La famille d’Elimélek en Moab

A l’époque où les chefs gouvernaient Israël, une famine survint dans le pays[a]. Un homme de Bethléhem en Juda[b] partit séjourner avec sa femme et ses deux fils dans la campagne du pays de Moab[c]. Cet homme s’appelait Elimélek, sa femme Noémi et ses deux fils Mahlôn et Kilyôn. Ils faisaient partie des Ephratiens[d], de Bethléhem en Juda. Ils parvinrent en Moab, dans la campagne, et s’y établirent. Elimélek, le mari de Noémi, mourut là et elle resta seule avec ses deux fils. Ils épousèrent des femmes moabites, dont l’une s’appelait Orpa et l’autre Ruth. Ils demeurèrent là une dizaine d’années, puis Mahlôn et Kilyôn moururent à leur tour, et Noémi resta seule, privée à la fois de ses deux fils et de son mari.

Noémi et Ruth à Bethléhem

Lorsqu’elle apprit que l’Eternel était intervenu en faveur de son peuple et qu’il lui avait donné de quoi se nourrir, Noémi se mit en route avec ses deux belles-filles pour rentrer du pays de Moab. Elles quittèrent donc ensemble l’endroit où elles s’étaient établies et prirent le chemin du pays de Juda.

Alors Noémi dit à ses deux belles-filles : Allez et rentrez chacune dans la famille de votre mère[e] ! Que l’Eternel soit bon pour vous, comme vous l’avez été pour ceux qui sont morts et pour moi-même. Qu’il vous donne à chacune de trouver le bonheur dans un nouveau foyer.

Puis elle les embrassa pour prendre congé. Les deux jeunes femmes pleurèrent à gros sanglots 10 et lui dirent : Non ! nous t’accompagnerons dans ta patrie.

11 Noémi leur répondit : Retournez chez vous, mes filles ! Pourquoi viendriez-vous avec moi ? Je ne peux plus avoir des fils qui pourraient vous épouser[f]. 12 Retournez chez vous, mes filles, allez ! Je suis trop âgée pour me remarier. Et même si je disais : « J’ai de quoi espérer des enfants, je me donnerai à un mari cette nuit même et j’en aurai des fils, 13 attendriez-vous qu’ils aient grandi et renonceriez-vous pour cela à vous remarier ? Bien sûr que non, mes filles ! Je suis bien plus affligée que vous, car l’Eternel est intervenu contre moi. »

14 Alors les deux belles-filles se remirent à sangloter. Finalement, Orpa embrassa sa belle-mère, mais Ruth resta avec elle.

15 Noémi lui dit : Regarde : ta belle-sœur est partie rejoindre son peuple et ses dieux, fais comme elle : retourne chez les tiens !

16 Mais Ruth lui répondit : N’insiste pas pour que je te quitte et que je me détourne de ta route ; partout où tu iras, j’irai ; où tu t’installeras, je m’installerai ; ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu. 17 Là où tu mourras, je mourrai aussi et j’y serai enterrée. Que l’Eternel me punisse avec la plus grande sévérité, si autre chose que la mort me sépare de toi !

18 Devant une telle résolution à la suivre, Noémi cessa d’insister 19 et elles s’en allèrent toutes deux ensemble jusqu’à Bethléhem. Leur arrivée là-bas mit toute la localité en émoi.

– Est-ce bien là Noémi ? demandèrent les femmes.

20 Elle leur répondit : Ne m’appelez plus Noémi (L’heureuse), appelez-moi Mara (L’affligée), car le Tout-Puissant m’a beaucoup affligée. 21 Je suis partie d’ici comblée, et l’Eternel m’y fait revenir les mains vides. Alors pourquoi m’appeler encore Noémi quand l’Eternel s’est prononcé contre moi et que le Tout-Puissant m’a plongée dans l’affliction ?

22 C’est ainsi que Noémi et sa belle-fille, Ruth, la Moabite, revinrent des plaines de Moab. Lorsqu’elles arrivèrent à Bethléhem, c’était le début de la moisson de l’orge[g].

Ruth rencontre Booz

Noémi avait un parent du côté de son mari, un homme de valeur influent, de la famille d’Elimélek, nommé Booz.

Ruth la Moabite dit à Noémi : Permets-moi d’aller aux champs ramasser des épis laissés par les moissonneurs[h]. J’irai derrière celui qui m’accueillera aimablement.

Noémi lui répondit : Va ma fille.

