi, je n’en sais rien.

56 – Alors, ordonna Saül, informe-toi donc pour savoir qui est le père de ce jeune homme.

57 Quand David fut de retour au camp après avoir tué le Philistin, Abner le prit et le conduisit devant Saül. David tenait encore en main la tête du Philistin. 58 Quand Saül lui demanda : De qui es-tu le fils, mon garçon ?

David lui répondit : Je suis fils de ton serviteur Isaï de Bethléhem.

Le pacte d’amitié entre Jonathan et David

18 Quand David eut terminé de parler avec Saül, Jonathan s’était profondément attaché à David et s’était mis à l’aimer comme lui-même. Saül ne le laissa pas retourner dans la maison de son père ce jour-là, il le prit chez lui. Jonathan conclut un pacte d’amitié avec David parce qu’il l’aimait comme lui-même. Il enleva son manteau et le donna à David, il lui offrit aussi son équipement et jusqu’à son épée, son arc et son ceinturon. Chaque fois que Saül l’envoyait en expédition militaire, David accomplissait sa mission avec succès, de sorte que le roi lui confia le commandement de ses troupes de choc. Il était estimé de tout le peuple ainsi que des ministres de Saül.

Saül devient jaloux de David

Lorsqu’ils étaient revenus de la guerre, après que David eut tué le Philistin, les femmes étaient sorties de toutes les villes d’Israël à la rencontre du roi Saül en chantant, en dansant et en poussant des cris de joie au son de tambourins et de cymbales. Elles chantaient en chœurs alternés, tout en dansant :

Saül a vaincu ses milliers
et David ses dizaines de milliers.

Saül le prit très mal et se mit dans une grande colère.

– Elles en attribuent dix mille à David, dit-il, et à moi seulement mille ! Il ne lui manque plus que la royauté !

A partir de ce moment-là, Saül regarda David d’un mauvais œil.

10 Dès le lendemain, un mauvais esprit envoyé par Dieu s’empara de Saül, de sorte qu’il entra dans un état d’exaltation au milieu de sa maison. Comme les autres jours, David jouait de son instrument. Saül avait sa lance en main. 11 Soudain, il la lança en se disant : Je vais le clouer contre la paroi.

Mais, par deux fois, David esquiva le coup.

12 A partir de ce jour-là, Saül craignit David, car l’Eternel était avec David alors qu’il s’était retiré de lui. 13 C’est pourquoi Saül l’écarta d’auprès de lui et le nomma commandant d’un « millier » d’hommes. Ainsi David entreprenait des expéditions militaires à la tête de ses hommes. 14 Il réussissait dans tout ce qu’il entreprenait, car l’Eternel était avec lui. 15 Lorsque Saül constata ses grands succès, sa peur ne fit qu’augmenter. 16 Par contre, tout Israël et tout Juda aimaient David, car il marchait à la tête de leurs soldats dans les expéditions militaires.

David devient le gendre du roi

17 Un jour, Saül dit à David : Je suis prêt à te donner ma fille aînée Mérab en mariage à condition que tu me serves vaillamment et que tu livres les combats de l’Eternel.

Il se disait : Il vaut mieux que ce ne soit pas moi-même qui attente à sa vie, mais plutôt les Philistins !

18 David lui répondit : Qui suis-je et que vaut ma vie, de quelle importance est la famille de mon père en Israël, pour que je devienne le gendre du roi ?

19 Mais, quand vint le moment où Mérab, la fille de Saül, devait être donnée à David, Saül la donna à Adriel de Mehola.

20 Or Mikal, l’autre fille de Saül, aimait David. Quand Saül l’apprit, il en fut ravi, 21 car il se dit : Je vais la lui donner en mariage, elle sera un bon piège pour lui, ainsi il tombera par la main des Philistins !

Il dit donc à David : Aujourd’hui, tu as une seconde occasion de devenir mon gendre.

22 Puis il ordonna à ses hommes de confiance de parler discrètement à David et de lui dire : Tu vois que le roi t’a pris en affection et tous ses gens t’aiment, accepte donc maintenant de devenir son gendre !

23 Les ministres de Saül allèrent répéter ces paroles à David ; mais celui-ci leur répondit : Croyez-vous que ce soit une petite affaire que de devenir le gendre du roi ? Je ne suis qu’un homme pauvre et insignifiant.

24 Les ministres du roi lui rapportèrent la réponse de David.

25 – Eh bien, reprit Saül, voilà ce que vous lui direz : « Le roi ne demande pas de dot d’argent pour sa fille. Tout ce qu’il désire, c’est que tu lui apportes cent prépuces de Philistins pour le venger de ses ennemis. »

En fait, Saül avait comme but de faire périr David par la main des Philistins.

