Proclamation dont Habaquq, le prophète, a reçu la révélation.

Plaintes et questions

Le prophète discute avec Dieu

Jusques à quand, ô Eternel,
appellerai-je à l’aide
sans que tu ne m’entendes ?
Jusques à quand devrai-je |crier vers toi |au sujet de la violence
sans que tu sauves ?
Pourquoi me fais-tu voir |de telles injustices ?
Comment peux-tu te contenter |d’observer les méfaits |qui se commettent ?
Je ne vois devant moi |que ravage et violence,
il y a des querelles,
et des conflits surgissent.
A cause de cela, |on ne respecte plus la loi,
et le droit ne triomphe pas.
Car les méchants |empêchent les justes d’agir[a],
les jugements qui sont rendus |sont corrompus.

La réponse inattendue de Dieu

– Regardez, traîtres[b], |et observez !
Vous serez stupéfaits, |vous serez ébahis,
car je vais accomplir |en votre temps une œuvre ;
vous ne le croiriez pas |si on vous en parlait.
Je vais faire venir |les Chaldéens[c],
peuple féroce |et déchaîné,
qui parcourt les étendues de la terre
pour prendre possession |des demeures d’autrui.
Il est terrible et redoutable,
il impose lui-même |son droit et son pouvoir.
Ses chevaux sont agiles, |plus que des léopards,
et ils ont du mordant, |plus que les loups du soir.
Ses coursiers se déploient,
ils arrivent de loin,
ils volent comme l’aigle
lorsqu’il fond sur sa proie.
Oui, les voilà qui viennent |tous adonnés à la violence ;
le visage tendu, |ils foncent en avant.
Voilà les prisonniers |rassemblés, innombrables |comme les grains de sable.
10 Partout, ce peuple traite |les rois avec mépris,
et il se rit des princes,
il se rit de toutes leurs forteresses ;
il élève contre elles |des terrasses de siège
et s’en empare.
11 Puis il change d’avis |et il passe plus loin[d].
Il se charge de crimes,
lui qui voue sa force à son dieu[e].

Pourquoi, ô Dieu ?

12 – N’es-tu pas depuis l’origine, |ô Eternel ?
Tu es mon Dieu, mon Saint,
tu ne meurs pas[f].
O Eternel, |toi le rocher, |c’est pour exécuter |le jugement |que tu as suscité ce peuple,
et tu l’as rendu fort[g] |pour qu’il soit l’instrument |du châtiment.
13 Tes yeux sont bien trop purs |pour supporter la vue du mal,
tu ne peux accepter |de voir des méfaits se commettre.
Pourquoi supportes-tu |la vue des traîtres ?
Pourquoi gardes-tu le silence |quand l’impie engloutit |un plus juste que lui ?
14 Tu traites les humains |tout comme des poissons
ou comme des bestioles |qui sont sans maître.
15 Car le Chaldéen les prend tous |à l’hameçon,
il les drague dans son filet
et les entasse dans sa nasse.
Alors il se réjouit |et il exulte.
16 Alors il offre |à son filet des sacrifices,
il brûle de l’encens |en l’honneur de sa nasse,
car il obtient, par eux, |une pêche abondante,
des repas plantureux.
17 Continuera-t-il donc toujours |à dégainer son glaive[h]
pour égorger les autres peuples |sans aucune pitié ?

Le juste vivra grâce à sa foi

Je me tiendrai |à mon poste de garde,

je resterai debout |sur le fort du guetteur
et je guetterai pour savoir |ce que Dieu me dira,
ce que je répondrai |à ma protestation.

Et l’Eternel me répondit :
Ecris cette révélation,
et grave-la sur les tablettes,
de sorte que chaque lecteur |la lise couramment.
Car c’est une révélation |qui porte sur un temps fixé,
qui parle de la fin[i]
et n’est pas mensongère.
Si l’Eternel paraît tarder[j], |attends-le patiemment,
car il vient sûrement,
il ne tardera pas.
Si quelqu’un flanche,
il[k] n’est pas droit de cœur[l]
mais le juste vivra |grâce à sa foi[m].

