La première victoire de Saül

11 Environ un mois plus tard[a], Nahash l’Ammonite[b] vint mettre le siège devant Yabesh en Galaad[c]. Les habitants de la ville dirent à Nahash : Conclus une alliance avec nous et nous te serons assujettis.

Nahash leur répondit : Voilà à quelle condition je traiterai avec vous : je vous crèverai à tous l’œil droit[d]. Ainsi je couvrirai de honte tout le peuple d’Israël.

Les responsables de Yabesh lui dirent : Accorde-nous un délai de sept jours. Nous enverrons des messagers dans tout le territoire d’Israël, et si personne ne vient à notre secours, nous nous rendrons à toi.

Les messagers arrivèrent à Guibéa, la ville de Saül, et exposèrent aux gens ce qui se passait. Tous les habitants se mirent à se lamenter et à pleurer.

Juste à ce moment, Saül revenait des champs derrière ses bœufs. Il demanda : Qu’a donc le peuple à pleurer ainsi ?

On lui raconta ce qu’avaient dit les messagers de Yabesh. Lorsqu’il eut entendu cela, l’Esprit de Dieu tomba sur lui et il entra dans une violente colère. Il prit une paire de bœufs et les découpa en morceaux qu’il envoya dans tout le territoire d’Israël par des messagers chargés de proclamer : Celui qui ne suivra pas Saül et Samuel au combat verra ses bœufs traités de la même manière.

Alors une frayeur venant de l’Eternel s’empara du peuple, qui se mit en marche comme un seul homme. Saül les recensa à Bézeq[e] ; il en compta 300 000 des tribus du Nord et 30 000 de la tribu de Juda. Les messagers venus de Yabesh furent chargés de dire à leurs compatriotes : Demain, quand le soleil donnera toute sa chaleur, vous serez délivrés.

Les messagers rentrèrent chez eux et rapportèrent ces paroles aux leurs, qui en furent remplis de joie. 10 Les gens de Yabesh firent transmettre aux Ammonites : Demain nous nous rendrons à vous et vous nous traiterez comme il vous plaira.

11 Le lendemain matin, Saül répartit ses hommes en trois compagnies qui investirent le camp ennemi à la dernière veille de la nuit. Ils battirent les Ammonites jusqu’au moment de la plus grande chaleur. Les rescapés furent si bien dispersés qu’il n’en resta pas deux ensemble.

12 Alors le peuple dit à Samuel : Où sont donc ces hommes qui disaient : « Ce Saül va-t-il régner sur nous ? » Qu’on nous les livre et nous les mettrons à mort.

13 Mais Saül dit : On ne mettra personne à mort en un jour pareil, car aujourd’hui l’Eternel a délivré Israël.

14 Samuel ajouta : Venez et allons à Guilgal[f] pour y confirmer la royauté !

15 Tout le peuple se rendit à Guilgal, ils y établirent Saül pour roi devant l’Eternel et ils offrirent des sacrifices de communion devant l’Eternel. Ensuite Saül et tous les gens d’Israël se livrèrent là à de grandes réjouissances.

Le discours d’adieu de Samuel

12 Samuel dit à tout le peuple d’Israël : Vous avez vu que je vous ai accordé tout ce que vous m’avez demandé : j’ai établi un roi sur vous. Maintenant, voici le roi qui vous dirigera. Quant à moi, je suis devenu vieux, mes cheveux ont blanchi et mes fils sont parmi vous. Je vous ai dirigés depuis ma jeunesse jusqu’à ce jour. Je me tiens aujourd’hui devant vous. Répondez-moi devant l’Eternel et devant celui qui a reçu son onction : De qui ai-je pris le bœuf ? De qui ai-je pris l’âne ? Ai-je exploité ou opprimé l’un de vous ? De qui ai-je accepté un présent pour fermer les yeux sur sa conduite ? Dites-le, et je vous rendrai tout ce que j’aurais pris injustement.

Ils lui répondirent : Tu ne nous as ni exploités, ni opprimés, et tu n’as jamais rien accepté de personne.

Il reprit : L’Eternel est donc témoin devant vous, et celui qui a reçu l’onction de sa part l’est aussi aujourd’hui : vous n’avez rien trouvé à me reprocher.

Le peuple confirma : Oui, il en est témoin.

Samuel dit encore au peuple : C’est l’Eternel qui a établi Moïse et Aaron et qui a fait sortir nos ancêtres d’Egypte[g]. Maintenant donc, comparaissez en sa présence et je vais vous citer tous les actes puissants qu’il a accomplis pour vous sauver, vous et vos ancêtres.

Après que Jacob fut venu en Egypte, lorsque vos ancêtres ont imploré l’Eternel[h], il a envoyé Moïse et Aaron qui les ont fait sortir d’Egypte pour les établir dans le pays où nous sommes. Mais eux, ils ont délaissé l’Eternel leur Dieu. C’est pourquoi il les a livrés à Sisera, le chef de l’armée de Hatsor, aux Philistins et au roi de Moab qui leur ont fait la guerre[i]. 10 Alors ils ont de nouveau imploré l’Eternel en confessant : « Nous avons péché, car nous avons abandonné l’Eternel et nous avons adoré les dieux Baals et Astartés. Mais à présent, délivre-nous de nos ennemis et nous te servirons[j]. »

11 Alors l’Eternel a envoyé Yeroubbaal[k], Baraq[l] et Jephté[m], et finalement moi, Samuel[n]. Il vous a délivrés de tous les ennemis qui vous entourent et vous avez habité le pays en sécurité.

12 Lorsque vous avez vu Nahash le roi des Ammonites venir vous attaquer, vous êtes venus me dire : « Nous ne voulons pas continuer ainsi ; il faut qu’un roi règne sur nous. » Comme si l’Eternel n’était pas votre roi ! 13 Eh bien, maintenant, voici votre roi selon ce que vous avez choisi et demandé. C’est l’Eternel qui l’a établi sur vous. 14 Si désormais vous craignez l’Eternel, si vous lui rendez votre culte, si vous lui obéissez sans vous révolter contre ses paroles et si vous et votre roi qui règne sur vous, vous suivez l’Eternel votre Dieu, tout ira bien. 15 Mais si vous n’écoutez pas l’Eternel et si vous êtes rebelles à ses commandements, l’Eternel vous frappera sévèrement, ainsi que votre roi, comme il a frappé sévèrement vos ancêtres.

16 Maintenant, restez encore là, et observez la chose extraordinaire que l’Eternel va accomplir sous vos yeux. 17 Ne sommes-nous pas actuellement au temps de la moisson des blés[o] ? Eh bien, je vais invoquer l’Eternel et il fera tonner et pleuvoir pour que vous soyez bien conscients que vous avez commis une grave faute aux yeux de l’Eternel en demandant un roi.

