Gédéon et les trois cents soldats

Le lendemain matin, Yeroubbaal, c’est-à-dire Gédéon, se mit en route avec toutes ses troupes et ils établirent leur camp près de Eyn-Harod. L’armée des Madianites était campée plus au nord dans la vallée qui s’étend au pied de la colline de Moré[a]. L’Eternel dit à Gédéon : Ton armée est trop nombreuse pour que je te donne la victoire sur les Madianites. Sinon les Israélites s’en vanteraient à mes dépens, en pensant que c’est par leurs propres forces qu’ils se sont délivrés. Fais donc la proclamation suivante à tes troupes : « Qui d’entre vous a peur au point de trembler[b] ? Qu’il s’éloigne du mont Galaad[c] et rentre chez lui. »

Vingt-deux mille hommes de son armée s’en allèrent, et il en resta dix mille. Mais l’Eternel dit à Gédéon : Les troupes sont encore trop nombreuses. Fais-les descendre au bord du torrent, et là je les trierai pour toi. Ceux que je désignerai pour t’accompagner iront avec toi, mais ceux dont je te dirai qu’ils ne doivent pas t’accompagner n’iront pas avec toi.

Gédéon fit descendre ses hommes au bord du torrent, et l’Eternel lui dit : Tu mettras d’un côté tous ceux qui lapent l’eau avec la langue comme les chiens, et de l’autre côté ceux qui s’agenouillent pour boire.

Il y eut trois cents hommes qui prirent de l’eau dans leurs mains pour la porter à leur bouche et la laper, et tous les autres s’agenouillèrent pour boire. L’Eternel dit à Gédéon : C’est avec ces trois cents hommes qui ont lapé l’eau dans leurs mains que je vous délivrerai des Madianites en vous donnant la victoire sur eux. Que tous les autres rentrent chez eux !

Les trois cents hommes reçurent les provisions et les cors des autres et Gédéon renvoya le gros des hommes d’Israël chez eux, en ne retenant que les trois cents hommes. Or, le camp des Madianites était en dessous du sien dans la vallée.

Le rêve du soldat ennemi

Cette nuit-là, l’Eternel dit à Gédéon : Va, descends attaquer le camp madianite, car je le livre en ton pouvoir. 10 Cependant, si tu as peur d’y aller, vas-y d’abord avec ton serviteur Poura. 11 Ecoute ce qu’ils disent, et cela t’encouragera ; tu descendras ensuite attaquer le camp.

Gédéon descendit donc avec son serviteur Poura jusqu’aux avant-postes du camp. 12 Les Madianites, les Amalécites et les nomades de l’Orient étaient répandus dans la vallée en aussi grand nombre qu’une nuée de sauterelles, et leurs chameaux étaient innombrables comme le sable au bord de la mer. 13 Gédéon s’approcha et il entendit un homme raconter un rêve à son camarade.

– Ecoute, disait-il, j’ai fait un rêve. Je voyais une miche de pain d’orge rouler à travers le camp de Madian ; arrivée à la tente, elle l’a frappée de plein fouet, l’a fait tomber et l’a renversée sens dessus dessous, si bien que la tente était par terre.

14 Son camarade répondit : Cela ne représente rien d’autre que l’épée de Gédéon, fils de Joas, homme d’Israël à qui Dieu donne la victoire sur Madian et toute l’armée.

15 Lorsque Gédéon eut entendu le récit du rêve et son interprétation, il se prosterna, puis il retourna au camp d’Israël et cria : Tout le monde debout, car l’Eternel vous donne la victoire sur l’armée de Madian !

16 Gédéon divisa les trois cents hommes en trois groupes et remit à chaque soldat un cor et une cruche vide dans laquelle fut mise une torche allumée. 17 Il leur dit : Vous me regarderez faire et vous ferez exactement comme moi. Je vais m’avancer jusqu’aux abords du camp. Quand j’y serai arrivé, vous n’aurez qu’à m’imiter. 18 Quand je sonnerai du cor avec ceux de mon groupe, vous sonnerez aussi du cor tout autour du camp et vous crierez : « Pour l’Eternel et pour Gédéon ! »

L’Eternel donne la victoire

19 Peu avant minuit, Gédéon et les cent hommes de son groupe arrivèrent aux abords du camp. On venait juste de remplacer les sentinelles. Soudain, ils sonnèrent du cor et cassèrent les cruches qu’ils tenaient à la main. 20 Les trois groupes sonnèrent du cor et cassèrent leurs cruches. De la main gauche, ils brandirent les torches, et de la droite ils tenaient les cors pour en sonner, et ils crièrent : « A vos épées, pour l’Eternel et pour Gédéon ! » 21 tout en restant chacun à sa place autour du camp. Les hommes dans le camp se mirent à courir, à crier et à se sauver. 22 Les trois cents Israélites continuèrent à sonner du cor, et l’Eternel fit que dans tout le camp chacun tourne son épée contre son compagnon. Finalement, ils s’enfuirent tous jusqu’à Beth-Shitta, du côté de Tseréra et jusqu’aux abords de Abel-Mehola près de Tabbath.

