Mardochée honoré par l’empereur

Cette nuit-là, comme l’empereur n’arrivait pas à trouver le sommeil, il se fit apporter le livre des Annales[a] relatant les événements passés et l’on en fit la lecture devant lui. On tomba sur le passage racontant comment Mardochée avait prévenu que Bigtân et Téresh, deux eunuques de l’empereur qui faisaient partie de la garde postée à l’entrée du palais, complotaient de porter la main sur l’empereur Xerxès.

L’empereur demanda : De quelle manière a-t-on honoré Mardochée et quelle distinction lui a-t-on accordée pour cela ?

Les serviteurs qui étaient en fonction auprès de lui répondirent : On n’a rien fait pour lui.

L’empereur demanda alors : Qui est dans la cour ?

C’était justement Haman qui entrait dans la cour extérieure du palais impérial, pour demander à l’empereur que l’on pende Mardochée à la potence qu’il avait fait préparer pour lui. Les serviteurs dirent à l’empereur : C’est Haman qui se tient dans la cour.

– Qu’il entre ! ordonna l’empereur.

Haman entra et l’empereur lui demanda : Que faut-il faire pour un homme que l’empereur désire honorer ?

En son for intérieur, Haman se dit : Quel homme l’empereur peut-il désirer honorer, sinon moi ?

Il répondit donc à l’empereur : Pour un homme que l’empereur désire honorer, que l’on apporte un manteau de l’empereur que l’empereur a déjà porté, que l’on amène un des chevaux que l’empereur a montés, et que l’on pose sur la tête du cheval un diadème impérial[b]. Que l’on confie le manteau ainsi que le cheval à l’un des ministres de l’empereur, l’un des hauts dignitaires, et qu’on revête du manteau l’homme que l’empereur désire honorer, puis qu’on le fasse monter sur le cheval et qu’on le conduise ainsi sur la place de la ville en proclamant devant lui : « Voilà ce que l’empereur fait pour l’homme qu’il désire honorer ! »

10 Alors l’empereur dit à Haman : Dépêche-toi d’aller chercher le manteau et le cheval, comme tu l’as dit, et fais tout cela pour le Juif Mardochée, qui exerce des fonctions au palais ! N’omets rien de tout ce que tu as proposé !

11 Haman alla chercher le manteau et le cheval, il revêtit Mardochée du manteau, puis il le fit monter sur le cheval et le conduisit ainsi sur la grande place de la ville en proclamant devant lui : Voilà ce que l’empereur fait pour l’homme qu’il désire honorer !

12 Ensuite, tandis que Mardochée retournait à ses fonctions au palais impérial, Haman rentra précipitamment chez lui comme en deuil et en se couvrant le visage. 13 Il raconta à Zéresh sa femme et à tous ses amis ce qui venait de lui arriver. Ses conseillers et sa femme lui dirent : Si ce Mardochée devant qui tu as commencé à être humilié est Juif, tu ne pourras rien contre lui. Tu peux être certain que tu continueras à déchoir devant lui.

14 Ils étaient encore en train de s’entretenir avec lui quand survinrent les envoyés de l’empereur venus faire presser Haman de se rendre au festin[c] préparé par Esther.

Esther présente sa requête

L’empereur et Haman arrivèrent donc pour festoyer avec l’impératrice Esther. Ce deuxième jour, pendant que l’on buvait le vin, l’empereur demanda de nouveau à Esther : Dis-moi quelle est ta requête, impératrice Esther ? Elle te sera accordée. Quelle est ta demande ? Même si c’est la moitié de mon empire, tu l’obtiendras.

L’impératrice Esther répondit : Si l’empereur veut m’accorder une faveur, si l’empereur le veut bien, que la vie sauve me soit accordée, c’est là ma requête. Que la vie sauve soit aussi accordée à mon peuple, telle est ma demande. En effet, moi et mon peuple, nous avons été livrés pour être massacrés, tués et exterminés. Si nous avions seulement été vendus[d] comme esclaves et servantes, j’aurais gardé le silence ; car, dans ce cas, notre infortune ne vaudrait pas la peine que l’on importune l’empereur[e].

