Paul à Troas

20 Quand le tumulte se fut apaisé, Paul convoqua les disciples pour les encourager. Puis il prit congé d’eux et partit pour la Macédoine. En parcourant cette province, il eut de nombreuses occasions d’encourager les croyants. De là, il passa en Grèce où il demeura trois mois. Au moment où il allait s’embarquer pour la Syrie, il apprit que les Juifs avaient formé un complot contre lui. Il décida alors de repasser par la Macédoine. Ses compagnons[a] étaient Sopater, fils de Pyrrhus, originaire de Bérée, Aristarque et Secondus de Thessalonique, Gaïus, de Derbé, Timothée, et enfin Tychique et Trophime de la province d’Asie. Ils prirent les devants pour aller nous attendre à Troas. Quant à nous, nous nous sommes embarqués à Philippes après la fête des Pains sans levain[b] et, après une traversée de cinq jours, nous les avons rejoints à Troas où nous avons passé une semaine.

Le dimanche[c], nous[d] étions réunis pour rompre le pain[e]. Comme il devait partir le lendemain, Paul s’entretenait avec les assistants et prolongea son discours jusque vers minuit. Nous étions réunis à l’étage supérieur de la maison, éclairé par de nombreuses lampes. Un jeune homme nommé Eutychus s’était assis sur le rebord de la fenêtre et, comme Paul prolongeait encore l’entretien, il s’endormit profondément. Soudain, dans son sommeil, il perdit l’équilibre et tomba du troisième étage. Quand on le releva, il était mort.

10 Paul descendit, se pencha vers lui[f], le prit dans ses bras et dit : Ne vous inquiétez pas ! Il est encore en vie.

11 Il remonta, rompit le pain, mangea, et continua de parler jusqu’au point du jour. Puis il partit. 12 Quant au jeune homme, il fut ramené chez lui indemne, au grand réconfort de tous.

Paul fait ses adieux aux responsables de l’Eglise d’Ephèse

13 Pour nous, nous avons pris les devants, et nous nous sommes embarqués sur un bateau qui nous a amenés à Assos, où nous devions prendre Paul, conformément à ce qu’il avait décidé. Car il voulait faire la route à pied jusque-là. 14 Quand il nous eut rejoints à Assos, nous avons repris la mer ensemble. Après une escale à Mytilène, 15 nous avons passé le lendemain au large de Chio. Le jour suivant, nous jetions l’ancre à Samos et, un jour plus tard[g], nous abordions à Milet. 16 Paul avait, en effet, décidé de dépasser Ephèse sans s’y arrêter pour ne pas risquer de s’attarder dans la province d’Asie. Il se hâtait pour être à Jérusalem, si possible, le jour de la Pentecôte. 17 Pendant l’escale à Milet, il envoya quelqu’un à Ephèse pour demander aux responsables de l’Eglise de venir le rejoindre.

18 Quand ils furent arrivés auprès de lui, il leur dit :

Vous savez comment je me suis comporté pendant tout le temps que j’ai passé parmi vous, depuis le jour de mon arrivée dans la province d’Asie. 19 J’ai servi le Seigneur en toute humilité, avec des larmes, au milieu d’épreuves suscitées par les complots des Juifs. 20 Vous savez aussi que, sans rien vous cacher, je vous ai annoncé et enseigné tout ce qui pouvait vous être utile, soit publiquement, soit dans vos maisons. 21 Sans cesse, j’ai appelé Juifs et Grecs à se tourner vers Dieu et à croire en Jésus, notre Seigneur.

22 Et maintenant, me voici en route pour Jérusalem. L’Esprit m’y oblige, mais j’ignore ce qui m’y arrivera. 23 Tout ce que je sais, c’est que le Saint-Esprit m’avertit de ville en ville que je dois m’attendre à être emprisonné et à connaître bien des souffrances. 24 Ma vie m’importe peu, je ne lui accorde aucun prix ; mon but c’est d’aller jusqu’au bout de ma course et d’accomplir pleinement le service que le Seigneur m’a confié c’est-à-dire de proclamer l’Evangile, ce message de la grâce de Dieu. 25 Et maintenant, je le sais : vous tous, au milieu de qui j’ai passé en prêchant le royaume de Dieu, vous ne me reverrez plus. 26 C’est pourquoi je vous le déclare solennellement aujourd’hui : je suis dégagé de toute responsabilité à votre égard, 27 car je vous ai annoncé tout le plan de Dieu, sans rien passer sous silence. 28 Veillez donc sur vous-mêmes et sur tout le troupeau de l’Eglise que le Saint-Esprit a confié à votre garde. Comme le berger le fait de son troupeau, prenez soin de l’Eglise de Dieu[h] qu’il s’est acquise par son sacrifice. 29 Je le sais : quand je ne serai plus là, des loups féroces se glisseront parmi vous, et ils seront sans pitié pour le troupeau. 30 De vos propres rangs surgiront des hommes qui emploieront un langage mensonger pour se faire des disciples. 31 Soyez donc vigilants ! Rappelez-vous que, pendant trois années, la nuit comme le jour, je n’ai cessé de vous conseiller un à un, et parfois même avec larmes.

32 Et maintenant il ne me reste plus qu’à vous confier à Dieu et à sa Parole de grâce. Il a le pouvoir de vous faire grandir dans la foi et de vous assurer l’héritage qu’il vous réserve avec tous les membres de son peuple saint. 33 Je n’ai désiré ni l’argent, ni l’or, ni les vêtements de personne. 34 Regardez mes mains : ce sont elles, vous le savez bien, qui ont pourvu à mes besoins et à ceux de mes compagnons. 35 Je vous ai montré partout et toujours qu’il faut travailler ainsi pour aider les pauvres. Souvenons-nous de ce que le Seigneur Jésus lui-même a dit : « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir[i]. »

36 Après avoir ainsi parlé, Paul se mit à genoux et pria avec eux. 37 Tous, alors, éclatèrent en sanglots et ils se jetaient au cou de Paul pour l’embrasser. 38 Ce qui les affligeait surtout, c’était de l’avoir entendu dire qu’ils ne le reverraient plus. Puis ils l’accompagnèrent jusqu’au bateau.