Ruth partit donc et se mit à glaner dans les champs derrière les moissonneurs. Il arriva par hasard qu’elle se trouvait dans un champ appartenant à Booz, ce parent d’Elimélek. Un peu plus tard, Booz lui-même vint de Bethléhem et salua les moissonneurs en leur disant : Que l’Eternel soit avec vous !

Ils lui répondirent : Que l’Eternel te bénisse !

Booz demanda au serviteur qui était responsable des moissonneurs : A qui est cette jeune femme ?

Le responsable des moissonneurs lui répondit : C’est la jeune Moabite qui est revenue avec Noémi des plaines de Moab. Elle nous a demandé la permission de glaner les épis entre les gerbes derrière les moissonneurs. Elle est venue ce matin et, depuis, elle a été à pied d’œuvre jusqu’à maintenant et s’est à peine reposée un instant[i].

Booz dit à Ruth : Ecoute bien, ma fille : Ne va pas glaner dans un autre champ ; reste ici et suis mes servantes ! Regarde bien où mes hommes moissonneront et suis les femmes qui ramassent les épis. J’ai interdit à mes serviteurs de t’ennuyer. Et si tu as soif, va boire aux cruches qu’ils ont remplies.

10 Ruth s’inclina jusqu’à terre[j], se prosterna et lui dit : Pourquoi m’accueilles-tu avec tant de faveur et t’intéresses-tu à moi qui ne suis qu’une étrangère[k] ?

11 Booz lui répondit : On m’a bien raconté tout ce que tu as fait pour ta belle-mère après la mort de ton mari. Je sais que tu as quitté ton père et ta mère et ton pays natal pour venir vivre chez un peuple que tu ne connaissais pas auparavant. 12 Que l’Eternel te récompense pour ce que tu as fait et que le Dieu d’Israël, sous la protection[l] duquel tu es venue t’abriter, t’accorde une pleine récompense !

13 Ruth dit : Mon maître, tu m’accueilles avec tant de faveur que j’en suis réconfortée. Tes paroles me touchent, moi ta servante, bien que je ne sois pas même au rang de tes servantes.

14 A l’heure du repas, Booz lui dit : Approche-toi et viens prendre un morceau de pain. Trempe-le dans la vinaigrette[m] !

Alors elle s’assit à côté des moissonneurs, et Booz lui offrit des épis grillés[n]. Elle en mangea à satiété et garda le reste. 15 Quand elle retourna pour glaner, Booz ordonna à ses serviteurs : Permettez-lui aussi de glaner entre les gerbes sans la rabrouer ! 16 Laissez même tomber exprès pour elle quelques épis des javelles et abandonnez-les pour qu’elle puisse les ramasser ! Et ne lui faites pas de reproches !

17 Ainsi Ruth glana dans le champ jusqu’au soir, puis elle battit ce qu’elle avait ramassé[o]. Il y avait quarante litres d’orge[p]. 18 Elle l’emporta, rentra au village et montra à sa belle-mère ce qu’elle avait ramassé. Elle sortit aussi les épis qui restaient de son repas de midi après qu’elle se fut rassasiée et les lui donna.

Noémi reconnaît la main de Dieu

19 Sa belle-mère lui demanda : Mais où donc as-tu glané aujourd’hui ? Dans quel champ as-tu travaillé ? Que l’Eternel bénisse celui qui a eu pour toi tant d’attention[q] !

Alors Ruth raconta à sa belle-mère chez qui elle avait travaillé et lui apprit qu’il s’appelait Booz.

20 Noémi dit à sa belle-fille : Que l’Eternel le bénisse ! L’Eternel n’a cessé d’être bon envers nous les vivants comme il l’a été envers ceux qui sont morts. Puis elle ajouta : Cet homme est notre proche parent, l’un de ceux qui ont le devoir de prendre soin de notre lignée[r].

21 Alors Ruth la Moabite reprit : Il m’a même dit : « Reste avec mes serviteurs jusqu’à ce qu’ils aient fini toute ma moisson ! »

22 Noémi lui répondit : C’est bien, ma fille, continue d’aller avec ses servantes, ainsi tu ne risqueras pas de te faire maltraiter dans un autre champ.

23 Ruth resta donc avec les servantes de Booz pour glaner jusqu’à la fin de la moisson des orges, puis de celle des blés[s]. Et elle habitait avec sa belle-mère.