26 Les hauts fonctionnaires de Saül rapportèrent ces paroles à David. La proposition de devenir le gendre du roi à ces conditions lui parut acceptable. Avant même l’expiration du délai fixé par le roi, 27 David se mit en campagne avec ses hommes, il tua deux cents Philistins et rapporta la totalité de leurs prépuces au roi pour devenir son gendre. Saül donna donc en mariage à David sa fille Mikal.

28 Saül vit ainsi très clairement que l’Eternel était avec David et que Mikal sa propre fille aimait David. 29 Sa crainte à l’égard de David redoubla et, dès lors, sa haine envers lui devint définitive. 30 Mais à chaque incursion des princes des Philistins, David remportait plus de succès que tous les autres chefs militaires de Saül, de sorte que son nom devint très célèbre.

Jonathan plaide pour David

19 Saül se mit à parler ouvertement à son fils Jonathan et à tous ses ministres de faire mourir David, mais Jonathan était très attaché à David. Il le prévint : Mon père Saül cherche à te faire mourir. Sois donc sur tes gardes demain matin ! Ne te montre pas, tiens-toi caché ! Je sortirai en compagnie de mon père et nous passerons dans le champ où tu seras caché. Je parlerai de toi à mon père, je verrai ce qu’il en est et je te le ferai savoir.

Jonathan fit l’éloge de David à son père, puis il ajouta : Que le roi ne se rende donc pas coupable à l’égard de son serviteur David, car il n’a commis aucune faute envers toi. Au contraire, ses services t’ont toujours été très utiles. Il a risqué sa vie pour tuer le Philistin, et ce jour-là, l’Eternel a accordé une grande délivrance à tout Israël. Tu l’as vu et tu t’en es réjoui. Alors pourquoi commettrais-tu un péché en versant le sang d’un innocent, en faisant mourir David sans raison ?

Saül écouta les arguments de Jonathan et il fit ce serment : Aussi vrai que l’Eternel est vivant, David ne sera pas mis à mort !

Alors Jonathan appela David et lui rapporta toute la conversation, puis il le conduisit auprès du roi où David reprit sa place comme par le passé.

David prend la fuite

La guerre ayant recommencé avec les Philistins, David les attaqua et leur infligea une grande défaite, les mettant en fuite devant lui.

Le mauvais esprit venu de l’Eternel tourmenta de nouveau Saül. Il était assis dans sa maison, sa lance à la main tandis que David jouait de son instrument 10 quand, soudain, Saül tenta de le clouer contre la paroi avec sa lance, mais David esquiva le coup et la lance se planta dans le mur. David s’enfuit et réussit à s’échapper dans la nuit.

11 Saül envoya des hommes dans la maison de David pour s’assurer de lui et le faire mourir le lendemain matin, mais Mikal la femme de David prévint son mari : Si tu ne t’enfuis pas avant le jour, lui dit-elle, tu es un homme mort[i] !

12 Elle l’aida à descendre par la fenêtre. Ainsi il prit la fuite et s’échappa. 13 Mikal prit ensuite l’idole domestique[j] et la plaça dans le lit ; elle mit un coussin en poils de chèvres à l’endroit de la tête et recouvrit le tout d’un vêtement. 14 Lorsque les hommes envoyés par Saül pour arrêter David arrivèrent, elle leur dit : Il est malade.

15 Saül les renvoya avec l’ordre de voir David et de le lui amener dans son lit, pour qu’il puisse le mettre à mort. 16 Les hommes retournèrent dans la maison de David et ils découvrirent qu’il n’y avait dans le lit qu’une idole et un coussin en peau de chèvre à l’endroit de la tête. 17 Alors Saül demanda à Mikal : Pourquoi m’as-tu ainsi trompé et as-tu aidé mon ennemi à s’échapper ?

Mikal lui répondit : C’est lui qui m’a dit : « Laisse-moi fuir, sinon je te tuerai. »

Saül poursuit David

18 Pendant ce temps, David, qui s’était échappé et fuyait, alla se réfugier chez Samuel à Rama et lui raconta tout ce que Saül avait fait. Alors ils allèrent ensemble s’installer dans la communauté des disciples des prophètes. 19 On le rapporta à Saül en disant : David se trouve à la communauté des disciples des prophètes près de Rama.

20 Saül envoya des hommes pour l’arrêter, mais à leur arrivée, ils trouvèrent toute la communauté des disciples des prophètes dans un état d’exaltation et Samuel se tenait debout, à leur tête. Alors l’Esprit de Dieu vint sur les envoyés de Saül qui entrèrent eux aussi dans un tel état. 21 On vint le rapporter à Saül qui envoya d’autres émissaires ; mais eux aussi entrèrent dans un état d’exaltation. Un troisième groupe envoyé par Saül entra également dans un tel état.