Alors l’empereur Xerxès demanda à l’impératrice Esther : Qui est-il, celui qui a eu l’audace de concevoir un tel dessein ? Où est-il ?

Esther répondit : Le persécuteur, l’ennemi, c’est Haman, ce misérable !

Alors Haman fut épouvanté, devant l’empereur et l’impératrice. Furieux, l’empereur laissa son vin, se leva et sortit dans le jardin du palais. Haman, voyant bien que, dans l’esprit de l’empereur, son malheur était décidé, resta là pour implorer l’impératrice Esther pour sa vie. L’empereur revint du jardin à la salle du festin au moment où Haman se laissait tomber sur le divan où Esther était allongée. Du coup, l’empereur s’écria : Veut-il en plus faire violence à l’impératrice en ma présence dans mon palais ?

A peine l’empereur eut-il prononcé ces mots que l’on recouvrit la tête[f] de Haman. Harbona, l’un des eunuques, dit alors devant l’empereur : Il y a justement cette potence que Haman a fait faire pour Mardochée, qui a parlé pour le bien de l’empereur. Elle se trouve dans la cour de Haman et elle a vingt-cinq mètres de haut.

L’empereur ordonna : Qu’on l’y pende !

10 On pendit donc Haman à la potence qu’il avait préparée pour Mardochée. Alors la colère de l’empereur s’apaisa.

Le nouvel édit

Ce même jour, l’empereur Xerxès fit don à l’impératrice Esther de tous les biens de Haman[g], le persécuteur des Juifs, et Mardochée fut introduit en présence de l’empereur, car Esther avait révélé quel était son lien de parenté avec elle. Alors l’empereur retira de son doigt l’anneau qu’il avait repris à Haman[h] et il le donna à Mardochée. Esther le chargea de gérer les biens de Haman. Puis Esther parla de nouveau à l’empereur. Elle se jeta à ses pieds, et le supplia en pleurant de réduire à néant le mal organisé par Haman d’Agag, et les projets qu’il avait formés contre les Juifs. L’empereur tendit le sceptre d’or à Esther. Alors elle se releva et se tint debout devant lui.

– Si l’empereur le veut bien, dit-elle, et si vraiment j’ai obtenu sa faveur, si ma demande lui paraît convenable et s’il trouve plaisir en moi, qu’il veuille bien révoquer par écrit les lettres conçues par Haman, fils d’Hammedata l’Agaguite, et qu’il avait rédigées dans le but de faire périr les Juifs qui vivent dans toutes les provinces de l’empire. En effet, comment pourrais-je supporter de voir le malheur s’abattre sur mon peuple ? Oui, comment pourrais-je supporter la vue de la disparition de ma race ?

L’empereur Xerxès répondit à l’impératrice Esther et au Juif Mardochée : En ce qui me concerne, j’ai déjà donné à Esther les biens de Haman, et lui, je l’ai fait pendre à la potence parce qu’il voulait porter la main sur les Juifs. Vous, maintenant, rédigez des lettres concernant les Juifs, comme vous le jugerez bon. Ecrivez-les au nom de l’empereur et cachetez-les avec le sceau impérial. En effet, un document rédigé au nom de l’empereur et cacheté avec son sceau est irrévocable[i].

On convoqua les secrétaires impériaux sur-le-champ, le vingt-troisième jour du troisième mois, c’est-à-dire du mois de Sivân. On écrivit aux Juifs, aux satrapes, aux gouverneurs et aux ministres des cent vingt-sept provinces qui s’étendaient de l’Inde à l’Ethiopie, tout ce qu’ordonna Mardochée. On rédigea les lettres avec l’écriture de chaque province et selon la langue de chaque peuple. De même, on écrivit aux Juifs avec leur écriture et dans leur langue. 10 Les lettres furent écrites au nom de l’empereur Xerxès et cachetées avec son sceau, et on les expédia par des courriers montés sur des pur-sang sélectionnés de l’administration impériale[j].