La demande de Ruth

Noémi, la belle-mère de Ruth, lui dit un jour : Ma fille, je ne veux pas négliger de te chercher une situation qui te rende heureuse. Tu sais que Booz, avec les servantes duquel tu as travaillé, est notre parent. Ce soir il doit vanner l’orge amassée dans l’aire. Lave-toi donc et parfume-toi, puis mets tes plus beaux habits et rends-toi à l’aire où il bat son orge[t]. Mais ne fais pas connaître ta présence avant qu’il ait fini de manger et de boire. Quand il se couchera pour dormir, note bien l’endroit où il s’installe, approche-toi, écarte la couverture pour lui découvrir les pieds et puis, couche-toi là. Il te dira alors ce que tu devras faire.

Ruth lui répondit : Je ferai tout ce que tu me dis.

Elle descendit dans l’aire et suivit toutes les instructions de sa belle-mère. Booz mangea et but et il fut très content, puis il alla se coucher au bord du tas d’orge. Alors Ruth s’approcha tout doucement, elle écarta la couverture pour découvrir ses pieds et se coucha là. Au milieu de la nuit, Booz eut un frisson, il se pencha en avant et s’aperçut qu’une femme était couchée à ses pieds.

– Qui es-tu ? lui demanda-t-il.

– Je suis Ruth, ta servante. Veuille me prendre sous ta protection[u] car, en tant que proche parent, tu es responsable de moi.

10 – Que l’Eternel te bénisse, ma fille, lui dit-il. Ce que tu viens de faire est une preuve d’amour envers ta belle-mère encore plus grande que ce que tu as déjà fait. En effet, tu aurais pu courir après les jeunes hommes, qu’ils soient pauvres ou riches. 11 Maintenant, ma fille, ne t’inquiète pas : je ferai pour toi tout ce que tu demandes, car tous les gens de l’endroit savent que tu es une femme de valeur. 12 Il est vrai que j’ai envers toi la responsabilité d’un proche parent, mais il existe un parent plus direct que moi. 13 Passe ici la fin de la nuit, et demain matin nous verrons si cet homme veut s’acquitter envers toi de sa responsabilité de proche parent. Si oui, qu’il le fasse. S’il refuse, je te promets, aussi vrai que l’Eternel est vivant[v], que je m’en acquitterai envers toi. En attendant, reste couchée jusqu’au matin !

14 Elle resta couchée à ses pieds jusqu’au matin, puis elle se leva au petit jour avant que l’on puisse se reconnaître, car Booz avait dit : Il ne faut pas que l’on sache qu’une femme est venue sur l’aire. 15 Avant qu’elle parte, il lui dit : Donne la cape que tu portes, tiens-la bien !

Elle la tint ainsi, et il y versa vingt-cinq litres d’orge et l’aida à les charger sur elle, puis elle rentra à la ville[w].

16 Quand elle arriva chez sa belle-mère, celle-ci lui demanda : Comment les choses se sont-elles passées, ma fille ?

Alors Ruth lui raconta tout ce que cet homme avait fait pour elle. 17 Elle ajouta : Il m’a même donné ces vingt-cinq litres d’orge, car il m’a dit : « Tu ne retourneras pas les mains vides auprès de ta belle-mère. »

18 Noémi lui dit : Maintenant, ma fille, reste là jusqu’à ce que tu saches comment les choses tourneront, car cet homme ne se donnera aucun répit avant d’avoir réglé cette affaire aujourd’hui.

Le mariage de Ruth et de Booz

Booz se rendit à la porte de la ville, et il y prit place. Quand le plus proche parent, dont il avait parlé et qui avait le devoir de s’occuper de Ruth vint à passer, Booz lui dit : Un tel ! Viens donc t’asseoir ici !

L’homme s’approcha et s’assit. Booz fit approcher dix hommes parmi les responsables de la ville et leur demanda de s’asseoir avec eux[x]. Lorsqu’ils se furent installés, il s’adressa ainsi au plus proche parent : Noémi, qui est revenue du pays de Moab, met en vente le champ d’Elimélek, notre parent. J’ai pensé t’en informer et te proposer de le racheter par-devant les habitants de la ville et les responsables de mon peuple ici présents. Si tu veux exercer ton droit de rachat, fais-le. Sinon, déclare-le-moi, que je le sache, car tu viens en premier lieu pour disposer du droit de rachat, et je viens directement après toi.

L’homme lui répondit : Oui, je veux le racheter.

Booz poursuivit : Si tu acquiers le champ de la main de Noémi, tu prendras pour femme Ruth[y] la Moabite, la veuve du défunt, pour donner au défunt une descendance qui héritera de son patrimoine.

– Dans ces conditions, dit le plus proche parent, je ne peux pas racheter pour mon compte, car je ferais tort à mon propre patrimoine. Reprends donc à ton compte mon droit de rachat, car je ne puis en profiter moi-même.