22 Alors Saül se rendit lui-même à Rama. Arrivé à la grande citerne à Sékou, il demanda : Où sont Samuel et David ?

On lui répondit : Ils sont à la communauté des disciples des prophètes près de Rama.

23 Pendant qu’il se rendait là-bas, l’Esprit de Dieu le saisit à son tour, et il continua son chemin dans un état d’exaltation jusqu’à son arrivée à la communauté des prophètes près de Rama. 24 Là, il ôta comme les autres ses vêtements et resta dans un état d’exaltation devant Samuel ; puis il s’effondra et resta à terre prostré, dévêtu, tout ce jour-là et toute la nuit suivante, revêtu de ses seuls habits de dessous. C’est pourquoi on dit : Saül est-il aussi parmi les disciples des prophètes ?

David demande à Jonathan de sonder les intentions de Saül

20 David s’enfuit de la communauté des prophètes à Rama et il alla trouver Jonathan pour lui demander : Qu’ai-je donc fait à ton père ? En quoi suis-je coupable à son égard ? Quel tort lui ai-je fait pour qu’il veuille me faire mourir ?

Jonathan lui répondit : Dieu te garde de cette pensée ! Il n’est pas question que tu meures. Mon père n’entreprend rien sans m’en parler, qu’il s’agisse d’une affaire importante ou d’une petite chose. Pourquoi me cacherait-il ce projet-là ? Certainement, il n’en est rien.

Mais David insista : Je te jure pourtant qu’il en est bien ainsi. Seulement ton père sait très bien que je jouis de ta faveur. Il a dû se dire : « Il ne faut pas que Jonathan l’apprenne, il en serait trop affligé ! » Mais aussi vrai que l’Eternel est vivant, aussi vrai que tu es toi-même en vie, je ne suis qu’à deux doigts de la mort.

Alors Jonathan demanda à David : Que voudrais-tu que je fasse pour toi ? Je ferai ce que tu désires.

David lui répondit : Ecoute : demain c’est la fête de la nouvelle lune[k], je devrais normalement dîner à la table royale. Permets-moi de m’absenter ! Je me cacherai dans la campagne jusqu’à après-demain soir. Si ton père s’enquiert à mon sujet, tu lui diras : « David m’a instamment demandé la permission d’aller à Bethléhem, sa ville natale, pour y participer au sacrifice annuel avec toute sa famille. » S’il répond : « C’est bien ! », alors moi, ton serviteur, je n’ai rien à craindre. Mais s’il se met en colère, tu sauras qu’il a résolu ma perte. Puisque tu t’es lié à moi, ton serviteur, par un pacte d’amitié au nom de l’Eternel, agis envers moi avec bienveillance. Et si je suis coupable de quoi que ce soit, ce n’est pas la peine de me livrer à ton père : mets-moi toi-même à mort.

– Jamais de la vie, s’exclama Jonathan. Si je constate que mon père a véritablement résolu ta perte, je te jure que je t’en informerai.

10 Mais David lui demanda : Comment me préviendras-tu si ton père te répond durement à mon sujet ?

11 Jonathan proposa à David : Viens, sortons dans la campagne.

Ils sortirent tous deux dans la campagne. 12 Jonathan dit : Par l’Eternel, le Dieu d’Israël, je te promets que demain ou après-demain, à cette heure-ci, j’essaierai de savoir quelles sont les dispositions de mon père à ton égard. Si elles te sont favorables, je te le ferai savoir. 13 Mais si mon père veut te nuire, alors que l’Eternel me punisse très sévèrement si je ne t’en informe pas ! Dans ce cas, je te ferai partir et tu iras en paix. Puisse alors l’Eternel être avec toi comme il a été avec mon père ! 14 Plus tard, si je suis encore en vie, agis envers moi avec la bienveillance à laquelle tu t’es engagé devant l’Eternel. Et si je viens à mourir, 15 tu ne cesseras jamais d’agir avec bienveillance envers les membres de ma famille – même lorsque l’Eternel aura fait disparaître tous tes ennemis sans exception de la surface de la terre[l].

16 Ainsi Jonathan conclut un pacte avec David et sa famille en déclarant : Que l’Eternel fasse payer les ennemis de David !

17 Puis il lui fit encore une fois prêter serment au nom de l’affection qu’il lui portait, car il l’aimait comme sa propre personne.