11 Par cet édit, l’empereur autorisait les Juifs de chaque ville à se regrouper pour défendre leur vie, à massacrer, tuer et exterminer toute bande armée d’un peuple ou d’une province qui les attaquerait, y compris leurs enfants et leurs femmes, et à piller les biens de ces gens. 12 Cette autorisation était valable pour un jour, le treizième jour du douzième mois qui est le mois d’Adar, dans toutes les provinces de l’empereur Xerxès[k]. 13 Une copie du texte de la lettre devait être promulguée comme ayant force de loi dans chaque province, et portée à la connaissance de toute sa population, afin que les Juifs se tiennent prêts à se faire justice de leurs ennemis ce jour-là.

14 Les courriers montés sur les pur-sang de l’administration impériale partirent à bride abattue, par ordre de l’empereur, tandis que l’édit était immédiatement publié dans la citadelle de Suse. 15 Mardochée sortit de chez l’empereur revêtu d’un habit impérial violet et blanc, et portant une grande couronne d’or et un manteau de byssus et de pourpre. Toute la ville de Suse retentissait de cris de joie et se réjouissait. 16 Pour les Juifs, ce fut un jour lumineux, un jour de bonheur, de joie et de gloire. 17 En chaque province, en chaque ville, et en tout lieu où parvenaient l’ordonnance et l’édit de l’empereur, ce fut pour les Juifs le bonheur et la joie, ainsi qu’une occasion de festin et de fête. Un grand nombre de gens du pays se firent Juifs, tant les Juifs leur inspiraient de crainte.

Le péril des ennemis des Juifs

Le treizième jour du douzième mois, c’est-à-dire le mois d’Adar, arriva. C’était le jour où le décret impérial devait être appliqué. En ce jour, les ennemis des Juifs avaient espéré se rendre maîtres d’eux, mais la situation se retourna : ce furent les Juifs qui se rendirent maîtres de leurs ennemis. Dans les villes de toutes les provinces de l’empereur Xerxès où ils habitaient, ils se regroupèrent pour s’en prendre à ceux qui leur voulaient du mal. Personne ne put leur résister, tant la peur qu’ils inspiraient s’était emparée de tout le monde. Tous les ministres des provinces, les satrapes, les gouverneurs et les fonctionnaires impériaux soutinrent les Juifs par crainte de Mardochée. En effet, celui-ci occupait un haut rang au palais impérial, et sa renommée s’était répandue dans toutes les provinces, car il devenait de plus en plus puissant.

Ainsi, les Juifs frappèrent tous leurs ennemis de l’épée, ils les tuèrent et les exterminèrent, ou les traitèrent comme ils le jugèrent bon. Dans la seule citadelle de Suse, les Juifs tuèrent et firent périr cinq cents hommes, ainsi que Parshandatha, Dalphôn et Aspata, Porata, Adalia et Aridata, Parmashta, Arizaï, Aridaï et Vayezata, 10 les dix fils de Haman, fils de Hammedata, le persécuteur des Juifs. Mais on s’abstint de tout pillage.

11 Le jour même, l’empereur fut informé du nombre de victimes dans la citadelle de Suse. 12 Il dit à l’impératrice Esther : Dans la seule citadelle de Suse, les Juifs ont tué et fait périr cinq cents hommes ainsi que les dix fils de Haman. Qu’ont-ils dû faire dans les autres provinces de l’empire ! Néanmoins, si tu as encore une requête à formuler, elle te sera accordée. Quelle est ta demande ? Tu l’obtiendras.

13 Esther répondit : Si l’empereur le veut bien, qu’il accorde aux Juifs de Suse la permission d’agir demain comme aujourd’hui, et que l’on pende les corps des dix fils de Haman à la potence.

14 L’empereur donna l’ordre de procéder ainsi. Un nouveau décret fut promulgué à Suse, et les dix fils de Haman furent pendus. 15 Les Juifs de Suse se rassemblèrent donc encore le quatorzième jour du mois d’Adar et tuèrent trois cents hommes, mais sans piller leurs biens.

16 Les autres Juifs disséminés dans les provinces de l’empire se réunirent aussi pour défendre leur vie et garantir leur tranquillité vis-à-vis de leurs ennemis, 17 et le treizième jour du mois d’Adar, ils tuèrent 75 000 de leurs ennemis, mais sans piller leurs biens. Le quatorzième jour du mois, ils cessèrent tout massacre et firent de ce jour un jour de festin et de réjouissances.