Témoins à Rome

Paul et ses compagnons se rendent à Jérusalem

21 Après nous être séparés d’eux, nous avons pris la mer et nous avons mis directement le cap sur l’île de Cos, puis le lendemain, nous avons continué sur Rhodes et, de là, vers Patara. Pendant notre escale, nous avons trouvé un navire en partance pour la Phénicie. Nous nous y sommes embarqués et nous avons pris le large. Arrivés en vue de Chypre, nous l’avons laissée sur notre gauche et nous avons continué notre route vers la Syrie, pour débarquer à Tyr où le navire devait livrer sa cargaison. Il y avait là des disciples. Après les avoir trouvés, nous sommes restés sept jours avec eux. Or ceux-ci, poussés par l’Esprit, conseillaient à Paul de ne pas se rendre à Jérusalem.

Malgré cela, une fois cette semaine écoulée, nous sommes partis pour continuer notre voyage. Ils nous ont accompagnés, tous, avec leurs femmes et leurs enfants, à quelque distance de la ville. Là, nous nous sommes agenouillés sur le rivage pour prier. Puis, après avoir pris congé les uns des autres, nous sommes montés à bord du bateau, et les croyants s’en sont retournés chez eux.

Nous avons terminé notre voyage par mer en allant de Tyr à Ptolémaïs[j]. Dans cette ville, nous avons salué les frères et passé une journée avec eux.

Dès le lendemain, nous sommes repartis par la route pour Césarée[k]. Nous nous sommes rendus à la maison de Philippe[l], le prédicateur de l’Evangile – c’était l’un des sept hommes que l’on avait élus à Jérusalem –, et nous avons logé chez lui. Il avait quatre filles non mariées qui étaient prophétesses. 10 Nous étions déjà là depuis plusieurs jours, lorsque arriva de Judée un prophète appelé Agabus. 11 Il vint nous trouver, prit la ceinture de Paul et s’en servit pour s’attacher les pieds et les mains.

– Voici ce que déclare l’Esprit Saint, dit-il. L’homme à qui appartient cette ceinture sera attaché de cette manière par les Juifs à Jérusalem, puis ils le livreront entre les mains des non-Juifs.

12 En entendant cette déclaration, nous avons supplié Paul, nous et les croyants de Césarée, de ne pas monter à Jérusalem.

13 Mais il nous répondit : Que faites-vous là ? Voulez-vous me briser le cœur avec vos larmes ? Je suis tout à fait prêt, moi, non seulement à aller en prison, mais même à mourir à Jérusalem pour le Seigneur Jésus.

14 Comme nous n’arrivions pas à le faire changer d’avis, nous n’avons plus insisté et nous nous sommes contentés de dire : Que la volonté du Seigneur soit faite !

15 Après avoir passé ces quelques jours à Césarée, nous avons fait nos préparatifs et nous avons pris le chemin de Jérusalem. 16 Quelques disciples de Césarée nous ont accompagnés et nous ont emmenés chez un certain Mnason, originaire de Chypre, disciple depuis longtemps déjà, qui allait nous loger.

Paul, juif avec les Juifs

17 A notre arrivée à Jérusalem, les frères nous accueillirent avec joie. 18 Le lendemain, Paul se rendit avec nous chez Jacques[m], où tous les responsables de l’Eglise se rassemblèrent aussi. 19 Après les avoir salués, Paul exposa en détail tout ce que Dieu avait accompli par son ministère parmi les non-Juifs.

20 En l’écoutant, ils louaient Dieu, puis ils dirent à Paul :

Vois-tu, frère, combien de milliers de Juifs sont devenus croyants, et tous sont très attachés à la Loi de Moïse. 21 Or, ils ont entendu dire que tu enseignes à tous les Juifs disséminés à l’étranger d’abandonner les prescriptions de Moïse en leur disant de ne plus faire circoncire leurs enfants et, d’une manière générale, de ne plus suivre les coutumes juives. 22 Que faire donc ? Car, naturellement, ils vont apprendre ton arrivée.

23 Eh bien, voici ce que nous te conseillons : nous avons parmi nous quatre hommes qui ont fait un vœu. 24 Prends-les avec toi, participe avec eux à la cérémonie de la purification, et pourvois à leurs dépenses pour qu’ils se fassent raser la tête[n]. Ainsi tout le monde saura que les bruits répandus sur ton compte n’ont aucun fondement, mais qu’au contraire, tu continues toi-même à observer les prescriptions de la Loi. 25 Quant aux non-Juifs devenus croyants, voici les recommandations que nous leur avons données par lettre à la suite de nos délibérations : qu’ils ne mangent ni viande sacrifiée à des idoles, ni sang, ni viande d’animaux étouffés, et qu’ils s’abstiennent de toute inconduite sexuelle[o].

26 Le lendemain donc, Paul emmena ces hommes et participa avec eux à la cérémonie de la purification. Puis il entra dans la cour du Temple où il déclara à quelle date la période de la purification serait achevée, c’est-à-dire à quel moment on offrirait le sacrifice pour chacun d’eux.

L’arrestation de Paul

27 La semaine exigée pour la purification allait s’achever, lorsque des Juifs de la province d’Asie virent Paul dans la cour du Temple. Ils ameutèrent toute la foule et se jetèrent sur lui 28 en criant : Israélites ! Au secours ! Le voilà, celui qui ne cesse de prêcher partout et à tout le monde contre notre peuple, contre la Loi de Moïse et contre ce temple ! Et même, à présent, il a introduit des non-Juifs dans l’enceinte sacrée ; il a souillé ce saint lieu !

29 Ils disaient cela parce qu’ils avaient vu Trophime[p] d’Ephèse en ville avec lui, et ils s’imaginaient que Paul l’avait fait entrer dans la cour intérieure du Temple.

