Goliath défie l’armée d’Israël

17 Les Philistins mobilisèrent leurs troupes pour une expédition guerrière, ils se rassemblèrent à Soko en Juda et dressèrent leur camp entre Soko et Azéqa[a], à Ephès-Dammim.

Saül, de son côté, rassembla les hommes d’Israël et ils campèrent dans la vallée du Chêne. C’est là qu’ils prirent position en ordre de bataille face aux Philistins[b]. Ceux-ci occupaient un versant de la montagne, et les Israélites le versant de montagne qui lui faisait face ; la vallée séparait les deux armées.

Alors un champion sortit du camp des Philistins et s’avança vers Israël. C’était un géant mesurant près de trois mètres, nommé Goliath, originaire de Gath[c]. Il était revêtu d’un casque de bronze et d’une cuirasse à écailles en bronze pesant une soixantaine de kilos. Ses jambes étaient protégées par des plaques de bronze et il portait en bandoulière sur ses épaules un javelot de bronze. Le bois de sa lance avait la grosseur d’un cylindre de métier à tisser, le fer de lance à lui seul pesait près de sept kilos. Il était précédé d’un homme qui portait son bouclier.

Il se campa face aux troupes israélites, et leur cria : Pourquoi vous êtes-vous rangés en ordre de combat ? Moi, je suis le Philistin, et vous, les esclaves de Saül. Choisissez parmi vous un homme, et qu’il m’affronte en combat singulier ! S’il peut me battre et qu’il me tue, alors nous vous serons assujettis. Mais si c’est moi le vainqueur et si je le tue, c’est vous qui nous serez assujettis et vous serez nos esclaves. 10 Puis il ajouta : Je lance aujourd’hui ce défi à l’armée d’Israël. Envoyez-moi un homme et nous nous affronterons en combat singulier.

11 Quand Saül et toute son armée entendirent ces paroles du Philistin, ils furent démoralisés et une grande peur s’empara d’eux.

David se rend au campement de l’armée israélite

12 Or, David était fils d’un Ephratien de Bethléhem en Juda nommé Isaï et qui avait huit fils. Au temps de Saül, Isaï était très âgé. 13 Ses trois fils aînés avaient suivi Saül à la guerre : l’aîné s’appelait Eliab, le second Abinadab et le troisième Shamma. 14 Quant à David, c’était le plus jeune. Lorsque les trois aînés eurent suivi Saül, 15 David faisait le va-et-vient entre le camp de Saül et Bethléhem pour y garder les moutons de son père.

16 Chaque matin et chaque soir, le Philistin venait se présenter en face de l’armée d’Israël et cela depuis quarante jours. 17 C’est à cette époque qu’Isaï dit à son fils David : Prends cette mesure de grains rôtis et ces dix pains et porte-les vite au camp pour tes frères. 18 Emporte aussi ces dix fromages, tu les donneras au chef de leur « millier ». Tu verras si tes frères se portent bien et tu me rapporteras de leur part un gage. 19 Tu les trouveras avec Saül et toute l’armée d’Israël dans la vallée du Chêne, face aux Philistins.

20 Le lendemain de bon matin, David confia ses moutons à quelqu’un pour les garder, il prit ses provisions et partit comme Isaï le lui avait ordonné. Quand il arriva au campement, l’armée était en train de prendre position pour la bataille en lançant le cri de guerre.

21 Israélites et Philistins se rangèrent en ordre de bataille face à face. 22 David déposa son chargement et le confia au gardien des bagages, puis il courut au front. Aussitôt arrivé, il vint demander de leurs nouvelles à ses frères. 23 Pendant qu’il parlait avec eux, Goliath, le champion des Philistins, originaire de Gath, sortit de leurs rangs[d] et lança son défi habituel. David l’entendit. 24 A la vue de cet homme, tous les soldats d’Israël s’enfuirent terrorisés.

25 – L’avez-vous vu s’avancer contre nous ? dit l’un d’eux. Il vient encore insulter Israël. Celui qui le tuera, recevra de grandes richesses de la part du roi qui lui donnera en plus sa propre fille en mariage et exonérera toute sa famille d’impôts.