18 Par contre les Juifs de Suse qui s’étaient regroupés le treizième et le quatorzième jour, se reposèrent le quinzième, et c’est ce jour-là qu’ils firent des festins et se livrèrent à des réjouissances. 19 C’est ce qui explique pourquoi les Juifs disséminés dans les campagnes et ceux qui habitent des localités des campagnes font du quatorzième jour du mois d’Adar un jour de fête, de réjouissances et de festin, et s’envoient mutuellement des cadeaux ce jour-là.

L’institution de la fête de Pourim

20 Mardochée consigna par écrit le récit de tous ces événements, puis il envoya des lettres à tous les Juifs de toutes les provinces de l’empereur Xerxès, auprès et au loin. 21 Il leur demanda de célébrer tous les ans une fête le quatorzième et le quinzième jour du mois d’Adar, 22 puisqu’en ces jours, les Juifs s’étaient assuré la tranquillité vis-à-vis de leurs ennemis et qu’en ce mois, leur affliction avait été changée en joie et leur deuil en fête. Il les invitait à commémorer ces jours-là par des festins et des réjouissances, et par des échanges mutuels de cadeaux et des dons aux pauvres. 23 Les Juifs suivirent les consignes de Mardochée et firent de cette fête, qu’ils venaient de célébrer, une tradition à respecter tous les ans.

24 Car Haman, fils de Hammedata l’Agaguite, le persécuteur de tous les Juifs, avait résolu de les exterminer. Il avait jeté le Pour – ce qui veut dire « sort » en perse – en vue de leur ruine et de leur extermination. 25 Mais Esther était allée trouver l’empereur qui avait ordonné par écrit de faire retomber sur lui les méchants plans qu’il avait formés contre les Juifs et de le pendre, lui et ses fils, à la potence. 26 C’est pourquoi on a appelé ces jours-là Pourim d’après le mot perse qui signifie « sort ».

Selon les instructions de la lettre de Mardochée et à cause des événements dont ils avaient eux-mêmes été les témoins et qu’ils avaient subis, 27 les Juifs instituèrent la tradition pour eux, pour leurs descendants et pour ceux qui se joindraient à eux, selon laquelle on ne devait pas omettre de célébrer chaque année ces deux jours à la date fixée et de la manière prescrite par Mardochée. 28 Ainsi le souvenir de ces jours est perpétué de génération en génération dans chaque famille, dans chaque province et dans chaque ville, par cette célébration. Les Juifs ne doivent pas cesser de célébrer ces jours des Pourim et leur souvenir ne doit pas se perdre chez leurs descendants.

29 L’impératrice Esther, fille d’Abichaïl, écrivit avec le Juif Mardochée en usant de toute son autorité pour confirmer cette seconde lettre au sujet des Pourim. 30 Ils envoyèrent des lettres contenant des vœux pour une paix véritable à tous les Juifs des cent vingt-sept provinces de l’empire de Xerxès. 31 Elles confirmaient l’institution de ces jours des Pourim à la date fixée, tels que le Juif Mardochée et l’impératrice Esther les avaient institués, et tels que les Juifs les avaient eux-mêmes institués pour eux-mêmes et pour leurs descendants, avec des jeûnes et des supplications. 32 L’ordre d’Esther institua le rituel de cette fête des Pourim, et cela fut consigné dans un livre.

Mardochée, bras droit de l’empereur

10 Par la suite, l’empereur Xerxès imposa un tribut à tout son empire ainsi qu’aux territoires côtiers[l]. Tous ses actes démontrant sa puissance et sa vaillance, ainsi que la manière dont il éleva Mardochée à un rang important, sont consignés dans le livre des Annales des empereurs des Mèdes et des Perses. Le Juif Mardochée occupa, en effet, le second rang, après l’empereur Xerxès. Il fut très considéré par les Juifs et aimé par tous ses compatriotes, parce qu’il travaillait au bien de son peuple et œuvrait pour la paix de toute sa race[m].