30 L’agitation gagna la ville tout entière et le peuple accourut en foule de toutes parts. On s’empara de Paul et on le traîna hors de la cour du Temple dont on ferma immédiatement les portes. 31 On cherchait à le mettre à mort, quand le commandant de la garnison romaine fut informé que tout Jérusalem était en effervescence. 32 Aussitôt, il rassembla des soldats avec leurs officiers et se précipita vers la foule. Dès qu’on aperçut le commandant et les soldats, on cessa de battre Paul. 33 Alors le commandant s’approcha, fit saisir Paul et donna ordre de le lier avec une double chaîne, puis il demanda qui il était et ce qu’il avait fait. 34 Mais dans la foule, les uns criaient une chose, les autres une autre, et le commandant ne put rien savoir de sûr de ce tumulte. Alors il ordonna de conduire Paul à la forteresse[q].

35 Quand Paul commença à gravir les marches de l’escalier, les soldats, devant la violence de la foule, se virent obligés de le porter à bras-le-corps. 36 En effet, tout le peuple le suivait en hurlant : A mort !

Paul défend sa cause

37 Au moment où on allait le faire entrer dans la citadelle, Paul demanda au commandant : M’est-il permis de te dire quelque chose ?

– Comment, fit l’autre, tu sais le grec ! 38 Tu n’es donc pas cet Egyptien qui a provoqué une émeute dernièrement et qui a entraîné quatre mille rebelles au désert ?

39 – Non, répondit Paul, je suis juif, né à Tarse en Cilicie, et citoyen d’une ville assez importante. Je te prie, permets-moi de dire quelques mots au peuple.

40 Le commandant lui en accorda la permission.

Alors Paul, debout sur les marches, fit signe de la main à la foule. Il se fit un grand silence, et Paul leur adressa la parole en hébreu.

22 – Mes frères et mes pères, dit-il, écoutez, je vous prie, ce que j’ai à vous dire pour ma défense.

Lorsqu’ils l’entendirent parler en hébreu, le calme se fit plus grand encore. Paul reprit :

Je suis juif. Je suis né à Tarse en Cilicie, mais j’ai été élevé ici à Jérusalem. C’est Gamaliel[r] qui fut mon maître ; il m’a enseigné avec une grande exactitude la Loi de nos ancêtres, et j’étais un partisan farouche de la cause de Dieu, comme vous l’êtes tous aujourd’hui. J’ai combattu à mort ce qu’on appelle la Voie, en faisant enchaîner et jeter en prison des hommes et des femmes. Le grand-prêtre et tout le Conseil des responsables du peuple peuvent témoigner que je dis vrai. Car c’est d’eux, précisément, que j’avais reçu des lettres de recommandation pour nos frères. Je suis alors parti pour Damas, bien résolu à faire enchaîner et à ramener à Jérusalem, afin de les faire punir, tous les adhérents de cette Voie que je trouverais là-bas.

Comme j’étais en chemin et que j’approchais de Damas, tout à coup, vers midi, une vive lumière a resplendi du ciel et m’a enveloppé.

Je suis tombé à terre et j’ai entendu une voix qui me demandait : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » Je me suis écrié : « Qui es-tu Seigneur ? » Alors la voix m’a dit : « Je suis, moi, Jésus de Nazareth, que tu persécutes. »

Ceux qui étaient avec moi ont bien vu la lumière, mais n’ont pas compris celui qui me parlait. 10 J’ai demandé : « Que dois-je donc faire, Seigneur ? » Et le Seigneur m’a dit : « Relève-toi, va à Damas, et là, on te dira tout ce que tu devras faire ! »

11 Mais je n’y voyais plus : l’éclat de cette lumière m’avait aveuglé. Alors mes compagnons m’ont pris par la main pour me conduire, et c’est ainsi que je suis arrivé à Damas.

12 Il y avait là un certain Ananias, un homme pieux, qui observait fidèlement la Loi. Il était estimé de tous les Juifs de la ville. 13 Il est venu me trouver, s’est tenu près de moi et m’a dit : « Saul, mon frère, recouvre la vue ! »

A l’instant même, je pus de nouveau voir et je l’ai vu.

14 Alors il m’a dit : « Le Dieu de nos ancêtres t’a choisi d’avance pour te faire connaître sa volonté, pour que tu voies le Juste et que tu entendes sa voix, 15 car tu seras son témoin devant tous les hommes pour leur annoncer tout ce que tu as vu et entendu. 16 Et maintenant, pourquoi tarder ? Lève-toi, fais-toi baptiser et sois lavé de tes péchés en priant le Seigneur. »

17 Un jour, après mon retour à Jérusalem, pendant que je priais dans la cour du Temple, je suis tombé en extase 18 et j’ai vu le Seigneur. Il m’a dit : « Hâte-toi de quitter Jérusalem, car ses habitants n’accepteront pas ton témoignage à mon sujet. »

19 J’ai répondu : « Mais, Seigneur, ils savent pourtant que j’allais de synagogue en synagogue pour faire emprisonner et fouetter ceux qui croient en toi. 20 Lorsqu’on a versé le sang d’Etienne, ton témoin, j’étais là, en personne, j’approuvais ce qui se passait et je gardais les vêtements de ses meurtriers. »

21 Le Seigneur m’a dit alors : « Va, je vais t’envoyer au loin vers les non-Juifs …  »

Paul en prison

22 La foule l’avait écouté jusque-là, mais, à ces mots, ils se mirent tous à crier : A mort ! Qu’on débarrasse la terre d’un tel individu ! Il n’a pas le droit de vivre !

23 Ils hurlaient de plus en plus fort, agitaient leurs vêtements et jetaient de la poussière en l’air. 24 Alors le commandant donna l’ordre de faire entrer Paul dans la citadelle et de le soumettre à la torture à coups de fouet, afin de savoir pourquoi les Juifs criaient ainsi contre lui.

25 On était en train de l’attacher avec des courroies, quand il demanda à l’officier de service : Avez-vous le droit de fouetter un citoyen romain, et sans même l’avoir jugé ?

26 Quand l’officier entendit cela, il courut avertir le commandant : Sais-tu ce que tu allais faire ? Cet homme est citoyen romain.

27 Le commandant se rendit aussitôt auprès de Paul et lui demanda : Dis-moi, es-tu vraiment citoyen romain ?

– Oui, répondit-il.

28 – Moi, reprit le commandant, j’ai dû payer très cher pour acquérir ce titre.