Les cinq malheurs

En effet, la richesse décevra[n]
le guerrier orgueilleux, |et il ne subsistera pas,
lui qui, tel le séjour des morts, |ouvre une large bouche
et qui, comme la mort, |n’est jamais rassasié.
Car il ajoute à ses conquêtes |nation après nation,
et il rassemble tous les peuples |sous sa domination.
Mais, un jour, tous ces peuples |lanceront contre lui |des proverbes moqueurs
et des paroles ironiques.

Malheur aux accapareurs

Et l’on dira :
« Malheur à lui |car il amasse des richesses |qui ne sont pas à lui.
Jusques à quand |cela va-t-il durer ?
Il accumule |un lourd fardeau de dettes. »
Tes créanciers[o] |ne surgiront-ils pas soudain ?
Ils se réveilleront |pour te faire trembler
et ils feront de toi leur proie.
Toi qui as dépouillé |des peuples innombrables,
tu seras dépouillé |par le reste de tous les peuples.
Pour avoir répandu |le sang humain,
et pour avoir commis |des actes de violence
contre le pays de Juda, |sa ville et tous ses habitants[p].

Malheur aux malhonnêtes

Malheur à qui amasse |un profit malhonnête |pour toute sa famille,
et cherche ainsi à établir |son nid sur les hauteurs
pour le mettre à l’abri |de tout malheur.
10 Oui, c’est le déshonneur |de ton propre royaume |que tu as préparé.
En détruisant de nombreux peuples,
tu t’es fait du tort à toi-même.
11 Car, du sein des murailles, |les pierres vont crier ;
de la charpente, |les poutres leur feront écho.

Malheur aux violents

12 Malheur à qui bâtit la ville |en répandant le sang,
à qui fonde la cité sur le crime !
13 Quand les peuples travaillent |pour ce qui périt par le feu,
et quand les nations s’éreintent pour rien[q],
cela ne vient-il pas de l’Eternel, |du Seigneur des armées célestes ?
14 Car la terre sera remplie
de connaissance |de la gloire de l’Eternel
comme les eaux recouvrent |le fond des mers[r].

Malheur à celui qui enivre son prochain

15 Malheur à toi |qui forces ton prochain à boire
et qui vides ton outre |jusqu’à l’ivresse[s],
pour pouvoir contempler |sa nudité.
16 Toi aussi, tu seras |rassasié d’infamie |au lieu de gloire.
Toi aussi, tu boiras |et puis l’on te mettra à nu[t] |pour découvrir |ton incirconcision ;
ton tour viendra de boire |la coupe de colère[u] |que l’Eternel |te tendra de sa droite.
Le déshonneur |recouvrira ta gloire.
17 Tu seras submergé |par la violence |que tu as exercée |contre la forêt du Liban[v].
Le massacre des animaux |retombera sur toi
pour t’écraser ;
car tu as répandu |le sang humain,
tu as commis |des actes de violence |contre le pays de Juda,
sa ville et tous ses habitants[w].

Malheur aux idolâtres

18 A quoi sert une idole
sculptée par l’artisan ?
Ou une statue de métal fondu,
qui n’enseigne que le mensonge ?
Car celui qui l’a faite |se confie en son œuvre
pour fabriquer |une idole muette :
19 oui, malheur à qui dit |à un morceau de bois : |« Réveille-toi ! »,
à la pierre muette : |« Allons, sors du sommeil ! »
Peuvent-ils enseigner ?
Voici, ils sont plaqués |d’or et d’argent,
mais il n’y a en eux |aucun souffle de vie.
20 L’Eternel, lui, |se tient dans son saint Temple.
Que le monde entier fasse |silence devant lui !

Psaume

Dieu interviendra

Prière d’Habaquq le prophète, sur le mode des complaintes[x].