Des troupes israélites viennent en renfort

23 Les hommes d’Israël se rassemblèrent, ceux des tribus de Nephtali, d’Aser et de tout Manassé s’unirent et se lancèrent à la poursuite des Madianites. 24 Gédéon envoya des messagers dans toute la région montagneuse d’Ephraïm pour faire dire aux hommes de descendre afin de couper la retraite aux Madianites en occupant tous les points d’eau jusqu’à Beth-Bara et tous les gués le long du Jourdain. Tous les hommes d’Ephraïm se rassemblèrent et occupèrent les points d’eau jusqu’à Beth-Bara et les gués du Jourdain. 25 Ils capturèrent deux chefs madianites appelés Oreb et Zéeb. Ils tuèrent le premier au rocher d’Oreb et le second au pressoir de Zéeb. Ils poursuivirent les Madianites et rapportèrent les têtes d’Oreb et de Zéeb à Gédéon qui se trouvait alors à l’est du Jourdain.

Les hommes d’Ephraïm dirent à Gédéon : Pourquoi as-tu agi de cette manière envers nous ? Pourquoi ne nous as-tu pas appelés en renfort quand tu es parti combattre les Madianites ?

Et ils le prirent violemment à partie.

Gédéon leur répondit : Qu’ai-je fait en comparaison de vous ? Le grappillage d’Ephraïm a été plus productif que toute la vendange de la famille d’Abiézer. Après tout : c’est à vous que Dieu a livré les chefs madianites Oreb et Zéeb. Qu’ai-je pu faire en comparaison avec vous ?

Ces paroles apaisèrent leur colère.

La victoire sur les rois madianites

Lorsqu’il atteignit le Jourdain, Gédéon le traversa avec les trois cents hommes qui l’accompagnaient. Malgré leur fatigue, ils continuaient à poursuivre l’ennemi. Arrivés à la ville de Soukkoth[d], Gédéon dit à ses habitants : Donnez, je vous prie, des miches de pain aux hommes qui m’accompagnent, car ils sont épuisés et je suis à la poursuite des deux rois madianites Zébah et Tsalmounna.

Mais les chefs de Soukkoth lui répondirent : Tiens-tu déjà Zébah et Tsalmounna en ton pouvoir pour que nous donnions du pain à ta troupe ?

– Eh bien, riposta Gédéon, quand l’Eternel aura livré Zébah et Tsalmounna en mon pouvoir, je vous fouetterai avec des chardons et des épines du désert !

De là, Gédéon se rendit à Penouel[e] où il adressa la même demande aux habitants. Il reçut la même réponse qu’à Soukkoth et déclara aux gens de Penouel : Quand je repasserai, une fois le combat terminé, je démolirai cette tour.

10 Or, Zébah et Tsalmounna s’étaient retranchés à Qarqor avec leur troupe qui comprenait quinze mille hommes. C’était tout ce qui leur restait de la grande armée des Bédouins de l’Orient. En effet, cent vingt mille soldats étaient déjà tombés. 11 Gédéon prit la route des caravanes de nomades à l’est de Nobah et de Yogbeha et attaqua le camp ennemi qui se croyait en sécurité. 12 Les deux rois de Madian, Zébah et Tsalmounna, s’enfuirent, Gédéon les poursuivit, il les captura tous les deux et sema la panique dans toute leur armée.

Le châtiment de Soukkoth et de Penouel

13 Lorsque la guerre fut terminée, Gédéon fils de Joas retourna par la montée de Hérès. 14 Il mit la main sur un jeune homme de Soukkoth qu’il questionna et qui lui inscrivit les noms des soixante-dix-sept chefs et responsables de Soukkoth. 15 Gédéon alla trouver les habitants de Soukkoth et leur dit : Rappelez-vous comment vous m’avez insulté en disant : « Tiens-tu déjà Zébah et Tsalmounna en ton pouvoir pour que nous soyons obligés de donner du pain à tes gens fatigués ? » Eh bien, les voilà !