– Et moi, dit Paul, je le tiens de naissance.

29 Aussitôt, ceux qui allaient le torturer le laissèrent. Le commandant lui-même commença à s’inquiéter à l’idée qu’il avait bel et bien fait enchaîner un citoyen romain.

Paul devant le Grand-Conseil

30 C’est pourquoi, dès le lendemain, il voulut éclaircir l’affaire et savoir au juste de quoi les Juifs accusaient Paul. Il le fit délier et, après avoir convoqué les chefs des prêtres et tout le Grand-Conseil, il le fit descendre et le plaça en face d’eux.

23 Paul fixa ses regards sur tous les membres du Grand-Conseil et déclara : Mes frères, j’ai vécu devant Dieu jusqu’à ce jour avec une conscience parfaitement pure.

Mais le grand-prêtre Ananias[s] ordonna à ceux qui étaient près de Paul de le frapper sur la bouche.

Paul lui dit alors : Dieu lui-même va te frapper, muraille blanchie[t] ! Tu sièges là pour me juger selon la Loi, et voilà que tu violes la Loi en ordonnant de me frapper !

Les assistants s’écrièrent : Tu oses injurier le grand-prêtre de Dieu !

– Frères, reprit Paul, j’ignorais que c’était le grand-prêtre, car je sais bien qu’il est écrit : Tu n’insulteras pas le chef de ton peuple[u].

Paul savait que le Conseil était composé pour une part de sadducéens, pour l’autre de pharisiens, et il s’écria au milieu du Conseil : Frères, je suis pharisien et fils de pharisien. Si je suis mis en accusation, c’est pour notre espérance de la résurrection.

Ces mots provoquèrent une dispute entre pharisiens et sadducéens, et l’assemblée se divisa en deux camps. – Les sadducéens, en effet, déclarent qu’il n’y a pas de résurrection, pas plus que d’anges ou d’esprits, et les pharisiens affirment le contraire. – Le ton monta considérablement.

Quelques spécialistes de la Loi qui étaient du parti des pharisiens se levèrent pour protester avec énergie en faveur de l’accusé : Vraiment, nous ne trouvons rien à reprocher à cet homme. Après tout, qui sait ? Peut-être un esprit ou un ange lui a-t-il parlé ?

10 La dispute s’envenimait et le commandant craignit que son prisonnier soit tué par ces gens. Alors il fit signe à un détachement de soldats de descendre dans la salle pour tirer Paul du milieu d’eux et le ramener à la citadelle.

11 La nuit suivante, le Seigneur apparut à Paul et lui dit : Courage ! Tu as été mon témoin à Jérusalem, il faut que tu le sois aussi à Rome.

Le complot contre Paul

12 Le lendemain matin, au petit jour, les Juifs formèrent un complot. Ils firent le serment de ne rien manger ni boire avant d’avoir tué Paul. 13 Plus de quarante hommes participaient à cette conjuration. 14 Ils allèrent trouver les chefs des prêtres et les responsables du peuple et leur déclarèrent : Nous nous sommes engagés par un serment solennel à ne rien manger ni boire tant que nous n’aurons pas tué Paul. 15 A vous d’agir maintenant avec l’appui du Grand-Conseil : intervenez auprès du commandant et proposez-lui de faire comparaître Paul devant vous sous prétexte que vous voulez instruire son cas de plus près. De notre côté, nous avons pris nos dispositions pour le supprimer avant qu’il arrive ici.

16 Mais le fils de la sœur de Paul entendit parler du guet-apens. Il se rendit à la citadelle, y entra, et prévint Paul de ce qui se tramait.

17 Alors Paul fit appeler un officier de service et lui dit : Conduis ce jeune homme auprès du commandant, je t’en prie, il a quelque chose à lui dire.

18 L’officier l’emmena donc avec lui et l’introduisit auprès du commandant en disant : Le détenu Paul m’a fait appeler et m’a demandé de t’amener ce jeune homme qui a quelque chose à te dire.

19 Le commandant, prenant le jeune homme par la main, se retira avec lui à l’écart et lui demanda : Qu’as-tu à me dire ?

20 Alors le neveu de Paul raconta : Les Juifs ont convenu de te demander de leur amener Paul, demain, au Grand-Conseil. Ils disent qu’ils veulent examiner son cas de plus près. 21 Mais surtout, ne t’y laisse pas prendre. Ils sont à plus de quarante qui préparent un guet-apens contre lui. Ils ont juré de ne rien manger ni boire avant de l’avoir tué. Tout est prêt. Ils n’attendent plus que ton accord.

22 Le commandant laissa repartir le jeune homme. Mais il lui fit d’abord cette recommandation : Surtout ne va dire à personne que tu m’as prévenu de cette affaire.

Paul, prisonnier à Césarée

23 Aussitôt après, il appela deux de ses officiers et leur commanda : Rassemblez deux cents légionnaires et tenez-vous prêts à partir pour Césarée. Prenez avec vous soixante-dix cavaliers et deux cents soldats armés de lances. Départ à neuf heures ce soir. 24 Préparez aussi des montures pour Paul et amenez-le sain et sauf au gouverneur Félix[v].

25 Il rédigea en même temps le billet suivant pour le gouverneur :

26 Claudius Lysias adresse ses salutations à Son Excellence le gouverneur Félix.

27 Les Juifs s’étaient saisis de l’homme que je t’envoie et ils allaient le tuer quand je suis intervenu avec la troupe. Je l’ai arraché de leurs mains, car je venais d’apprendre qu’il était citoyen romain. 28 Comme je voulais savoir de quoi ils l’accusaient, je l’ai fait comparaître devant leur Grand-Conseil. 29 J’ai constaté que leurs accusations portaient sur des questions relatives à leur loi, mais que l’on ne pouvait lui imputer aucune faute entraînant la peine de mort ou même la prison. 30 Mais je viens d’être informé d’un projet d’attentat contre lui. C’est pourquoi je te l’envoie sans attendre, et je fais savoir à ses accusateurs que c’est devant toi qu’ils auront à porter plainte contre lui[w].