O Eternel, j’ai entendu |ce que tu viens de proclamer,
et je suis effrayé |devant ton œuvre, ô Eternel.
Dans le cours des années, |accomplis-la[y] !
Dans le cours des années, |fais-la connaître !
Dans ta colère cependant, |pense à être clément !
Dieu viendra de Témân,
le Saint viendra du mont Parân.
            Pause

Sa majesté |couvre le ciel,
et sa louange |remplit la terre.
Il a l’éclat de la lumière,
et, de sa main, |jaillissent deux rayons ;
c’est là qu’est le réservoir de sa force.
La peste meurtrière |chemine devant lui,
et la fièvre brûlante |marche à sa suite.
S’il vient à s’arrêter, |il fait vibrer[z] la terre.
Quand il regarde, |il ébranle les peuples,
les montagnes antiques |sont disloquées,
et les collines |des anciens temps s’effondrent.
Il parcourt à nouveau |les antiques sentiers.
J’ai vu les tentes de Koushân[aa] |réduites à néant ;
les abris de Madian |tremblaient, épouvantés.

L’Eternel sort pour délivrer son peuple

Est-ce contre les fleuves |que l’Eternel s’irrite,
est-ce contre les fleuves |que ton courroux s’enflamme ?
Est-ce contre la mer |que ta fureur s’exerce,
pour que tu viennes ainsi |monté sur tes chevaux,
sur tes chars victorieux ?
Ton arc est mis à nu,
tes traits sont les serments |que tu as prononcés[ab].
            Pause

Tu crevasses la terre, |livrant passage aux fleuves.
10 Les montagnes t’ont vu, |et elles tremblent.
Des trombes d’eau s’abattent,
l’abîme se met à mugir,
lançant bien haut ses vagues.
11 Le soleil et la lune |restent dans leur demeure
devant l’éclat |de tes flèches qui partent
et la clarté |des éclairs de ta lance.
12 Avec colère, tu parcours la terre,
tu foules les peuples aux pieds |dans ton indignation.
13 Oui, tu t’es mis en route |pour délivrer ton peuple,
et pour sauver ton roi |qui a reçu l’onction.
Tu as décapité |la maison du méchant,
et tu l’as démolie |de fond en comble.
            Pause

14 Tu transperces la tête |de l’ennemi |avec ses propres flèches,
alors qu’il arrivait |comme un vent d’ouragan |dans le but de nous disperser.
Déjà nos ennemis |se réjouissaient,
comptant bien dévorer |l’opprimé en secret[ac].
15 Tu as lancé |tes chevaux dans la mer,
dans le bouillonnement |des eaux puissantes.

L’Eternel est ma force

16 J’ai entendu cette nouvelle :
j’en suis tout bouleversé.
Mes lèvres balbutient
et mes os se dissolvent,
je reste là, tremblant.
Puisqu’il me faut attendre sans bouger, |le jour où la détresse
fondra sur l’ennemi |qui doit nous assaillir.

17 Car le figuier |ne bourgeonnera plus,
et il n’y aura plus |de raisins dans les vignes,
le fruit de l’olivier |trompera les espoirs,
les champs ne produiront |plus de pain à manger.
Les moutons et les chèvres |disparaîtront de leurs enclos,
et les bovins de leurs étables.
18 Mais moi, c’est à cause de l’Eternel |que je veux me réjouir,
j’exulterai de joie |à cause du Dieu qui me sauve.

19 L’Eternel, le Seigneur, |c’est lui ma force :
il rend mes pieds pareils |à ceux des biches,
il me fait cheminer |sur les lieux élevés.

Pour le chef des musiciens. A chanter avec accompagnement d’instruments à cordes.