Autrefois, en Israël, lorsqu’on procédait à un rachat ou à un échange de biens, la coutume voulait que l’un des contractants ôte sa sandale et la donne à l’autre pour valider la transaction[z]. Ainsi, l’homme qui avait le droit de rachat dit à Booz : « Acquiers le champ », et il retira sa sandale[aa].

Alors Booz déclara aux responsables et à tous ceux qui étaient là : Vous êtes témoins aujourd’hui que j’ai acquis de la main de Noémi tout ce qui appartenait à Elimélek et tout ce qui était à Kilyôn et à Mahlôn. 10 De ce fait, je prends aussi pour femme Ruth la Moabite, la veuve de Mahlôn, pour susciter au défunt une descendance qui recevra son héritage et pour que son nom ne disparaisse pas dans son lignage et dans sa ville natale. Vous en êtes témoins aujourd’hui.

11 Alors tous ceux qui se trouvaient à la porte et tous les responsables dirent : Oui : nous en sommes témoins ! Que l’Eternel rende la femme qui entre dans ta famille semblable à Rachel et à Léa[ab] qui, à elles deux, ont donné naissance à tout le peuple d’Israël ! Puisses-tu toi-même prospérer à Ephrata et devenir célèbre à Bethléhem ! 12 Que l’Eternel t’accorde, par cette jeune femme, une descendance aussi nombreuse que celle de Pérets, le fils que Tamar a donné à Juda[ac].

Un petit-fils pour Noémi

13 C’est ainsi que Booz prit Ruth pour femme.

Lorsqu’il se fut uni à elle, l’Eternel accorda à Ruth de devenir enceinte, et elle donna naissance à un fils. 14 Les femmes de Bethléhem dirent à Noémi : Béni soit l’Eternel qui ne t’a pas privée d’un soutien de famille ! Que son nom devienne célèbre en Israël ! 15 Il te rendra une raison de vivre et prendra soin de toi dans tes vieux jours, puisque c’est ta belle-fille qui t’aime qui t’a donné ce petit-fils. Elle vaut mieux pour toi que sept fils.

16 Noémi prit le nouveau-né et le serra sur son cœur. C’est elle qui se chargea de l’élever. 17 Les voisines s’écrièrent : Noémi a eu un fils !

Et elles lui donnèrent le nom d’Obed.

Obed fut le père d’Isaï et le grand-père de David.

La liste généalogique de Pérets

18 Voici la liste généalogique de Pérets : Pérets eut pour fils Hetsrôn, 19 qui eut pour fils Ram, qui eut pour fils Amminadab, 20 qui eut pour fils Nahshôn, qui eut pour fils Salma[ad], 21 qui eut pour fils Booz, qui eut pour fils Obed, 22 qui eut pour fils Isaï, qui eut pour fils David.