31 Conformément aux ordres reçus, les soldats emmenèrent Paul et le conduisirent pendant la nuit jusqu’à Antipatris[x]. 32 Le lendemain, les légionnaires laissèrent les cavaliers poursuivre seuls le chemin avec lui et ils revinrent à la citadelle.

33 A leur arrivée à Césarée, les cavaliers remirent la lettre au gouverneur et lui présentèrent Paul.

34 Le gouverneur lut la lettre et demanda de quelle province il était originaire. Apprenant qu’il était né en Cilicie, il lui dit : 35 Je t’entendrai quand tes accusateurs seront arrivés.

Puis il donna ordre de le faire mettre en résidence surveillée dans le palais d’Hérode[y].

Paul devant le gouverneur Félix

24 Cinq jours après, le grand-prêtre Ananias descendit à Césarée accompagné de quelques responsables du peuple et d’un avocat nommé Tertulle. Ils se présentèrent au gouverneur[z] pour porter plainte contre Paul.

On appela celui-ci et Tertulle commença son réquisitoire en ces termes :

Excellence, grâce à toi, à ta sage administration et aux réformes que ta sollicitude pour ce peuple t’a inspirées, nous jouissons d’une paix parfaite. Sois assuré, très excellent gouverneur Félix, que partout et toujours, nous en éprouvons la plus vive gratitude. Toutefois, nous ne voudrions pas te retenir trop longtemps. Je te prie seulement de nous accorder pour quelques instants ta bienveillante attention.

Nous avons découvert que cet individu est un danger public : il provoque des troubles chez tous les Juifs dans le monde entier, c’est un chef de la secte des Nazaréens[aa], et il a même tenté de profaner le Temple. C’est alors que nous l’avons arrêté. [Nous voulions le juger d’après notre Loi. Mais le commandant Lysias est intervenu avec beaucoup de violence et l’a arraché de nos mains, nous ordonnant de porter notre accusation devant toi[ab].] Procède toi-même à son interrogatoire et tu pourras reconnaître, d’après ses réponses, le bien-fondé de toutes nos accusations contre lui.

Les Juifs s’empressèrent de confirmer ses paroles en disant : Oui, tout ce qu’il a dit est exact.

10 Sur un signe du gouverneur, Paul prit à son tour la parole :

Je sais, dit-il, que depuis plusieurs années tu exerces la justice sur notre peuple. C’est donc en toute confiance que je viens te présenter ma défense. 11 Comme tu peux le vérifier toi-même, il n’y a pas plus de douze jours que je suis monté à Jérusalem pour y rendre un culte à Dieu. 12 Or, personne ne m’a vu dans la cour du Temple en train de discuter avec quelqu’un. Jamais on ne m’a surpris à soulever le peuple ni dans les synagogues, ni dans la ville, 13 et ces gens ne peuvent pas apporter la moindre preuve pour appuyer les accusations qu’ils viennent de porter contre moi. 14 Certes, je le reconnais volontiers devant toi : je sers le Dieu de mes ancêtres suivant la « Voie » qu’ils qualifient de « secte » ; je crois tout ce qui est écrit dans la Loi et les prophètes. 15 J’ai cette espérance en Dieu – et cette espérance est aussi la leur – que les morts, justes et injustes, ressusciteront. 16 C’est pourquoi je m’applique sans cesse, moi aussi, à garder une conscience irréprochable, tant devant Dieu que devant les hommes.

17 Après plusieurs années d’absence, je suis revenu dans mon pays pour apporter une aide en argent aux gens de mon peuple et pour présenter des offrandes à Dieu. 18 J’étais alors dans la cour du Temple, après avoir accompli les cérémonies de la purification ; il n’y avait autour de moi ni attroupement, ni désordre. Telle était la situation quand ils m’ont trouvé. 19 Mais, en fait, ce sont des Juifs de la province d’Asie qui m’ont trouvé, et ce sont eux qui devraient être ici pour soutenir leurs accusations devant toi, s’ils ont quelque reproche à me faire. 20 Ou bien alors, que ceux qui sont ici présents disent de quel méfait ils m’ont reconnu coupable lorsque j’ai comparu devant le Grand-Conseil. 21 A moins qu’ils ne me fassent grief de cette seule phrase que j’ai lancée, debout devant eux : « Si je suis mis en accusation, c’est parce que je crois en la résurrection des morts. »

22 Alors Félix, qui était très bien renseigné au sujet de la « Voie », ajourna le procès en disant : Quand le commandant Lysias viendra ici, j’examinerai votre affaire.

23 Il donna à l’officier responsable de Paul l’ordre de le garder prisonnier, mais en lui laissant une certaine liberté et sans empêcher sa parenté et ses amis de venir lui rendre des services.

24 Quelques jours plus tard, Félix revint, accompagné de sa femme Drusille[ac] qui était juive. Il fit appeler Paul et il l’écouta parler de la foi en Jésus-Christ.

25 Mais lorsque Paul en vint à ce qu’est la juste manière de vivre, à la maîtrise de soi et au jugement à venir, Félix prit peur et lui dit : Pour aujourd’hui, cela suffit : tu peux te retirer. Quand j’en aurai le temps, je te ferai rappeler.

26 Il nourrissait l’espoir que Paul lui donnerait de l’argent. C’est pourquoi il le faisait venir assez souvent pour s’entretenir avec lui.

27 Deux années s’écoulèrent ainsi ; après quoi, Félix fut remplacé par Porcius Festus[ad]. Mais, pour se ménager les bonnes grâces des Juifs, Félix laissa Paul en prison.

Paul en appelle à César

25 Trois jours après avoir pris ses fonctions à la tête de la province, Festus se rendit de Césarée à Jérusalem[ae]. Les chefs des prêtres et les notables juifs se présentèrent devant lui pour porter plainte contre Paul. Ils lui demandèrent avec insistance, comme une faveur spéciale, de faire transférer l’accusé à Jérusalem. Ils avaient déjà fait leurs plans : sur le trajet, ils voulaient lui dresser une embuscade et le tuer.