Footnotes

  1. 1.4 Autre traduction : l’emportent sur les justes (dans les tribunaux).
  2. 1.5 traîtres : d’après un texte hébreu retrouvé à Qumrân et l’ancienne version grecque (voir Ac 13.41). Le texte hébreu traditionnel a : les nations.
  3. 1.6 Le nom Chaldéens désigne ici les Babyloniens, qui ont reconquis leur indépendance de l’Assyrie vers 630 av. J.-C. et fondé un empire néo-babylonien en 626, pour dominer tout le Proche-Orient de 605 à 539, en particulier durant le règne de Nabuchodonosor (605 à 562 av. J.-C.).
  4. 1.11 Verset difficile. Autres traductions : il est passé comme le vent et s’en est allé ou le vent est passé et s’en est allé.
  5. 1.11 Il se charge de crimes, lui … à son dieu. L’ancienne version grecque a : alors j’exposerai ma remontrance à mon Dieu. La fin du verset a été traduite diversement : lui qui attribue sa force à son Dieu ou lui dont la force est le dieu.
  6. 1.12 Selon une tradition de copistes juifs. Ce texte, jugé offensant pour Dieu, semble avoir été modifié en : nous ne mourrons pas, que l’on a actuellement dans le texte hébreu traditionnel.
  7. 1.12 Autre traduction : formé.
  8. 1.17 D’après le commentaire d’Habaquq retrouvé à Qumrân. Le texte hébreu traditionnel a : à vider son filet.
  9. 2.3 Autre traduction : qui aspire à sa fin.
  10. 2.3 Selon la traduction proposée, c’est l’Eternel qu’il faut attendre et qui viendra (voir 3.3 ; Hé 10.37). Pour d’autres, c’est l’accomplissement de la vision. Cité en Hé 10.37.
  11. 2.4 D’après l’ancienne version grecque. Le texte hébreu traditionnel a : celui qui est orgueilleux, qui … La différence ne tient qu’à l’inversion de deux lettres en hébreu.
  12. 2.4 L’ancienne version grecque a : je ne prends pas plaisir en lui (voir Hé 10.38).
  13. 2.4 Autre traduction : par sa fidélité. Il est clair cependant que cette fidélité englobe la foi et en découle (2.3 ; 3.2, 16-18). Cité en Rm 1.17 ; Ga 3.11 ; Hé 10.38.
  14. 2.5 D’après un texte hébreu retrouvé à Qumrân. Le texte hébreu traditionnel a : le vin est traître.
  15. 2.7 Jeu sur le double sens du terme hébreu qui peut aussi signifier : ceux qui te mordent.
  16. 2.8 Autre traduction : contre bien des pays, des villes et tous leurs habitants.
  17. 2.13 Voir Jr 51.58.
  18. 2.14 Reprise de Es 11.9.
  19. 2.15 et qui vides … l’ivresse. Autre traduction : en mêlant ton poison jusqu’à l’ivresse.
  20. 2.16 l’on te mettra à nu : selon le texte hébreu traditionnel. Le texte hébreu retrouvé à Qumrân, la version syriaque, la Vulgate et la version grecque d’Aquila ont : tu tituberas.
  21. 2.16 Voir Jr 25.15-29.
  22. 2.17 Voir Es 14.8. Autre traduction : contre le palais de la Forêt-du-Liban (voir 1 R 7.2, 7).
  23. 2.17 Voir v. 8 et note.
  24. 3.1 Terme hébreu de sens inconnu.
  25. 3.2 Voir 2.3.
  26. 3.6 Autre traduction : il mesure.
  27. 3.7 Probablement une peuplade nomade du désert du Sinaï.
  28. 3.9 Autre traduction : tes traits sont ceux que tu as juré d’utiliser.
  29. 3.14 Sens incertain. Autre traduction : dans sa cachette.

Oracle révélé à Habakuk, le prophète.

Jusqu'à quand, ô Éternel?... J'ai crié, Et tu n'écoutes pas! J'ai crié vers toi à la violence, Et tu ne secours pas!

Pourquoi me fais-tu voir l'iniquité, Et contemples-tu l'injustice? Pourquoi l'oppression et la violence sont-elles devant moi? Il y a des querelles, et la discorde s'élève.

Aussi la loi n'a point de vie, La justice n'a point de force; Car le méchant triomphe du juste, Et l'on rend des jugements iniques.