26 David demanda aux hommes qui se tenaient autour de lui : Qu’est-ce que l’on donnera à celui qui abattra ce Philistin et qui lavera le peuple d’Israël de la honte qui lui est infligée ? Qu’est donc cet incirconcis de Philistin, pour oser insulter les bataillons du Dieu vivant ?

27 On répéta à David ce qui était promis comme récompense à celui qui tuerait le géant. 28 Lorsque son frère aîné Eliab l’entendit discuter avec les soldats, il se mit en colère contre lui et lui dit : Que viens-tu faire ici ? A qui as-tu laissé nos quelques moutons dans la steppe ? Je te connais bien, moi, petit prétentieux ! Je sais quelles mauvaises intentions tu as dans ton cœur ! Tu n’es venu que pour voir la bataille !

29 David lui répondit : Eh ! Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? Est-ce que je n’ai plus le droit de parler maintenant ?

30 Puis, il tourna le dos à son frère et alla se renseigner auprès d’un autre soldat, et on lui fit la même réponse que la première fois.

David se propose pour relever le défi

31 Ce que David avait dit se propagea rapidement et parvint jusqu’aux oreilles de Saül qui, aussitôt, le fit venir.

32 David lui dit : Que personne ne perde courage à cause de ce Philistin ! Moi, ton serviteur, j’irai et je le combattrai.

33 Mais Saül lui répondit : Tu ne peux pas aller lutter contre ce Philistin. Tu n’es qu’un gamin, alors que lui, c’est un homme de guerre depuis sa jeunesse.

34 David répondit à Saül : Quand ton serviteur gardait les moutons de son père et qu’un lion ou même un ours[e] survenait pour emporter une bête du troupeau, 35 je courais après lui, je l’attaquais et j’arrachais la bête de sa gueule ; et si le fauve se dressait contre moi, je le prenais par son poil et je le frappais jusqu’à ce qu’il soit mort. 36 Puisque ton serviteur a tué des lions et même des ours, il abattra bien cet incirconcis de Philistin comme l’un d’eux, car il a insulté les bataillons du Dieu vivant.

37 Puis David ajouta : L’Eternel qui m’a délivré de la griffe du lion et de l’ours me délivrera aussi de ce Philistin.

Finalement, Saül dit à David : Vas-y donc et que l’Eternel soit avec toi !

38 Puis il lui fit revêtir sa propre armure, il lui fit mettre un casque de bronze et endosser sa cuirasse.

39 Par-dessus son équipement, David ceignit aussi l’épée de Saül, puis il essaya de marcher, mais il n’y parvint pas, car il n’en avait pas l’habitude. Alors il dit à Saül : Je ne peux pas marcher avec tout cet équipement, car je n’y suis pas entraîné.

Puis il se débarrassa de tout. 40 Il prit son bâton en main et choisit, dans le torrent, cinq cailloux bien lisses qu’il mit dans le sac de berger qui lui servait de besace et, sa fronde à la main, il s’avança vers le Philistin.

La victoire de David sur Goliath

41 Celui-ci, précédé de son porte-bouclier, s’avança vers David. 42 Il l’examina et, lorsqu’il vit devant lui un jeune homme roux et de belle figure, il le regarda avec mépris 43 et lui lança : Est-ce que tu me prends pour un chien pour venir contre moi avec un bâton ?

Puis il le maudit par ses dieux.

44 – Approche un peu, ajouta-t-il, pour que je donne ta chair à manger aux oiseaux du ciel et aux bêtes des champs !

45 A quoi David répondit : Tu marches contre moi avec l’épée, la lance et le javelot, et moi je marche contre toi au nom de l’Eternel, le Seigneur des armées célestes, le Dieu des bataillons d’Israël, que tu as insulté. 46 Aujourd’hui même, l’Eternel me donnera la victoire sur toi, je t’abattrai, je te couperai la tête et, avant ce soir, je donnerai les cadavres des soldats philistins à manger aux oiseaux du ciel et aux bêtes sauvages de la terre. Alors toute la terre saura qu’Israël a un Dieu. 47 Et toute cette multitude assemblée saura que ce n’est ni par l’épée ni par la lance que l’Eternel délivre. Car l’issue de cette bataille dépend de lui, et il vous livre en notre pouvoir.