18 Alors Samuel invoqua l’Eternel, et l’Eternel fit tonner et pleuvoir ce jour-là. Tout le peuple fut saisi d’une grande crainte à l’égard de l’Eternel et de Samuel. 19 Tous supplièrent Samuel : Intercède pour tes serviteurs auprès de l’Eternel ton Dieu afin que nous ne mourions pas, car nous avons ajouté à toutes nos fautes celle de demander un roi pour nous.

20 Samuel rassura le peuple : Soyez sans crainte ! Oui, vous êtes bien coupables de ce mal, mais ne vous détournez pas de l’Eternel et servez-le de tout votre cœur. 21 Ne vous éloignez pas de lui, sinon vous courrez après des choses de néant qui sont inutiles et incapables de secourir, parce qu’elles ne sont que néant. 22 Il a plu à l’Eternel de faire de vous son peuple. C’est pourquoi il ne vous abandonnera pas, car il tient à faire honneur à son grand nom. 23 En ce qui me concerne, que l’Eternel me garde de commettre une faute contre lui en cessant de prier pour vous. Je continuerai à vous enseigner le bon et droit chemin. 24 De votre côté, craignez l’Eternel et servez-le sincèrement de tout votre cœur en considérant les grandes choses qu’il a accomplies pour vous. 25 Mais si vous faites le mal, vous serez détruits, vous et votre roi.

Israël se révolte contre les Philistins

13 Saül était âgé de [trente] ans à son avènement et il régna [quarante-]deux ans sur Israël[p]. Il sélectionna trois mille soldats d’Israël, deux mille pour rester avec lui à Mikmas[q] et dans la région montagneuse de Béthel, et mille qu’il plaça sous les ordres de son fils Jonathan à Guibéa de Benjamin. Les autres soldats furent renvoyés dans leurs foyers.

Jonathan abattit la stèle dressée par les Philistins à Guéba[r]. Alors se répandit rapidement parmi les Philistins la nouvelle que les Hébreux s’étaient révoltés. Saül fit annoncer la chose au son du cor dans tout le pays : Que les Hébreux le sachent !

Tout Israël apprit que Saül avait abattu la stèle des Philistins, et qu’Israël s’était ainsi rendu odieux aux Philistins.

Tout le peuple se rassembla donc à Guilgal[s] pour aller combattre avec Saül.

Les Philistins mobilisèrent leurs troupes pour combattre Israël. Ils avaient trois mille chars[t] de guerre et six mille soldats sur char, ainsi qu’une multitude de fantassins, nombreux comme les grains de sable des mers. Ils allèrent prendre position à Mikmas à l’est de Beth-Aven. Les hommes d’Israël virent qu’ils étaient dans une situation extrêmement critique, car ils étaient serrés de près par l’ennemi. Ils se cachèrent dans les grottes, les buissons, les cavernes, les souterrains et les citernes. Certains Hébreux franchirent le Jourdain et se réfugièrent dans le territoire de Gad et de Galaad. Pendant ce temps, Saül était toujours à Guilgal, au milieu de son armée qui tremblait d’épouvante. Il attendit sept jours le rendez-vous fixé par Samuel[u]. Celui-ci n’arrivant pas, les soldats commencèrent à abandonner Saül et à se disperser.

La faute de Saül

Alors Saül dit : Amenez-moi les bêtes de l’holocauste et des sacrifices de communion.

Et il offrit lui-même l’holocauste. 10 Au moment où il achevait de l’offrir, Samuel arriva. Saül alla à sa rencontre pour le saluer. 11 Samuel lui demanda : Qu’as-tu fait ?

Saül répondit : Quand j’ai vu que mes soldats se dispersaient loin de moi, que tu n’arrivais pas au rendez-vous fixé et que les Philistins étaient concentrés à Mikmas, 12 je me suis dit : « Les Philistins vont tomber sur moi à Guilgal avant que j’aie pu implorer l’Eternel. » Alors je me suis fait violence et j’ai offert l’holocauste.

13 Samuel dit à Saül : Tu as agi comme un insensé. Tu n’as pas obéi au commandement que l’Eternel ton Dieu t’avait donné. Si tu l’avais fait, l’Eternel aurait affermi ton autorité royale sur Israël et il aurait fait en sorte que tes descendants y gardent pour toujours la royauté. 14 Mais puisque tu as désobéi aux ordres de l’Eternel, ta royauté ne subsistera pas. L’Eternel a décidé de se chercher un homme qui corresponde à ses désirs et de l’établir chef de son peuple[v].

15 Puis Samuel le quitta et monta de Guilgal à Guibéa de Benjamin. Saül dénombra la troupe qui se trouvait avec lui : il lui restait environ six cents hommes[w].

Les armées prennent position

16 Saül et son fils Jonathan avaient pris position à Guéba de Benjamin avec les gens qui leur restaient, tandis que les Philistins campaient à Mikmas. 17 Une troupe de destructeurs sortit des camps des Philistins et se divisa en trois compagnies ; l’une d’elles prit la direction d’Ophra dans le pays de Shoual[x], 18 la deuxième se dirigea vers Beth-Horôn[y] et la troisième monta sur les hauteurs par le chemin de la frontière qui domine la vallée de Tseboïm[z] du côté du désert.

19 A cette époque, il n’y avait pas de forgeron dans tout le pays d’Israël, car les Philistins avaient voulu empêcher que les Hébreux fabriquent des épées et des lances. 20 Tous les Israélites devaient donc se rendre chez les Philistins pour faire affûter leurs socs de charrue, leurs pioches, leurs haches, leurs bêches 21 lorsque leurs bêches, leurs pioches, leurs tridents et leurs haches étaient émoussés, ainsi que pour redresser leurs aiguillons. 22 C’est pourquoi, le jour de la bataille, les hommes qui étaient avec Saül et Jonathan n’avaient ni épée ni lance ; seuls Saül et son fils Jonathan en possédaient[aa]. 23 Un avant-poste philistin vint prendre position au défilé de Mikmas[ab].

L’exploit de Jonathan

14 Un jour, Jonathan, le fils de Saül, dit à son écuyer : Viens, allons attaquer ce poste des Philistins qui est en face, de l’autre côté de la gorge.

Mais il ne prévint pas son père.

Saül se trouvait alors à la sortie de Guibéa avec ses quelque six cents hommes sous le grenadier de Migrôn. Il y avait aussi comme prêtre portant l’éphod[ac] Ahiya, fils d’Ahitoub, frère d’I-Kabod, le fils de Phinéas et petit-fils d’Eli qui avait été prêtre de l’Eternel à Silo. Personne n’avait remarqué que Jonathan était parti.

Dans le défilé que Jonathan cherchait à franchir pour atteindre le poste des Philistins se dressaient de part et d’autre deux pointes rocheuses appelées Botsets et Séné. L’une d’elles s’élève au nord en face de Mikmas et l’autre au sud en face de Guéba.