16 Alors il fit saisir les responsables de la ville et les fit fouetter à coups de chardons et d’épines du désert. 17 Il démolit aussi la tour de Penouel et massacra les hommes de la localité.

18 Puis il demanda à Zébah et Tsalmounna : Comment étaient les hommes que vous avez tués au Thabor ?

– Ils te ressemblaient, répondirent-ils, ils avaient le port d’un fils de roi.

19 – C’étaient mes frères, les fils de ma propre mère, s’écria Gédéon. Par le Dieu vivant je jure que si vous les aviez épargnés, je ne vous tuerais pas non plus.

20 Puis il ordonna à son fils aîné Yéter : Viens, tue-les !

Mais le jeune homme ne dégaina pas son épée, car il n’était encore qu’un jeune garçon et il avait peur. 21 Zébah et Tsalmounna dirent alors à Gédéon : Frappe-nous donc toi-même, car c’est la tâche d’un homme fort.

Alors Gédéon tua Zébah et Tsalmounna. Puis il prit les ornements en forme de croissants qui pendaient au cou de leurs chameaux.

Gédéon refuse la royauté

22 Après cela, les hommes d’Israël dirent à Gédéon : Règne sur nous, puisque tu nous as délivrés des Madianites. Ton fils, puis ton petit-fils te succéderont.

23 Gédéon leur répondit : Non, je ne régnerai pas sur vous, et mon fils ne vous gouvernera pas non plus. C’est l’Eternel qui régnera sur vous.

24 Puis il ajouta : J’aurais cependant une demande à vous faire : Donnez-moi chacun une boucle d’oreille en or prise sur votre butin.

Les ennemis portaient, en effet, des boucles d’or, car ils étaient ismaélites[f].

25 – Très volontiers, lui répondirent-ils.

Ils étendirent un manteau par terre, et chacun y jeta un anneau prélevé sur son butin. 26 Les anneaux d’or que Gédéon avait demandés pesaient près de vingt kilogrammes en tout. Il reçut également les croissants d’or, les pendants d’oreilles et les manteaux de pourpre que portaient les rois madianites, ainsi que les colliers qui ornaient le cou de leurs chameaux. 27 Avec l’or, Gédéon fabriqua une statue qu’il installa dans son village, à Ophra. Tout Israël s’y prostitua, en lui rendant un culte, de sorte que cette statue devint un piège pour Gédéon et pour sa famille.

La fin de la vie de Gédéon

28 Ainsi les Madianites furent affaiblis par les Israélites et ils ne se relevèrent pas de leur défaite. Aussi longtemps que Gédéon vécut, c’est-à-dire encore pendant quarante ans, le pays jouit de la paix.

29 Yeroubbaal, fils de Joas, s’en retourna dans sa maison et y demeura. 30 Gédéon eut soixante-dix fils car il avait de nombreuses femmes. 31 Une épouse de second rang habitant à Sichem lui donna aussi un fils qu’il appela Abimélek.

32 Après une heureuse vieillesse, Gédéon, fils de Joas, mourut et fut enterré dans le tombeau de Joas son père, à Ophra de la famille d’Abiézer.

33 Après la mort de Gédéon, les Israélites recommencèrent à se prostituer aux Baals et adoptèrent Baal-Berith comme dieu[g]. 34 Ils oublièrent l’Eternel leur Dieu qui les avait délivrés de tous les ennemis qui les entouraient. 35 Ils ne témoignèrent aucune gratitude à la famille de Yeroubbaal-Gédéon pour tout le bien que celui-ci avait fait à Israël.

Abimélek

Abimélek, l’un des fils de Yeroubbaal, se rendit à Sichem auprès de ses oncles maternels, et leur dit en présence de tout le groupe familial de sa mère : Posez donc à tous les notables de Sichem la question suivante : « Que vaut-il mieux pour vous ? Etre gouvernés par les soixante-dix fils de Yeroubbaal ou par un seul homme ? Souvenez-vous que nous sommes du même sang, vous et moi ! »

Ses oncles allèrent répéter ses paroles à tous les notables de Sichem. Ceux-ci décidèrent de suivre son parti puisqu’il était l’un des leurs. Ils lui donnèrent soixante-dix pièces d’argent prélevées dans le temple de Baal-Berith. Avec cet argent, Abimélek embaucha des vauriens et des aventuriers pour qu’ils le suivent. Puis il se rendit à Ophra où vivait la famille de son père et massacra ses soixante-dix frères, fils de Yeroubbaal, en les tuant sur le même rocher. Seul Yotam, le plus jeune fils de Yeroubbaal, échappa, car il s’était caché. Tous les notables de Sichem et de Beth-Millo se rassemblèrent et proclamèrent Abimélek roi, près du chêne de la stèle, aux environs de Sichem[h].