48 Aussitôt, le Philistin se remit à avancer en direction de David qui, de son côté, se hâta de courir vers la ligne ennemie au-devant du Philistin. 49 David plongea la main dans son sac, en tira un caillou, et le lança avec sa fronde : il atteignit le Philistin en plein front. La pierre pénétra dans son crâne et il s’écroula, la face contre terre. 50 Ainsi, sans épée, avec sa fronde et une pierre, David triompha du Philistin en le frappant mortellement. 51 Alors il se précipita sur son adversaire, saisit l’épée de celui-ci, la tira de son fourreau, acheva l’homme ; puis il lui trancha la tête.

Quand les Philistins virent que leur héros était mort, ils prirent la fuite. 52 Les soldats d’Israël et de Juda s’élancèrent en poussant des cris de guerre et poursuivirent les Philistins jusqu’aux abords de la vallée[f] et jusqu’aux portes d’Eqrôn. Les cadavres des ennemis jonchèrent la route de Shaaraïm jusqu’à Gath et Eqrôn. 53 Au retour de cette poursuite acharnée, les Israélites pillèrent le camp des Philistins. 54 David prit la tête du Philistin et la fit porter à Jérusalem. Il déposa ses armes dans sa propre tente.

55 Lorsque Saül avait vu David s’avancer à la rencontre du Philistin, il avait demandé à son général Abner : De qui ce jeune homme est-il fils, Abner ?

Abner répondit : Aussi vrai que tu es vivant, ô Roi, je n’en sais rien.

56 – Alors, ordonna Saül, informe-toi donc pour savoir qui est le père de ce jeune homme.

57 Quand David fut de retour au camp après avoir tué le Philistin, Abner le prit et le conduisit devant Saül. David tenait encore en main la tête du Philistin. 58 Quand Saül lui demanda : De qui es-tu le fils, mon garçon ?

David lui répondit : Je suis fils de ton serviteur Isaï de Bethléhem.

Le pacte d’amitié entre Jonathan et David

18 Quand David eut terminé de parler avec Saül, Jonathan s’était profondément attaché à David et s’était mis à l’aimer comme lui-même. Saül ne le laissa pas retourner dans la maison de son père ce jour-là, il le prit chez lui. Jonathan conclut un pacte d’amitié avec David parce qu’il l’aimait comme lui-même. Il enleva son manteau et le donna à David, il lui offrit aussi son équipement et jusqu’à son épée, son arc et son ceinturon. Chaque fois que Saül l’envoyait en expédition militaire, David accomplissait sa mission avec succès, de sorte que le roi lui confia le commandement de ses troupes de choc. Il était estimé de tout le peuple ainsi que des ministres de Saül.

Saül devient jaloux de David

Lorsqu’ils étaient revenus de la guerre, après que David eut tué le Philistin, les femmes étaient sorties de toutes les villes d’Israël à la rencontre du roi Saül en chantant, en dansant et en poussant des cris de joie au son de tambourins et de cymbales. Elles chantaient en chœurs alternés, tout en dansant :

Saül a vaincu ses milliers
et David ses dizaines de milliers.

Saül le prit très mal et se mit dans une grande colère.

– Elles en attribuent dix mille à David, dit-il, et à moi seulement mille ! Il ne lui manque plus que la royauté !

A partir de ce moment-là, Saül regarda David d’un mauvais œil.

10 Dès le lendemain, un mauvais esprit envoyé par Dieu s’empara de Saül, de sorte qu’il entra dans un état d’exaltation au milieu de sa maison. Comme les autres jours, David jouait de son instrument. Saül avait sa lance en main. 11 Soudain, il la lança en se disant : Je vais le clouer contre la paroi.

Mais, par deux fois, David esquiva le coup.