Jonathan dit au jeune homme qui portait ses armes : Viens et attaquons le poste de ces incirconcis. Peut-être l’Eternel agira-t-il en notre faveur, car rien ne l’empêche de sauver par un petit nombre aussi bien que par un grand.

Son serviteur lui répondit : Fais tout ce que tu as à cœur. Allons-y ! Je suis prêt à te suivre où tu voudras.

Jonathan lui expliqua : Ecoute, nous allons nous faufiler jusqu’à ces hommes, puis nous nous découvrirons brusquement à eux. S’ils nous disent : « Halte ! Ne bougez pas jusqu’à ce que nous vous ayons rejoints », nous resterons sur place et nous ne monterons pas jusqu’à eux. 10 Mais s’ils nous disent de monter jusqu’à eux, nous irons ; ce sera pour nous le signe que l’Eternel nous donne la victoire sur eux.

11 Lorsqu’ils se montrèrent tous deux aux hommes du poste des Philistins, ceux-ci s’écrièrent : Tiens ! Voici des Hébreux qui sortent des trous où ils s’étaient cachés.

12 Et s’adressant à Jonathan et au jeune homme qui portait ses armes, ils leur crièrent : Montez jusqu’à nous, nous avons quelque chose à vous apprendre.

Alors Jonathan dit à son serviteur : Suis-moi là-haut, car l’Eternel donne à Israël la victoire sur eux.

13 Jonathan grimpa en s’aidant des mains et des pieds, et le jeune homme qui portait ses armes le suivait. Ils attaquèrent les Philistins qui tombèrent sous les coups de Jonathan, tandis que le jeune homme les achevait derrière lui. 14 Ils massacrèrent ainsi une vingtaine d’hommes sur un espace de quelques mètres carrés.

15 La panique se répandit dans le camp philistin, elle gagna toute la région et toute l’armée ; les avant-postes et la troupe de choc furent terrifiés à leur tour, de plus, la terre se mit à trembler. Dieu lui-même sema la panique parmi eux.

La délivrance

16 Les guetteurs postés par Saül autour de Guibéa de Benjamin virent les soldats du camp ennemi courir en tous sens et se disperser çà et là. 17 Alors Saül ordonna à ses soldats : Faites l’appel et voyez qui nous a quittés.

On fit l’appel et l’on s’aperçut que Jonathan et le jeune homme qui portait ses armes manquaient. 18 Saül dit à Ahiya : Apportez l’éphod[ad] !

Car le prêtre portait en ce temps-là l’éphod devant les Israélites.

19 Pendant que Saül parlait au prêtre, le désordre augmentait dans le camp des Philistins. Alors Saül dit au prêtre : Cela suffit ! Retire ta main.

20 Saül et ses hommes se rassemblèrent et s’avancèrent sur le champ de bataille. Et que virent-ils ? Leurs ennemis étaient en train de s’entretuer à coups d’épée dans une mêlée indescriptible. 21 Les Hébreux qui, depuis longtemps, étaient au service des Philistins et qui participaient à leurs expéditions, firent volte-face et passèrent du côté des Israélites qui étaient avec Saül et Jonathan. 22 De même, tous les Israélites qui s’étaient cachés dans la région montagneuse d’Ephraïm apprirent la défaite des Philistins et se mirent, eux aussi, à les talonner pour les combattre. 23 Ainsi, ce jour-là, l’Eternel accorda la délivrance à Israël et le combat se poursuivit jusqu’au-delà de Beth-Aven.

Le serment insensé

24 Les hommes d’Israël étaient exténués car Saül les avait placés sous cette imprécation : Maudit soit l’homme qui prendra de la nourriture avant le soir, avant que je me sois vengé de mes ennemis !

Personne n’avait donc rien mangé. 25 Toute l’armée avait atteint un bois où du miel coulait jusque sur le sol. 26 En arrivant, les hommes virent bien ce miel qui ruisselait des rayons, mais aucun d’eux n’osa y toucher et en porter à sa bouche par respect du serment. 27 Toutefois Jonathan, qui ignorait que son père avait fait prêter serment à tout le peuple, tendit le bâton qu’il tenait en main et en trempa le bout dans le rayon de miel, puis il le porta à sa bouche. Immédiatement, ses yeux s’éclaircirent. 28 A ce moment, l’un des soldats l’avertit en disant : Ton père a adjuré le peuple par un serment en disant : « Maudit soit l’homme qui prendra aujourd’hui de la nourriture ! » C’est pour cela que tous sont épuisés.

29 Jonathan déclara : Mon père fait le malheur du pays. Voyez donc comme ma vue s’est éclaircie depuis que j’ai mangé un peu de ce miel. 30 Ah ! si nos hommes avaient mangé aujourd’hui de la nourriture qu’ils ont trouvée chez nos ennemis, la défaite des Philistins serait bien plus grande !

31 Les Israélites battirent ce jour-là les Philistins depuis Mikmas jusqu’à Ayalôn[ae], ensuite les hommes étaient si épuisés 32 qu’ils se ruèrent sur le butin, ils prirent des moutons, des bœufs et des veaux, les égorgèrent sur place et les mangèrent avec le sang. 33 On vint dire à Saül que les hommes étaient en train de commettre une faute contre l’Eternel en mangeant des bêtes avec le sang. Alors le roi s’écria : Vous êtes des infidèles ! Roulez immédiatement vers moi une grande pierre[af] ! 34 Puis il ajouta : Répandez-vous dans l’armée et dites à chacun de venir m’amener son bœuf ou son mouton et de l’égorger ici. Ensuite vous en mangerez et vous ne commettrez plus de faute contre l’Eternel en mangeant ces bêtes avec le sang !

Chacun amena donc pendant la nuit le bétail qu’il avait sous la main et on l’égorgea en cet endroit. 35 Saül bâtit un autel à l’Eternel. Ce fut le premier qu’il édifia en son honneur.

36 Saül proposa : Descendons cette nuit derrière les Philistins et pillons-les jusqu’à l’aube. Nous ne laisserons pas de survivants.

Les soldats lui dirent : Fais comme tu le juges bon.

Alors le prêtre intervint en disant : Consultons d’abord Dieu ici.

37 Saül interrogea Dieu : Descendrai-je à la poursuite des Philistins ? Les livreras-tu en notre pouvoir ?

Mais Dieu ne lui répondit pas ce jour-là. 38 Alors Saül convoqua tous les chefs du peuple auprès de lui et leur dit : Faites des recherches et tâchez de savoir quelle faute a été commise aujourd’hui ! 39 Aussi vrai que l’Eternel qui vient de délivrer Israël est vivant, je jure que le coupable mourra, même s’il s’agissait de mon fils Jonathan.

Mais personne dans tout le peuple ne lui répondit mot.

40 Alors il dit : Mettez-vous tous d’un côté, et mon fils Jonathan et moi-même, nous nous mettrons de l’autre.

– Fais comme tu le juges bon, lui répondirent ses soldats.