Footnotes

  1. 6.1 Voir 2.23.
  2. 6.8 Sur des monuments anciens, on voit des chevaux couronnés d’un ornement à trois pointes ressemblant à une couronne.
  3. 6.14 On venait chercher les invités de marque à leur domicile.
  4. 7.4 Voir 3.9 et 4.7 : Esther avait été informée de la transaction proposée par Haman.
  5. 7.4 Autre traduction : … j’aurais gardé le silence ; mais la compensation offerte par notre adversaire n’est pas comparable au préjudice que l’empereur va subir.
  6. 7.8 On recouvrait la tête des condamnés à mort.
  7. 8.1 Selon la coutume du temps, les biens d’un condamné à mort étaient confisqués par l’empereur.
  8. 8.2 Voir 3.10 et note.
  9. 8.8 Dans l’administration perse, un décret enregistré en bonne et due forme était irrévocable (1.19 ; voir Dn 6.9), mais l’empereur pouvait promulguer un nouveau décret opposé au premier, autorisant les Juifs à se défendre s’ils étaient attaqués.
  10. 8.10 Sens le plus probable d’un terme inconnu (de même au v. 14).
  11. 8.12 C’est-à-dire à la date prévue par Haman pour le massacre des Juifs (3.13) : 7 mars 473 av. J.-C.
  12. 10.1 Les îles de la mer Egée avaient été conquises par Darius Hystaspe, mais perdues par Xerxès dans la guerre contre les Grecs, sauf Chypre et quelques petites îles de la côte libyenne.
  13. 10.3 Les Juifs jouirent de la paix et de la prospérité dans l’Empire perse jusqu’au temps des successeurs d’Alexandre le Grand.

Cette nuit-là, le roi ne put pas dormir, et il se fit apporter le livre des annales, les Chroniques. On les lut devant le roi,

et l'on trouva écrit ce que Mardochée avait révélé au sujet de Bigthan et de Théresch, les deux eunuques du roi, gardes du seuil, qui avaient voulu porter la main sur le roi Assuérus.

Le roi dit: Quelle marque de distinction et d'honneur Mardochée a-t-il reçue pour cela? Il n'a rien reçu, répondirent ceux qui servaient le roi.

Alors le roi dit: Qui est dans la cour? -Haman était venu dans la cour extérieure de la maison du roi, pour demander au roi de faire pendre Mardochée au bois qu'il avait préparé pour lui. -

Les serviteurs du roi lui répondirent: C'est Haman qui se tient dans la cour. Et le roi dit: Qu'il entre.

Haman entra, et le roi lui dit: Que faut-il faire pour un homme que le roi veut honorer? Haman se dit en lui-même: Quel autre que moi le roi voudrait-il honorer?

Et Haman répondit au roi: Pour un homme que le roi veut honorer,

il faut prendre le vêtement royal dont le roi se couvre et le cheval que le roi monte et sur la tête duquel se pose une couronne royale,

remettre le vêtement et le cheval à l'un des principaux chefs du roi, puis revêtir l'homme que le roi veut honorer, le promener à cheval à travers la place de la ville, et crier devant lui: C'est ainsi que l'on fait à l'homme que le roi veut honorer!

10 Le roi dit à Haman: Prends tout de suite le vêtement et le cheval, comme tu l'as dit, et fais ainsi pour Mardochée, le Juif, qui est assis à la porte du roi; ne néglige rien de tout ce que tu as mentionné.

11 Et Haman prit le vêtement et le cheval, il revêtit Mardochée, il le promena à cheval à travers la place de la ville, et il cria devant lui: C'est ainsi que l'on fait à l'homme que le roi veut honorer!

12 Mardochée retourna à la porte du roi, et Haman se rendit en hâte chez lui, désolé et la tête voilée.

13 Haman raconta à Zéresch, sa femme, et à tous ses amis, tout ce qui lui était arrivé. Et ses sages, et Zéresch, sa femme, lui dirent: Si Mardochée, devant lequel tu as commencé de tomber, est de la race des Juifs, tu ne pourras rien contre lui, mais tu tomberas devant lui.