La fable de Yotam

On en informa Yotam qui se rendit au sommet du mont Garizim[i], d’où il cria à pleine voix : Ecoutez-moi, gens de Sichem, si vous voulez que Dieu vous écoute ! Un jour, les arbres se décidèrent à choisir un roi pour les commander. Ils dirent à l’olivier : « Règne sur nous ! » Mais l’olivier répondit : « Devrais-je renoncer à produire mon huile, avec laquelle on honore Dieu et les hommes, pour aller me pavaner au-dessus des autres arbres ? » 10 Alors les arbres dirent au figuier : « Viens, toi, règne sur nous ! » 11 Mais le figuier leur répondit : « Vais-je renoncer à produire des fruits exquis et sucrés pour aller me pavaner au-dessus des autres arbres ? » 12 Puis les arbres dirent à la vigne : « Viens donc, toi, règne sur nous ! » 13 Mais la vigne leur répondit : « Vais-je renoncer à produire mon vin qui réjouit Dieu et les hommes pour aller me pavaner au-dessus des autres arbres ? » 14 Finalement, tous les arbres dirent au buisson d’épines : « Viens donc, toi, règne sur nous ! » 15 Et le buisson d’épines leur répondit : « Si, de bonne foi, vous voulez faire de moi votre roi, venez vous abriter sous mon ombrage. Si vous refusez, un feu jaillira du buisson d’épines et consumera même les cèdres du Liban. »

16 Maintenant donc, est-ce de bonne foi et en toute droiture que vous avez agi en proclamant Abimélek roi ? Avez-vous bien agi envers Yeroubbaal et sa famille ? L’avez-vous traité selon ce qu’il méritait ? 17 Mon père a combattu pour vous, il a risqué sa vie pour vous délivrer des Madianites. 18 Et vous, aujourd’hui vous vous êtes attaqués à sa famille, vous avez tué ses fils, soixante-dix hommes à la fois sur un même rocher, et vous avez établi roi de Sichem Abimélek, le fils de sa servante, parce qu’il est des vôtres. 19 Si donc, aujourd’hui c’est de bonne foi et en toute droiture que vous avez agi à l’égard de Yeroubbaal et de sa famille, eh bien, qu’Abimélek fasse votre bonheur et vous le sien ! 20 Sinon, qu’un feu sorte d’Abimélek et consume les habitants de Sichem et de Beth-Millo, et qu’un feu sorte des habitants de Sichem et de Beth-Millo et consume Abimélek.

21 Puis Yotam s’enfuit et alla se réfugier à Beer où il s’établit pour échapper à son frère Abimélek.

La révolte de Sichem

22 Abimélek gouverna Israël pendant trois ans. 23 Après quoi Dieu envoya un esprit de discorde entre Abimélek et les notables de Sichem qui se révoltèrent contre Abimélek.

24 Ainsi les violences commises contre les soixante-dix fils de Yeroubbaal et leur meurtre allaient retomber sur Abimélek, parce qu’il avait tué ses frères, et sur les gens de Sichem parce qu’ils l’avaient soutenu pour commettre ce meurtre. 25 Les habitants de Sichem postèrent sur les hauteurs proches de la ville des hommes qui dévalisaient tous les voyageurs qui passaient près d’eux sur la route. Abimélek en fut informé.

26 A la même époque, Gaal, fils d’Ebed, vint à passer par Sichem avec les hommes de sa parenté. Ils s’y établirent et il gagna la confiance des habitants de la ville. 27 Au moment de la vendange, ces gens sortirent dans les vignes, ils foulèrent le raisin, puis ils organisèrent des réjouissances dans le temple de leur dieu ; ils mangèrent et burent et ils lancèrent des malédictions contre Abimélek. 28 A ce moment-là, Gaal s’écria : Qu’est-ce qu’un Abimélek par rapport à Sichem, pour que nous nous laissions dominer par cet homme ? Après tout, ce n’est qu’un fils de Yeroubbaal et il fait gouverner la ville par son lieutenant Zeboul ! Ce sont les descendants de Hamor[j], le père de Sichem, qu’il vous faut comme maîtres, mais Abimélek n’a aucun titre à notre soumission. 29 Ah ! Si seulement on me confiait la direction de ce peuple ! J’aurais vite fait de chasser Abimélek ! Je lui dirais[k] : « Allez, Abimélek, rassemble tes troupes et viens te battre ! »