Footnotes

  1. 1.1 L’époque des chefs d’Israël – les juges – s’étend du xive ou du xiie siècle au xie siècle av. J.-C.
  2. 1.1 A une douzaine de kilomètres au sud-est de Jérusalem. La précision en Juda distingue cette ville de la Bethléhem de Zabulon (Jos 19.15).
  3. 1.1 Plateau fertile situé à l’est de la mer Morte.
  4. 1.2 Ephrata était le nom du groupe familial auquel appartenait Elimélek. Il a donné son nom au territoire environnant Bethléhem qui est parfois appelée Bethléhem Ephrata (voir 4.11 ; Gn 35.19 ; 1 S 17.12 ; Mi 5.1).
  5. 1.8 Les filles et les veuves habitaient avec leur mère (Gn 24.28, 67). Le père de Ruth était encore en vie (2.11).
  6. 1.11 Voir Dt 25.5-10. Allusion à la coutume du lévirat stipulant que la veuve sans enfant devait être épousée par le frère du mari défunt (Gn 38.6-8 ; Dt 25.5-10 ; Mc 12.18-23).
  7. 1.22 C’est-à-dire avril-mai. C’était la première moisson, le blé se moissonnait quelques semaines plus tard (voir 2.23).
  8. 2.2 Privilège des veuves et des orphelins comme des étrangers (Lv 19.9-10 ; 23.22 ; Dt 24.19-22).
  9. 2.7 Texte hébreu peu clair. Certains comprennent : ne s’est assise qu’un moment à la maison.
  10. 2.10 Signe de profond respect (voir Gn 17.3 ; Lv 9.24).
  11. 2.10 En hébreu, il y a un jeu de mots entre s’intéresser à et étrangère.
  12. 2.12 Voir 3.9.
  13. 2.14 Boisson faite de vin acidulé et d’un peu d’huile.
  14. 2.14 épis grillés : voir Lv 2.14.
  15. 2.17 Normalement, le grain était foulé par des animaux (Dt 25.4 ; Os 10.11), mais lorsqu’on avait peu de récolte, on le battait au fléau (voir Jg 6.11).
  16. 2.17 Hébreu : Il y eut environ un épha d’orge. L’épha était une mesure de capacité pour les solides. Il contenait environ 36 litres, c’est-à-dire près de trente kilogrammes d’orge. D’où le v. 19.
  17. 2.19 En hébreu, le même verbe qu’au v. 10. Nouveau jeu de mots sur étrangère.
  18. 2.20 Il s’agit de l’un des proches parents du défunt qui avait le droit de racheter en priorité les terres qui avaient appartenues à ce dernier (voir 4.1, 8 ; Jr 32.7-9) ; il devait épouser sa veuve lorsqu’elle n’avait pas d’enfant (1.11 ; 3.9 ; 4.5, 14 ; Dt 25.5-10).
  19. 2.23 Fin mai, début juin.
  20. 3.3 L’orge était battue par les animaux durant la journée. On profitait de la brise du soir pour la vanner : on jetait en l’air des pelletées de grains mélangés à la paille et à la bale. Le vent emportait ces dernières, le grain, plus lourd, retombait sur l’aire.
  21. 3.9 Voir 2.12. Littéralement : Etends sur moi ton aile ou le pan de ton manteau (même mot) : en signe de protection matrimoniale. Lors du mariage, le marié étendait un pan de son manteau au-dessus de sa fiancée pour symboliser cette protection.
  22. 3.13 Formule de serment : puisque l’Eternel est vivant, il veillera à l’exécution de la promesse.
  23. 3.15 D’après certains manuscrits hébreux, la version syriaque et la Vulgate. Le texte hébreu traditionnel a : il rentra …
  24. 4.2 Les responsables d’une ville faisaient aussi fonction de juges (Dt 21.19 ; 22.15 ; 25.7). Ici, ils seront surtout témoins de la transaction entre Booz et son parent.
  25. 4.5 D’après la version syriaque et la Vulgate. Le texte hébreu traditionnel a : et de Ruth …
  26. 4.7 Dans les pays orientaux, la sandale est symbole de possession (voir Ps 60.10). Conférer un droit ou une propriété à quelqu’un était souligné par le geste symbolique du don d’une sandale (voir Am 2.6 ; 8.6).
  27. 4.8 L’ancienne version grecque a : et la lui donna.
  28. 4.11 Rachel et Léa ont donné naissance à tout le peuple d’Israël. Ainsi Ruth donnera naissance à la lignée de David, et donc du Messie.
  29. 4.12 Pérets était un ancêtre de Booz (voir 18-21 ; Mt 1.3 ; Lc 3.33).
  30. 4.20 D’après quelques manuscrits hébreux, la Vulgate et 1 Ch 2.11. Le texte hébreu traditionnel a : Salmôn.

Du temps des juges, il y eut une famine dans le pays. Un homme de Bethléhem de Juda partit, avec sa femme et ses deux fils, pour faire un séjour dans le pays de Moab.

Le nom de cet homme était Élimélec, celui de sa femme Naomi, et ses deux fils s'appelaient Machlon et Kiljon; ils étaient Éphratiens, de Bethléhem de Juda. Arrivés au pays de Moab, ils y fixèrent leur demeure.

Élimélec, mari de Naomi, mourut, et elle resta avec ses deux fils.

Ils prirent des femmes Moabites, dont l'une se nommait Orpa, et l'autre Ruth, et ils habitèrent là environ dix ans.

Machlon et Kiljon moururent aussi tous les deux, et Naomi resta privée de ses deux fils et de son mari.

Puis elle se leva, elle et ses belles-filles, afin de quitter le pays de Moab, car elle apprit au pays de Moab que l'Éternel avait visité son peuple et lui avait donné du pain.

Elle sortit du lieu qu'elle habitait, accompagnée de ses deux belles-filles, et elle se mit en route pour retourner dans le pays de Juda.

Naomi dit alors à ses deux belles-filles: Allez, retournez chacune à la maison de sa mère! Que l'Éternel use de bonté envers vous, comme vous l'avez fait envers ceux qui sont morts et envers moi!