18 Jonathan reprit : Demain, c’est la fête de la nouvelle lune, on remarquera ton absence à table, car ta place restera vide. 19 Après-demain, tu descendras vite jusqu’à l’endroit où tu t’étais caché le jour où tout cela a commencé ; tu te tiendras près de la pierre d’Ezel. 20 Je viendrai et je tirerai trois flèches dans cette direction, sur une cible que j’aurai choisie, 21 puis j’enverrai mon jeune serviteur les chercher. Si je lui crie : « Regarde, les flèches sont derrière toi, reviens les ramasser ! » alors tu peux revenir, car tout va bien pour toi. Aussi vrai que l’Eternel est vivant, tu n’auras rien à craindre. 22 Mais si je crie au jeune homme : « Va plus loin, les flèches sont plus loin que toi ! » alors pars, car l’Eternel te fait partir. 23 Mais l’Eternel restera à jamais le garant pour moi et toi de notre engagement l’un envers l’autre.

Saül est résolu à faire mourir David

24 David alla donc se cacher dans la campagne. Le soir de la célébration de la nouvelle lune, le roi se mit à table pour le repas. 25 Il s’assit comme d’habitude sur le siège adossé au mur qui lui était réservé. Jonathan se mit en face[m], et Abner[n] à côté de lui. La place de David resta vide. 26 Saül ne fit aucune remarque ce jour-là. Il pensait qu’il avait dû contracter accidentellement quelque impureté rituelle.

– Certainement il n’est pas pur, se disait-il[o].

27 Mais le second jour de la nouvelle lune, comme la place de David restait encore inoccupée, Saül demanda à son fils Jonathan : Pourquoi le fils d’Isaï n’est-il pas venu au repas ni hier, ni aujourd’hui ?

28 Jonathan répondit à Saül : David m’a demandé avec insistance la permission d’aller jusqu’à Bethléhem. 29 Il m’a dit : « Laisse-moi partir, je te prie, car nous devons célébrer un sacrifice de famille à la ville, et mon frère m’a ordonné d’y assister. Veuille donc m’accorder la faveur de pouvoir m’absenter pour voir mes frères. » C’est pour cela qu’il n’est pas venu à la table du roi.

30 Alors Saül se mit en colère contre Jonathan et lui cria : Fils de chienne, fils de rebelle ! Crois-tu que je ne sais pas que tu as pris parti pour le fils d’Isaï, à ta honte et à celle de ta mère ? 31 Aussi longtemps que le fils d’Isaï sera en vie, tu ne pourras pas t’imposer ni établir ta royauté. C’est pourquoi, fais-le chercher et ordonne qu’on me l’amène sans retard, car il mérite la mort.

32 Jonathan répliqua à Saül son père : Pourquoi devrait-il mourir ? Qu’a-t-il fait ?

33 Alors Saül brandit sa lance contre lui pour le frapper. Jonathan comprit que son père avait fermement décidé de faire mourir David. 34 Il se leva de table dans une grande colère et ne mangea rien ce jour-là, car il était trop affligé à cause de la manière injurieuse dont son père avait traité David.

Jonathan prévient David des intentions hostiles de son père

35 Le lendemain matin, Jonathan se rendit dans la campagne à l’endroit convenu avec David. Un jeune serviteur l’accompagnait. 36 Il lui dit : Cours ramasser les flèches que je vais tirer !

Le garçon courut en avant et Jonathan tira une flèche au-delà du garçon. 37 Quand le serviteur s’approcha de l’endroit où la flèche s’était plantée, Jonathan lui cria : La flèche n’est-elle pas plus loin que toi ? 38 Vite, dépêche-toi ! Ne reste pas là !

Le serviteur de Jonathan ramassa la flèche et revint vers son maître 39 sans se douter de rien. Seuls Jonathan et David comprenaient la chose. 40 Jonathan remit son arc et ses flèches à son serviteur et lui dit : Va les rapporter dans la ville !

41 Après son départ, David sortit de sa cachette du côté du sud et se prosterna trois fois devant Jonathan, le visage contre terre, puis ils s’embrassèrent longuement en pleurant, David encore plus que Jonathan. 42 Alors Jonathan lui dit : Va en paix, puisque nous nous sommes engagés l’un envers l’autre par serment au nom de l’Eternel en disant : Que l’Eternel soit garant entre toi et moi, entre tes descendants et les miens, à tout jamais.

21 Là-dessus, David se mit en route et s’en alla, tandis que Jonathan retourna en ville.

David chez le prêtre Ahimélek

David se rendit à Nob[p], auprès du prêtre Ahimélek. Celui-ci accourut tout tremblant au-devant de lui et lui demanda : Comment se fait-il que tu sois seul ? Pourquoi n’y a-t-il personne avec toi ?