12 A partir de ce jour-là, Saül craignit David, car l’Eternel était avec David alors qu’il s’était retiré de lui. 13 C’est pourquoi Saül l’écarta d’auprès de lui et le nomma commandant d’un « millier » d’hommes. Ainsi David entreprenait des expéditions militaires à la tête de ses hommes. 14 Il réussissait dans tout ce qu’il entreprenait, car l’Eternel était avec lui. 15 Lorsque Saül constata ses grands succès, sa peur ne fit qu’augmenter. 16 Par contre, tout Israël et tout Juda aimaient David, car il marchait à la tête de leurs soldats dans les expéditions militaires.

David devient le gendre du roi

17 Un jour, Saül dit à David : Je suis prêt à te donner ma fille aînée Mérab en mariage à condition que tu me serves vaillamment et que tu livres les combats de l’Eternel.

Il se disait : Il vaut mieux que ce ne soit pas moi-même qui attente à sa vie, mais plutôt les Philistins !

18 David lui répondit : Qui suis-je et que vaut ma vie, de quelle importance est la famille de mon père en Israël, pour que je devienne le gendre du roi ?

19 Mais, quand vint le moment où Mérab, la fille de Saül, devait être donnée à David, Saül la donna à Adriel de Mehola.

20 Or Mikal, l’autre fille de Saül, aimait David. Quand Saül l’apprit, il en fut ravi, 21 car il se dit : Je vais la lui donner en mariage, elle sera un bon piège pour lui, ainsi il tombera par la main des Philistins !

Il dit donc à David : Aujourd’hui, tu as une seconde occasion de devenir mon gendre.

22 Puis il ordonna à ses hommes de confiance de parler discrètement à David et de lui dire : Tu vois que le roi t’a pris en affection et tous ses gens t’aiment, accepte donc maintenant de devenir son gendre !

23 Les ministres de Saül allèrent répéter ces paroles à David ; mais celui-ci leur répondit : Croyez-vous que ce soit une petite affaire que de devenir le gendre du roi ? Je ne suis qu’un homme pauvre et insignifiant.

24 Les ministres du roi lui rapportèrent la réponse de David.

25 – Eh bien, reprit Saül, voilà ce que vous lui direz : « Le roi ne demande pas de dot d’argent pour sa fille. Tout ce qu’il désire, c’est que tu lui apportes cent prépuces de Philistins pour le venger de ses ennemis. »

En fait, Saül avait comme but de faire périr David par la main des Philistins.

26 Les hauts fonctionnaires de Saül rapportèrent ces paroles à David. La proposition de devenir le gendre du roi à ces conditions lui parut acceptable. Avant même l’expiration du délai fixé par le roi, 27 David se mit en campagne avec ses hommes, il tua deux cents Philistins et rapporta la totalité de leurs prépuces au roi pour devenir son gendre. Saül donna donc en mariage à David sa fille Mikal.

28 Saül vit ainsi très clairement que l’Eternel était avec David et que Mikal sa propre fille aimait David. 29 Sa crainte à l’égard de David redoubla et, dès lors, sa haine envers lui devint définitive. 30 Mais à chaque incursion des princes des Philistins, David remportait plus de succès que tous les autres chefs militaires de Saül, de sorte que son nom devint très célèbre.

Footnotes

  1. 17.1 Deux localités situées sur le versant ouest des monts de Judée, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Jérusalem, non loin de Gath.
  2. 17.2 C’est-à-dire à une vingtaine de kilomètres de Bethléhem.
  3. 17.4 Goliath était un descendant des Anaqim, qui furent presque entièrement exterminés par Josué, mais dont quelques survivants restaient à Gaza, Ashkelôn et Gath d’où Goliath était originaire (Nb 13.32-33 ; Jos 11.21-22).
  4. 17.23 Selon une note en marge du texte hébreu traditionnel qui a : des cavernes.
  5. 17.34 Pour la présence de ces fauves dans le pays, voir 2 S 17.8 ; 23.20 ; Jg 14.5-18 ; 1 R 13.24-26 ; 2 R 2.24 ; Am 3.12 ; 5.19.
  6. 17.52 L’ancienne version grecque a : de Gath.

Mort et résurrection de Jésus

Le complot(A)

26 Quand Jésus eut fini de donner toutes ces instructions, il dit à ses disciples : Vous savez que la fête de la Pâque aura lieu dans deux jours. C’est alors que le Fils de l’homme sera livré pour être crucifié.