Mais Festus leur répondit : Paul est en prison à Césarée, et je ne vais pas tarder à retourner moi-même dans cette ville. Il y a parmi vous des hommes compétents : qu’ils m’y accompagnent, et si cet homme a commis quelque irrégularité, qu’ils portent plainte contre lui !

Festus ne resta pas plus de huit à dix jours à Jérusalem, puis il redescendit à Césarée. Le lendemain de son retour, il alla siéger au tribunal et y fit comparaître Paul. A peine celui-ci fut-il entré, que les Juifs venus de Jérusalem l’entourèrent et portèrent contre lui un grand nombre de graves accusations, mais ils ne pouvaient pas les prouver.

Paul, quant à lui, disait pour sa défense : Je n’ai commis aucune faute ni contre la loi juive, ni contre le temple, ni contre César.

Mais Festus voulait se concilier la faveur des Juifs ; il demanda donc à Paul : Acceptes-tu de retourner à Jérusalem pour y être jugé sur cette affaire sous ma présidence ?

10 – Non, répliqua Paul, je me tiens ici devant le tribunal de l’empereur, et c’est devant ce tribunal que je dois être jugé. Quant aux Juifs, je ne leur ai fait aucun tort, tu as pu fort bien t’en rendre compte par toi-même. 11 Si je suis coupable et si j’ai commis un crime passible de la peine de mort, je ne refuse pas de mourir. Mais si les accusations de ces gens-là sont sans aucun fondement, nul n’a le droit de me livrer entre leurs mains. J’en appelle à l’empereur[af] !

12 Alors Festus, après avoir délibéré avec ses conseillers, décida : Tu en as appelé à l’empereur ; tu comparaîtras donc devant l’empereur.

Paul devant Festus et Agrippa

13 Quelque temps plus tard, le roi Agrippa[ag] et Bérénice arrivèrent à Césarée pour rendre visite à Festus[ah]. 14 Leur séjour dura plusieurs jours.

Festus en profita pour exposer au roi le cas de Paul : J’ai là un homme, dit-il, que mon prédécesseur Félix a laissé en prison. 15 Lors de mon passage à Jérusalem, les chefs des prêtres et les responsables des Juifs sont venus porter plainte contre lui et ils m’ont demandé de le condamner. 16 Mais je leur ai répondu que les Romains n’ont pas coutume de livrer un prévenu avant de l’avoir confronté avec ses accusateurs et de lui avoir donné l’occasion de se défendre de leurs accusations. 17 Ils sont donc venus ici avec moi. Je n’ai pas voulu remettre l’affaire à plus tard et, dès le lendemain, j’ai tenu audience et donné l’ordre d’amener cet homme.

18 Je m’attendais à ce que ses accusateurs le chargent de toutes sortes de crimes graves. Il n’en fut rien. 19 Il ne s’agissait que de discussions au sujet de leur propre religion et d’un certain Jésus qui est mort et dont Paul dit qu’il est vivant. 20 Je me suis trouvé dans l’incapacité de prendre une décision dans un débat de ce genre. J’ai donc demandé à Paul s’il consentait à monter à Jérusalem pour que son affaire y soit jugée. 21 Mais il a préféré user de son droit d’appel et il a demandé que sa cause soit portée devant le tribunal de l’empereur. J’ai donc ordonné de le garder en prison jusqu’à ce que je puisse l’envoyer à César.

22 Alors Agrippa dit à Festus : J’aimerais bien entendre cet homme, moi aussi.

– Tu pourras l’entendre dès demain, lui répondit Festus.

23 Le lendemain, donc, Agrippa et Bérénice arrivèrent en grand apparat et firent leur entrée dans la salle d’audience, suivis des officiers supérieurs et des notables de la ville. Sur un ordre de Festus, Paul fut introduit.

24 – Roi Agrippa, dit alors le gouverneur, et vous tous qui êtes ici présents, vous avez devant vous l’homme au sujet duquel toute la foule des Juifs est venue me trouver, à Jérusalem aussi bien qu’ici, pour crier qu’il n’avait plus le droit de vivre. 25 Or, en ce qui me concerne, je n’ai rien trouvé dans son cas qui puisse mériter une condamnation à mort. Cependant, puisqu’il en a appelé à l’empereur, j’ai décidé de le lui envoyer. 26 Seulement, je ne dispose d’aucun fait précis à écrire à l’empereur. C’est pourquoi je le fais comparaître devant vous, et tout spécialement devant toi, roi Agrippa, afin d’avoir quelque chose à écrire après cet interrogatoire. 27 Car il est absurde, me semble-t-il, d’envoyer ainsi un prisonnier à Rome sans pouvoir préciser les accusations dont il est l’objet.

Paul défend sa cause

26 Agrippa[ai] dit à Paul : Tu as la parole : tu peux présenter ta défense.

Alors Paul étendit la main et présenta ainsi sa défense : Roi Agrippa ! Je m’estime heureux de pouvoir aujourd’hui me défendre devant toi de toutes les accusations que les Juifs ont portées contre moi, car tu connais parfaitement toutes leurs coutumes et leurs discussions. Veuille donc, je te prie, m’écouter avec patience.

Tous mes compatriotes savent comment j’ai vécu, dès ma jeunesse, au sein de mon peuple, à Jérusalem. Ils me connaissent depuis longtemps et ils peuvent témoigner, s’ils le veulent bien, que j’ai conduit ma vie selon les principes du parti le plus strict de notre religion : celui des pharisiens.

Et maintenant, si je suis traduit en justice, c’est à cause de mon espérance dans la promesse de Dieu à nos ancêtres. Nos douze tribus espèrent voir son accomplissement, en rendant leur culte à Dieu nuit et jour. Oui, c’est à cause de cette espérance que je suis mis en accusation, par des Juifs, ô roi ! Et pourtant ! trouvez-vous incroyable que Dieu puisse ressusciter des morts ?

Pour moi donc, j’ai d’abord pensé que je devais m’opposer par tous les moyens au nom de Jésus de Nazareth. 10 C’est ce que j’ai fait à Jérusalem : j’ai jeté en prison, en vertu des pouvoirs que j’avais reçus des chefs des prêtres, un grand nombre des membres du peuple saint et, lorsqu’il s’agissait de les condamner, j’ai voté leur mise à mort. 11 Je passais d’une synagogue à l’autre pour les faire punir et essayer de les contraindre à renier leur foi ; dans l’excès de ma fureur, j’allais les traquer jusque dans les villes étrangères.