– Le roi m’a chargé d’une mission, lui répondit David, et il m’a dit : « Que personne ne sache rien de l’affaire pour laquelle je t’envoie et de l’ordre que je t’ai donné. » C’est pourquoi j’ai donné rendez-vous à mes hommes à un certain endroit. Maintenant, qu’as-tu à manger sous la main ? Peux-tu me donner cinq pains ou quelque chose d’autre ?

Le prêtre lui répondit : Je n’ai pas de pain ordinaire sous la main, mais seulement des pains consacrés[q]. Tu peux les prendre pour tes hommes s’ils n’ont pas eu de relations sexuelles récemment.

David répondit au prêtre : Ils n’en ont certainement pas eues, tout comme par le passé quand je suis parti en campagne. Si l’équipement de mes hommes est consacré pour une expédition profane, à plus forte raison aujourd’hui sont-ils tous consacrés avec leur équipement.

Alors le prêtre lui remit des pains consacrés, car il n’en avait pas d’autres sous la main. C’étaient des pains qui avaient été exposés devant l’Eternel et qui venaient d’être retirés de la table de l’Eternel pour être remplacés par du pain frais[r]. Or, ce même jour, un haut fonctionnaire de Saül se trouvait là pour accomplir un devoir religieux devant l’Eternel. Il s’appelait Doëg l’Edomite. C’était le chef des bergers de Saül.

David demanda ensuite à Ahimélek : N’aurais-tu pas une lance ou une épée sous la main ? La mission du roi était si urgente que je n’ai pas même eu le temps d’emporter mon épée ou d’autres armes.

10 Le prêtre répondit : Il y a l’épée de Goliath, le Philistin que tu as vaincu dans la vallée du Chêne. La voilà, enveloppée dans un drap derrière l’éphod. Si tu veux, tu peux la prendre, car c’est la seule arme que nous ayons ici.

– Oui, donne-la moi, dit David, elle est sans pareille.

David chez les Philistins

11 Puis David partit ce même jour pour s’enfuir loin de Saül. Il se rendit chez Akish, le roi de Gath[s].

12 Les hauts fonctionnaires d’Akish dirent au roi : N’est-ce pas David, le roi du pays ? N’est-ce pas celui pour qui l’on chantait en dansant : « Saül a vaincu ses milliers et David ses dizaines de milliers[t] » ?

13 David prit ces paroles très au sérieux. Il eut une grande peur d’Akish, le roi de Gath[u]. 14 Alors il fit semblant devant eux d’avoir perdu la raison : il se comportait de manière extravagante et faisait des marques sur les battants des portes et laissait la bave couler sur sa barbe[v]. 15 Akish dit à ses familiers : Vous voyez bien que cet homme est fou. Pourquoi me l’avez-vous amené ? 16 Est-ce que je n’ai pas assez de fous ici que vous m’ameniez encore celui-là pour se livrer à des extravagances devant moi ? Il n’est pas question qu’il mette les pieds dans ma maison !

David, chef de bande

22 Là-dessus David quitta la ville de Gath et alla se réfugier dans la grotte d’Adoullam[w]. Lorsque ses frères et tous les membres de sa famille l’apprirent, ils allèrent l’y rejoindre. Et tous les gens qui étaient dans la détresse, tous ceux qui avaient des dettes et tous les mécontents se rallièrent à lui, et il devint leur chef. Il y eut ainsi quelque quatre cents hommes qui se regroupèrent autour de lui.

Plus tard, David se rendit de là à Mitspé de Moab et il dit au roi de Moab[x] : Permets, je te prie, à mon père et à ma mère de venir se réfugier chez vous jusqu’à ce que je sache ce que Dieu fera pour moi.

Il amena donc ses parents auprès du roi de Moab, et ils restèrent chez lui tout le temps que David passa dans son refuge fortifié.

Un jour, le prophète Gad dit à David : Ne reste pas dans cette forteresse. Pars et rentre au pays de Juda.

David s’en alla et s’enfonça dans la forêt de Héreth.

Saül se venge sur Ahimélek et sa famille

Saül apprit qu’on avait repéré David et ses hommes. Il siégeait à Guibéa sur la colline, à l’ombre d’un tamaris, sa lance à la main. Tous ses familiers se tenaient autour de lui. Saül leur dit : Ecoutez bien, hommes de Benjamin : croyez-vous que le fils d’Isaï donnera à chacun de vous des champs et des vignes ? Est-ce qu’il fera de vous tous des chefs de « milliers » et de « centaines » ? Alors pourquoi avez-vous tous comploté contre moi de sorte que personne ne m’a averti que mon fils a conclu un pacte avec le fils d’Isaï. Aucun de vous ne se soucie de moi et personne ne m’a prévenu que mon fils a dressé mon serviteur contre moi pour me tendre des pièges, comme cela apparaît aujourd’hui.