30 Zeboul, le gouverneur de la ville, entendit les paroles de Gaal, fils d’Ebed, et il se mit en colère. 31 Il envoya secrètement des messagers dire à Abimélek : Sache que Gaal, fils d’Ebed, et les gens de sa parenté sont venus à Sichem et qu’ils sont en train de soulever la ville contre toi. 32 Maintenant donc, viens durant la nuit avec tes hommes. Vous vous mettrez en embuscade dans la campagne. 33 Le matin, au lever du soleil, tu lanceras une attaque contre la ville. Lorsque Gaal et ses hommes sortiront contre toi, tu sauras les traiter comme il convient.

34 Abimélek et toutes ses troupes se levèrent la nuit suivante et se mirent en embuscade en quatre groupes aux alentours de Sichem. 35 Lorsque Gaal sortit de la ville et vint s’installer à l’entrée devant la porte, Abimélek et ses hommes surgirent de l’endroit où ils se tenaient en embuscade. 36 Gaal les vit et dit à Zeboul : Voilà une troupe qui descend du haut des collines !

– Mais non, lui répondit Zeboul, c’est l’ombre des collines que tu prends pour des hommes.

37 Mais Gaal insista : Si, regarde ! C’est une troupe qui descend de la colline du milieu du pays, et une autre arrive par la route du chêne des devins.

38 Alors Zeboul dit : Où donc sont tes beaux discours ? N’as-tu pas dit : « Qu’est-ce qu’un Abimélek pour que nous nous laissions dominer par lui ? » Et cette troupe, n’est-ce pas celle que tu méprisais ? Eh bien, sors maintenant, c’est le moment d’aller te battre contre lui !

39 Alors Gaal conduisit les hommes de Sichem au combat contre Abimélek. 40 Mais celui-ci le mit en fuite et se lança à sa poursuite. Beaucoup d’hommes tombèrent jusqu’à la porte de la ville. 41 Abimélek alla s’installer à Arouma, et Zeboul expulsa Gaal et les hommes de sa parenté de Sichem en leur interdisant d’y revenir.

Abimélek détruit Sichem

42 Le lendemain, les gens de Sichem se rendirent dans les champs. Abimélek en fut informé. 43 Alors il réunit ses hommes, les répartit en trois corps et les posta en embuscade dans la campagne. Dès qu’il vit les gens sortir de la ville, il se précipita sur eux et les tua. 44 Laissant deux groupes continuer le massacre dans la campagne, Abimélek et les siens vinrent prendre position à l’entrée de la ville. 45 Il donna l’assaut et poursuivit son offensive durant toute la journée. Finalement, il s’empara de la ville et en massacra les habitants, puis il rasa la ville et répandit du sel sur son emplacement. 46 Lorsque les habitants de Migdal-Sichem apprirent ce qui s’était passé, ils allèrent tous se réfugier dans la crypte du temple du dieu Berith. 47 On informa Abimélek que les habitants de Migdal-Sichem s’étaient rassemblés. 48 Il gravit le mont Tsalmôn avec sa troupe, prit une hache et coupa une branche d’arbre qu’il plaça sur son épaule. Puis il ordonna à ses hommes : « Vous voyez ce que je viens de faire. Dépêchez-vous de faire la même chose ! » 49 Chacun coupa sa branche et suivit Abimélek. Ils allèrent entasser ces branches autour de la crypte du temple et l’incendièrent avec tous ceux qui s’y trouvaient. Ainsi périrent aussi tous les habitants de Migdal-Sichem : un millier d’hommes et de femmes.

La mort d’Abimélek

50 Après cela, Abimélek se dirigea sur Tébets. Il l’assiégea et la prit d’assaut. 51 Au milieu de la ville se trouvait une tour fortifiée. Toute la population, hommes et femmes, courut s’y réfugier. Ils verrouillèrent les portes derrière eux et montèrent sur le toit de la tour. 52 Abimélek parvint jusqu’à la tour et l’attaqua. Déjà, il s’approchait de l’entrée pour y mettre le feu, 53 lorsqu’une femme lui lança une meule de moulin sur la tête, qui lui fractura le crâne. 54 Aussitôt, il appela le jeune homme qui portait ses armes et lui ordonna : Tire ton épée et tue-moi pour que l’on ne puisse pas dire que c’est une femme qui m’a tué.