Alors, les chefs des prêtres et les responsables du peuple se rassemblèrent dans la cour du grand-prêtre Caïphe ; ils décidèrent d’un commun accord de s’emparer de Jésus par ruse pour le faire mourir.

Cependant ils se disaient : Il ne faut pas agir pendant la fête, pour ne pas provoquer d’émeute parmi le peuple.

L’onction à Béthanie(B)

Jésus se trouvait à Béthanie, dans la maison de Simon, le lépreux. Une femme s’approcha de lui, tenant un flacon d’albâtre rempli d’un parfum de myrrhe de grande valeur[a]. Pendant que Jésus était à table, elle répandit ce parfum sur sa tête.

En voyant cela, les disciples s’indignèrent et dirent : Pourquoi un tel gaspillage ? On aurait pu vendre ce parfum pour un bon prix et donner l’argent aux pauvres !

10 Mais, se rendant compte de cela, Jésus leur dit : Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme ? Ce qu’elle vient d’accomplir pour moi est vraiment une belle action. 11 Des pauvres, vous en aurez toujours autour de vous ; mais moi, vous ne m’aurez pas toujours avec vous. 12 Si elle a répandu cette myrrhe sur moi, c’est pour préparer mon enterrement. 13 Vraiment, je vous l’assure, dans le monde entier, partout où cette Bonne Nouvelle qu’est l’Evangile sera annoncée, on racontera aussi, en souvenir d’elle, ce qu’elle vient de faire.

La trahison(C)

14 Alors, l’un des Douze, celui qui s’appelait Judas Iscariot, se rendit auprès des chefs des prêtres 15 pour leur demander : Si je me charge de vous livrer Jésus, quelle somme me donnerez-vous ?

Ils lui versèrent trente pièces d’argent. 16 A partir de ce moment-là, il chercha une occasion favorable pour leur livrer Jésus.

Jésus célèbre la Pâque avec ses disciples(D)

17 Le premier jour de la fête des Pains sans levain, les disciples vinrent trouver Jésus pour lui demander : Où veux-tu que nous fassions les préparatifs pour le repas de la Pâque ?

18 Il leur répondit : Allez à la ville, chez un tel, et parlez-lui ainsi : « Le Maître te fait dire : Mon heure est arrivée. C’est chez toi que je prendrai le repas de la Pâque avec mes disciples. »

19 Les disciples se conformèrent aux ordres de Jésus et préparèrent le repas de la Pâque.

20 Le soir, Jésus se mit à table avec les Douze et, 21 pendant qu’ils mangeaient, il dit : Vraiment, je vous l’assure : l’un de vous me trahira.

22 Les disciples en furent consternés. Ils se mirent, l’un après l’autre, à lui demander : Seigneur, ce n’est pas moi, n’est-ce pas ?

23 En réponse, il leur dit : C’est un qui a trempé son pain dans le plat avec moi, lui, il me trahira. 24 Certes, le Fils de l’homme s’en va conformément à ce que les Ecritures annoncent à son sujet. Mais malheur à celui qui le trahit ! Il aurait mieux valu pour lui n’être jamais né !

25 A son tour, Judas, qui le trahissait, lui demanda : Maître, ce n’est pas moi, n’est-ce pas ?

– Tu le dis toi-même, lui répondit Jésus.

26 Au cours du repas, Jésus prit du pain puis, après avoir prononcé la prière de reconnaissance, il le partagea en morceaux, puis il les donna à ses disciples, en disant : Prenez, mangez, ceci est mon corps.

27 Ensuite il prit une coupe et, après avoir remercié Dieu, il la leur donna en disant : Buvez-en tous ; 28 ceci est mon sang, par lequel est scellée l’alliance. Il va être versé pour beaucoup d’hommes, afin que leurs péchés soient pardonnés. 29 Je vous le déclare : désormais, je ne boirai plus du fruit de la vigne jusqu’au jour où je boirai le vin nouveau avec vous dans le royaume de mon Père.