Doëg l’Edomite, qui était à la tête des fonctionnaires de Saül, répondit : J’ai vu le fils d’Isaï arriver à Nob, chez Ahimélek, le fils d’Ahitoub. 10 Celui-ci a consulté l’Eternel pour lui et lui a fourni des vivres. Il lui a aussi remis l’épée de Goliath le Philistin[y].

11 Alors le roi envoya chercher le prêtre Ahimélek, fils d’Ahitoub, ainsi que tous les prêtres, membres de son groupe familial qui étaient à Nob. Tous vinrent se présenter devant le roi.

12 – Ecoute bien, fils d’Ahitoub ! lui dit Saül quand celui-ci fut devant lui.

– Oui, mon seigneur, j’écoute, lui répondit-il.

13 – Pourquoi avez-vous comploté contre moi, toi et le fils d’Isaï ? lui dit Saül. Tu lui as donné du pain et une épée, et tu as consulté Dieu pour lui, pour qu’il se révolte contre moi et me tende des pièges, comme c’est le cas aujourd’hui.

14 Ahimélek répondit au roi en disant : Y a-t-il parmi tous tes fonctionnaires quelqu’un d’aussi fidèle que David ? De plus, c’est le gendre du roi. Et n’est-il pas le chef de ta garde personnelle ? N’est-il pas hautement honoré à la cour royale ? 15 Et si j’ai consulté Dieu pour lui, était-ce la première fois ? Je n’ai jamais eu l’idée de comploter contre toi. Que le roi ne mette pas sur mon compte ni sur celui d’aucun membre de mon groupe familial une telle chose, car ton serviteur ignorait absolument tout de cette affaire.

16 Le roi dit : Ahimélek, tu mourras, toi et tout ton groupe familial, c’est décidé.

17 Puis il ordonna à ses gardes qui se tenaient près de lui : Allez, mettez à mort ces prêtres de l’Eternel, parce qu’eux aussi ont soutenu David. Ils savaient qu’il était en fuite et ils ne m’en ont pas averti.

Mais les gardes refusèrent de porter la main sur les prêtres de l’Eternel.

18 Alors le roi ordonna à Doëg : Vas-y, toi, exécute ces prêtres.

Doëg l’Edomite s’avança et ce fut lui qui tua les prêtres. Il mit à mort en ce jour quatre-vingt-cinq hommes portant le vêtement sacerdotal en lin. 19 Saül fit aussi massacrer par l’épée tous les autres habitants de Nob, la ville des prêtres ; tous y passèrent : hommes, femmes, enfants, nourrissons, bœufs, ânes, brebis.

20 Un fils d’Ahimélek, fils d’Ahitoub, nommé Abiatar réussit cependant à s’échapper et il s’enfuit auprès de David. 21 Il lui annonça que Saül avait fait tuer les prêtres de l’Eternel. 22 David s’exclama : Je m’étais bien douté, l’autre jour, que Doëg l’Edomite, qui était aussi à Nob, ne manquerait pas d’informer Saül de tout ce qui s’est passé. C’est donc moi qui suis la cause de la mort de toutes les personnes de ton groupe familial. 23 Maintenant, reste avec moi et ne crains rien. Nous avons un ennemi commun, toi et moi, qui en veut à notre vie, mais auprès de moi tu seras en sécurité.

David délivre la ville de Qeïla

23 On vint prévenir David que les Philistins avaient attaqué la ville de Qeïla[z] et qu’ils pillaient les céréales sur les aires. David consulta l’Eternel pour savoir s’il devait aller attaquer les Philistins et s’il les vaincrait. L’Eternel[aa] lui répondit : Va, tu battras les Philistins et tu délivreras Qeïla.

Mais les hommes de David répondirent : Déjà ici, dans le territoire de Juda, nous vivons constamment dans la crainte, qu’est-ce que ce sera si nous allons à Qeïla nous battre contre les bataillons des Philistins ?

David consulta une nouvelle fois l’Eternel qui lui répondit : Mets-toi en route, va à Qeïla, car je te donne la victoire sur les Philistins.

David marcha donc avec ses hommes sur Qeïla et ils attaquèrent les Philistins. Ils s’emparèrent de leurs troupeaux et leur infligèrent une lourde défaite. Ainsi David délivra les habitants de Qeïla. Il faut dire que quand Abiatar, fils d’Ahimélek, s’était enfui auprès de David à Qeïla, il avait emporté avec lui l’éphod servant à consulter l’Eternel.