Que l'Éternel vous fasse trouver à chacune du repos dans la maison d'un mari! Et elle les baisa. Elles élevèrent la voix, et pleurèrent;

10 et elles lui dirent: Non, nous irons avec toi vers ton peuple.

11 Naomi, dit: Retournez, mes filles! Pourquoi viendriez-vous avec moi? Ai-je encore dans mon sein des fils qui puissent devenir vos maris?

12 Retournez, mes filles, allez! Je suis trop vieille pour me remarier. Et quand je dirais: J'ai de l'espérance; quand cette nuit même je serais avec un mari, et que j'enfanterais des fils,

13 attendriez-vous pour cela qu'ils eussent grandi, refuseriez-vous pour cela de vous marier? Non, mes filles! car à cause de vous je suis dans une grande affliction de ce que la main de l'Éternel s'est étendue contre moi.

14 Et elles élevèrent la voix, et pleurèrent encore. Orpa baisa sa belle-mère, mais Ruth s'attacha à elle.

15 Naomi dit à Ruth: Voici, ta belle-soeur est retournée vers son peuple et vers ses dieux; retourne, comme ta belle-soeur.

16 Ruth répondit: Ne me presse pas de te laisser, de retourner loin de toi! Où tu iras j'irai, où tu demeureras je demeurerai; ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu;

17 où tu mourras je mourrai, et j'y serai enterrée. Que l'Éternel me traite dans toute sa rigueur, si autre chose que la mort vient à me séparer de toi!

18 Naomi, la voyant décidée à aller avec elle, cessa ses instances.

19 Elles firent ensemble le voyage jusqu'à leur arrivée à Bethléhem. Et lorsqu'elles entrèrent dans Bethléhem, toute la ville fut émue à cause d'elles, et les femmes disaient: Est-ce là Naomi?

20 Elle leur dit: Ne m'appelez pas Naomi; appelez-moi Mara, car le Tout Puissant m'a remplie d'amertume.

21 J'étais dans l'abondance à mon départ, et l'Éternel me ramène les mains vides. Pourquoi m'appelleriez-vous Naomi, après que l'Éternel s'est prononcé contre moi, et que le Tout Puissant m'a affligée?

22 Ainsi revinrent du pays de Moab Naomi et sa belle-fille, Ruth la Moabite. Elles arrivèrent à Bethléhem au commencement de la moisson des orges.

Naomi avait un parent de son mari. C'était un homme puissant et riche, de la famille d'Élimélec, et qui se nommait Boaz.

Ruth la Moabite dit à Naomi: Laisse-moi, je te prie, aller glaner des épis dans le champ de celui aux yeux duquel je trouverai grâce. Elle lui répondit: Va, ma fille.

Elle alla glaner dans un champ, derrière les moissonneurs. Et il se trouva par hasard que la pièce de terre appartenait à Boaz, qui était de la famille d'Élimélec.

Et voici, Boaz vint de Bethléhem, et il dit aux moissonneurs: Que l'Éternel soit avec vous! Ils lui répondirent: Que l'Éternel te bénisse!

Et Boaz dit à son serviteur chargé de surveiller les moissonneurs: A qui est cette jeune femme?

Le serviteur chargé de surveiller les moissonneurs répondit: C'est une jeune femme Moabite, qui est revenue avec Naomi du pays de Moab.

Elle a dit: Permettez-moi de glaner et de ramasser des épis entre les gerbes, derrière les moissonneurs. Et depuis ce matin qu'elle est venue, elle a été debout jusqu'à présent, et ne s'est reposée qu'un moment dans la maison.

Boaz dit à Ruth: Écoute, ma fille, ne va pas glaner dans un autre champ; ne t'éloigne pas d'ici, et reste avec mes servantes.

Regarde où l'on moissonne dans le champ, et va après elles. J'ai défendu à mes serviteurs de te toucher. Et quand tu auras soif, tu iras aux vases, et tu boiras de ce que les serviteurs auront puisé.

10 Alors elle tomba sur sa face et se prosterna contre terre, et elle lui dit: Comment ai-je trouvé grâce à tes yeux, pour que tu t'intéresses à moi, à moi qui suis une étrangère?

11 Boaz lui répondit: On m'a rapporté tout ce que tu as fait pour ta belle-mère depuis la mort de ton mari, et comment tu as quitté ton père et ta mère et le pays de ta naissance, pour aller vers un peuple que tu ne connaissais point auparavant.

12 Que l'Éternel te rende ce que tu as fait, et que ta récompense soit entière de la part de l'Éternel, le Dieu d'Israël, sous les ailes duquel tu es venue te réfugier!