41 Saül dit à l’Eternel : Dieu d’Israël, [pourquoi n’as-tu pas répondu à ton serviteur aujourd’hui ? Si la faute se trouve en moi-même ou en mon fils Jonathan, réponds par l’ourim ; si elle se trouve dans l’armée, réponds par le toummim[ag].]

Dans sa réponse, Dieu désigna Saül et Jonathan. Ainsi le peuple fut mis hors de cause. 42 Alors Saül ordonna : Jetez le sort pour déterminer s’il s’agit de moi ou de mon fils Jonathan[ah] !

Et le sort tomba sur Jonathan. 43 Alors Saül lui demanda : Qu’as-tu fait ? Avoue-le-moi !

Et Jonathan lui déclara : J’ai goûté un peu de miel avec le bâton que j’avais en main. Me voici prêt à mourir.

44 Saül s’écria : Oui, certainement, tu seras puni de mort, Jonathan ! Que Dieu me punisse très sévèrement si je te laisse en vie.

45 Mais les soldats intervinrent et dirent : Comment ! Jonathan mourrait alors que c’est lui qui est à l’origine de cette grande victoire pour Israël ! Sûrement pas ! Aussi vrai que l’Eternel est vivant, nous ne permettrons pas qu’un seul cheveu tombe de sa tête, car ce qu’il a fait aujourd’hui, c’est avec l’aide de Dieu qu’il l’a réalisé.

Ainsi, l’intervention du peuple sauva Jonathan et il ne fut pas mis à mort. 46 Saül abandonna la poursuite des Philistins, et ceux-ci regagnèrent leur pays.

Les victoires militaires de Saül

47 Une fois que Saül eut reçu la royauté sur Israël, il fit la guerre à tous les ennemis d’alentour : aux Moabites, aux Ammonites, aux Edomites, aux rois[ai] de Tsoba[aj] et aux Philistins ; partout où il se tournait, il les malmenait. 48 Il signala sa bravoure en battant les Amalécites et en délivrant Israël de ceux qui le pillaient.

49 Saül avait des fils : Jonathan, Yishvi et Malkishoua[ak], ainsi que deux filles : Mérab, l’aînée, et Mikal, la cadette[al]. 50 Sa femme s’appelait Ahinoam, elle était fille d’Ahimaats. Le général en chef de son armée était Abner, le fils de son oncle Ner. 51 Ner, comme Qish le père de Saül, était fils d’Abiel. 52 La guerre contre les Philistins se poursuivit avec acharnement pendant toute la vie de Saül. Dès que celui-ci remarquait un homme fort et courageux, il l’enrôlait dans son armée.

La guerre contre les Amalécites et la nouvelle désobéissance de Saül

15 Un jour, Samuel dit à Saül : C’est moi que l’Eternel a envoyé pour te conférer l’onction qui t’a établi roi de son peuple, Israël. Maintenant donc, écoute les paroles de l’Eternel. Voici ce que déclare l’Eternel, le Seigneur des armées célestes : « J’ai décidé de punir les Amalécites pour ce qu’ils ont fait au peuple d’Israël, en se mettant en travers de sa route quand il venait d’Egypte[am]. Maintenant, va les attaquer et voue-les moi[an] en les exterminant totalement avec tout ce qui leur appartient. Sois sans pitié et fais périr hommes et femmes, enfants et bébés, bœufs, moutons, chèvres, chameaux et ânes. »

Saül mobilisa son armée et la passa en revue à Telaïm ; il compta deux cent mille soldats des provinces du Nord et dix mille hommes de Juda[ao]. Il les conduisit jusqu’à la ville d’Amalec et plaça une embuscade dans le ravin. Puis il fit dire aux Qéniens : Partez, séparez-vous des Amalécites pour que je ne vous fasse pas subir le même sort qu’à eux, car vous avez été bons envers les Israélites quand ils venaient d’Egypte.

Les Qéniens se retirèrent donc du milieu des Amalécites[ap].

Saül battit Amalec depuis Havila jusqu’aux abords de Shour à l’est de l’Egypte[aq]. Il captura Agag, roi d’Amalec, vivant, et extermina toute la population par l’épée. Saül et ses soldats épargnèrent Agag ainsi que les meilleurs animaux du butin : moutons, chèvres et bœufs, bêtes grasses et agneaux ; ils ne voulurent pas les détruire pour les vouer à l’Eternel. Par contre, ils détruisirent tout ce qui était méprisable et sans valeur.

L’Eternel rejette Saül

10 L’Eternel parla à Samuel et lui dit : 11 Je décide d’annuler ce que j’ai fait en établissant Saül roi, car il s’est détourné de moi et il n’a pas tenu compte de mes ordres.

Samuel en fut bouleversé et il implora l’Eternel toute la nuit. 12 Le lendemain matin, il partit trouver Saül. En chemin, il apprit que celui-ci s’était rendu à Karmel[ar] pour y ériger un mémorial, puis qu’il était reparti en direction de Guilgal. 13 Finalement, Samuel le rejoignit[as]. Saül l’aborda par ces mots : Que l’Eternel te bénisse ! J’ai exécuté l’ordre de l’Eternel.

14 Mais Samuel lui demanda : D’où viennent donc ces bêlements de moutons qui résonnent à mes oreilles et ces mugissements de bœufs que j’entends ?

15 Saül répondit : Ils les ont ramenés de chez les Amalécites, car les soldats ont épargné les meilleures bêtes parmi les moutons et les bœufs pour les offrir en sacrifice à l’Eternel ton Dieu ; le reste nous l’avons totalement détruit.

16 – Assez, interrompit Samuel. Je vais t’apprendre ce que l’Eternel m’a dit cette nuit.

– Parle, lui dit Saül.

17 Et Samuel lui déclara : Alors que tu te considérais comme un personnage peu important, tu es devenu le chef des tribus d’Israël et l’Eternel t’a oint pour t’établir roi d’Israël. 18 Il t’a envoyé en campagne avec cet ordre précis : « Va et détruis les Amalécites pour me les vouer, ce peuple de pécheurs, en les combattant jusqu’à leur totale extermination. »

19 Alors pourquoi n’as-tu pas obéi à l’ordre de l’Eternel ? Pourquoi as-tu fait ce qu’il considère comme mal en te précipitant sur le butin ?

20 Saül répliqua : Mais si, j’ai obéi à l’ordre de l’Eternel et j’ai accompli la mission qu’il m’avait confiée : j’ai ramené Agag, roi d’Amalec, et j’ai exterminé les Amalécites pour les vouer à l’Eternel. 21 Mais les soldats ont prélevé sur le butin les meilleurs moutons et les meilleurs bœufs qui devaient être voués à l’Eternel par destruction, pour les offrir en sacrifice à l’Eternel ton Dieu à Guilgal.