On fit savoir à Saül que David était allé à Qeïla ; alors il s’écria : Dieu l’a livré en mon pouvoir, car il s’est lui-même enfermé dans un piège en entrant dans une ville qui a des portes et des verrous.

Il mobilisa tous ses hommes pour marcher sur Qeïla et assiéger David et sa troupe. David apprit quel mauvais dessein Saül méditait contre lui. Aussi demanda-t-il au prêtre Abiatar d’apporter l’éphod. 10 Il pria : Eternel, Dieu d’Israël, ton serviteur a appris que Saül s’apprête à marcher sur Qeïla pour détruire la ville à cause de moi. 11 Les autorités de Qeïla me livreront-elles à lui ? Saül viendra-t-il vraiment comme ton serviteur l’a entendu dire ? Eternel, Dieu d’Israël, je t’en prie, informe ton serviteur.

L’Eternel répondit : Il viendra.

12 David ajouta : Les autorités de Qeïla me livreront-elles à Saül, moi et mes hommes ?

L’Eternel répondit : Oui, elles vous livreront.

13 Alors David se mit en route avec sa troupe d’environ six cents hommes et ils quittèrent Qeïla, marchant à l’aventure. On informa Saül que David avait quitté Qeïla et il renonça à son expédition.

La visite de Jonathan

14 David gagna la région désertique de Ziph[ab] et s’installa dans des refuges escarpés de la montagne. Saül le cherchait jour après jour ; mais Dieu ne le fit pas tomber entre ses mains.

15 David s’aperçut que Saül s’était mis en campagne pour lui ôter la vie, et il resta dans le désert de Ziph du côté de Horsha. 16 Jonathan, le fils de Saül, se mit en route et se rendit auprès de David à Horsha pour l’encourager en affermissant sa confiance en Dieu. 17 Il lui dit : Sois sans crainte ! Mon père ne réussira pas à mettre la main sur toi ; tu régneras sur Israël, et moi je serai au second rang près de toi ; mon père lui-même sait bien qu’il en sera ainsi.

18 Tous deux renouvelèrent leur pacte d’amitié devant l’Eternel. David resta à Horsha et Jonathan rentra chez lui.

David échappe de peu à Saül

19 Quelques hommes de Ziph allèrent trouver Saül à Guibéa pour lui dire[ac] : Sais-tu que David se tient caché dans notre région dans des refuges escarpés à Horsha, dans les collines de Hakila au sud des steppes[ad] ? 20 Maintenant, ô roi, quand tu le désireras, viens, et nous nous chargerons de te le livrer.

21 Saül répondit : Vous êtes bénis par l’Eternel, vous qui avez eu pitié de moi ! 22 Allez donc, confirmez vos renseignements, observez et tenez-vous au courant de ses déplacements, sachez qui l’a vu dans ces endroits-là, car on m’a dit qu’il est très rusé. 23 Repérez toutes ses cachettes, et revenez me voir avec des informations sûres ; alors j’irai avec vous, et s’il est dans le pays, je fouillerai au besoin chaque recoin du territoire de Juda pour le chercher.

24 Les gens de Ziph quittèrent Saül et repartirent chez eux, précédant le roi. David et ses hommes se trouvaient au désert de Maôn[ae], dans la plaine qui se trouve au sud des steppes.

25 Saül partit à sa recherche avec ses hommes. On en informa David, et il descendit dans un endroit rocheux du désert de Maôn où il s’installa. Saül l’apprit et se mit à le poursuivre dans cette région. 26 Saül marchait sur l’un des flancs de la montagne, tandis que David et ses hommes s’enfuyaient sur le flanc opposé. David précipitait sa marche pour échapper à Saül. Mais déjà le roi et ses hommes les cernaient et allaient les capturer. 27 Alors un messager vint dire à Saül : Reviens tout de suite, car les Philistins ont fait une incursion dans le pays.

28 Aussitôt Saül cessa de poursuivre David pour aller affronter les Philistins. C’est pourquoi on a appelé cet endroit le Rocher des Séparations.

David épargne et confond Saül

24 David repartit de là pour s’installer dans les falaises escarpées d’Eyn-Guédi[af]. Lorsque Saül revint de sa campagne contre les Philistins, on l’informa que David se trouvait maintenant dans le désert d’Eyn-Guédi. Alors le roi rassembla trois « milliers » d’hommes d’élite, choisis dans tout Israël, et il se mit à la recherche de David et de ses compagnons jusqu’en face du Rocher des Bouquetins. En passant près des parcs à moutons en bordure du chemin, il vit une grotte[ag] et y entra pour satisfaire un besoin naturel. Or David et ses hommes se tenaient précisément au fond de cette grotte.