14 Comme ils lui parlaient encore, les eunuques du roi arrivèrent et conduisirent aussitôt Haman au festin qu'Esther avait préparé.

Le roi et Haman allèrent au festin chez la reine Esther.

Ce second jour, le roi dit encore à Esther, pendant qu'on buvait le vin: Quelle est ta demande, reine Esther? Elle te sera accordée. Que désires-tu? Quand ce serait la moitié du royaume, tu l'obtiendras.

La reine Esther répondit: Si j'ai trouvé grâce à tes yeux, ô roi, et si le roi le trouve bon, accorde-moi la vie, voilà ma demande, et sauve mon peuple, voilà mon désir!

Car nous sommes vendus, moi et mon peuple, pour être détruits, égorgés, anéantis. Encore si nous étions vendus pour devenir esclaves et servantes, je me tairais, mais l'ennemi ne saurait compenser le dommage fait au roi.

Le roi Assuérus prit la parole et dit à la reine Esther: Qui est-il et où est-il celui qui se propose d'agir ainsi?

Esther répondit: L'oppresseur, l'ennemi, c'est Haman, ce méchant-là! Haman fut saisi de terreur en présence du roi et de la reine.

Et le roi, dans sa colère, se leva et quitta le festin, pour aller dans le jardin du palais. Haman resta pour demander grâce de la vie à la reine Esther, car il voyait bien que sa perte était arrêtée dans l'esprit du roi.

Lorsque le roi revint du jardin du palais dans la salle du festin, il vit Haman qui s'était précipité vers le lit sur lequel était Esther, et il dit: Serait-ce encore pour faire violence à la reine, chez moi, dans le palais? Dès que cette parole fut sortie de la bouche du roi, on voila le visage d'Haman.

Et Harbona, l'un des eunuques, dit en présence du roi: Voici, le bois préparé par Haman pour Mardochée, qui a parlé pour le bien du roi, est dressé dans la maison d'Haman, à une hauteur de cinquante coudées. Le roi dit: Qu'on y pende Haman!

10 Et l'on pendit Haman au bois qu'il avait préparé pour Mardochée. Et la colère du roi s'apaisa.

En ce même jour, le roi Assuérus donna à la reine Esther la maison d'Haman, l'ennemi des Juifs; et Mardochée parut devant le roi, car Esther avait fait connaître la parenté qui l'unissait à elle.

Le roi ôta son anneau, qu'il avait repris à Haman, et le donna à Mardochée; Esther, de son côté, établit Mardochée sur la maison d'Haman.

Puis Esther parla de nouveau en présence du roi. Elle se jeta à ses pieds, elle pleura, elle le supplia d'empêcher les effets de la méchanceté d'Haman, l'Agaguite, et la réussite de ses projets contre les Juifs.

Le roi tendit le sceptre d'or à Esther, qui se releva et resta debout devant le roi.

Elle dit alors: Si le roi le trouve bon et si j'ai trouvé grâce devant lui, si la chose paraît convenable au roi et si je suis agréable à ses yeux, qu'on écrive pour révoquer les lettres conçues par Haman, fils d'Hammedatha, l'Agaguite, et écrites par lui dans le but de faire périr les Juifs qui sont dans toutes les provinces du roi.

Car comment pourrais-je voir le malheur qui atteindrait mon peuple, et comment pourrais-je voir la destruction de ma race?

Le roi Assuérus dit à la reine Esther et au Juif Mardochée: Voici, j'ai donné à Esther la maison d'Haman, et il a été pendu au bois pour avoir étendu la main contre les Juifs.

Écrivez donc en faveur des Juifs comme il vous plaira, au nom du roi, et scellez avec l'anneau du roi; car une lettre écrite au nom du roi et scellée avec l'anneau du roi ne peut être révoquée.

Les secrétaires du roi furent appelés en ce temps, le vingt-troisième jour du troisième mois, qui est le mois de Sivan, et l'on écrivit, suivant tout ce qui fut ordonné par Mardochée, aux Juifs, aux satrapes, aux gouverneurs et aux chefs des cent vingt-sept provinces situées de l'Inde à l'Éthiopie, à chaque province selon son écriture, à chaque peuple selon sa langue, et aux Juifs selon leur écriture et selon leur langue.