Jésus annonce le reniement de Pierre(E)

30 Après cela, ils chantèrent les psaumes de la Pâque[b]. Ensuite, ils sortirent pour se rendre au mont des Oliviers.

31 Jésus leur dit alors : Cette nuit, ce qui m’arrivera vous ébranlera tous dans votre foi. En effet, il est écrit :

Je frapperai le berger,
et les brebis du troupeau seront dispersées[c] .

32 Néanmoins, quand je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée.

33 Pierre prit la parole et lui dit : Même si tous les autres sont ébranlés à cause de ce qui t’arrivera, moi je ne le serai pas !

34 Jésus reprit : Vraiment, je te l’assure : cette nuit même, avant que le coq ait chanté, tu m’auras renié trois fois.

35 Pierre réaffirma : Même s’il me fallait mourir avec toi, je ne te renierai pas.

Et tous les disciples dirent la même chose.

Sur le mont des Oliviers(F)

36 Là-dessus, Jésus arriva avec eux en un lieu appelé Gethsémané. Il dit à ses disciples : Asseyez-vous ici pendant que je vais prier là-bas.

37 Il prit avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée. Il commença à être envahi d’une profonde tristesse, et l’angoisse le saisit. 38 Alors il leur dit : Je suis accablé de tristesse, à en mourir. Restez ici et veillez avec moi !

39 Puis il fit quelques pas, se laissa tomber la face contre terre, et pria ainsi : O Père, si tu le veux, écarte de moi cette coupe[d] ! Toutefois, que les choses se passent, non pas comme moi je le veux, mais comme toi tu le veux.

40 Ensuite, il revint auprès des disciples et les trouva endormis. Il dit à Pierre : Ainsi, vous n’avez pas été capables de veiller une seule heure avec moi ! 41 Veillez et priez, pour ne pas céder à la tentation[e]. L’esprit de l’homme est plein de bonne volonté, mais la nature humaine est bien faible.

42 Puis il s’éloigna une deuxième fois, et se remit à prier en disant : O mon Père, s’il n’est pas possible que cette coupe me soit épargnée, s’il faut que je la boive, alors, que ta volonté soit faite.

43 Il revint encore vers ses disciples et les trouva de nouveau endormis, car ils avaient tellement sommeil qu’ils n’arrivaient pas à garder les yeux ouverts.

44 Il les laissa donc, et s’éloigna de nouveau. Pour la troisième fois, il pria en répétant les mêmes paroles. 45 Lorsqu’il revint auprès de ses disciples, il leur dit : Vous dormez encore et vous vous reposez[f] ! L’heure est venue où le Fils de l’homme est livré entre les mains des pécheurs. 46 Levez-vous et allons-y. Car celui qui me trahit est là.

L’arrestation de Jésus(G)

47 Il n’avait pas fini de parler que Judas, l’un des Douze, survint, accompagné d’une troupe nombreuse armée d’épées et de gourdins. Cette troupe était envoyée par les chefs des prêtres et les responsables du peuple.

48 Le traître avait convenu avec eux d’un signe en disant : Celui que j’embrasserai, c’est lui, saisissez-vous de lui.

49 Aussitôt, il se dirigea vers Jésus et lui dit : Bonsoir, Maître !

Et il l’embrassa.

50 – Mon ami, lui dit Jésus, ce que tu es venu faire ici, fais-le !

Alors les autres s’avancèrent et, mettant la main sur Jésus, ils se saisirent de lui.

51 A ce moment, l’un des compagnons de Jésus porta la main à son épée, la dégaina, en frappa le serviteur du grand-prêtre et lui emporta l’oreille.

52 Jésus lui dit : Remets ton épée à sa place, car tous ceux qui se serviront de l’épée mourront par l’épée. 53 Penses-tu donc que je ne pourrais pas faire appel à mon Père ? A l’instant même, il enverrait des dizaines de milliers d’anges à mon secours. 54 Mais alors, comment les Ecritures, qui annoncent que tout doit se passer ainsi, s’accompliraient-elles ?