L’obéissance vaut mieux que les sacrifices

22 Samuel lui dit alors :

Les holocaustes et les sacrifices
font-ils autant plaisir à l’Eternel
que l’obéissance à ses ordres ?
Non ! Car l’obéissance ╵est préférable aux sacrifices,
la soumission vaut mieux ╵que la graisse des béliers.
23 Car l’insoumission est aussi coupable ╵que le péché de divination
et la désobéissance aussi grave ╵que le péché d’idolâtrie.
Puisque tu as rejeté les ordres de
l’Eternel,
lui aussi te rejette et te retire la
royauté.

24 Alors Saül répondit à Samuel : J’ai péché, car j’ai transgressé l’ordre de l’Eternel et tes instructions, parce que j’ai eu peur de mécontenter mes soldats, et j’ai cédé à leurs demandes. 25 A présent, je t’en prie, pardonne ma faute ; et reviens avec moi pour que je me prosterne devant l’Eternel.

26 – Non, répliqua Samuel. Je n’irai pas avec toi, car tu as rejeté les ordres de l’Eternel, c’est pourquoi l’Eternel te rejette aussi et te retire la royauté sur Israël.

27 Comme Samuel se retournait pour partir, Saül le saisit par le pan de son manteau et le morceau fut arraché. 28 Alors Samuel lui déclara : C’est ainsi que l’Eternel t’arrache aujourd’hui la royauté d’Israël pour la donner à un autre qui est meilleur que toi. 29 Sois-en certain : Celui qui est la gloire d’Israël ne ment pas et ne se rétractera pas, car il n’est pas comme un être humain pour se rétracter.

30 Saül répéta : J’ai péché ! Toutefois, en ce moment, je t’en supplie, continue à m’honorer devant les responsables de mon peuple et devant Israël. Reviens avec moi et je me prosternerai devant l’Eternel ton Dieu !

31 A la fin, Samuel l’accompagna et Saül se prosterna devant l’Eternel. 32 Samuel ordonna : Amenez-moi Agag, roi d’Amalec !

Celui-ci arriva d’un air content[at], car il se disait : « Certainement l’amertume de la mort s’est éloignée. »

33 Mais Samuel lui déclara : Ton épée a privé bien des femmes de leurs enfants, à présent c’est ta mère qui sera privée de son fils !

Et Samuel exécuta Agag devant l’Eternel à Guilgal.

34 Puis il retourna à Rama, et Saül rentra chez lui à Guibéa de Saül.

35 Samuel n’alla plus voir Saül jusqu’au jour de sa mort ; mais il était dans l’affliction à son sujet parce que l’Eternel avait décidé d’annuler ce qu’il avait fait en l’établissant roi sur Israël.

L’Eternel fait oindre un nouveau roi et lui donne son Esprit

16 L’Eternel dit à Samuel : Combien de temps encore vas-tu pleurer sur Saül, alors que moi, je l’ai rejeté pour lui retirer la royauté sur Israël ? Remplis ta corne d’huile et va à Bethléhem[au], je t’envoie chez Isaï[av], car je me suis choisi pour moi un roi parmi ses fils.

Samuel répondit : Comment puis-je faire cela ? Saül l’apprendra et il me fera mourir !

L’Eternel lui dit : Tu emmèneras une génisse et tu diras que tu vas m’offrir un sacrifice. Tu inviteras Isaï à y assister et je t’indiquerai alors ce que tu devras faire. Tu conféreras de ma part l’onction à celui que je te désignerai.

Samuel fit ce que l’Eternel lui avait ordonné. Lorsqu’il arriva à Bethléhem, les responsables de la ville, inquiets, vinrent au-devant de lui et lui demandèrent : Ta venue annonce-t-elle quelque chose de bon ?

– Oui, répondit-il, c’est quelque chose de bon : je suis venu offrir un sacrifice à l’Eternel. Purifiez-vous et venez ensuite avec moi au sacrifice.

Il demanda également à Isaï et ses fils de se purifier en les invitant à prendre part au repas du sacrifice.

A leur arrivée, il remarqua Eliab et se dit : Certainement, c’est celui qui se tient maintenant devant l’Eternel qu’il a choisi pour lui donner l’onction.

Mais l’Eternel lui dit : Ne te laisse pas impressionner par son apparence physique et sa taille imposante, car ce n’est pas lui que j’ai choisi. Je ne juge pas de la même manière que les hommes. L’homme ne voit que ce qui frappe les yeux, mais l’Eternel regarde au cœur.

Ensuite Isaï appela Abinadab et le présenta à Samuel, mais il dit : L’Eternel n’a pas non plus choisi celui-ci.

Puis Isaï fit avancer Shamma. Samuel dit à nouveau : L’Eternel n’a pas non plus choisi celui-ci.

10 Isaï présenta ainsi sept fils à Samuel et celui-ci lui dit : L’Eternel n’a choisi aucun de ceux-là.

11 Puis il lui demanda : Est-ce que ce sont là tous tes garçons ?

– Non, répondit Isaï. Il reste encore le plus jeune qui garde les moutons au pâturage.

– Envoie-le chercher ! ordonna Samuel, car nous ne nous installerons pas pour le repas du sacrifice avant qu’il ne soit arrivé ici.

12 Isaï le fit donc venir. C’était un garçon aux cheveux roux, avec de beaux yeux et qui avait belle apparence. L’Eternel dit à Samuel : C’est lui. Vas-y, confère-lui l’onction.

13 Samuel prit la corne pleine d’huile et il en oignit David en présence de sa famille. L’Esprit de l’Eternel tomba sur David et demeura sur lui à partir de ce jour-là et dans la suite. Après cela, Samuel se remit en route et retourna à Rama.

L’Eternel retire son Esprit à Saül

14 L’Esprit de l’Eternel se retira de Saül, tandis qu’un mauvais esprit envoyé par l’Eternel se mit à le tourmenter. 15 Les serviteurs de Saül lui dirent : Voilà qu’un mauvais esprit envoyé par Dieu te tourmente. 16 Il te suffit, notre seigneur, de dire un mot et tes serviteurs ici présents te chercheront quelqu’un qui sache jouer de la lyre. Quand le mauvais esprit de Dieu t’assaillira, le musicien jouera de son instrument et cela te soulagera.

17 Saül répondit : D’accord, cherchez-moi donc un bon musicien et amenez-le-moi !

18 L’un des serviteurs dit alors : J’ai justement remarqué un fils d’Isaï de Bethléhem, qui sait jouer de la lyre. C’est aussi un brave guerrier. De plus, il s’exprime bien, il a belle apparence et l’Eternel est avec lui.

19 Saül envoya alors des messagers à Isaï avec cet ordre : Envoie-moi ton fils David, celui qui garde les moutons.

20 Isaï prit un âne qu’il chargea de pains, d’une outre de vin et d’un chevreau et il envoya ces présents à Saül par son fils David. 21 Quand celui-ci arriva chez Saül, il entra à son service ; Saül le prit en affection et lui confia le soin de porter ses armes. 22 Il envoya dire à Isaï : J’apprécie beaucoup David. Qu’il reste donc à mon service !