13 Et elle dit: Oh! que je trouve grâce à tes yeux, mon seigneur! Car tu m'as consolée, et tu as parlé au coeur de ta servante. Et pourtant je ne suis pas, moi, comme l'une de tes servantes.

14 Au moment du repas, Boaz dit à Ruth: Approche, mange du pain, et trempe ton morceau dans le vinaigre. Elle s'assit à côté des moissonneurs. On lui donna du grain rôti; elle mangea et se rassasia, et elle garda le reste.

15 Puis elle se leva pour glaner. Boaz donna cet ordre à ses serviteurs: Qu'elle glane aussi entre les gerbes, et ne l'inquiétez pas,

16 et même vous ôterez pour elle des gerbes quelques épis, que vous la laisserez glaner, sans lui faire de reproches.

17 Elle glana dans le champ jusqu'au soir, et elle battit ce qu'elle avait glané. Il y eut environ un épha d'orge.

18 Elle l'emporta et rentra dans la ville, et sa belle-mère vit ce qu'elle avait glané. Elle sortit aussi les restes de son repas, et les lui donna.

19 Sa belle-mère lui dit: Où as-tu glané aujourd'hui, et où as-tu travaillé? Béni soit celui qui s'est intéressé à toi! Et Ruth fit connaître à sa belle mère chez qui elle avait travaillé: L'homme chez qui j'ai travaillé aujourd'hui, dit-elle, s'appelle Boaz.

20 Naomi dit à sa belle-fille: Qu'il soit béni de l'Éternel, qui se montre miséricordieux pour les vivants comme il le fut pour ceux qui sont morts! Cet homme est notre parent, lui dit encore Naomi, il est de ceux qui ont sur nous droit de rachat.

21 Ruth la Moabite ajouta: Il m'a dit aussi: Reste avec mes serviteurs, jusqu'à ce qu'ils aient achevé toute ma moisson.

22 Et Naomi dit à Ruth, sa belle-fille: Il est bon, ma fille, que tu sortes avec ses servantes, et qu'on ne te rencontre pas dans un autre champ.

23 Elle resta donc avec les servantes de Boaz, pour glaner, jusqu'à la fin de la moisson des orges et de la moisson du froment. Et elle demeurait avec sa belle-mère.

Naomi, sa belle-mère, lui dit: Ma fille, je voudrais assurer ton repos, afin que tu fusses heureuse.

Et maintenant Boaz, avec les servantes duquel tu as été, n'est-il pas notre parent? Voici, il doit vanner cette nuit les orges qui sont dans l'aire.

Lave-toi et oins-toi, puis remets tes habits, et descends à l'aire. Tu ne te feras pas connaître à lui, jusqu'à ce qu'il ait achevé de manger et de boire.

Et quand il ira se coucher, observe le lieu où il se couche. Ensuite va, découvre ses pieds, et couche-toi. Il te dira lui-même ce que tu as à faire.

Elle lui répondit: Je ferai tout ce que tu as dit.

Elle descendit à l'aire, et fit tout ce qu'avait ordonné sa belle-mère.

Boaz mangea et but, et son coeur était joyeux. Il alla se coucher à l'extrémité d'un tas de gerbes. Ruth vint alors tout doucement, découvrit ses pieds, et se coucha.

Au milieu de la nuit, cet homme eut une frayeur; il se pencha, et voici, une femme était couchée à ses pieds.

Il dit: Qui es-tu? Elle répondit: Je suis Ruth, ta servante; étends ton aile sur ta servante, car tu as droit de rachat.

10 Et il dit: Sois bénie de l'Éternel, ma fille! Ce dernier trait témoigne encore plus en ta faveur que le premier, car tu n'as pas recherché des jeunes gens, pauvres ou riches.

11 Maintenant, ma fille, ne crains point; je ferai pour toi tout ce que tu diras; car toute la porte de mon peuple sait que tu es une femme vertueuse.

12 Il est bien vrai que j'ai droit de rachat, mais il en existe un autre plus proche que moi.

13 Passe ici la nuit. Et demain, s'il veut user envers toi du droit de rachat, à la bonne heure, qu'il le fasse; mais s'il ne lui plaît pas d'en user envers toi, j'en userai, moi, l'Éternel est vivant! Reste couchée jusqu'au matin.

14 Elle resta couchée à ses pieds jusqu'au matin, et elle se leva avant qu'on pût se reconnaître l'un l'autre. Boaz dit: Qu'on ne sache pas qu'une femme est entrée dans l'aire.