Alors son écuyer le transperça, et il mourut. 55 Quand les hommes d’Israël virent qu’Abimélek était mort, ils s’en allèrent chacun chez soi.

56 Ainsi Dieu fit retomber sur Abimélek tout le mal qu’il avait commis à l’égard de son père en tuant ses soixante-dix frères. 57 Il fit aussi retomber leurs crimes sur les gens de Sichem. De cette manière se réalisa la malédiction que Yotam, fils de Yeroubbaal, avait prononcée contre eux.

Tola et Yaïr

10 Après la mort d’Abimélek, ce fut Tola, fils de Poua et petit-fils de Dodo, de la tribu d’Issacar, qui entreprit de délivrer Israël. Il habitait à Shamir dans la région montagneuse d’Ephraïm. Il fut chef en Israël pendant vingt-trois ans, puis il mourut et fut enterré à Shamir.

Son successeur fut Yaïr de Galaad qui fut chef en Israël pendant vingt-deux ans. Ses trente fils montaient trente ânons et possédaient, dans le pays de Galaad, trente villages que l’on appelle encore aujourd’hui « les bourgs de Yaïr ». Yaïr mourut et fut enterré à Qamôn.

Israël infidèle est opprimé par les Ammonites

Les Israélites recommencèrent à faire ce que l’Eternel considère comme mal : ils rendirent un culte aux Baals et aux Astartés, aux dieux de la Syrie, de Sidon, de Moab et à ceux des Ammonites et des Philistins. Ils abandonnèrent l’Eternel et ne lui rendirent plus de culte. Alors l’Eternel se mit en colère contre les Israélites et il les livra au pouvoir des Philistins et des Ammonites. A partir de cette année-là, ceux-ci opprimèrent et maltraitèrent les Israélites. Pour les Israélites qui habitaient à l’est du Jourdain dans le pays des Amoréens, en Galaad, l’oppression dura dix-huit ans. Les Ammonites traversèrent même le Jourdain pour attaquer les tribus de Juda, de Benjamin et d’Ephraïm. Israël fut dans une extrême détresse. 10 Alors les Israélites implorèrent l’Eternel de les aider en confessant : Nous avons péché contre toi, car nous avons abandonné notre Dieu et nous avons rendu un culte aux Baals.

11 L’Eternel leur répondit : Ne vous ai-je pas délivrés des Egyptiens, des Amoréens, des Ammonites et des Philistins ? 12 Et lorsque les Sidoniens, les Amalécites et les Maônites[l] vous ont opprimés, et que vous avez imploré mon aide, ne vous ai-je pas délivrés d’eux ? 13 Mais vous, vous m’avez abandonné et vous avez adoré d’autres dieux. C’est pourquoi je ne viendrai plus à votre secours. 14 Allez implorer les dieux que vous vous êtes choisis. Qu’ils vous délivrent maintenant que vous êtes en détresse !

15 Mais les Israélites plaidèrent avec l’Eternel : Nous avons péché. Traite-nous comme tu le trouveras bon, mais de grâce, délivre-nous encore cette fois !

16 Ils firent disparaître du milieu d’eux les dieux étrangers et rendirent de nouveau un culte à l’Eternel. Alors l’Eternel ne put pas supporter plus longtemps les souffrances d’Israël.

17 Les Ammonites mobilisèrent leurs troupes et prirent position dans la région de Galaad. De leur côté, les Israélites rassemblèrent leurs forces et dressèrent leur camp à Mitspa[m]. 18 Alors les hommes et les chefs installés en Galaad se demandèrent les uns aux autres : Qui va lancer l’attaque contre les Ammonites ? Celui qui le fera deviendra le chef de tous les habitants de Galaad.

Jephté

11 Jephté, originaire de Galaad, était un guerrier valeureux. Il était le fils d’une prostituée et d’un homme appelé Galaad. Lorsque la femme légitime de cet homme lui eut aussi donné des fils, et que ceux-ci furent devenus adultes, ils chassèrent Jephté du foyer en lui disant : Tu n’auras pas d’héritage chez notre père, car tu es le fils d’une autre femme !

Et Jephté s’enfuit loin de ses frères. Il se fixa dans la région de Tob. Bientôt, toute une bande d’aventuriers se regroupa autour de lui pour entreprendre des raids avec lui.