23 Dès lors, chaque fois que le mauvais esprit venu de Dieu assaillait Saül, David prenait sa lyre et en jouait. Alors Saül se calmait et se sentait mieux, et le mauvais esprit le quittait.

Goliath défie l’armée d’Israël

17 Les Philistins mobilisèrent leurs troupes pour une expédition guerrière, ils se rassemblèrent à Soko en Juda et dressèrent leur camp entre Soko et Azéqa[aw], à Ephès-Dammim.

Saül, de son côté, rassembla les hommes d’Israël et ils campèrent dans la vallée du Chêne. C’est là qu’ils prirent position en ordre de bataille face aux Philistins[ax]. Ceux-ci occupaient un versant de la montagne, et les Israélites le versant de montagne qui lui faisait face ; la vallée séparait les deux armées.

Alors un champion sortit du camp des Philistins et s’avança vers Israël. C’était un géant mesurant près de trois mètres, nommé Goliath, originaire de Gath[ay]. Il était revêtu d’un casque de bronze et d’une cuirasse à écailles en bronze pesant une soixantaine de kilos. Ses jambes étaient protégées par des plaques de bronze et il portait en bandoulière sur ses épaules un javelot de bronze. Le bois de sa lance avait la grosseur d’un cylindre de métier à tisser, le fer de lance à lui seul pesait près de sept kilos. Il était précédé d’un homme qui portait son bouclier.

Il se campa face aux troupes israélites, et leur cria : Pourquoi vous êtes-vous rangés en ordre de combat ? Moi, je suis le Philistin, et vous, les esclaves de Saül. Choisissez parmi vous un homme, et qu’il m’affronte en combat singulier ! S’il peut me battre et qu’il me tue, alors nous vous serons assujettis. Mais si c’est moi le vainqueur et si je le tue, c’est vous qui nous serez assujettis et vous serez nos esclaves. 10 Puis il ajouta : Je lance aujourd’hui ce défi à l’armée d’Israël. Envoyez-moi un homme et nous nous affronterons en combat singulier.

11 Quand Saül et toute son armée entendirent ces paroles du Philistin, ils furent démoralisés et une grande peur s’empara d’eux.

David se rend au campement de l’armée israélite

12 Or, David était fils d’un Ephratien de Bethléhem en Juda nommé Isaï et qui avait huit fils. Au temps de Saül, Isaï était très âgé. 13 Ses trois fils aînés avaient suivi Saül à la guerre : l’aîné s’appelait Eliab, le second Abinadab et le troisième Shamma. 14 Quant à David, c’était le plus jeune. Lorsque les trois aînés eurent suivi Saül, 15 David faisait le va-et-vient entre le camp de Saül et Bethléhem pour y garder les moutons de son père.

16 Chaque matin et chaque soir, le Philistin venait se présenter en face de l’armée d’Israël et cela depuis quarante jours. 17 C’est à cette époque qu’Isaï dit à son fils David : Prends cette mesure de grains rôtis et ces dix pains et porte-les vite au camp pour tes frères. 18 Emporte aussi ces dix fromages, tu les donneras au chef de leur « millier ». Tu verras si tes frères se portent bien et tu me rapporteras de leur part un gage. 19 Tu les trouveras avec Saül et toute l’armée d’Israël dans la vallée du Chêne, face aux Philistins.

20 Le lendemain de bon matin, David confia ses moutons à quelqu’un pour les garder, il prit ses provisions et partit comme Isaï le lui avait ordonné. Quand il arriva au campement, l’armée était en train de prendre position pour la bataille en lançant le cri de guerre.

21 Israélites et Philistins se rangèrent en ordre de bataille face à face. 22 David déposa son chargement et le confia au gardien des bagages, puis il courut au front. Aussitôt arrivé, il vint demander de leurs nouvelles à ses frères. 23 Pendant qu’il parlait avec eux, Goliath, le champion des Philistins, originaire de Gath, sortit de leurs rangs[az] et lança son défi habituel. David l’entendit. 24 A la vue de cet homme, tous les soldats d’Israël s’enfuirent terrorisés.

25 – L’avez-vous vu s’avancer contre nous ? dit l’un d’eux. Il vient encore insulter Israël. Celui qui le tuera, recevra de grandes richesses de la part du roi qui lui donnera en plus sa propre fille en mariage et exonérera toute sa famille d’impôts.

26 David demanda aux hommes qui se tenaient autour de lui : Qu’est-ce que l’on donnera à celui qui abattra ce Philistin et qui lavera le peuple d’Israël de la honte qui lui est infligée ? Qu’est donc cet incirconcis de Philistin, pour oser insulter les bataillons du Dieu vivant ?

27 On répéta à David ce qui était promis comme récompense à celui qui tuerait le géant. 28 Lorsque son frère aîné Eliab l’entendit discuter avec les soldats, il se mit en colère contre lui et lui dit : Que viens-tu faire ici ? A qui as-tu laissé nos quelques moutons dans la steppe ? Je te connais bien, moi, petit prétentieux ! Je sais quelles mauvaises intentions tu as dans ton cœur ! Tu n’es venu que pour voir la bataille !

29 David lui répondit : Eh ! Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? Est-ce que je n’ai plus le droit de parler maintenant ?

30 Puis, il tourna le dos à son frère et alla se renseigner auprès d’un autre soldat, et on lui fit la même réponse que la première fois.

David se propose pour relever le défi

31 Ce que David avait dit se propagea rapidement et parvint jusqu’aux oreilles de Saül qui, aussitôt, le fit venir.

32 David lui dit : Que personne ne perde courage à cause de ce Philistin ! Moi, ton serviteur, j’irai et je le combattrai.

33 Mais Saül lui répondit : Tu ne peux pas aller lutter contre ce Philistin. Tu n’es qu’un gamin, alors que lui, c’est un homme de guerre depuis sa jeunesse.

34 David répondit à Saül : Quand ton serviteur gardait les moutons de son père et qu’un lion ou même un ours[ba] survenait pour emporter une bête du troupeau, 35 je courais après lui, je l’attaquais et j’arrachais la bête de sa gueule ; et si le fauve se dressait contre moi, je le prenais par son poil et je le frappais jusqu’à ce qu’il soit mort. 36 Puisque ton serviteur a tué des lions et même des ours, il abattra bien cet incirconcis de Philistin comme l’un d’eux, car il a insulté les bataillons du Dieu vivant.

37 Puis David ajouta : L’Eternel qui m’a délivré de la griffe du lion et de l’ours me délivrera aussi de ce Philistin.

Finalement, Saül dit à David : Vas-y donc et que l’Eternel soit avec toi !