10 On écrivit au nom du roi Assuérus, et l'on scella avec l'anneau du roi. On envoya les lettres par des courriers ayant pour montures des chevaux et des mulets nés de juments.

11 Par ces lettres, le roi donnait aux Juifs, en quelque ville qu'ils fussent, la permission de se rassembler et de défendre leur vie, de détruire, de tuer et de faire périr, avec leurs petits enfants et leurs femmes, tous ceux de chaque peuple et de chaque province qui prendraient les armes pour les attaquer, et de livrer leurs biens au pillage,

12 et cela en un seul jour, dans toutes les provinces du roi Assuérus, le treizième du douzième mois, qui est le mois d'Adar.

13 Ces lettres renfermaient une copie de l'édit qui devait être publié dans chaque province, et informaient tous les peuples que les Juifs se tiendraient prêts pour ce jour-là à se venger de leurs ennemis.

14 Les courriers, montés sur des chevaux et des mulets, partirent aussitôt et en toute hâte, d'après l'ordre du roi. L'édit fut aussi publié dans Suse, la capitale.

15 Mardochée sortit de chez le roi, avec un vêtement royal bleu et blanc, une grande couronne d'or, et un manteau de byssus et de pourpre. La ville de Suse poussait des cris et se réjouissait.

16 Il n'y avait pour les Juifs que bonheur et joie, allégresse et gloire.

17 Dans chaque province et dans chaque ville, partout où arrivaient l'ordre du roi et son édit, il y eut parmi les Juifs de la joie et de l'allégresse, des festins et des fêtes. Et beaucoup de gens d'entre les peuples du pays se firent Juifs, car la crainte des Juifs les avait saisis.

Au douzième mois, qui est le mois d'Adar, le treizième jour du mois, jour où devaient s'exécuter l'ordre et l'édit du roi, et où les ennemis des Juifs avaient espéré dominer sur eux, ce fut le contraire qui arriva, et les Juifs dominèrent sur leurs ennemis.

Les Juifs se rassemblèrent dans leurs villes, dans toutes les provinces du roi Assuérus, pour mettre la main sur ceux qui cherchaient leur perte; et personne ne put leur résister, car la crainte qu'on avait d'eux s'était emparée de tous les peuples.

Et tous les chefs des provinces, les satrapes, les gouverneurs, les fonctionnaires du roi, soutinrent les Juifs, à cause de l'effroi que leur inspirait Mardochée.

Car Mardochée était puissant dans la maison du roi, et sa renommée se répandait dans toutes les provinces, parce qu'il devenait de plus en plus puissant.

Les Juifs frappèrent à coups d'épée tous leurs ennemis, ils les tuèrent et les firent périr; ils traitèrent comme il leur plut ceux qui leur étaient hostiles.

Dans Suse, la capitale, les Juifs tuèrent et firent périr cinq cents hommes,

et ils égorgèrent Parschandatha, Dalphon, Aspatha,

Poratha, Adalia, Aridatha,

Parmaschtha, Arizaï, Aridaï et Vajezatha,

10 les dix fils d'Haman, fils d'Hammedatha, l'ennemi des Juifs. Mais ils ne mirent pas la main au pillage.

11 Ce jour-là, le nombre de ceux qui avaient été tués dans Suse, la capitale, parvint à la connaissance du roi.

12 Et le roi dit à la reine Esther: Les Juifs ont tué et fait périr dans Suse, la capitale, cinq cents hommes et les dix fils d'Haman; qu'auront-ils fait dans le reste des provinces du roi? Quelle est ta demande? Elle te sera accordée. Que désires-tu encore? Tu l'obtiendras.

13 Esther répondit: Si le roi le trouve bon, qu'il soit permis aux Juifs qui sont à Suse d'agir encore demain selon le décret d'aujourd'hui, et que l'on pende au bois les dix fils d'Haman.

14 Et le roi ordonna de faire ainsi. L'édit fut publié dans Suse. On pendit les dix fils d'Haman;

15 et les Juifs qui se trouvaient à Suse se rassemblèrent de nouveau le quatorzième jour du mois d'Adar et tuèrent dans Suse trois cents hommes. Mais ils ne mirent pas la main au pillage.