12 C’est ainsi qu’un jour, muni des pleins pouvoirs que m’avaient accordés les chefs des prêtres en me donnant cette mission, je me suis rendu à Damas. 13 J’étais en chemin et il était environ midi. C’est alors, ô roi, que j’ai vu, venant du ciel, une lumière plus éclatante que celle du soleil. Elle m’enveloppait de son éclat ainsi que mes compagnons de voyage. 14 Nous sommes tous tombés à terre, et j’entendis une voix qui me disait en hébreu : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Tu te blesses toi-même en te rebiffant contre l’aiguillon. »

15 Je demandai : « Qui es-tu, Seigneur ? »

Et le Seigneur dit : « Je suis, moi, Jésus, que tu persécutes. 16 Mais lève-toi, tiens-toi debout. Car je te suis apparu pour que tu sois mon serviteur, pour témoigner aux hommes que tu m’as vu[aj] et leur dire ce que je te ferai encore voir par la suite. 17 Je t’ai choisi du milieu[ak] du peuple juif et des non-Juifs, vers lesquels je t’envoie. 18 Tu devras leur ouvrir les yeux et les faire passer des ténèbres à la lumière et du pouvoir de Satan à Dieu pour qu’en croyant en moi, ils reçoivent le pardon de leurs péchés et une part d’héritage avec les membres du peuple saint. »

19 Ainsi, ô roi Agrippa, je n’ai pas désobéi à cette vision venue du ciel. 20 Mais je me suis adressé d’abord aux habitants de Damas et à ceux de Jérusalem, puis à ceux de toute la Judée, et enfin aux non-Juifs, et je leur ai annoncé qu’ils devaient changer, se convertir à Dieu et traduire ce changement par des actes. 21 Et c’est pour cette raison que les Juifs se sont emparés de moi dans la cour du Temple et qu’ils ont essayé de me tuer.

22 Mais j’ai été protégé par Dieu jusqu’à ce jour et je suis donc encore là pour apporter mon témoignage aux gens d’humble condition comme aux personnages importants. Et ce que je déclare, ce n’est rien d’autre que les événements dont les prophètes et Moïse ont annoncé l’accomplissement : 23 c’est-à-dire que le Messie souffrirait, et qu’il serait le premier à ressusciter pour annoncer la lumière du salut, non seulement au peuple juif, mais aussi aux non-Juifs.

L’avis du roi Agrippa

24 Paul en était là dans sa défense, quand Festus[al] s’écria : Tu es fou, Paul ! Ton grand savoir te fait perdre la tête !

25 – Non, Excellence, répondit Paul, je ne suis pas fou. Tout ce que je dis est vrai et sensé. 26 D’ailleurs, le roi Agrippa est au courant de ces faits – et c’est pour cela que je peux lui en parler avec assurance. Aucun de ces événements ne lui échappe, j’en suis sûr, car ce n’est pas en secret qu’ils se sont produits. 27 Crois-tu aux prophètes, roi Agrippa ? Oui, je le sais, tu y crois.

28 Alors Agrippa dit à Paul : Encore un peu et tu vas me persuader au point de faire de moi un chrétien[am] !

29 – Qu’il s’en faille de peu ou de beaucoup, reprit Paul, je prie Dieu que non seulement toi, mais encore tous ceux qui m’écoutent en cet instant, vous deveniez comme je suis moi-même, à l’exception de ces chaînes !

30 Là-dessus, le roi se leva, et le gouverneur, Bérénice, ainsi que tous ceux qui avaient siégé avec eux l’imitèrent. 31 En se retirant, ils se disaient les uns aux autres : Cet homme n’a rien fait qui mérite la mort ou la prison.

32 Et Agrippa dit à Festus : Il aurait pu être relâché s’il n’avait pas fait appel à l’empereur.

Le départ pour Rome

27 Quand il fut décidé que nous partirions en bateau pour l’Italie, on confia Paul et quelques autres prisonniers à la garde d’un officier du bataillon impérial, nommé Julius. Nous nous sommes embarqués sur un navire d’Adramytte[an], qui devait se rendre dans les ports d’Asie Mineure, et nous sommes partis. Nous avions avec nous Aristarque de Thessalonique en Macédoine.

Le lendemain, nous avons fait escale à Sidon. Julius, qui témoignait une grande bienveillance à Paul, lui a permis alors de se rendre chez ses amis pour recevoir leur aide. Une fois repartis de là, nous avons longé la côte de Chypre pour nous protéger des vents contraires. Puis nous avons traversé la mer qui baigne la Cilicie et la Pamphylie, et nous avons débarqué à Myra, en Lycie. Là, l’officier a trouvé un bateau d’Alexandrie qui était sur le point de partir pour l’Italie et il nous a fait monter à son bord.

Pendant plusieurs jours, nous avons navigué lentement et c’est avec beaucoup de peine que nous sommes parvenus à la hauteur de Cnide. Mais le vent ne nous permettait plus d’avancer dans cette direction, et nous sommes passés au sud de la Crète, en doublant le cap Salmoné. Nous avons eu du mal à longer la côte et nous sommes arrivés à un endroit appelé « Beaux-Ports », près de la ville de Lasée.

Tempête et naufrage

Beaucoup de temps s’était écoulé ainsi, et la navigation devenait dangereuse, car l’époque du grand jeûne d’automne[ao] était déjà passée.

Alors Paul leur a donné cet avertissement : 10 Mes amis, je considère que, si nous continuons notre voyage, non seulement la cargaison et le bateau subiront de grands dommages, mais nous-mêmes nous risquerons notre vie.

11 Mais l’officier romain se fiait plus à l’opinion du pilote et du patron du bateau qu’aux paroles de Paul. 12 De plus, comme le port ne convenait pas à un hivernage, la majorité a décidé d’en repartir pour gagner, si possible, Phénix, un port de Crète orienté vers le sud-ouest et le nord-ouest, et d’y passer l’hiver. 13 Une légère brise du sud s’était levée et ils voyaient déjà leur projet réalisé. Ils ont donc levé l’ancre et longé la côte de Crète au plus près.