38 Puis il lui fit revêtir sa propre armure, il lui fit mettre un casque de bronze et endosser sa cuirasse.

39 Par-dessus son équipement, David ceignit aussi l’épée de Saül, puis il essaya de marcher, mais il n’y parvint pas, car il n’en avait pas l’habitude. Alors il dit à Saül : Je ne peux pas marcher avec tout cet équipement, car je n’y suis pas entraîné.

Puis il se débarrassa de tout. 40 Il prit son bâton en main et choisit, dans le torrent, cinq cailloux bien lisses qu’il mit dans le sac de berger qui lui servait de besace et, sa fronde à la main, il s’avança vers le Philistin.

La victoire de David sur Goliath

41 Celui-ci, précédé de son porte-bouclier, s’avança vers David. 42 Il l’examina et, lorsqu’il vit devant lui un jeune homme roux et de belle figure, il le regarda avec mépris 43 et lui lança : Est-ce que tu me prends pour un chien pour venir contre moi avec un bâton ?

Puis il le maudit par ses dieux.

44 – Approche un peu, ajouta-t-il, pour que je donne ta chair à manger aux oiseaux du ciel et aux bêtes des champs !

45 A quoi David répondit : Tu marches contre moi avec l’épée, la lance et le javelot, et moi je marche contre toi au nom de l’Eternel, le Seigneur des armées célestes, le Dieu des bataillons d’Israël, que tu as insulté. 46 Aujourd’hui même, l’Eternel me donnera la victoire sur toi, je t’abattrai, je te couperai la tête et, avant ce soir, je donnerai les cadavres des soldats philistins à manger aux oiseaux du ciel et aux bêtes sauvages de la terre. Alors toute la terre saura qu’Israël a un Dieu. 47 Et toute cette multitude assemblée saura que ce n’est ni par l’épée ni par la lance que l’Eternel délivre. Car l’issue de cette bataille dépend de lui, et il vous livre en notre pouvoir.

48 Aussitôt, le Philistin se remit à avancer en direction de David qui, de son côté, se hâta de courir vers la ligne ennemie au-devant du Philistin. 49 David plongea la main dans son sac, en tira un caillou, et le lança avec sa fronde : il atteignit le Philistin en plein front. La pierre pénétra dans son crâne et il s’écroula, la face contre terre. 50 Ainsi, sans épée, avec sa fronde et une pierre, David triompha du Philistin en le frappant mortellement. 51 Alors il se précipita sur son adversaire, saisit l’épée de celui-ci, la tira de son fourreau, acheva l’homme ; puis il lui trancha la tête.

Quand les Philistins virent que leur héros était mort, ils prirent la fuite. 52 Les soldats d’Israël et de Juda s’élancèrent en poussant des cris de guerre et poursuivirent les Philistins jusqu’aux abords de la vallée[bb] et jusqu’aux portes d’Eqrôn. Les cadavres des ennemis jonchèrent la route de Shaaraïm jusqu’à Gath et Eqrôn. 53 Au retour de cette poursuite acharnée, les Israélites pillèrent le camp des Philistins. 54 David prit la tête du Philistin et la fit porter à Jérusalem. Il déposa ses armes dans sa propre tente.

55 Lorsque Saül avait vu David s’avancer à la rencontre du Philistin, il avait demandé à son général Abner : De qui ce jeune homme est-il fils, Abner ?

Abner répondit : Aussi vrai que tu es vivant, ô Roi, je n’en sais rien.

56 – Alors, ordonna Saül, informe-toi donc pour savoir qui est le père de ce jeune homme.

57 Quand David fut de retour au camp après avoir tué le Philistin, Abner le prit et le conduisit devant Saül. David tenait encore en main la tête du Philistin. 58 Quand Saül lui demanda : De qui es-tu le fils, mon garçon ?

David lui répondit : Je suis fils de ton serviteur Isaï de Bethléhem.

Le pacte d’amitié entre Jonathan et David

18 Quand David eut terminé de parler avec Saül, Jonathan s’était profondément attaché à David et s’était mis à l’aimer comme lui-même. Saül ne le laissa pas retourner dans la maison de son père ce jour-là, il le prit chez lui. Jonathan conclut un pacte d’amitié avec David parce qu’il l’aimait comme lui-même. Il enleva son manteau et le donna à David, il lui offrit aussi son équipement et jusqu’à son épée, son arc et son ceinturon. Chaque fois que Saül l’envoyait en expédition militaire, David accomplissait sa mission avec succès, de sorte que le roi lui confia le commandement de ses troupes de choc. Il était estimé de tout le peuple ainsi que des ministres de Saül.

Saül devient jaloux de David

Lorsqu’ils étaient revenus de la guerre, après que David eut tué le Philistin, les femmes étaient sorties de toutes les villes d’Israël à la rencontre du roi Saül en chantant, en dansant et en poussant des cris de joie au son de tambourins et de cymbales. Elles chantaient en chœurs alternés, tout en dansant :

Saül a vaincu ses milliers
et David ses dizaines de milliers.

Saül le prit très mal et se mit dans une grande colère.

– Elles en attribuent dix mille à David, dit-il, et à moi seulement mille ! Il ne lui manque plus que la royauté !

A partir de ce moment-là, Saül regarda David d’un mauvais œil.

10 Dès le lendemain, un mauvais esprit envoyé par Dieu s’empara de Saül, de sorte qu’il entra dans un état d’exaltation au milieu de sa maison. Comme les autres jours, David jouait de son instrument. Saül avait sa lance en main. 11 Soudain, il la lança en se disant : Je vais le clouer contre la paroi.

Mais, par deux fois, David esquiva le coup.

12 A partir de ce jour-là, Saül craignit David, car l’Eternel était avec David alors qu’il s’était retiré de lui. 13 C’est pourquoi Saül l’écarta d’auprès de lui et le nomma commandant d’un « millier » d’hommes. Ainsi David entreprenait des expéditions militaires à la tête de ses hommes. 14 Il réussissait dans tout ce qu’il entreprenait, car l’Eternel était avec lui. 15 Lorsque Saül constata ses grands succès, sa peur ne fit qu’augmenter. 16 Par contre, tout Israël et tout Juda aimaient David, car il marchait à la tête de leurs soldats dans les expéditions militaires.

David devient le gendre du roi

17 Un jour, Saül dit à David : Je suis prêt à te donner ma fille aînée Mérab en mariage à condition que tu me serves vaillamment et que tu livres les combats de l’Eternel.

Il se disait : Il vaut mieux que ce ne soit pas moi-même qui attente à sa vie, mais plutôt les Philistins !

18 David lui répondit : Qui suis-je et que vaut ma vie, de quelle importance est la famille de mon père en Israël, pour que je devienne le gendre du roi ?