Jetez les yeux parmi les nations, regardez, Et soyez saisis d'étonnement, d'épouvante! Car je vais faire en vos jours une oeuvre, Que vous ne croiriez pas si on la racontait.

Voici, je vais susciter les Chaldéens, Peuple furibond et impétueux, Qui traverse de vastes étendues de pays, Pour s'emparer de demeures qui ne sont pas à lui.

Il est terrible et formidable; De lui seul viennent son droit et sa grandeur.

Ses chevaux sont plus rapides que les léopards, Plus agiles que les loups du soir, Et ses cavaliers s'avancent avec orgueil; Ses cavaliers arrivent de loin, Ils volent comme l'aigle qui fond sur sa proie.

Tout ce peuple vient pour se livrer au pillage; Ses regards avides se portent en avant, Et il assemble des prisonniers comme du sable.

10 Il se moque des rois, Et les princes font l'objet de ses railleries; Il se rit de toutes les forteresses, Il amoncelle de la terre, et il les prend.

11 Alors son ardeur redouble, Il poursuit sa marche, et il se rend coupable. Sa force à lui, voilà son dieu!

12 N'es-tu pas de toute éternité, Éternel, mon Dieu, mon Saint? Nous ne mourrons pas! O Éternel, tu as établi ce peuple pour exercer tes jugements; O mon rocher, tu l'as suscité pour infliger tes châtiments.

13 Tes yeux sont trop purs pour voir le mal, Et tu ne peux pas regarder l'iniquité. Pourquoi regarderais-tu les perfides, et te tairais-tu, Quand le méchant dévore celui qui est plus juste que lui?

14 Traiterais-tu l'homme comme les poissons de la mer, Comme le reptile qui n'a point de maître?

15 Il les fait tous monter avec l'hameçon, Il les attire dans son filet, Il les assemble dans ses rets: Aussi est-il dans la joie et dans l'allégresse.

16 C'est pourquoi il sacrifie à son filet, Il offre de l'encens à ses rets; Car par eux sa portion est grasse, Et sa nourriture succulente.

17 Videra-t-il pour cela son filet, Et toujours égorgera-t-il sans pitié les nations?

J'étais à mon poste, Et je me tenais sur la tour; Je veillais, pour voir ce que l'Éternel me dirait, Et ce que je répliquerais après ma plainte.

L'Éternel m'adressa la parole, et il dit: Écris la prophétie: Grave-la sur des tables, Afin qu'on la lise couramment.

Car c'est une prophétie dont le temps est déjà fixé, Elle marche vers son terme, et elle ne mentira pas; Si elle tarde, attends-la, Car elle s'accomplira, elle s'accomplira certainement.

Voici, son âme s'est enflée, elle n'est pas droite en lui; Mais le juste vivra par sa foi.

Pareil à celui qui est ivre et arrogant, L'orgueilleux ne demeure pas tranquille; Il élargit sa bouche comme le séjour des morts, Il est insatiable comme la mort; Il attire à lui toutes les nations, Il assemble auprès de lui tous les peuples.

Ne sera-t-il pas pour tous un sujet de sarcasme, De railleries et d'énigmes? On dira: Malheur à celui qui accumule ce qui n'est pas à lui! Jusques à quand?... Malheur à celui qui augmente le fardeau de ses dettes!

Tes créanciers ne se lèveront-ils pas soudain? Tes oppresseurs ne se réveilleront-ils pas? Et tu deviendras leur proie.

Parce que tu as pillé beaucoup de nations, Tout le reste des peuples te pillera; Car tu as répandu le sang des hommes, Tu as commis des violences dans le pays, Contre la ville et tous ses habitants.

Malheur à celui qui amasse pour sa maison des gains iniques, Afin de placer son nid dans un lieu élevé, Pour se garantir de la main du malheur!

10 C'est l'opprobre de ta maison que tu as résolu, En détruisant des peuples nombreux, Et c'est contre toi-même que tu as péché.