16 Les autres Juifs qui étaient dans les provinces du roi se rassemblèrent et défendirent leur vie; ils se procurèrent du repos en se délivrant de leurs ennemis, et ils tuèrent soixante-quinze mille de ceux qui leur étaient hostiles. Mais ils ne mirent pas la main au pillage.

17 Ces choses arrivèrent le treizième jour du mois d'Adar. Les Juifs se reposèrent le quatorzième, et ils en firent un jour de festin et de joie.

18 Ceux qui se trouvaient à Suse, s'étant rassemblés le treizième jour et le quatorzième jour, se reposèrent le quinzième, et ils en firent un jour de festin et de joie.

19 C'est pourquoi les Juifs de la campagne, qui habitent des villes sans murailles, font du quatorzième jour du mois d'Adar un jour de joie, de festin et de fête, où l'on s'envoie des portions les uns aux autres.

20 Mardochée écrivit ces choses, et il envoya des lettres à tous les Juifs qui étaient dans toutes les provinces du roi Assuérus, auprès et au loin.

21 Il leur prescrivait de célébrer chaque année le quatorzième jour et le quinzième jour du mois d'Adar

22 comme les jours où ils avaient obtenu du repos en se délivrant de leurs ennemis, de célébrer le mois où leur tristesse avait été changée en joie et leur désolation en jour de fête, et de faire de ces jours des jours de festin et de joie où l'on s'envoie des portions les uns aux autres et où l'on distribue des dons aux indigents.

23 Les Juifs s'engagèrent à faire ce qu'ils avaient déjà commencé et ce que Mardochée leur écrivit.

24 Car Haman, fils d'Hammedatha, l'Agaguite, ennemi de tous les Juifs, avait formé le projet de les faire périr, et il avait jeté le pur, c'est-à-dire le sort, afin de les tuer et de les détruire;

25 mais Esther s'étant présentée devant le roi, le roi ordonna par écrit de faire retomber sur la tête d'Haman le méchant projet qu'il avait formé contre les Juifs, et de le pendre au bois, lui et ses fils.

26 C'est pourquoi on appela ces jours Purim, du nom de pur. D'après tout le contenu de cette lettre, d'après ce qu'ils avaient eux-mêmes vu et ce qui leur était arrivé,

27 les Juifs prirent pour eux, pour leur postérité, et pour tous ceux qui s'attacheraient à eux, la résolution et l'engagement irrévocables de célébrer chaque année ces deux jours, selon le mode prescrit et au temps fixé.

28 Ces jours devaient être rappelés et célébrés de génération en génération, dans chaque famille, dans chaque province et dans chaque ville; et ces jours de Purim ne devaient jamais être abolis au milieu des Juifs, ni le souvenir s'en effacer parmi leurs descendants.

29 La reine Esther, fille d'Abichaïl, et le Juif Mardochée écrivirent d'une manière pressante une seconde fois pour confirmer la lettre sur les Purim.

30 On envoya des lettres à tous les Juifs, dans les cent vingt-sept provinces du roi Assuérus. Elles contenaient des paroles de paix et de fidélité,

31 pour prescrire ces jours de Purim au temps fixé, comme le Juif Mardochée et la reine Esther les avaient établis pour eux, et comme ils les avaient établis pour eux-mêmes et pour leur postérité, à l'occasion de leur jeûne et de leurs cris.

32 Ainsi l'ordre d'Esther confirma l'institution des Purim, et cela fut écrit dans le livre.

10 Le roi Assuérus imposa un tribut au pays et aux îles de la mer.

Tous les faits concernant sa puissance et ses exploits, et les détails sur la grandeur à laquelle le roi éleva Mardochée, ne sont-ils pas écrits dans le livre des Chroniques des rois des Mèdes et des Perses?

Car le Juif Mardochée était le premier après le roi Assuérus; considéré parmi les Juifs et aimé de la multitude de ses frères, il rechercha le bien de son peuple et parla pour le bonheur de toute sa race.