19 Mais, quand vint le moment où Mérab, la fille de Saül, devait être donnée à David, Saül la donna à Adriel de Mehola.

Footnotes

  1. 11.1 Ces mots se trouvent dans le manuscrit hébreu de Qumrân, mais pas dans le texte hébreu traditionnel.
  2. 11.1 Les Ammonites étaient des descendants de Loth (Gn 19.38 ; Dt 2.19) établis à l’est du Jourdain près du cours supérieur du Yabboq (Dt 2.37 ; Jos 12.2). Ils avaient déjà tenté d’envahir le territoire d’Israël au temps des « juges » (Jg 3.13 ; 11.4-33).
  3. 11.1 Situé à l’est du Jourdain dans le territoire attribué à la demi-tribu de Manassé.
  4. 11.2 Voir note Jg 1.6.
  5. 11.8 Au nord de Sichem, à 70 kilomètres au nord de Jérusalem, à l’ouest du Jourdain, mais relativement près de Yabesh en Galaad.
  6. 11.14 Voir note 10.8.
  7. 12.6 Voir Ex 6.26.
  8. 12.8 Voir Ex 2.23.
  9. 12.9 Voir Jg 4.
  10. 12.10 Voir Jg 10.10-15.
  11. 12.11 Autre nom de Gédéon (Jg 6.32). Voir Jg 6 à 8.
  12. 12.11 Voir Jg 4.6. D’après certains manuscrits de l’ancienne version grecque et la version syriaque ; le texte hébreu traditionnel a : Bedan.
  13. 12.11 Voir Jg 11.
  14. 12.11 Certains manuscrits de l’ancienne version grecque et la version syriaque ont : Samson.
  15. 12.17 C’est-à-dire entre mi-avril et mi-juin. La pluie est rare en Israël à cette époque de l’année.
  16. 13.1 Les mots entre crochets manquent dans le texte hébreu traditionnel. Trente est rajouté d’après certains manuscrits de l’ancienne version grecque, et quarante d’après Ac 13.21. On pourrait aussi comprendre : quand il eut régné deux ans, il sélectionna…
  17. 13.2 Située à 12 kilomètres au nord de Jérusalem, sur une chaîne de collines s’étendant au nord-ouest jusqu’à Béthel, ce qui explique la suite du verset. Guibéa se trouvait au sud-ouest.
  18. 13.3 L’ancienne version grecque a : Guibéa.
  19. 13.4 Lieu de rassemblement convenu avec Samuel (10.8). Voir Jos 9.6 et note 1 S 10.8.
  20. 13.5 D’après certains manuscrits de l’ancienne version grecque et la version syriaque. Le texte hébreu traditionnel a : trente mille chars.
  21. 13.8 Voir 10.8.
  22. 13.14 Voir Ac 13.22.
  23. 13.15 L’ancienne version grecque et deux manuscrits de l’ancienne version latine ont : Samuel s’en alla de Guilgal. Le reste du peuple quitta Guilgal et suivit Saül pour aller rejoindre l’armée, à Guibéa de Benjamin.
  24. 13.17 A l’est de Béthel, donc du côté de Mikmas.
  25. 13.18 A l’ouest de Mikmas (voir Jos 16.3, 5).
  26. 13.18 Au sud-est de Mikmas.
  27. 13.22 Les Israélites combattaient avec des arcs, des flèches et des frondes.
  28. 13.23 Un défilé étroit au nord de Guibéa où se trouvaient les rochers escarpés mentionnés en 14.4-5 qui formaient des observatoires naturels.
  29. 14.3 Qui contenait l’ourim et le toummim servant à consulter Dieu (v. 18 et 36-42).
  30. 14.18 D’après l’ancienne version grecque ; le texte hébreu traditionnel parle du coffre de Dieu. L’expression de la fin du v. 19 montre qu’il s’agit bien de l’éphod.
  31. 14.31 A quelque 25 kilomètres à l’ouest de Mikmas.
  32. 14.33 Voir Lv 17.10-14 ; 19.26.
  33. 14.41 Les mots entre crochets se trouvent seulement dans l’ancienne version grecque et la Vulgate. Le texte hébreu traditionnel dit simplement : fais connaître la vérité. Sur l’ourim et le toummim, voir Ex 28.30.
  34. 14.42 L’ancienne version grecque ajoute : Celui que l’Eternel désignera mourra. » Le peuple protesta en disant à Saül : « Jamais ! Cela ne se fera pas ! » Mais Saül s’obstina et fit prévaloir sa volonté sur celle de ses hommes et l’on tira au sort entre lui et son fils Jonathan.
  35. 14.47 Selon le texte hébreu traditionnel. Le texte hébreu de Qumrân et l’ancienne version grecque ont le singulier.
  36. 14.47 Sans doute une région de Syrie (voir 2 S 10.6).
  37. 14.49 Voir 2 S 2.8, 10 ; 1 Ch 8.33 ; 9.39 ; 10.2.
  38. 14.49 Voir 18.17, 20, 27 ; 19.11-17 ; 25.44 ; 2 S 6.16-23.
  39. 15.2 Voir Ex 17.8-16.
  40. 15.3 Voir Lv 27.28-29.
  41. 15.4 Il pourrait s’agir de deux cents « milliers » de soldats et de dix « milliers » d’hommes de Juda (voir note 8.12).
  42. 15.6 Voir Jg 4.11 et note.
  43. 15.7 Shour est situé sur la frontière orientale de l’Egypte (27.8 ; Gn 16.7 ; 20.1). Havila semble s’appliquer à toute la région du désert au sud-est du pays d’Israël (voir Gn 25.18).
  44. 15.12 Localité de Juda située à une douzaine de kilomètres au sud d’Hébron (voir 25.2 ; Jos 15.55).
  45. 15.13 L’ancienne version grecque ajoute ici : pendant qu’il offrait des holocaustes à l’Eternel, pris sur le butin qu’il avait ramené d’Amalec.
  46. 15.32 Autres traductions : plein d’assurance ou en tremblant.
  47. 16.1 Ville de Juda à 7 kilomètres de Jérusalem, connue sous le nom d’Ephrata (Gn 48.7) et appelée plus tard la ville de David (Lc 2.4) où naîtra le Christ (Mi 5.1 ; Mt 2.1).
  48. 16.1 Appelé aussi Jessé dans certaines traductions de la Bible.
  49. 17.1 Deux localités situées sur le versant ouest des monts de Judée, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Jérusalem, non loin de Gath.
  50. 17.2 C’est-à-dire à une vingtaine de kilomètres de Bethléhem.
  51. 17.4 Goliath était un descendant des Anaqim, qui furent presque entièrement exterminés par Josué, mais dont quelques survivants restaient à Gaza, Ashkelôn et Gath d’où Goliath était originaire (Nb 13.32-33 ; Jos 11.21-22).
  52. 17.23 Selon une note en marge du texte hébreu traditionnel qui a : des cavernes.
  53. 17.34 Pour la présence de ces fauves dans le pays, voir 2 S 17.8 ; 23.20 ; Jg 14.5-18 ; 1 R 13.24-26 ; 2 R 2.24 ; Am 3.12 ; 5.19.
  54. 17.52 L’ancienne version grecque a : de Gath.