11 Car la pierre crie du milieu de la muraille, Et le bois qui lie la charpente lui répond.

12 Malheur à celui qui bâtit une ville avec le sang, Qui fonde une ville avec l'iniquité!

13 Voici, quand l'Éternel des armées l'a résolu, Les peuples travaillent pour le feu, Les nations se fatiguent en vain.

14 Car la terre sera remplie de la connaissance de la gloire de l'Éternel, Comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent.

15 Malheur à celui qui fait boire son prochain, A toi qui verses ton outre et qui l'enivres, Afin de voir sa nudité!

16 Tu seras rassasié de honte plus que de gloire; Bois aussi toi-même, et découvre-toi! La coupe de la droite de l'Éternel se tournera vers toi, Et l'ignominie souillera ta gloire.

17 Car les violences contre le Liban retomberont sur toi, Et les ravages des bêtes t'effraieront, Parce que tu as répandu le sang des hommes, Et commis des violences dans le pays, Contre la ville et tous ses habitants.

18 A quoi sert une image taillée, pour qu'un ouvrier la taille? A quoi sert une image en fonte et qui enseigne le mensonge, Pour que l'ouvrier qui l'a faite place en elle sa confiance, Tandis qu'il fabrique des idoles muettes?

19 Malheur à celui qui dit au bois: Lève-toi! A une pierre muette: Réveille-toi! Donnera-t-elle instruction? Voici, elle est garnie d'or et d'argent, Mais il n'y a point en elle un esprit qui l'anime.

20 L'Éternel est dans son saint temple. Que toute la terre fasse silence devant lui!

Prière d'Habakuk, le prophète. (Sur le mode des complaintes.)

Éternel, j'ai entendu ce que tu as annoncé, je suis saisi de crainte. Accomplis ton oeuvre dans le cours des années, ô Éternel! Dans le cours des années manifeste-la! Mais dans ta colère souviens-toi de tes compassions!

Dieu vient de Théman, Le Saint vient de la montagne de Paran... Pause. Sa majesté couvre les cieux, Et sa gloire remplit la terre.

C'est comme l'éclat de la lumière; Des rayons partent de sa main; Là réside sa force.

Devant lui marche la peste, Et la peste est sur ses traces.

Il s'arrête, et de l'oeil il mesure la terre; Il regarde, et il fait trembler les nations; Les montagnes éternelles se brisent, Les collines antiques s'abaissent; Les sentiers d'autrefois s'ouvrent devant lui.

Je vois dans la détresse les tentes de l'Éthiopie, Et les tentes du pays de Madian sont dans l'épouvante.

L'Éternel est-il irrité contre les fleuves? Est-ce contre les fleuves que s'enflamme ta colère, Contre la mer que se répand ta fureur, Pour que tu sois monté sur tes chevaux, Sur ton char de victoire?

Ton arc est mis à nu; Les malédictions sont les traits de ta parole... Pause. Tu fends la terre pour donner cours aux fleuves.

10 A ton aspect, les montagnes tremblent; Des torrents d'eau se précipitent; L'abîme fait entendre sa voix, Il lève ses mains en haut.

11 Le soleil et la lune s'arrêtent dans leur demeure, A la lumière de tes flèches qui partent, A la clarté de ta lance qui brille.

12 Tu parcours la terre dans ta fureur, Tu écrases les nations dans ta colère.

13 Tu sors pour délivrer ton peuple, Pour délivrer ton oint; Tu brises le faîte de la maison du méchant, Tu la détruis de fond en comble. Pause.

14 Tu perces de tes traits la tête de ses chefs, Qui se précipitent comme la tempête pour me disperser, Poussant des cris de joie, Comme s'ils dévoraient déjà le malheureux dans leur repaire.

15 Avec tes chevaux tu foules la mer, La boue des grandes eaux.

16 J'ai entendu... Et mes entrailles sont émues. A cette voix, mes lèvres frémissent, Mes os se consument, Et mes genoux chancellent: En silence je dois attendre le jour de la détresse, Le jour où l'oppresseur marchera contre le peuple.