C’est à cette période que les Ammonites[n] firent la guerre à Israël. Quand ils attaquèrent les Israélites, les responsables de Galaad allèrent chercher Jephté, dans la région de Tob. Ils lui dirent : Viens prendre le commandement de nos troupes pour que nous combattions les Ammonites.

Jephté leur répondit : Vous m’avez haï et vous m’avez chassé de chez mon père. Comment osez-vous faire appel à moi maintenant que vous êtes dans la détresse ?

Les responsables reprirent : C’est bien pour cela que nous revenons vers toi maintenant. Si tu viens avec nous et si tu combats les Ammonites, tu deviendras notre chef à tous et tu seras à la tête de toute la population de Galaad.

– Soit, répliqua Jephté. Mais si vous me faites revenir pour combattre les Ammonites, et que l’Eternel me donne la victoire sur eux, je resterai votre chef.

10 Alors les responsables de Galaad lui déclarèrent : L’Eternel en est témoin ! Qu’il nous punisse si nous ne faisons pas ce que tu as dit.

11 Alors Jephté partit avec les responsables de Galaad. Le peuple le nomma chef et le mit à la tête des troupes. Jephté répéta les termes de l’accord conclu avec les responsables devant l’Eternel à Mitspa.

Le message de Jephté aux Ammonites

12 Jephté envoya des messagers dire au roi des Ammonites : Qu’est-ce que tu as contre moi pour que tu viennes faire la guerre dans mon pays ?

13 Le roi des Ammonites répondit aux messagers : C’est parce que les Israélites se sont emparés de mon pays lorsqu’ils sont sortis d’Egypte. Ils m’ont pris tout le territoire situé entre la vallée de l’Arnon, le torrent du Yabboq et la vallée du Jourdain. Rends-les-moi maintenant de bon gré.

14 Jephté envoya de nouveau une délégation au roi des Ammonites 15 pour lui dire : Ainsi parle Jephté : « Israël ne s’est emparé ni du pays de Moab ni de celui des Ammonites. »

16 En effet, après avoir quitté l’Egypte, les Israélites ont traversé le désert jusqu’à la mer des Roseaux et ils sont arrivés à Qadesh. 17 Alors ils ont envoyé des messagers au roi d’Edom pour lui demander l’autorisation de traverser son pays. Mais celui-ci refusa. Après cela, ils ont fait la même demande au roi de Moab, qui refusa également. Et Israël est resté à Qadesh. 18 Par la suite, ils ont repris leur marche à travers le désert en contournant le pays d’Edom et celui de Moab. Ils sont arrivés à l’est du pays de Moab et ils ont établi leur camp de l’autre côté de l’Arnon, sans pénétrer dans le territoire de Moab dont l’Arnon constitue la frontière. 19 Alors Israël a envoyé des messagers à Sihôn, roi des Amoréens à Heshbôn, en lui faisant dire : « Permets-nous, s’il te plaît, de traverser ton pays pour arriver au lieu où nous allons. »

20 Mais Sihôn ne fit pas confiance à Israël pour lui permettre de passer sur son territoire. Il mobilisa toutes ses troupes et prit position à Yahats, puis engagea le combat contre Israël. 21 Mais l’Eternel, le Dieu d’Israël, a livré Sihôn et toute son armée aux Israélites qui les ont battus. Ainsi les Israélites ont conquis tout le pays des Amoréens qui habitaient dans cette contrée. 22 Ils ont conquis tout le territoire des Amoréens depuis l’Arnon jusqu’au torrent du Yabboq et depuis le désert jusqu’au Jourdain.

23 Maintenant que l’Eternel, le Dieu d’Israël, a enlevé leur territoire aux Amoréens et l’a donné à son peuple Israël, tu voudrais, toi, les en déposséder ? 24 Tu possèdes bien tout le territoire que ton dieu Kemosh t’a donné. Alors pourquoi ne posséderions-nous pas tout ce que l’Eternel notre Dieu nous a permis de conquérir ? 25 D’autre part, te crois-tu vraiment plus fort que Balaq, fils de Tsippor, le roi de Moab ? A-t-il jamais osé contester avec Israël ou lui faire la guerre ? 26 Cela fait trois cents ans qu’Israël est installé à Heshbôn et Aroër, et dans les villes qui en dépendent, ainsi que dans toutes les localités qui bordent l’Arnon. Pourquoi ne les leur avez-vous pas reprises pendant tout ce temps-là ? 27 Moi, je n’ai commis aucune faute contre toi, c’est toi qui agis mal en venant me faire la guerre. Que l’Eternel, le Juge, rende aujourd’hui son jugement entre les descendants d’Israël et ceux d’Ammon !