14 Mais peu de temps après, un vent violent comme un typhon – connu sous le nom d’euraquilon – s’est mis à souffler des hauteurs de l’île. 15 Le bateau était entraîné au large : il ne pouvait pas résister au vent et nous avons dû nous laisser emporter à la dérive. 16 Nous avons passé ainsi au sud d’une petite île appelée Cauda. Comme elle nous abritait un peu du vent, nous en avons profité pour nous rendre maîtres du canot de sauvetage. Nous sommes parvenus, à grand-peine, 17 à le hisser à bord. Puis on a eu recours à des moyens de fortune : on a ceinturé tout le bateau de cordages. Comme on avait peur d’échouer sur les bancs de sable de la Syrte[ap], on a jeté l’ancre flottante[aq] et l’on continuait ainsi à dériver.

18 Le lendemain, comme la tempête n’arrêtait pas de secouer le bateau avec violence, on l’a délesté d’une partie de sa cargaison. 19 Le troisième jour, les matelots ont jeté, de leurs propres mains, tous les agrès du bateau à la mer. 20 Pendant plusieurs jours, on ne voyait plus ni le soleil ni les étoiles. La tempête continuait de faire rage et nous finissions par perdre tout espoir d’en sortir sains et saufs.

21 Il y avait longtemps qu’on n’avait plus rien mangé.

Alors Paul, debout au milieu d’eux, leur a dit : Mes amis, vous auriez mieux fait de m’écouter et de ne pas quitter la Crète. Vous auriez évité tous ces dégâts et toutes ces pertes.

Footnotes

  1. 20.4 Certains manuscrits ont : il avait pour l’accompagner jusque dans la province d’Asie.
  2. 20.6 Voir Ex 12.14-20.
  3. 20.7 Autre traduction : le samedi soir.
  4. 20.7 nous : voir note 16.10.
  5. 20.7 C’est-à-dire pour la cène, « le repas du Seigneur », qui se célébrait au cours d’un repas fraternel (voir 1 Co 11.18-34).
  6. 20.10 Autre traduction : se précipita vers lui.
  7. 20.15 Certains manuscrits précisent : après nous être arrêtés à Trogyllion.
  8. 20.28 Certains manuscrits ont : l’Eglise du Seigneur.
  9. 20.35 Parole qui ne figure pas dans les évangiles et que la tradition orale a transmise à Paul.
  10. 21.7 Ptolémaïs : actuellement St-Jean-d’Acre.
  11. 21.8 Césarée : port de Judée, résidence habituelle des gouverneurs romains (appelée aujourd’hui Césarée maritime pour la distinguer de Césarée de Philippe près des sources du Jourdain). Césarée était à 56 kilomètres au sud de Ptolémaïs.
  12. 21.8 Voir 6.5 ; 8.5.
  13. 21.18 Voir note 12.17 ; comparer 15.13.
  14. 21.24 Voir note 18.18.
  15. 21.25 Voir note 15.20.
  16. 21.29 Trophime : voir 20.4.
  17. 21.34 A l’angle nord-ouest de la terrasse du Temple, Hérode le Grand avait fait bâtir la forteresse Antonia, où les troupes romaines étaient cantonnées.
  18. 22.3 Gamaliel : voir note 5.34.
  19. 23.2 Ananias : grand-prêtre juif de 47 à 59.
  20. 23.3 En Orient, on blanchissait les murailles pour en cacher les défauts.
  21. 23.5 Ex 22.27.
  22. 23.24 Félix : gouverneur de la Judée de 52 à 59/60.
  23. 23.30 Quelques manuscrits ajoutent la formule de salutation : adieu.
  24. 23.31 Antipatris : poste militaire reconstruit par Hérode le Grand à mi-chemin entre Jérusalem et Césarée.
  25. 23.35 Palais construit par Hérode le Grand à Césarée. Les gouverneurs romains en avaient fait leur résidence habituelle.
  26. 24.1 C’est-à-dire Félix : voir note 23.24.
  27. 24.5 Nazaréens : voir Mt 2.23.
  28. 24.8 Le passage entre crochets est absent de plusieurs manuscrits.
  29. 24.24 Drusille : fille cadette d’Hérode Agrippa Ier. Mariée au roi d’Emèse, elle lui fut enlevée par Félix.
  30. 24.27 Festus prit le gouvernement de la Judée vers 59-60.
  31. 25.1 Jérusalem : à une centaine de kilomètres de Césarée.
  32. 25.11 Tout citoyen romain avait le droit de faire appel d’une décision d’un tribunal romain à celui de l’empereur, à Rome.
  33. 25.13 Agrippa : Hérode Agrippa II, fils d’Hérode Agrippa Ier (voir Ac 12) régnait sur une région située au nord du pays d’Israël. Sa sœur Bérénice était une sœur de Drusille (24.24).
  34. 25.13 Festus : voir note 24.27.
  35. 26.1 Agrippa : voir note 25.13.
  36. 26.16 Certains manuscrits ont : des choses que tu as vues.
  37. 26.17 Autre traduction : Je te délivrerai.
  38. 26.24 Festus : voir note 24.27.
  39. 26.28 Autres traductions : tu vas me persuader que tu vas faire de moi un chrétien, ou : tu vas me persuader de faire le chrétien. Certains manuscrits ont : tu vas bientôt me persuader de devenir chrétien.
  40. 27.2 Adramytte : port de la côte ouest d’Asie Mineure, proche de Troas.
  41. 27.9 Le grand jeûne d’automne : c’est-à-dire le grand jour des Expiations où le grand-prêtre offrait un sacrifice pour tous les péchés du peuple. Cette fête, accompagnée d’un jeûne, tombait en septembre ou début octobre. A cette époque, la navigation devenait dangereuse.
  42. 27.17 Sur les côtes de Libye.
  43. 27.17 l’ancre flottante : pièce de bois remorquée par le bateau pour lui permettre de rester dans l’axe du vent. Selon certains : on abaissa la voile.