17 Car le figuier ne fleurira pas, La vigne ne produira rien, Le fruit de l'olivier manquera, Les champs ne donneront pas de nourriture; Les brebis disparaîtront du pâturage, Et il n'y aura plus de boeufs dans les étables.

18 Toutefois, je veux me réjouir en l'Éternel, Je veux me réjouir dans le Dieu de mon salut.

19 L'Éternel, le Seigneur, est ma force; Il rend mes pieds semblables à ceux des biches, Et il me fait marcher sur mes lieux élevés. Au chefs des chantres. Avec instruments à cordes.

Le signe des sept derniers fléaux

15 Puis je vis dans le ciel un autre signe grandiose qui me remplit d’étonnement : sept anges portant sept fléaux, les sept derniers par lesquels se manifeste la colère de Dieu. Je vis aussi comme une mer cristalline mêlée de feu. Ceux qui avaient vaincu la bête, son image et le nombre de son nom se tenaient sur la mer de cristal. S’accompagnant de harpes divines, ils chantaient le cantique de Moïse[a], le serviteur de Dieu, et le cantique de l’Agneau. Ils chantaient :

Seigneur, Dieu, Tout-Puissant,
tes œuvres sont grandes et admirables.
Roi de tous les peuples,
ce que tu fais est juste
et conforme à la vérité !
Qui oserait, Seigneur,
refuser de te craindre
et de te rendre gloire ?
Car toi seul tu es saint ;
tous les peuples viendront
pour se prosterner devant toi,
car il deviendra manifeste
que tes actions sont justes.

Les sept coupes de la colère de Dieu[b]

Après cela je vis s’ouvrir dans le ciel le Temple qui abritait le tabernacle du témoignage.

Les sept anges porteurs des sept fléaux sortirent du Temple. Ils étaient vêtus de tuniques d’un lin pur, éclatant, et leur taille était serrée par une ceinture d’or.

L’un des quatre êtres vivants remit aux sept anges sept coupes d’or remplies de la colère du Dieu qui vit éternellement. Alors la gloire et la puissance de Dieu remplirent le Temple de fumée[c], en sorte que personne ne put y pénétrer tant que les sept fléaux, déclenchés par les sept anges, ne s’étaient pas accomplis.

Footnotes

  1. 15.3 Voir Ex 15.
  2. 15.5 Voir Es 6.4.
  3. 15.8 Comparer Ap 8 et 9. Les fléaux rappellent les plaies d’Egypte.

15 Puis je vis dans le ciel un autre signe, grand et admirable: sept anges, qui tenaient sept fléaux, les derniers, car par eux s'accomplit la colère de Dieu.

Et je vis comme une mer de verre, mêlée de feu, et ceux qui avaient vaincu la bête, et son image, et le nombre de son nom, debout sur la mer de verre, ayant des harpes de Dieu.

Et ils chantent le cantique de Moïse, le serviteur de Dieu, et le cantique de l'agneau, en disant: Tes oeuvres sont grandes et admirables, Seigneur Dieu tout puissant! Tes voies sont justes et véritables, roi des nations!

Qui ne craindrait, Seigneur, et ne glorifierait ton nom? Car seul tu es saint. Et toutes les nations viendront, et se prosterneront devant toi, parce que tes jugements ont été manifestés.

Après cela, je regardai, et le temple du tabernacle du témoignage fut ouvert dans le ciel.

Et les sept anges qui tenaient les sept fléaux sortirent du temple, revêtus d'un lin pur, éclatant, et ayant des ceintures d'or autour de la poitrine.

Et l'un des quatre êtres vivants donna aux sept anges sept coupes d'or, pleines de la colère du Dieu qui vit aux siècles des siècles.

Et le temple fut rempli de fumée, à cause de la gloire de Dieu et de sa puissance; et personne ne pouvait entrer dans le temple, jusqu'à ce que les sept fléaux des sept anges fussent accomplis.