15 Et il ajouta: Donne le manteau qui est sur toi, et tiens-le. Elle le tint, et il mesura six mesures d'orge, qu'il chargea sur elle. Puis il rentra dans la ville.

16 Ruth revint auprès de sa belle-mère, et Naomi dit: Est-ce toi, ma fille? Ruth lui raconta tout ce que cet homme avait fait pour elle.

17 Elle dit: Il m'a donné ces six mesures d'orge, en disant: Tu ne retourneras pas à vide vers ta belle-mère.

18 Et Naomi dit: Sois tranquille, ma fille, jusqu'à ce que tu saches comment finira la chose, car cet homme ne se donnera point de repos qu'il n'ait terminé cette affaire aujourd'hui.

Boaz monta à la porte, et s'y arrêta. Or voici, celui qui avait droit de rachat, et dont Boaz avait parlé, vint à passer. Boaz lui dit: Approche, reste ici, toi un tel. Et il s'approcha, et s'arrêta.

Boaz prit alors dix hommes parmi les anciens de la ville, et il dit: Asseyez-vous ici. Et ils s'assirent.

Puis il dit à celui qui avait le droit de rachat: Naomi, revenue du pays de Moab, a vendu la pièce de terre qui appartenait à notre frère Élimélec.

J'ai cru devoir t'en informer, et te dire: Acquiers-la, en présence des habitants et en présence des anciens de mon peuple. Si tu veux racheter, rachète; mais si tu ne veux pas, déclare-le-moi, afin que je le sache. Car il n'y a personne avant toi qui ait le droit de rachat, et je l'ai après toi. Et il répondit: je rachèterai.

Boaz dit: Le jour où tu acquerras le champ de la main de Naomi, tu l'acquerras en même temps de Ruth la Moabite, femme du défunt, pour relever le nom du défunt dans son héritage.

Et celui qui avait le droit de rachat répondit: Je ne puis pas racheter pour mon compte, crainte de détruire mon héritage; prends pour toi mon droit de rachat, car je ne puis pas racheter.

Autrefois en Israël, pour valider une affaire quelconque relative à un rachat ou à un échange, l'un ôtait son soulier et le donnait à l'autre: cela servait de témoignage en Israël.

Celui qui avait le droit de rachat dit donc à Boaz: Acquiers pour ton compte! Et il ôta son soulier.

Alors Boaz dit aux anciens et à tout le peuple: Vous êtes témoins aujourd'hui que j'ai acquis de la main de Naomi tout ce qui appartenait à Élimélec, à Kiljon et à Machlon,

10 et que je me suis également acquis pour femme Ruth la Moabite, femme de Machlon, pour relever le nom du défunt dans son héritage, et afin que le nom du défunt ne soit point retranché d'entre ses frères et de la porte de son lieu. Vous en êtes témoins aujourd'hui!

11 Tout le peuple qui était à la porte et les anciens dirent: Nous en sommes témoins! Que l'Éternel rende la femme qui entre dans ta maison semblable à Rachel et à Léa, qui toutes les deux ont bâti la maison d'Israël! Manifeste ta force dans Éphrata, et fais-toi un nom dans Bethléhem!

12 Puisse la postérité que l'Éternel te donnera par cette jeune femme rendre ta maison semblable à la maison de Pérets, qui fut enfanté à Juda par Tamar!

13 Boaz prit Ruth, qui devint sa femme, et il alla vers elle. L'Éternel permit à Ruth de concevoir, et elle enfanta un fils.

14 Les femmes dirent à Naomi: Béni soit l'Éternel, qui ne t'a point laissé manquer aujourd'hui d'un homme ayant droit de rachat, et dont le nom sera célébré en Israël!

15 Cet enfant restaurera ton âme, et sera le soutien de ta vieillesse; car ta belle-fille, qui t'aime, l'a enfanté, elle qui vaut mieux pour toi que sept fils.

16 Naomi prit l'enfant et le mit sur son sein, et elle fut sa garde.

17 Les voisines lui donnèrent un nom, en disant: Un fils est né à Naomi! Et elles l'appelèrent Obed. Ce fut le père d'Isaï père de David.

18 Voici la postérité de Pérets.

19 Pérets engendra Hetsron; Hetsron engendra Ram; Ram engendra Amminadab;

20 Amminadab engendra Nachschon; Nachschon engendra Salmon;

21 Salmon engendra Boaz; Boaz engendra Obed;

22 Obed engendra Isaï; et Isaï engendra David.