Les compagnons de David lui chuchotèrent : Voici le moment annoncé par l’Eternel lorsqu’il t’a promis de te livrer ton ennemi pour que tu le traites comme bon te semble.

Alors David se leva et alla couper un pan du manteau de Saül sans que celui-ci s’en aperçoive. Dès qu’il l’eut fait, son cœur se mit à battre très fort parce qu’il avait coupé un pan du manteau de Saül.

Footnotes

  1. 16.1 Ville de Juda à 7 kilomètres de Jérusalem, connue sous le nom d’Ephrata (Gn 48.7) et appelée plus tard la ville de David (Lc 2.4) où naîtra le Christ (Mi 5.1 ; Mt 2.1).
  2. 16.1 Appelé aussi Jessé dans certaines traductions de la Bible.
  3. 17.1 Deux localités situées sur le versant ouest des monts de Judée, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Jérusalem, non loin de Gath.
  4. 17.2 C’est-à-dire à une vingtaine de kilomètres de Bethléhem.
  5. 17.4 Goliath était un descendant des Anaqim, qui furent presque entièrement exterminés par Josué, mais dont quelques survivants restaient à Gaza, Ashkelôn et Gath d’où Goliath était originaire (Nb 13.32-33 ; Jos 11.21-22).
  6. 17.23 Selon une note en marge du texte hébreu traditionnel qui a : des cavernes.
  7. 17.34 Pour la présence de ces fauves dans le pays, voir 2 S 17.8 ; 23.20 ; Jg 14.5-18 ; 1 R 13.24-26 ; 2 R 2.24 ; Am 3.12 ; 5.19.
  8. 17.52 L’ancienne version grecque a : de Gath.
  9. 19.11 Voir Ps 59.1.
  10. 19.13 Petite statuette de forme humaine constituant une divinité domestique (voir Gn 31.19).
  11. 20.5 Les mois israélites commençaient avec la nouvelle lune. A ce moment-là on cessait tout travail, on faisait retentir des sonneries de trompettes (Nb 10.10 ; Ps 81.4), on offrait des sacrifices spéciaux (Nb 28.11-15) et c’était l’occasion d’un repas de fête, surtout au début du septième mois (voir Lv 23.24-25 ; Nb 29.1-6 ; 2 R 4.23 ; Es 1.13 ; Ez 46.1-7 ; Am 8.5).
  12. 20.15 Voir 2 S 9.1.
  13. 20.25 D’après l’ancienne version grecque ; le texte hébreu traditionnel a : se leva.
  14. 20.25 Cousin et général en chef de Saül (14.50).
  15. 20.26 Voir Lv 7.21.
  16. 21.2 Ville des environs de Jérusalem où la tente de la Rencontre fut installée après la destruction de Silo (4.3-4 ; Jr 7.12). D’après 22.10, 15, il semble que David y soit venu pour consulter l’Eternel par l’ourim et le toummim.
  17. 21.5 Voir Lv 24.5-9.
  18. 21.7 Allusion à cet épisode en Mt 12.3-4 ; Mc 2.25-26 ; Lc 6.3-4.
  19. 21.11 L’une des cinq principales villes de la Philistie.
  20. 21.12 Voir 18.7.
  21. 21.13 Voir Ps 56.1.
  22. 21.14 Voir Ps 34.1.
  23. 22.1 La grotte d’Adoullam est située à une vingtaine de kilomètres de Bethléhem, au sud-ouest de Jérusalem. Elle était d’accès difficile, donc facile à défendre. Voir les Ps 57 et 142.
  24. 22.3 L’aïeule de David était moabite (Rt 1.22 ; 4.17-22).
  25. 22.10 Voir Ps 52.2.
  26. 23.1 Ville de Juda, à 4 ou 5 kilomètres de la grotte d’Adoullam (22.1), proche de la frontière de la Philistie.
  27. 23.2 Par Abiatar (v. 6) et par l’ourim et le toummim.
  28. 23.14 Au centre du désert de Judée, au sud-est d’Hébron (Jos 15.55).
  29. 23.19 Voir Ps 54.2.
  30. 23.19 Ou : du Yéshimôn, nom désignant une steppe inculte. Il pourrait avoir valeur de nom propre ici (voir v. 24 ; 26.1, 3).
  31. 23.24 Au sud du désert de Ziph, près de la localité de Karmel (15.12).
  32. 24.1 C’est-à-dire la source du Chevreau, dominant la rive ouest de la mer Morte, région criblée de grottes en bordure du désert de Ziph, renommée pour sa fertilité (Ct 1.14).
  33. 24.4 Voir Ps 57.1 ; 142.1.