28 Mais le roi des Ammonites ne tint aucun compte du message que Jephté lui avait fait transmettre.

Le vœu de Jephté et sa victoire sur les Ammonites

29 Alors l’Esprit de l’Eternel descendit sur Jephté. Celui-ci traversa les territoires de Galaad et de Manassé, puis il passa à Mitspé en Galaad, et de là, il s’avança pour attaquer les Ammonites. 30 Jephté fit un vœu à l’Eternel et dit : Si vraiment tu me donnes la victoire sur les Ammonites, 31 je te consacrerai et je t’offrirai en holocauste la première personne qui sortira de ma maison pour venir à ma rencontre, quand je reviendrai en vainqueur de la bataille contre les Ammonites.

32 Jephté se lança à l’attaque des Ammonites et l’Eternel lui donna la victoire sur eux. 33 Il leur infligea de lourdes pertes dans vingt bourgs situés entre Aroër et Minnith et jusqu’à la région d’Abel-Qeramim. Ce fut une très grande défaite pour les Ammonites qui furent ainsi affaiblis par les Israélites.

La fille de Jephté

34 Après la bataille, Jephté retourna chez lui à Mitspa. Et voici que sa fille sortit à sa rencontre en dansant au rythme des tambourins. C’était son unique enfant ; à part elle, il n’avait ni fils, ni fille. 35 Dès qu’il l’aperçut, il déchira ses vêtements et s’écria : Ah ! ma fille ! Tu m’accables de chagrin ! Faut-il que ce soit toi qui causes mon désespoir ! J’ai donné ma parole à l’Eternel et je ne puis revenir sur ma promesse.

36 Elle lui dit : Mon père, si tu as donné ta parole à l’Eternel, agis envers moi comme tu l’as promis, puisque l’Eternel a réglé leur compte aux Ammonites, tes ennemis.

37 Puis elle ajouta : Je ne te demande qu’une chose : Accorde-moi un délai de deux mois : j’irai avec mes amies dans les montagnes, pour y pleurer de ce qu’il me faille mourir avant d’avoir été mariée.

38 Jephté lui dit : « Va ! » et la laissa partir pour deux mois. Elle s’en alla avec ses amies sur les montagnes pour y pleurer de devoir mourir sans être mariée. 39 A la fin des deux mois, elle revint auprès de son père, et il accomplit envers sa fille, qui était vierge, le vœu qu’il avait fait. C’est là l’origine de la coutume qui s’établit en Israël : 40 chaque année les jeunes filles s’en vont pendant quatre jours pour célébrer la fille de Jephté, le Galaadite.

Footnotes

  1. 7.1 De l’autre côté de la vallée de Jizréel, à une quinzaine de kilomètres des Israélites.
  2. 7.3 En hébreu, le verbe trembler fait jeu de mots avec le nom Harod (v. 1).
  3. 7.3 Le mont Galaad se trouve à l’est du Jourdain. Peut-être ce mot désignait-il aussi le mont Guilboa.
  4. 8.5 A l’est du Jourdain (voir Gn 33.17). Cette ville devait être importante vu le nombre de ses chefs et responsables (v. 14).
  5. 8.8 Le lieu où Jacob avait lutté avec Dieu (nommé Péniel dans Gn 32.30-31) à 8 kilomètres de Soukkoth.
  6. 8.24 Les Ismaélites étaient parents des Madianites (Gn 25.1-2) et leur sont quelquefois identifiés (v. 22, 24 ; Gn 37.25-28 ; 39.1).
  7. 8.33 Baal-Berith, divinité qui avait un sanctuaire à Sichem (voir 9.4).
  8. 9.6 Sur le chêne de Sichem, voir Jos 24.26.
  9. 9.7 Les précipices du mont Garizim surplombent par endroits la ville de Sichem, située entre les monts Garizim et Ebal.
  10. 9.28 Voir Gn 33.19.
  11. 9.29 Je lui dirais : d’après l’ancienne version grecque. Le texte hébreu traditionnel a : et il s’écria.
  12. 10.12 Il s’agit très certainement d’autres Maônites que ceux de la ville de Maôn en Juda (Jos 15.55 ; 1 S 25.2). L’ancienne version grecque a : les Madianites.
  13. 10.17 Selon le sens du mot, observatoire en Galaad (Gn 31.49), à distinguer du Mitspé de Benjamin (Jos 18.26).
  14. 11.4 Voir note 3.13.