55 Là-dessus, Jésus dit à la troupe : Me prenez-vous pour un bandit, pour que vous soyez venus en force avec épées et gourdins afin de vous emparer de moi ? J’étais assis chaque jour dans la cour du Temple pour donner mon enseignement et vous ne m’avez pas arrêté ! 56 Mais tout ceci est arrivé pour que les écrits des prophètes s’accomplissent.

Alors tous les disciples l’abandonnèrent et prirent la fuite.

Jésus devant le Grand-Conseil(H)

57 Ceux qui avaient arrêté Jésus le conduisirent devant Caïphe, le grand-prêtre, chez qui les spécialistes de la Loi et les responsables du peuple s’étaient déjà rassemblés. 58 Pierre le suivit à distance jusqu’au palais du grand-prêtre et il entra dans la cour où il s’assit au milieu des gardes pour voir comment tout cela finirait.

59 Les chefs des prêtres et le Grand-Conseil au complet cherchaient un faux témoignage contre Jésus pour pouvoir le condamner à mort. 60 Mais, bien qu’un bon nombre de faux témoins se soient présentés, ils ne parvenaient pas à trouver de motif valable.

Finalement, il en vint tout de même deux 61 qui déclarèrent : Cet homme a dit : « Je peux démolir le temple de Dieu et le rebâtir en trois jours. »

62 Alors le grand-prêtre se leva et demanda à Jésus : Tu n’as rien à répondre aux témoignages qu’on vient de porter contre toi ?

63 Jésus garda le silence.

Alors le grand-prêtre reprit en disant : Je t’adjure, par le Dieu vivant, de nous déclarer si tu es le Messie, le Fils de Dieu.

64 Jésus lui répondit : Tu l’as dit toi-même. De plus, je vous le déclare : A partir de maintenant, vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant[g] et venir en gloire sur les nuées du ciel[h].

65 A ces mots, le grand-prêtre déchira ses vêtements en signe de consternation et s’écria : Il vient de prononcer des paroles blasphématoires ! Qu’avons-nous encore besoin de témoins ? Vous venez vous-mêmes d’entendre le blasphème. 66 Quel est votre verdict ?

Ils répondirent : Il est passible de mort.

67 Alors, ils lui crachèrent au visage et le frappèrent. D’autres le giflèrent 68 en disant : Hé, Messie, fais le prophète ! Dis-nous qui vient de te frapper !

Pierre renie son Maître(I)

69 Pendant ce temps, Pierre était resté assis dehors, dans la cour intérieure.

Une servante s’approcha de lui et dit : Toi aussi, tu étais avec Jésus le Galiléen.

70 Mais Pierre le nia en disant devant tout le monde : Je ne vois pas ce que tu veux dire.

71 Comme il se dirigeait vers le porche pour sortir, une autre servante l’aperçut et dit à ceux qui étaient là : En voilà un qui était avec ce Jésus de Nazareth.

72 Il le nia de nouveau et il jura : Je ne connais pas cet homme !

73 Après un petit moment, ceux qui se tenaient dans la cour s’approchèrent de Pierre et lui dirent : C’est sûr, toi aussi, tu fais partie de ces gens ! C’est évident : il suffit d’entendre ton accent !

74 Alors Pierre se mit à dire : Je le jure ! Et que je sois maudit si ce n’est pas vrai : je ne connais pas cet homme.

Et aussitôt, un coq chanta.

75 Alors Pierre se souvint de ce que Jésus lui avait dit : « Avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois. » Il se glissa dehors et se mit à pleurer amèrement.

Footnotes

  1. 26.7 Les parfums de grand prix étaient conservés dans des vases taillés dans une pierre blanche, l’albâtre.
  2. 26.30 Pendant le repas de la Pâque, on chantait les Ps 113 à 118.
  3. 26.31 Za 13.7.
  4. 26.39 Autre traduction : cette coupe du jugement. Allusion à la coupe du vin de la colère de Dieu, jugement contre le péché (Es 51.17, 22 ; Jr 25.15 ; Ap 15.7).
  5. 26.41 Autre traduction : pour ne pas entrer en tentation.
  6. 26.45 Autre traduction : dormez maintenant et reposez-vous !
  7. 26.64 Ps 110.1.
  8. 26.64 Dn 7.13.